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DIVERSITE LITURGIQUE ET UNITE DU MYSTERE
Traditions liturgiques et catholicité de l'Église
§1200
De la première Communauté
de Jérusalem jusqu'à la Parousie, c'est le même Mystère pascal que célèbrent,
en tout lieu, les Églises de Dieu fidèles à la foi apostolique. Le Mystère
célébré dans la liturgie est un, mais les formes de sa célébration sont
diverses.
§1201
La richesse insondable du
Mystère du Christ est telle qu'aucune tradition liturgique ne peut en épuiser
l'expression. L'histoire de l'éclosion et du développement de ces rites témoigne
d'une étonnante complémentarité. Lorsque les Églises ont vécu ces traditions
liturgiques en Communion dans la foi et dans les sacrements de la foi, elles se
sont enrichies mutuellement et elles grandissent dans la fidélité à la
Tradition et à la mission commune à toute l'Église (cf. EN 63-64).
§1202
Les diverses traditions
liturgiques sont nées en raison même de la mission de l'Église. Les Églises
d'une même aire géographique et culturelle en sont venues à célébrer le Mystère
du Christ à travers des expressions particulières, culturellement typées:
dans la tradition du «dépôt de la foi» (2 Tm 1, 14), dans
le symbolisme liturgique, dans l'organisation de la communion fraternelle, dans
l'intelligence théologique des mystères et dans des types de sainteté. Ainsi,
le Christ, Lumière et Salut de tous les peuples, est manifesté par la vie
liturgique d'une Église, au peuple et à la culture auxquels elle est envoyée et
dans lesquels elle est enracinée. L'Église est catholique: elle peut
intégrer dans son unité, en les purifiant, toutes les vraies richesse des
cultures (cf. LG 23; UR 4).
§1203
Les traditions
liturgiques, ou rites, actuellement en usage dans l'Église sont le rite latin
(principalement le rite romain, mais aussi les rites de certaines Églises
locales comme le rite ambrosien, ou de certains ordres religieux) et les rites
byzantin, alexandrin ou copte, syriaque, arménien, maronite et chaldéen.
«Obéissant fidèlement à la tradition, le saint Concile déclare que
la sainte Mère l'Église considère comme égaux en droit et en dignité tous les
rites légitimement reconnus, et qu'elle veut, à l'avenir, les conserver et les
favoriser de toutes manières» (SC 4).
Liturgie et cultures
§1204
La célébration de la
liturgie doit donc correspondre au génie et à la culture des différents peuples
(cf. SC 37-40). Pour que le Mystère du Christ soit «porté à la
connaissance de toutes les nations pour les amener à l'obéissance de la
foi» (Rm 16, 26), il doit être annoncé, célébré et vécu dans toutes
les cultures, de sorte que celles-ci ne sont pas abolies mais rachetées et
accomplies par lui (cf. CT 53). C'est avec et par leur culture humaine propre,
assumée et transfigurée par le Christ, que la multitude des enfants de Dieu ont
accès auprès du Père, pour le glorifier, en un seul Esprit.
§1205
«Dans la
liturgie, surtout celle des sacrements, il existe une partie immuable --
parce qu'elle est d'institution divine -, dont l'Église est gardienne, et des
parties susceptibles de changement, qu'elle a le pouvoir, et parfois
même le devoir, d'adapter aux cultures des peuples récemment
évangélisés» (Jean Paul II, l. ap. «Vicesimus quintus
annus» 16. Cf. SC 21).
§1206
«La diversité
liturgique peut être source d'enrichissement, elle peut aussi provoquer des
tensions, des incompréhensions réciproques et même des schismes. Dans ce
domaine, il est clair que la diversité ne doit pas nuire à l'unité. Elle ne
peut s'exprimer que dans la fidélité à la foi commune, aux signes sacramentels
que l'Église a reçus du Christ, et à la communion hiérarchique. L'adaptation
aux cultures exige une conversion du coeur, et, s'il le faut, des ruptures avec
des habitudes ancestrales incompatibles avec la foi catholique» (ibid.).
EN BREF
§1207
Il convient que la célébration de la
liturgie tende à s'exprimer dans la culture du peuple où se trouve l'Église,
sans se soumettre à elle. D'autre part, la liturgie est elle-même génératrice
et formatrice de cultures.
§1208
Les diverses traditions liturgiques, ou rites, légitimement reconnues, parce
qu'elles signifient et communiquent le même Mystère du Christ, manifestent la
catholicité de l'Église.
§1209
Le critère qui assure l'unité dans la pluriformité des traditions liturgiques
est la fidélité à la Tradition apostolique, c'est-à-dire: la Communion
dans la foi et les sacrements reçus des Apôtres, Communion qui est signifiée et
garantie par la succession apostolique.
§1210
Les sacrements de la Loi Nouvelle
sont institués par le Christ et ils sont au nombre de sept, à savoir le
Baptême, la Confirmation, l'Eucharistie, la Pénitence, l'Onction des malades,
l'Ordre et le Mariage. Les sept sacrements touchent toutes les étapes et tous
les moments importants de la vie du chrétien: ils donnent naissance et
croissance, guérison et mission à la vie de foi des chrétiens. En cela il
existe une certaine ressemblance entre les étapes de la vie naturelle et les
étapes de la vie spirituelle (cf. S. Thomas d'A., s. th. 3, 65, 1).
§1211
En suivant cette analogie
on exposera d'abord les trois sacrements de l'initiation chrétienne (chapitre
premier), ensuite les sacrements de guérison (chapitre deuxième), enfin les
sacrements qui sont au service de la communion et de la mission des fidèles
(chapitre troisième). Cet ordre n'est, certes, pas le seul possible, mais il permet
de voir que les sacrements forment un organisme en lequel chaque sacrement
particulier a sa place vitale. Dans cet organisme, l'Eucharistie tient une
place unique en tant que «sacrement des
sacrements «: «tous les autres sacrements sont
ordonnés à celui-ci comme à leur fin» (S. Thomas d'A., s. th. 3, 65,
3).
LES SACREMENTS DE L'INITIATION CHRETIENNE
§1212
Par les sacrements de
l'initiation chrétienne, le Baptême, la Confirmation et l'Eucharistie, sont
posés les fondements de toute vie chrétienne. «La
participation à la nature divine, donnée aux hommes par la grâce du Christ,
comporte une certaine analogie avec l'origine, la croissance et le soutien de
la vie naturelle. Nés à une vie nouvelle par le Baptême, les fidèles sont en
effet fortifiés par le sacrement de Confirmation et reçoivent dans
l'Eucharistie le pain de la vie éternelle. Ainsi, par ces sacrements de
l'initiation chrétienne, ils reçoivent toujours davantage les richesses de la
vie divine et s'avancent vers la perfection de la charité» (Paul VI,
const. ap. «Divinae
consortium naturae «; cf. OICA praenotanda 1-2).
LE SACREMENT DU BAPTEME
§1213
Le saint Baptême est le fondement
de toute la vie chrétienne le porche de la vie dans l'Esprit (vitae
spiritualis ianua) et la porte qui ouvre l'accès aux autres sacrements. Par
le Baptême nous sommes libérés du péché et régénérés comme fils de Dieu, nous
devenons membres du Christ et nous sommes incorporés à l'Église et faits
participants à sa mission (cf. Cc. Florence: DS 1314;
849; CCEO, can. 675, § 1):
«Le Baptême est le sacrement de la régénération par l'eau et dans
la parole» (Catech. R. 2, 2, 5).
I. Comment est appelé ce sacrement?
§1214
On l'appelle Baptême
selon le rite central par lequel il est réalisé: baptiser (en grec baptizein)
signifie «plonger»,
«immerger «; la «plongée» dans
l'eau symbolise l'ensevelissement du catéchumène dans la mort du Christ d'où il
sort par la résurrection avec lui (cf. Rm 6, 3-4; Col 2, 12), comme «nouvelle
créature» (2 Co 5, 17; Ga 6, 15).
§1215
Ce sacrement est aussi
appelé «le bain de la régénération et de la rénovation
en l'Esprit Saint» (Tt 3, 5), car il signifie et réalise cette
naissance de l'eau et de l'Esprit sans laquelle «nul ne peut entrer
au Royaume de Dieu» (Jn 3, 5).
§1216
«Ce bain est
appelé illumination, parce que ceux qui reçoivent cet enseignement
[catéchétique] ont l'esprit illuminé ...» (S. Justin, apol. 1, 61, 12). Ayant reçu dans le Baptême le
Verbe, «la lumière véritable qui illumine tout homme» (Jn
1, 9), le baptisé, «après avoir été illuminé» (He 10, 32)
est devenu «fils de lumière» (1 Th 5, 5), et
«lumière» lui-même (Ep 5, 8):
Le Baptême est le plus beau et le plus magnifique des dons de Dieu... Nous l'appelons don, grâce, onction, illumination, vêtement d'incorruptibilité, bain de régénération, sceau, et tout ce qu'il y a de plus précieux. Don, parce qu'il est conféré à ceux qui n'apportent rien; grâce, parce qu'il est donné même à des coupables; Baptême, parce que le péché est enseveli dans l'eau; onction, parce qu'il est sacré et royal (tels sont ceux qui sont oints); illumination, parce qu'il est lumière éclatante; vêtement, parce qu'il voile notre honte; bain, parce qu'il lave; sceau, parce qu'il nous garde et qu'il est le signe de la seigneurie de Dieu (S. Grégoire de Naz., or. 40, 3-4: PG 36, 361C).
II. Le Baptême dans l'économie du salut
Les préfigurations du Baptême dans l'Ancienne Alliance
§1217
Dans la liturgie de la
Nuit Pascale, lors de la bénédiction de l'eau baptismale, l'Église fait
solennellement mémoire des grands événements de l'histoire du salut qui
préfiguraient déjà le mystère du Baptême:
Par ta puissance, Seigneur, tu accomplis des merveilles dans tes sacrements, et au cours de l'histoire du salut tu t'es servi de l'eau, ta créature, pour nous faire connaître la grâce du Baptême (MR, Vigile pascale 42: bénédiction de l'eau baptismale).
§1218
Depuis l'origine du monde,
l'eau, cette créature humble et admirable, est la source de la vie et de la
fécondité. L'Écriture Sainte la voit comme «couvée» par
l'Esprit de Dieu (cf. Gn 1, 2):
Dès le commencement du monde, c'est ton Esprit qui planait sur les eaux pour qu'elles reçoivent en germe la force qui sanctifie (MR, Vigile pascale 42: bénédiction de l'eau baptismale).
§1219
L'Église a vu dans l'Arche de Noé
une préfiguration du salut par le Baptême. En effet, par elle «un
petit nombre, en tout huit personnes, furent sauvés par l'eau» (1 P
3, 20):
Par les flots du déluge, tu annonçais le Baptême qui fait revivre, puisque l'eau y préfigurait également la mort du péché et la naissance de toute justice (MR, Vigile pascale 42: bénédiction de l'eau baptismale).
§1220
Si l'eau de source
symbolise la vie, l'eau de la mer est un symbole de la mort. C'est pourquoi il
pouvait figurer le mystère de la Croix. De par ce symbolisme le baptême
signifie la communion avec la mort du Christ.
§1221
C'est surtout la traversée
de la Mer Rouge, véritable libération d'Israël de l'esclavage d'Égypte, qui
annonce la libération opérée par le Baptême:
Aux enfants d'Abraham, tu as fait passer la mer Rouge à pied sec pour que la race libérée de la servitude préfigure le peuple des baptisés (ibid.).
§1222
Enfin, le Baptême est
préfiguré dans la traversée du Jourdain, par laquelle le peuple de Dieu reçoit
le don de la terre promise à la descendance d'Abraham, image de la vie
éternelle. La promesse de cet héritage bienheureux s'accomplit dans la nouvelle
Alliance.
Le Baptême du Christ
§1223
Toutes les préfigurations
de l'Ancienne Alliance trouvent leur achèvement dans le Christ Jésus. Il
commence sa vie publique après s'être fait baptiser par S. Jean le Baptiste
dans le Jourdain (cf. Mt 3, 13), et, après sa résurrection, il donne cette
mission aux apôtres: «Allez donc, de toutes les nations faites
des disciples, les baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et
leur apprenant à observer tout ce que je vous ai prescrit» (Mt 28,
19-20; cf. Mc 16, 15-16).
§1224
Notre Seigneur s'est
volontairement soumis au Baptême de S. Jean, destiné aux pécheurs, pour
«accomplir toute justice» (Mt 3, 15). Ce geste de Jésus
est une manifestation de son «anéantissement» (Ph 2, 7).
L'Esprit qui planait sur les eaux de la première création, descend alors sur le
Christ, en prélude de la nouvelle création, et le Père manifeste Jésus comme
son «Fils bien-aimé» (Mt 3, 16-17).
§1225
C'est dans sa Pâque que le
Christ a ouvert à tous les hommes les sources du Baptême. En effet, il avait
déjà parlé de sa passion qu'il allait souffrir à Jérusalem comme d'un
«Baptême» dont il devait être baptisé (Mc 10, 38;
cf. Lc 12, 50). Le Sang et eau qui ont coulé du côté transpercé de Jésus
crucifié (Jn 19, 34) sont des types du Baptême et de l'Eucharistie, sacrements
de la vie nouvelle (cf. 1 Jn 5, 6-8): dès lors, il est possible
«de naître de l'eau et de l'Esprit» pour entrer dans le
Royaume de Dieu (Jn 3, 5).
Vois où tu es baptisé, d'où vient le Baptême, sinon de la croix du Christ, de la mort du Christ. Là est tout le mystère: il a souffert pour toi. C'est en lui que tu es racheté, c'est en lui que tu es sauvé, et, à ton tour tu deviens sauveur (S. Ambroise, sacr. 2, 6: PL 16, 425C).
Le Baptême dans l'Église
§1226
Dès le jour de la
Pentecôte, l'Église a célébré et administré le saint Baptême. En effet, S.
Pierre déclare à la foule bouleversée par sa prédication: «Convertissez-vous,
et que chacun de vous se fasse baptiser au nom de Jésus Christ pour obtenir le
pardon de ses péchés. Vous recevrez alors le don du Saint-Esprit»
(Ac 2, 38). Les Apôtres et leurs collaborateurs offrent le Baptême à quiconque
croit en Jésus: juifs, craignants-Dieu, païens (cf. Ac 2, 41; 8,
12-13; 10, 48; 16, 15). Toujours le Baptême apparaît comme lié à la
foi: «Crois au Seigneur Jésus; alors tu seras sauvé, toi
et toute ta maison», déclare S. Paul à son geôlier de Philippes. Le récit
continue: «Le geôlier reçut le Baptême sur-le-champ, lui et
tous les siens» (Ac 16, 31-33).
§1227
Selon l'apôtre S. Paul,
par le Baptême le croyant communie à la mort du Christ; il est enseveli
et il ressuscite avec lui:
Baptisés dans le Christ Jésus, c'est dans sa mort que tous nous avons été baptisés. Nous avons donc été ensevelis avec lui par le baptême dans la mort, afin que, comme le Christ est ressuscité des morts par la gloire du Père nous vivions nous aussi dans une vie nouvelle (Rm 6, 3-4; cf. Col 2, 12).
Les baptisés ont «revêtu le Christ» (Ga 3, 27). Par l'Esprit Saint, le Baptême est un bain qui purifie, sanctifie et justifie (cf. 1 Co 6, 11; 12, 13).
§1228
Le Baptême est donc un
bain d'eau en lequel «la semence incorruptible» de la
Parole de Dieu produit son effet vivificateur (cf. 1 P 1, 23; Ep 5, 26).
S. Augustin dira du Baptême: «La parole rejoint l'élément
matériel et cela devient un sacrement» (ev. Jo. 80, 3).
III. Comment est célébré le sacrement du baptême?
L'initiation chrétienne
§1229
Devenir chrétien, cela se
réalise dès les temps des apôtres par un cheminement et une initiation à
plusieurs étapes. Ce chemin peut être parcouru rapidement ou lentement. Il
devra toujours comporter quelques éléments essentiels: l'annonce de la
Parole, l'accueil de l'Évangile entraînant une conversion, la profession de
foi, le Baptême, l'effusion de l'Esprit Saint, l'accès à la communion eucharistique.
§1230
Cette initiation a
beaucoup varié au cours des siècles et selon les circonstances. Aux premiers
siècles de l'Église, l'initiation chrétienne a connu un grand déploiement, avec
une longue période de catéchuménat et une suite de rites préparatoires
qui jalonnaient liturgiquement le chemin de la préparation catéchuménale et qui
aboutissaient à la célébration des sacrements de l'initiation chrétienne.
§1231
Là où le Baptême des
enfants est devenu largement la forme habituelle de la célébration de ce
sacrement, celle-ci est devenue un acte unique qui intègre de façon très
abrégée les étapes préalables à l'initiation chrétienne. De par sa nature même
le Baptême des enfants exige un catéchuménat postbaptismal. Il ne s'agit
pas seulement du besoin d'une instruction postérieure au baptême, mais de
l'épanouissement nécessaire de la grâce baptismale dans la croissance de la
personne. C'est le lieu propre du catéchisme.
§1232
Le
deuxième Concile du Vatican a restauré, pour l'Église latine, «le
catéchuménat des adultes, distribué en plusieurs étapes» (SC 64). On
en trouve les rites dans l'Ordo initiationis christianae adultorum
(1972). Le Concile a par ailleurs permis que, «outre les éléments
d'initiation fournis par la tradition chrétienne», on admette, en
terre de mission, «ces autres éléments d'initiation dont on constate
la pratique dans chaque peuple, pour autant qu'on peut les adapter au rite
chrétien» (SC 65; cf. SC 37-40).
§1233
Aujourd'hui, donc, dans tous les
rites latins et orientaux, l'initiation chrétienne des adultes commence dès
leur entrée en catéchuménat, pour atteindre son point culminant dans une seule
célébration des trois sacrements du Baptême, de la Confirmation et de
l'Eucharistie (cf. AG 14; CIC, can. 851;
866). Dans les
rites orientaux l'initiation chrétienne des enfants commence au Baptême suivi
immédiatement par la Confirmation et l'Eucharistie, tandis que dans le rite
romain elle se poursuit durant des années de catéchèse, pour s'achever plus
tard avec la Confirmation et l'Eucharistie, sommet de leur initiation
chrétienne (cf. CIC, can. 851, 2;
868).
La mystagogie de la célébration
§1234
Le sens et la grâce du
sacrement du Baptême apparaissent clairement dans les rites de sa célébration.
C'est en suivant, avec une participation attentive, les gestes et les paroles
de cette célébration que les fidèles sont initiés aux richesses que ce
sacrement signifie et réalise en chaque nouveau baptisé.
§1235
Le signe de la croix,
au seuil de la célébration, marque l'empreinte du Christ sur celui qui va lui
appartenir et signifie la grâce de la rédemption que le Christ nous a acquis
par sa croix.
§1236
L'annonce de la Parole
de Dieu illumine de la vérité révélée les candidats et l'assemblée, et
suscite la réponse de la foi, inséparable du Baptême. En effet, le Baptême est
d'une façon particulière «le sacrement de la foi»
puisqu'il est l'entrée sacramentelle dans la vie de foi.
§1237
Puisque le Baptême
signifie la libération du péché et de son instigateur, le diable, on prononce
un (ou plusieurs) exorcisme(s) sur le candidat. Il est oint de l'huile
des catéchumènes ou bien le célébrant lui impose la main, et il renonce
explicitement à Satan. Ainsi préparé, il peut confesser la foi de l'Église
à laquelle il sera «confié» par le Baptême (cf. Rm 6,
17).
§1238
L'eau baptismale
est alors consacrée par une prière d'épiclèse (soit au moment même, soit dans
la nuit pascale). L'Église demande à Dieu que, par son Fils, la puissance du
Saint-Esprit descende dans cette eau, afin que ceux qui y seront baptisés
«naissent de l'eau et de l'Esprit» (Jn 3, 5).
§1239
Suit alors le rite
essentiel du sacrement: le Baptême proprement dit, qui
signifie et réalise la mort au péché et l'entrée dans la vie de la Très Sainte
Trinité à travers la configuration au Mystère pascal du Christ. Le Baptême est
accompli de la façon la plus significative par la triple immersion dans l'eau
baptismale. Mais depuis l'antiquité il peut aussi être conféré en versant par
trois fois l'eau sur la tête du candidat.
§1240
Dans l'Église latine,
cette triple infusion est accompagnée par les paroles du ministre:
«N., je te baptise au nom du Père, et du Fils, et du
Saint-Esprit». Dans les liturgies orientales, le catéchumène étant
tourné vers l'Orient, le prêtre dit: «Le serviteur de Dieu,
N., est baptisé au nom du Père, et du Fils, et du Saint-Esprit». Et
à l'invocation de chaque personne de la Très Sainte Trinité, il le plonge dans
l'eau et le relève.
§1241
L'onction du saint
chrême, huile parfumée consacrée par l'évêque, signifie le don de l'Esprit
Saint au nouveau baptisé. Il est devenu un chrétien, c'est-à-dire
«oint» de l'Esprit Saint, incorporé au Christ, qui est
oint prêtre, prophète et roi (cf. OBP 62).
§1242
Dans la liturgie des
Églises d'Orient, l'onction postbaptismale est le sacrement de la Chrismation
(Confirmation). Dans la liturgie romaine, elle annonce une seconde onction de
saint chrême que donnera l'évêque: le sacrement de la Confirmation qui,
pour ainsi dire, «confirme» et achève l'onction
baptismale.
§1243
Le vêtement blanc symbolise
que le baptisé a «revêtu le Christ» (Ga 3, 27): est
ressuscité avec le Christ. Le cierge, allumé au cierge pascal, signifie
que le Christ a illuminé le néophyte. Dans le Christ, les baptisés sont
«la lumière du monde» (Mt 5, 14; cf. Ph 2, 15).
Le nouveau baptisé est maintenant enfant de Dieu dans le Fils Unique. Il peut dire la prière des enfants de Dieu: le Notre Père.
§1244
La première communion
eucharistique. Devenu enfant de Dieu, revêtu de la robe nuptiale, le
néophyte est admis «au festin des noces de l'Agneau» et
reçoit la nourriture de la vie nouvelle, le Corps et le Sang du Christ. Les
Églises orientales gardent une conscience vive de l'unité de l'initiation
chrétienne en donnant la sainte Communion à tous les nouveaux baptisés et
confirmés, même aux petits enfants, se souvenant de la parole du
Seigneur: «Laissez venir à moi les petits enfants, ne les
empêchez pas» (Mc 10, 14). L'Église latine, qui réserve l'accès à la
sainte Communion à ceux qui ont atteint l'âge de raison, exprime l'ouverture du
Baptême sur l'Eucharistie en approchant de l'autel l'enfant nouveau baptisé
pour la prière du Notre Père.
§1245
La bénédiction
solennelle conclut la célébration du Baptême. Lors du Baptême de
nouveau-nés la bénédiction de la mère tient une place spéciale.
IV. Qui peut recevoir le baptême?
§1246
«Tout être
humain non encore baptisé, et lui seul, est capable de recevoir le
Baptême» (CIC, can. 864; CCEO, can.
679).
Le Baptême des adultes
§1247
Depuis les origines de l'Église,
le Baptême des adultes est la situation la plus courante là où l'annonce de
l'Évangile est encore récente. Le catéchuménat (préparation au Baptême) tient
alors une place importante. Initiation à la foi et à la vie chrétienne, il doit
disposer à l'accueil du don de Dieu dans le Baptême, la Confirmation et
l'Eucharistie.
§1248
Le catéchuménat, ou
formation des catéchumènes, a pour but de permettre à ces derniers, en réponse
à l'initiative divine et en union avec une communauté ecclésiale, de mener leur
conversion et leur foi à maturité. Il s'agit d'une «formation à la
vie chrétienne intégrale... par laquelle les disciples sont unis au Christ leur
Maître. Les catéchumènes doivent donc être initiés ... aux mystères du salut et
à la pratique d'une vie évangélique, et introduits, par des rites sacrés,
célébrés à des époques successives, dans la vie de la foi, de la liturgie et de
la charité du Peuple de Dieu» (AG 14; cf. OICA 19 et 98).
§1249
Les catéchumènes
«sont déjà unis à l'Église, ils sont déjà de la maison du Christ, et
il n'est pas rare qu'ils mènent une vie de foi, espérance et
charité» (AG 14). «La Mère Église les enveloppe déjà
comme siens dans son amour en prenant soin d'eux» (LG 14; cf. CIC, can.
206; 788,
§ 3).
Le Baptême des enfants
§1250
Naissant avec une nature
humaine déchue et entachée par le péché originel, les enfants eux aussi ont
besoin de la nouvelle naissance dans le Baptême (cf. DS 1514) afin d'être
libérés du pouvoir des ténèbres et d'être transférés dans le domaine de la
liberté des enfants de Dieu (cf. Col 1, 12-14), à laquelle tous les hommes sont
appelés. La pure gratuité de la grâce du salut est particulièrement manifeste
dans le Baptême des enfants. L'Église et les parents priveraient dès lors
l'enfant de la grâce inestimable de devenir enfant de Dieu s'ils ne lui
conféraient le Baptême peu après la naissance (cf. CIC,
can. 867; CCEO, can. 681; 686, 1).
§1251
Les parents chrétiens
reconnaîtront que cette pratique correspond aussi à leur rôle de nourricier de
la vie que Dieu leur a confiés (cf. LG 11; 41; GS 48;
CIC, can. 868).
§1252
La pratique de baptiser
les petits enfants est une tradition immémoriale de l'Église. Elleestattestée
explicitement depuis le deuxième siècle. Il est cependant bien possible que,
dès le début de la prédication apostolique, lorsque des «maisons»
entières ont reçu le Baptême (cf. Ac 16, 15. 33; 18, 8; 1 Co 1,
16), on ait aussi baptisé les enfants (cf. CDF, instr. «Pastoralis
actio»).
Foi et Baptême
§1253
Le Baptême est le
sacrement de la foi (cf. Mc 16, 16). Mais la foi a besoin de la communauté des
croyants. Ce n'est que dans la foi de l'Église que chacun des fidèles peut
croire. La foi qui est requise pour le Baptême n'est pas une foi parfaite et
mûre, mais un début qui est appelé à se développer. Au catéchumène ou à son
parrain on demande: «Que demandez-vous à l'Église de
Dieu?» Et il répond: «La
foi!».
§1254
Chez tous les baptisés,
enfants ou adultes, la foi doit croître après le Baptême. C'est pour
cela que l'Église célèbre chaque année, dans la nuit pascale, le renouvellement
des promesses du Baptême. La préparation au Baptême ne mène qu'au seuil de la
vie nouvelle. Le Baptême est la source de la vie nouvelle dans le Christ de
laquelle jaillit toute la vie chrétienne.
§1255
Pour que la grâce
baptismale puisse se déployer, l'aide des parents est importante. C'est là
aussi le rôle du parrain ou de la marraine, qui doivent être des
croyants solides, capables et prêts à aider le nouveau baptisé, enfant ou
adulte, sur son chemin dans la vie chrétienne (cf. CIC,
can. 872-874). Leur tâche est une véritable fonction ecclésiale
(«officium «; cf. SC 67) Toute la communauté
ecclésiale porte une part de responsabilité dans le déploiement et la garde de
la grâce reçue au Baptême.
V. Qui peut baptiser?
§1256
Sont ministres ordinaires
du Baptême l'évêque et le prêtre, et, dans l'Église latine, aussi le diacre
(cf. CIC, can. 861, § 1; CCEO, can. 677, §
1). En cas de nécessité, toute
personne, même non baptisée, ayant l'intention requise, peut baptiser, en
appliquant la formule baptismale trinitaire (cf. CIC 861, § 2). L'intention requise, c'est de vouloir faire
ce que fait l'Église en baptisant. L'Église voit la raison de cette possibilité
dans la volonté salvifique universelle de Dieu (cf. 1 Tm 2, 4) et dans la
nécessité du Baptême pour le salut (cf. Mc 16, 16) (cf. DS 1315;
646; CIC, can. 861, § 2).
VI. La nécessité du baptême
§1257
Le Seigneur lui-même
affirme que le Baptême est nécessaire pour le salut (cf. Jn 3, 5). Aussi a-t-il
commandé à ses disciples d'annoncer l'Évangile et de baptiser toutes les
nations (cf. Mt 28, 20) (cf. DS 1618; LG 14; AG 5). Le Baptême est
nécessaire au salut pour ceux auxquels l'Évangile a été annoncé et qui ont eu
la possibilité de demander ce sacrement (cf. Mc 16, 16). L'Église ne connaît
pas d'autre moyen que le baptême pour assurer l'entrée dans la béatitude
éternelle; c'est pourquoi elle se garde de négliger la mission qu'elle a
reçu du Seigneur de faire «renaître de l'eau et de
l'Esprit» tous ceux qui peuvent être baptisés. Dieu a lié le
salut au sacrement du Baptême, mais il n'est pas lui-même lié à ses sacrements.
§1258
Depuis toujours, l'Église
garde la ferme conviction que ceux qui subissent la mort en raison de la foi,
sans avoir reçu le Baptême, sont baptisés par leur mort pour et avec le Christ.
Ce Baptême du sang, comme le désir du Baptême, porte les fruits
du Baptême, sans être sacrement.
§1259
Pour les catéchumènes
qui meurent avant leur Baptême, leur désir explicite de le recevoir uni à la
repentance de leurs péchés et à la charité, leur assure le salut qu'ils n'ont
pas pu recevoir par le sacrement.
§1260
«Puisque le
Christ est mort pour tous, et que la vocation dernière de l'homme est
réellement unique, à savoir divine, nous devons tenir que l'Esprit Saint offre
à tous, d'une façon que Dieu connaît, la possibilité d'être associé(s) au
mystère pascal» (GS 22; cf. LG 16; AG 7). Tout homme
qui, ignorant l'Évangile du Christ et son Église, cherche la vérité et fait la
volonté de Dieu selon qu'il la connaît, peut être sauvé. On peut supposer que
de telles personnes auraient désiré explicitement le Baptême si elles en
avaient connu la nécessité.
§1261
Quant aux enfants morts
sans Baptême, l'Église ne peut que les confier à la miséricorde de Dieu,
comme elle le fait dans le rite des funérailles pour eux. En effet, la grande
miséricorde de Dieu qui veut que tous les hommes soient sauvés (cf. 1 Tm 2, 4),
et la tendresse de Jésus envers les enfants, qui lui a fait dire:
«Laissez les enfants venir à moi, ne les empêchez pas»
(Mc 10, 14), nous permettent d'espérer qu'il y ait un chemin de salut pour les
enfants morts sans baptême. D'autant plus pressant est aussi l'appel de l'Église
à ne pas empêcher les petits enfants de venir au Christ par le don du saint
Baptême.
VII. La grâce du baptême
§1262
Les différents effets du
Baptême sont signifiés par les éléments sensibles du rite sacramentel. La
plongée dans l'eau fait appel aux symbolismes de la mort et de la purification,
mais aussi de la régénération et du renouvellement. Les deux effets principaux
sont donc la purification des péchés et la nouvelle naissance dans l'Esprit
Saint (cf. Ac 2, 38; Jn 3, 5).
Pour la rémission des péchés ...
§1263
Par le Baptême, tous
les péchés sont remis, le péché originel et tous les péchés personnels
ainsi que toutes les peines du péché (cf. DS 1316). En effet, en ceux qui ont
été régénérés il ne demeure rien qui les empêcherait d'entrer dans le Royaume
de Dieu, ni le péché d'Adam, ni le péché personnel, ni les suites du péché,
dont la plus grave est la séparation de Dieu.
§1264
Dans le baptisé, certaines
conséquences temporelles du péché demeurent cependant, tels les souffrances, la
maladie, la mort, ou les fragilités inhérentes à la vie comme les faiblesses de
caractère, etc., ainsi qu'une inclination au péché que la Tradition appelle la concupiscence,
ou, métaphoriquement, «le foyer du péché» (fomes
peccati): «Laissée pour nos combats, la concupiscence
n'est pas capable de nuire à ceux qui, n'y consentant pas, résistent avec
courage par la grâce du Christ. Bien plus, 'celui qui aura combattu selon les
règles sera couronné' (2 Tm 2, 5)» (Cc. Trente: DS 1515).
«Une créature nouvelle»
§1265
Le Baptême ne purifie pas
seulement de tous les péchés, il fait aussi du néophyte «une
création nouvelle» (2 Co 5, 17), un fils adoptif de Dieu (cf. Ga 4, 5-7)
qui est devenu «participant de la nature divine» (2 P 1,
4), membre du Christ (cf. 1 Co 6, 15; 12, 27) et cohéritier avec Lui (Rm
8, 17), temple de l'Esprit Saint (cf. 1 Co 6, 19).
§1266
La Très Sainte Trinité
donne au baptisé la grâce sanctifiante, la grâce de la justification
qui
-- le rend capable de croire en Dieu, d'espérer en Lui et de L'aimer par les vertus théologales;
-- lui donne de pouvoir vivre et agir sous la motion de l'Esprit Saint par les dons du Saint-Esprit;
-- lui permet de croître dans le bien par les vertus morales.
Ainsi, tout l'organisme de la vie surnaturelle du chrétien a sa racine dans le saint Baptême.
Incorporés à l'Église, Corps du Christ
§1267
Le Baptême fait de nous
des membres du Corps du Christ. «Dès lors, ... ne sommes-nous pas
membres les uns des autres?» (Ep 4, 25). Le Baptême incorpore
à l'Église. Des fonts baptismaux naît l'unique peuple de Dieu de la
Nouvelle Alliance qui dépasse toutes les limites naturelles ou humaines des nations,
des cultures, des races et des sexes: «Aussi bien est-ce en un
seul Esprit que nous tous avons été baptisés pour ne former qu'un seul
corps» (1 Co 12, 13).
§1268
Les baptisés sont devenus
des «pierres vivantes» pour «l'édification
d'un édifice spirituel, pour un sacerdoce saint» (1 P 2, 5). Par le
Baptême ils participent au sacerdoce du Christ, à sa mission prophétique et
royale, ils sont «une race élue, un sacerdoce royal, une nation
sainte, un peuple acquis pour annoncer les louanges de Celui qui (les) a
appelés des ténèbres à son admirable lumière» (1 P 2, 9). Le
Baptême donne part au sacerdoce commun des fidèles.
§1269
Devenu membre de
l'Église, le baptisé n'appartient plus à lui-même (1 Co 6, 19), mais à Celui
qui est mort et ressuscité pour nous (cf. 2 Co 5, 15). Dès lors il est appelé à
se soumettre aux autres (cf. Ep 5, 21; 1 Co 16, 15-16), à les servir (cf.
Jn 13, 12-15) dans la communion de l'Église, et à être «obéissant et
docile» aux chefs de l'Église (He 13, 17) et à les considérer avec
respect et affection (cf. 1 Th 5, 12-13). De même que le Baptême est la source
de responsabilités et de devoirs, le baptisé jouit aussi de droits au sein de
l'Église: à recevoir les sacrements, à être nourri avec la parole de Dieu
et à être soutenu par les autres aides spirituelles de l'Église. (cf. LG
37; CIC, can. 208-223; CCEO, can. 675, 2).
§1270
«Devenus fils
de Dieu par la régénération [baptismale], (les baptisés) sont tenus de
professer devant les hommes la foi que par l'Église ils ont reçue de
Dieu» (LG 11) et de participer à l'activité apostolique et
missionnaire du Peuple de Dieu (cf. LG 17; AG 7, 23).
Le lien sacramentel de l'unité des chrétiens
§1271
Le Baptême constitue le
fondement de la communion entre tous les chrétiens, aussi avec ceux qui ne sont
pas encore en pleine communion avec l'Église catholique: «En
effet, ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le Baptême, se
trouvent dans une certaine communion, bien qu'imparfaite, avec l'Église
catholique ... Justifiés par la foi reçue au Baptême, incorporés au Christ, ils
portent à juste titre le nom de chrétiens, et les fils de l'Église catholique
les reconnaissent à bon droit comme des frères dans le Seigneur» (UR
3). «Le Baptême est donc le lien sacramentel d'unité existant
entre ceux qui ont été régénérés par lui» (UR 22).
Une marque spirituelle indélébile...
§1272
Incorporé au Christ par le
Baptême, le baptisé est configuré au Christ (cf. Rm 8, 29). Le Baptême scelle
le chrétien d'une marque spirituelle indélébile («character»)
de son appartenance au Christ. Cette marque n'est effacée par aucun péché, même
si le péché empêche le Baptême de porter des fruits de salut (cf. DS
1609-1619). Donné une fois pour toutes, le Baptême ne peut pas être réitéré.
§1273
Incorporés à l'Église par
le Baptême, les fidèles ont reçu le caractère sacramentel qui les consacre pour
le culte religieux chrétien (cf. LG 11). Le sceau baptismal rend capable et
engage les chrétiens à servir Dieu dans une participation vivante à la sainte
Liturgie de l'Église et à exercer leur sacerdoce baptismal par le témoignage
d'une vie sainte et d'une charité efficace (cf. LG 10).
§1274
Le «sceau du
Seigneur» («Dominicus character «:
S. Augustin, ep. 98, 5: PL 33, 362) est le sceau dont l'Esprit Saint nous a
marqués «pour le jour de la rédemption» (Ep 4, 30;
cf. Ep 1, 13-14; 2 Co 1, 21-22). «Le Baptême, en effet, est le
sceau de la vie éternelle» (S. Irénée, dem. 3). Le fidèle qui aura
«gardé le sceau» jusqu'au bout, c'est-à-dire qui sera
resté fidèle aux exigences de son Baptême, pourra s'en aller «marqué
du signe de la foi» (MR, Canon Romain 97), avec la foi de son
Baptême, dans l'attente de la vision bienheureuse de Dieu -- consommation de la
foi -- et dans l'espérance de la résurrection.
EN BREF
§1275
L'initiation chrétienne s'accomplit
par l'ensemble de trois sacrements: le Baptême qui est le début de la vie
nouvelle; la Confirmation qui en est l'affermissement; et
l'Eucharistie qui nourrit le disciple avec le Corps et le Sang du Christ en vue
de sa transformation en Lui.
§1276
«Allez donc, de toutes les nations faites des disciples, les
baptisant au nom du Père et du Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à
observer tout ce que je vous ai prescrit» (Mt 28, 19-20).
§1277
Le Baptême constitue la naissance à la vie nouvelle dans le Christ. Selon la
volonté du Seigneur il est nécessaire pour le salut, comme l'Église elle-même,
à laquelle introduit le Baptême.
§1278
Le rite essentiel du Baptême consiste à plonger dans l'eau le candidat ou à
verser de l'eau sur sa tête, en prononçant l'invocation de la Très Sainte
Trinité, c'est à dire du Père, du Fils et du Saint-Esprit.
§1279
Le fruit du Baptême ou grâce baptismale est une réalité riche qui
comporte: la rémission du péché originel et de tous les péchés
personnels; la naissance à la vie nouvelle par laquelle l'homme devient
fils adoptif du Père, membre du Christ, temple du Saint-Esprit Par le fait
même, le baptisé est incorporé à l'Église, Corps du Christ, et rendu participant
du sacerdoce du Christ.
§1280
Le Baptême imprime dans l'âme un signe spirituel indélébile, le caractère, qui
consacre le baptisé au culte de la religion chrétienne. En raison du caractère
le Baptême ne peut pas être réitéré (cf. DS 1609 et 1624).
§1281
Ceux qui subissent la mort à cause de la foi, les catéchumènes et tous les
hommes qui, sous l'impulsion de la grâce, sans connaître l'Église, cherchent
sincèrement Dieu et s'efforcent d'accomplir sa volonté, peuvent être sauvés
même s'ils n'ont pas reçu le Baptême (cf. LG 16).
§1282
Depuis les temps les plus anciens, le Baptême est administré aux enfants, car
il est une grâce et un don de Dieu qui ne supposent pas des mérites
humains; les enfants sont baptisés dans la foi de l'Église. L'entrée dans
la vie chrétienne donne accès à la vraie liberté.
§1283
Quant aux enfants morts sans Baptême, la liturgie de l'Église nous invite à
avoir confiance en la miséricorde divine, et à prier pour leur salut.
§1284
En cas de nécessité, toute personne peut baptiser, pourvu qu'elle ait
l'intention de faire ce que fait l'Église, et qu'elle verse de l'eau sur la
tête du candidat en disant: «Je te baptise au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit».
LE SACREMENT DE LA CONFIRMATION
§1285
Avec le Baptême et
l'Eucharistie, le sacrement de la Confirmation constitue l'ensemble des
«sacrements de l'initiation chrétienne», dont l'unité
doit être sauvegardée. Il faut donc expliquer aux fidèles que la réception de
ce sacrement est nécessaire à l'accomplissement de la grâce baptismale (cf. OCf
praenotanda 1). En effet, «par le sacrement de Confirmation, le lien
des baptisés avec l'Église est rendu plus parfait, ils sont enrichis d'une
force spéciale de l'Esprit Saint et obligés ainsi plus strictement à répandre
et à défendre la foi par la parole et par l'action en vrais témoins du
Christ» (LG 11; cf. OCf praenotanda 2).
I. La confirmation dans l'économie du salut
§1286
Dans l'Ancien Testament,
les prophètes ont annoncé que l'Esprit du Seigneur reposerait sur le Messie
espéré (cf. Is 11, 2) en vue de sa mission salvifique (cf. Lc 4, 16-22;
Is 61, 1). La descente de l'Esprit Saint sur Jésus lors de son baptême par Jean
fut le signe que c'était Lui qui devait venir, qu'il était le Messie, le Fils
de Dieu (cf. Mt 3, 13-17; Jn 1, 33-34). Conçu de l'Esprit Saint, toute sa
vie et toute sa mission se réalisent en une communion totale avec l'Esprit
Saint que le Père lui donne «sans mesure» (Jn 3, 34).
§1287
Or, cette plénitude de
l'Esprit ne devait pas rester uniquement celle du Messie, elle devait être
communiquée à tout le peuple messianique (cf. Ez 36, 25-27;
Jl 3, 1-2). A plusieurs reprises le Christ a promis cette effusion de l'Esprit
(cf. Lc 12, 12; Jn 3, 5-8; 7, 37-39; 16, 7-15; Ac 1,
8), promesse qu'il a réalisée d'abord le jour de Pâques (Jn 20, 22) et ensuite,
de manière plus éclatante le jour de la Pentecôte (cf. Ac 2, 1-4). Remplis de
l'Esprit Saint, les apôtres commencent à proclamer «les merveilles
de Dieu» (Ac 2, 11) et Pierre de déclarer que cette effusion de
l'Esprit est le signe des temps messianiques (cf. Ac 2, 17-18). Ceux qui ont
alors cru à la prédication apostolique et qui se sont fait baptiser, ont à leur
tour reçu le don du Saint-Esprit (cf. Ac 2, 38).
§1288
«Depuis ce
temps, les apôtres, pour accomplir la volonté du Christ, communiquèrent aux
néophytes, par l'imposition des mains, le don de l'Esprit qui porte à son
achèvement la grâce du Baptême (cf. Ac 8, 15-17; 19, 5-6). C'est pourquoi
dans l'Épître aux Hébreux, prend place, parmi les éléments de la première instruction
chrétienne, la doctrine sur les Baptêmes et aussi sur l'imposition des mains
(cf. He 6, 2). L'imposition des mains est à bon droit reconnue par la tradition
catholique comme l'origine du sacrement de la Confirmation qui perpétue, en
quelque sorte, dans l'Église, la grâce de la Pentecôte» (Paul VI,
const. ap. «Divinae consortium naturae»).
§1289
Très tôt, pour mieux
signifier le don du Saint-Esprit, s'est ajoutée à l'imposition des mains une
onction d'huile parfumée (chrême). Cette onction illustre le nom de
«chrétien» qui signifie «oint» et
qui tire son origine de celui du Christ lui même, lui que «Dieu a
oint de l'Esprit Saint» (Ac 10, 38). Et ce rite d'onction existe jusqu'à
nos jours, tant en Orient qu'en Occident. C'est pourquoi, en Orient, on appelle
ce sacrement chrismation, onction de chrême, ou myron, ce qui
signifie «chrême». En Occident le nom de Confirmation
suggère que ce sacrement à la fois confirme le baptême et affermit la grâce
baptismale.
Deux traditions: l'Orient et l'Occident
§1290
Aux premiers siècles, la
Confirmation constitue généralement une unique célébration avec le Baptême,
formant avec celui-ci, selon l'expression de S. Cyprien, un
«sacrement double». Parmi d'autres raisons, la multiplication
des Baptêmes d'enfants, et ce en tout temps de l'année, et la multiplication
des paroisses (rurales), agrandissant les diocèses, ne permettent plus la
présence de l'évêque à toutes les célébrations baptismales. En Occident, parce
que l'on désire réserver à l'évêque l'achèvement du Baptême s'instaure la
séparation temporelle des deux sacrements. L'Orient a gardé unis les deux
sacrements, si bien que la confirmation est donnée par le prêtre qui baptise.
Celui-ci cependant ne peut le faire qu'avec le «myron»
consacré par un évêque (cf. CCEO, can. 695, 1; 696, 1).
§1291
Une coutume de l'Église
de Rome a facilité le développement de la pratique occidentale: grâce à
une double onction au saint chrême après le Baptême: accomplie déjà par
le prêtre sur le néophyte, au sortir du bain baptismal, elle est achevée par
une deuxième onction faite par l'évêque sur le front de chacun des nouveaux
baptisés (cf. S. Hippolyte, trad. ap. 21). La première onction au saint chrême,
celle que donne le prêtre, est restée rattachée au rite baptismal; elle
signifie la participation du baptisé aux fonctions prophétique, sacerdotale et
royale du Christ. Si le Baptême est conféré à un adulte, il n'y a qu'une
onction postbaptismale: celle de la Confirmation.
§1292
La pratique des Églises
d'Orient souligne davantage l'unité de l'initiation chrétienne. Celle de
l'Église latine exprime plus nettement la communion du nouveau chrétien avec
son évêque, garant et serviteur de l'unité de son Église, de sa catholicité et
de son apostolicité, et par là, le lien avec les origines apostoliques de
l'Église du Christ.
II. Les signes et le rite de la Confirmation
§1293
Dans le rite de ce
sacrement, il convient de considérer le signe de l'onction et ce que
l'onction désigne et imprime: le sceau spirituel.
L'onction, dans la symbolique biblique et antique, est riche de nombreuses significations: l'huile est signe d'abondance (cf. Dt 11, 14 etc.) et de joie (cf. Ps 23, 5; 104, 15), elle purifie (onction avant et après le bain) et elle rend souple (l'onction des athlètes et des lutteurs); elle est signe de guérison, puisqu'elle adoucit les contusions et les plaies (cf. Is 1, 6; Lc 10, 34) et elle rend rayonnant de beauté, de santé et de force.
§1294
Toutes ces significations
de l'onction d'huile se retrouvent dans la vie sacramentelle. L'onction avant
le Baptême avec l'huile des catéchumènes signifie purification et
fortification; l'onction des malades exprime la guérison et le réconfort.
L'onction du saint chrême après le Baptême, dans la Confirmation et dans
l'Ordination, est le signe d'une consécration. Par la Confirmation, les
chrétiens, c'est-à-dire ceux qui sont oints, participent davantage à la mission
de Jésus-Christ et à la plénitude de l'Esprit Saint dont Il est comblé, afin
que toute leur vie dégage «la bonne odeur du Christ» (cf.
2 Co 2, 15).
§1295
Par cette onction, le
confirmand reçoit «la marque», le sceau de
l'Esprit Saint. Le sceau est le symbole de la personne (cf. Gn 38, 18; Ct
8, 6), signe de son autorité (cf. Gn 41, 42), de sa propriété sur un objet (cf.
Dt 32, 34) -- c'est ainsi que l'on marquait les soldats du sceau de leur chef et
aussi les esclaves de celui de leur maître -- ; il authentifie un acte juridique
(cf. 1 R 21, 8) ou un document (cf. Jr 32, 10) et le rend éventuellement secret
(cf. Is 29, 11).
§1296
Le Christ lui-même se
déclare marqué du sceau de son Père (cf. Jn 6, 27). Le chrétien, lui aussi, est
marqué d'un sceau: «Celui qui nous affermit avec vous dans le
Christ et qui nous a donné l'onction, c'est Dieu, Lui qui nous a marqués de son
sceau et a mis dans nos coeurs les arrhes de l'Esprit» (2 Co 1, 22;
cf. Ep 1, 13; 4,30). Ce sceau de l'Esprit Saint, marque l'appartenance
totale au Christ, la mise à son service pour toujours, mais aussi la promesse
de la protection divine dans la grande épreuve eschatologique (cf. Ap 7,
2-3; 9, 4; Ez 9, 4-6).
La célébration de la Confirmation
§1297
Un moment important qui
précède la célébration de la Confirmation, mais qui, d'une certaine façon, en
fait partie, est la consécration du saint chrême. C'est l'évêque
qui, le Jeudi Saint, au cours de la Messe chrismale, consacre le saint chrême
pour tout son diocèse. Dans les Églises d'Orient, cette consécration est même
réservée au Patriarche:
La liturgie d'Antioche exprime ainsi l'épiclèse de la consécration du saint chrême (myron): «[Père .... envoie ton Esprit Saint] sur nous et sur cette huile qui est devant nous et consacre-la, afin qu'elle soit pour tous ceux qui en seront oints et marqués: myron saint, myron sacerdotal, myron royal, onction d'allégresse, le vêtement de la lumière, le manteau du salut, le don spirituel, la sanctification des âmes et des corps, le bonheur impérissable, le sceau indélébile, le bouclier de la foi et le casque terrible contre toutes les oeuvres de l'Adversaire» (Pontificale iuxta ritum Ecclesiae Syrorum Occidentalium id est Antiochiae, Pars I, Versio latina, polyglotte Vaticane 1941 p. 36-37).
§1298
Lorsque la Confirmation
est célébrée séparément du Baptême, comme c'est le cas dans le rite romain, la
liturgie du sacrement commence par le renouvellement des promesses du Baptême et
par la profession de foi des confirmands. Ainsi il apparaît clairement que la
Confirmation se situe dans la suite du Baptême (cf. SC 71). Lorsqu'un adulte
est baptisé, il reçoit immédiatement la Confirmation et participe à
l'Eucharistie (cf. CIC, can. 866).
§1299
Dans le rite romain,
l'évêque étend les mains sur l'ensemble des confirmands, geste qui, depuis le
temps des apôtres, est le signe du don de l'Esprit. Et l'évêque d'invoquer
l'effusion de l'Esprit:
«Dieu très bon, Père de Jésus, le Christ, notre Seigneur, regarde ces baptisés sur qui nous imposons les mains: par le Baptême, tu les as libérés du péché, tu les as fait renaître de l'eau et de l'Esprit. Comme tu l'as promis, répands maintenant sur eux ton Esprit Saint; donne-leur en plénitude l'Esprit qui reposait sur ton Fils Jésus: esprit de sagesse et d'intelligence, esprit de conseil et de force, esprit de connaissance et d'affection filiale; remplis-les de l'esprit de la crainte de Dieu. Par le Christ, notre Seigneur» (Ordo confirmationis, 25, polyglotte Vaticane 1973, p. 26).
Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.
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