Josef Alois Ratzinger, (Marktl am Inn, Allemagne, 16 avril 1927), a été élu 265e Pape de l'Église catholique le 19 avril 2005, et a pris le nom de Benoît XVI.
Né à Marktl am Inn en Haute-Bavière, non loin de la frontière autrichienne, l'enfance de Joseph Ratzinger est marquée par les fréquentes mutations de son père policier. Ses parents se prénomment Joseph et Marie ; il a une soeur, également Marie et un frère Georges. Il entre au séminaire de Traunstein en 1939. Pendant la Seconde Guerre mondiale, comme la plupart des jeunes allemands, il est enrôlé dans les Jeunesses hitlériennes. Il est ensuite réquisitionné dans la DCA allemande puis, en 1944, dans l'infanterie. À la fin de la guerre, l'armée allemande manquant d'hommes, l'ensemble de sa classe est affecté à la défense d'une usine BMW dans les environs de Munich. En 1945, il est interné dans un camp de prisonniers de guerre. En juin, il est libéré et retourne au séminaire. Il poursuit des études de philosophie et théologie à Munich et Freising. Il est ordonné prêtre le 29 juin 1951. Sa première thèse de doctorat porte sur «Le peuple et la maison de Dieu dans la doctrine ecclésiale de saint Augustin», la seconde sur «La théologie de l'histoire chez saint Bonaventure.»
En 1959 il est nommé professeur de théologie à l'université de Bonn, qu'il quitte pour l'université de Münster en 1963. Il participe au concile de Vatican II (quatre sessions de 1962 à 1965) en tant que théologien expert auprès du cardinal archevêque de Cologne Josef Frings.
En 1966, il est professeur à la faculté de théologie de l'université de Tübingen, alors dirigée par Hans Küng. En 1968, il signe une pétition exigeant une réforme du Saint Office qui vise notamment à donner plus de droits aux théologiens suspectés d'erreur doctrinale.
Le 25 mars 1977, il est consacré archevêque de Munich et Freising. La même année, le 27 juin, il est promu à la pourpre cardinalice. Le 25 novembre 1981, Jean- Paul II le nomme préfet de la Congrégation pour la doctrine de la foi, l'un des dicastères de la Curie romaine, anciennement nommé le Saint-Office (ou Inquisition). Au début de l'année 1982, il se retire de son diocèse de Munich.
Son ouvrage, Entretien sur la foi (1985) expose sa vision ferme et lucide du catholicisme après Vatican II et notamment de ce qu'il considère comme les dérives politiques de certains courants, notamment les «Théologies de la libération», dont il réprouve sans appel les versions exagérées.
Le 13 janvier 1992, il est élu associé étranger de l'Académie des sciences morales et politiques (France) au fauteuil d'Andreï Sakharov. En 1993, il est nommé cardinal-évêque, titulaire de l'église de Velletri, dans la banlieue de Rome. En 1998, il est nommé commandeur de la Légion d'honneur.
Le 27 novembre 1999, le cardinal Ratzinger participe au colloque, organisé par la Sorbonne, à l'occasion des festivités du passage au XXIe siècle. Les larges extraits de son discours Vérité du Christianisme reproduits dans le journal La Croix suscitent une vive réaction dans les colonnes du même journal de la part du cardinal archevêque de Bordeaux Pierre Eyt, président de la Commission doctrinale de la Conférence des Évêques de France, qui lui reproche de ne pas assez tenir compte des problèmes structurels de l'Église. Le 26 juin 2000, il signe un document donnant l'interprétation officielle du message de Fatima.
Le 6 août 2000, il publie la déclaration Dominus Iesus dans laquelle il affirme la supériorité du catholicisme sur le protestantisme, semblant prendre ainsi le contrepied des efforts d'oecuménisme mis en acte avec la Déclaration conjointe sur la doctrine de la justification cossignée l'année précédente par le Vatican et la Fédération luthérienne mondiale. Cinquante-trois théologiens et théologiennes catholiques belges protestent contre cette déclaration. Le 24 janvier 2001 il condamne définitivement une théologie chrétienne du pluralisme religieux.
Il est élu doyen du Sacré Collège en 2002.
Lors d'une interview donnée à l'agence Zenit le 3 mai 2003, il réaffirme l'opposition du Vatican à la guerre d'Irak menée par les États-Unis ; impossible, d'après lui, à justifier selon la doctrine de la guerre juste. En janvier 2004, à l'occasion d'un débat avec le philosophe Jürgen Habermas à l'Académie catholique de Bavière, il reconnaît, à l'heure de la mondialisation, la «non-universalité de fait des deux grandes cultures de l'Occident, celle de la foi chrétienne et celle de la rationalité séculière.»
Le 8 avril 2005, étant le doyen du Collège des cardinaux, il a la responsabilité de diriger l'office religieux des funérailles du Pape Jean-Paul II.
Après être passé pour un théologien progressiste durant sa participation au Concile, le cardinal Ratzinger est maintenant réputé pour ses vues conservatrices sur des sujets comme la régulation des naissances ou l'oecuménisme.
Il est parfois surnommé par ses pairs et les médias «le Panzerkardinal», allusion à sa supposée intransigeance et à sa nationalité allemande.
Il est connu pour avoir une position assez sévère contre les pratiques homosexuelles et l'avortement direct. Il a soutenu le Pape Jean-Paul II contre l'avis d'une majorité d'évêques allemands, dans sa décision à la fin des années 90, de faire fermer quelques 260 centres de conseil pour les grossesses conflictuelles(de: Schwangerschaftskonfliktberatung) administrés par l'Église catholique allemande. Ces centres ont dû se réorganiser sous une forme associative non reconnue par l'Église : voir Donum Vitae.
Benoît XVI. Après un Conclave de deux jours, le 19 avril 2005, à 18h35, au 4ème tour de scrutin, le cardinal protodiacre annonce publiquement sur la place Saint-Pierre l'élection du cardinal Ratzinger comme successeur de Jean Paul II sur le trône pontifical, sous le nom de Benoît XVI. La fumée blanche est apparue sur le toit de la chapelle Sixtine à 17h56.
Il est le Pape le plus âgé (78 ans) au moment de sa prise de fonctions depuis Clément XII en 1730. Il s'agit du premier Pape d'origine germanique depuis Victor II (1055-1057), originaire de la Souabe, et Adrien VI, Pape de 1522 à 1523, flamand originaire d'Utrecht (Pays-Bas espagnols), alors relevant du Saint- Empire romain germanique.
Le choix du nom de règne a une valeur symbolique et tend à inscrire le nouveau Pape dans la ligne du précédent ayant porté le même nom. Le choix de ne pas continuer la lignée des «Jean» et des «Paul» montre donc une distance avec ses quatre prédécesseurs immédiats, par modestie ou par souci d'évolution. Le Pape précédent portant le même nom, Benoît XV, élu en 1914, est célèbre pour ses prises de position en faveur de la paix pendant la Première Guerre mondiale. Il tenta également de trouver une solution de consensus à la crise moderniste.
Outre la volonté de se placer dans la continuité de Benoît XV, d'autres explications sont possibles. Josef Ratzinger est né en Bavière le 16 avril 1927. Le saint du calendrier qui correspond à ce jour-là est Benoît-Joseph, mort à cette date. Une hypothèse émise est que Benoît XVI ait souhaité marquer une filiation avec lui. On peut souligner également la correspondance entre son prénom natal Josef avec celui de Benoît-Joseph.
Par ailleurs, en parlant de Benoît XVI on fait aussi référence à Benoît de Nursie, patron de l'Europe, né vers 480 à Norcia (Nursie), Italie, fondateur du principal ordre monastique occidental, l'ordre bénédictin.
«Chers frères et soeurs, après le grand Pape Jean-Paul II, les cardinaux m'ont élu, moi un simple ouvrier de la vigne du Seigneur. Le fait que le Seigneur peut travailler et agir même avec des moyens insuffisants me console. Avant tout, je me confie à vos prières...
«Dans la joie du Christ Ressuscité, avec confiance en son soutien continuel, nous allons de l'avant. Le Seigneur nous aidera et Marie, sa Très Sainte Mère, se tient près de nous.»