Adorons Jésus-Eucharistie! | Accueil >> Philosophie
Cet article a été écrit pour la réunion annelle du 9 août 2024 de la Société d'études aristotélico-thomistes
Vous êtes sur le Titanic, après avoir un tantinet frôlé un iceberg. Vos professeurs vous ont toujours dit que saint Thomas d'Aquin et Aristote sont parmi les hommes les plus sages de l'histoire. Alors, que ferait la Sagesse? Cet article est une tentative de farfouiller dans la boîte à outils politique de l'aristotélico-thomisme, dans l'espoir de trouver quelque chose qui pourrait nous aider, tandis que les eaux de l'effondrement civilisationnel nous montent aux chevilles, puis aux genoux, puis à la taille, etc.
Nous procéderons en quatre étapes. Tout d'abord, une liste de choses dont nous ne parlerons pas ici (c'est-à-dire les vérités sur l'Homme, la Science, l'Éthique, etc., que les membres de la SÉAT considèrent évidents, et sur lesquelles presque tout le reste du monde lance des oeufs pourris et des tomates). Deuxièmement, un petit rappel de la vraie nature de la société: un ordre immatériel entre raisons et libre-arbitres. Troisièmement, compte tenu de cette nature, un aperçu de ce qui construit et détruit cet ordre, en d'autres mots la Science Politique par Affichettes de pare-chocs. Finalement, l'application en tant que tel de tout ceci à la politique en Amérique du Nord, 2024.
Prenez gare à deux écueils. Primo, l'auteur n'a aucun titre de compétence universitaire, et trouve que même sa vie quotidienne est déroutante et frustrante. Secundo, saint Thomas d'Aquin a déclaré que l'outil le plus important dans sa boîte à outils était la Croix, alors n'attendez pas grand chose de la conclusion de cet article, sinon le sang, le labeur, la sueur et les larmes.
Cet article s'appuie sur de nombreuses hypothèses qui resteront implicites ici, puisque le public-cible de cet article peut les démontrer de manière bien plus éloquente et scientifique que l'auteur:
- Dieu existe.
- L'homme a une âme spirituelle.
- La raison peut atteindre la vérité (rarement et péniblement, mais sciemment).
- Le bonheur nécessite l'acquisition des vertus morales.
- Etc.
L'auteur se trompe peut-être, mais le professeur Warren Murray aurait pu dire un jour que les «philosophes» modernes ont tendance à insérer leurs hypothèses dans la première douzaine de phrases de leur article, un peu à la manière d'un magicien qui insère un lapin dans son chapeau avant de monter sur scène. Alors s'il-vous-plaît, veuillez considérer le lapin comme étant inséré!
Test-éclair: à quel degré d'abstraction se trouve la société? Le Deuxième, comme les mathématiques? Mais les sociétés d'anges peuvent exister «a materia signata», non?
Une autre approche consiste à poser des questions telles que: «Le drapeau du pays est-il une société?» Non. Vous pouvez le brûler et la société continuera d'exister. «L'hymne national?» Non. Le curé d'à-côté chante comme une vache tombée dans une bétonnière, mais même s'il essayait de chanter notre hymne national, le pays continuerait à exister. «Le Parlement?» Non, ces bâtiments ont été bombardés en mille morceaux, mais la société a continué à exister. «Un tas de personnes humaines, chacune d'entre elles emballée individuellement et cryogéniquement préservée?» Non.
Une autre approche consiste à imaginer le même pays, les mêmes habitants, le même drapeau, le même hymne et le même parlement, mais au lieu que tout le monde veuille vivre dans une démocratie, tous les habitants seraient instantanément et fermement résolus d'adorer un tyran et de traiter ses caprices comme des lois (ou vice versa). Quel qu'était ce pays avant, il cesserait d'exister:
"... in omnibus aliis quae consistunt in quadam compositione vel communione, quod quandocumque fit alia species compositionis non remanet identitas"
(on voit dans toutes les autres choses qui consistent dans une certaine
composition ou une association qui, chaque fois qu'il existe une espèce
différente de composition, l'identité est détruite)
[Sententia libri Politicorum, Liber 3, Lectio 2, #364]
Cette immatérialité est une des difficultés fondamentales de la Politique, et la «pierre angulaire» de cet article. Nous ne parlons pas de sujets faciles comme par exemple comment changer le filtre à huile de votre voiture, ou comment empêcher le robinet de la cuisine de fuir, etc. Une société est un être **très** abstrait, donc «manipuler» une société n'est pas comme manipuler une boîte de céréales pour le petit-déjeuner. Si une société est là-bas, et qu'elle devrait être ici, les actions nécessaires pour changer cette société seront très différentes de ce à quoi nous sommes habitués.
Donc, un ordre très immatériel. Maintenant, quel ordre? Celui qui permet d'atteindre le but. C'est le Paradis dans l'au-delà, mais ici-bas c'est la civilisation, c'est-à-dire le degré supérieur de perfection humaine inaccessible par les hommes, à moins qu'ils ne s'unissent pour atteindre ce Bien Commun.
Normalement, nous pourrions arrêter la Partie 2 ici, mais nous parlons d'une société d'hommes et non d'anges. Il faut donc ramener le corps humain, et tout ce qui va avec, d'où l'expression «ANIMAL social»:
"Post considerationem creaturae spiritualis et corporalis, considerandum est de homine, qui ex spirituali et corporali substantia componitur."
(Après avoir traité de la créature spirituelle et de la créature corporelle,
nous passons maintenant au traitement de l'homme, qui est composé d'un
substance spirituelle et corporelle.)
[Summa Theologiae, Ia, q. 75, pr.]
L'auteur aimerait bien insérer ici un manuel universitaire sage, bien écrit et complet sur la prudence politique. (Le moins mauvais que cet auteur ait trouvé jusqu'à présent est ici.) À part cela, pourrions-nous au moins esquisser quelques-uns de ces chapitres?
La société étant un ordre immatériel entre des personnes (c'est-à-dire des êtres dotés de raison et de libre-arbitre) afin de poursuivre le Bien Commun, quels sont les «Fais-ci et Fais pas ça», les comportements qui construisent ou détruisent cet ordre?
Qu'est-ce qui vient en premier? Manifestement, ce pour quoi le reste est ordonné. Un mauvais but sera destructeur pour la société, qu'il soit mauvais par **nature** ou par **quantité**:
- Nature : on pourrait insérer toute la Question 2 de Ia-IIae ici. La nature du Bien Commun n'est pas l'argent, ni le sexe. le plaisir, ou la bière, ou la gloire, etc.
- Quantité : le Bien Commun de la société est Commun, et ne se limite pas au «bien» d'un sous-ensemble (généralement le tyran et ses sous-fifres):
«Bonum siquidem gregis pastores quaerere debent, et rectores quilibet bonum multitudinis sibi subiectae.»
(Les bergers devraient en effet rechercher le bien de leurs troupeaux,
et à chaque dirigeant, le bien de la multitude qui lui est soumis.)
[De Regno, Lib. 1, Cap. 2]
Vous pouvez également faire des combinaisons, comme quantité = 1, nature = célébrité, quand le tyran abuse de sa population pour payer ses monuments mégalomaniaques, ou quantité = tout le monde, mais nature = «argent», comme dans le communisme théorique, où le but de la vie est purement matériel (les exemples réels du communisme ont une quantité bien moindre), et ainsi de suite.
Pour que les raisons s'unissent dans la poursuite du Bien Commun, elles doivent être informées de... à peu près tout: quel est le but, quels sont les moyens pour y parvenir, avec qui devons-nous collaborer, etc.
Tout ce qui aide ou nuit à l'usage de la raison pourrait être énuméré ici. Parmi les nombreuses choses qui aident à raisonner: un bon système scolaire, de bons «moyens de communication sociale» (imprimerie, télégraphie, Internet, etc.), liberté d'expression, des débats fréquents, constructifs, à propos de sujets importants (pas quel gardien de but les Canadiens de Montréal devraient mettre sur la patinoire demain soir), etc.
Parmi les choses qui nuisent à la raison: les mauvaises modes universitaires (postmodernisme, communisme, islam, etc.), tout ce qui nuit à la communication (censure, lois vagues sur les «discours haïneux» qui sont utilisés pour faire taire l'opposition politique, etc.), une caste corrompue de «journalistes» qui confondent diffusion de la propagande du tyran avec les vraies nouvelles, des langues différentes qui compliquent la communication entre les citoyens, etc.
L'erreur étant illimitée, la liste est longue.
Malheureusement, savoir quoi faire ne garantit pas que cela sera fait. Là encore, de longues listes pourraient être dressées sur ce qui aide ou nuit à l'établissement du bon ordre entre les volontés.
Pour les choses qui aident, on pourrait insérer tout ce qu'Aristote et saint Thomas d'Aquin ont dit à propos de «comment enseigner la vertu morale». De bonnes familles stables, de bonnes lois, de la bonne musique et de bons films, de bons exemples (surtout de la part de personnages célèbres de cette société), de bons livres sur vertu morale, etc.
Pour les choses nuisibles, là encore la liste est illimitée. Punir l'honnêteté et récompenser le crime. Attaquer la famille avec le divorce facile, les garderies «gratuites» dès que les enfants peuvent être arrachés des bras de leur Mères, une fiscalité sauvage contre les Mères au foyer, etc.
Pour résumer ces deux sous-sections sur la Raison et la Volonté, saint Thomas d'Aquin aurait pu citer la remarque lapidaire de Sir Winston Churchill:
«Le meilleur argument contre la démocratie, c'est une conversation de cinq minutes avec l'électeur moyen.»
En d'autres termes, la seule façon de «voir» ce qu'il y a à l'intérieur d'une raison et d'une volonté (à moins d'être Dieu, bien sûr) est de parler à cette personne. Cela pourrait permettre d'évaluer l'ignorance et la perversité d'une personne, et ce à son tour, pourrait conduire à une tentative de compenser le manque de bonnes raisons et de bonnes volontés en limitant le gouvernement à ceux qui en sont dignes. Insérer ici les longues discussions d'Aristote et d'Aquin sur la royauté, l'aristocratie, la démocratie, etc.
Nous sommes des personnes, mais pas des anges. Il faut donc ajouter des listes plus longues ici de choses qui aident ou nuisent à notre corps. Le livre 2 du **De Regno** parle de la bonne terre, du bon air, de la bonne eau, etc. On peut tout ajouter sur l'économie (dépenser moins que ce que l'on gagne, taxer équitablement et légèrement, etc.), les soins de santé, l'immigration et émigration (et l'avortement et méthodes anti-conceptionnelles, qui affectent également la population), etc.
Dans cette quatrième et dernière partie, nous essayons d'appliquer la politique aristotélico-thomiste à notre situation actuelle, ici en Amérique du Nord, en l'an de Grâce 2024.
La Bible contient de nombreuses expressions poétiques, mais existe-t-il une interprétation scientifique pour certaines de ces expressions? Philosophiquement, que pourrait être «La Bête -- 666»?
Aristote parle de «formes séparées», ce qui pourrait être interprété comme des anges par un thomiste. Mais les anges n'ont pas de matière, alors qu'une bête doit être matérielle.
Si nous essayons d'imaginer quelque chose de gros et de mauvais, fait de protons, de neutrons et d'électrons, nous pouvons penser aux volcans, aux tsunamis, aux tremblements de terre ou même à Godzilla. Mais aucun de ces objets matériels n'aura de **mal moral**. Même un gros dinosaure reconstitué à partir d'un vieil échantillon d'ADN suivra simplement son instinct naturel, et tentera de manger et de se reproduire, comme la Loi Naturelle l'exige.
Pour être vraiment mauvais, il faut le **mal moral**. Cela signifie des personnes qui tentent de nuire au plus grand nombre possible (c'est-à-dire à l'ensemble de l'humanité), de toutes les manières possibles (c'est-à-dire à la fois physiquement et spirituellement). En d'autres termes, vous avez besoin une autre particule fondamentale, comme Einstein aurait dit:
«L'univers est composé de protons, de neutrons, d'électrons,
et de morons.»
Si nous essayions, encore une fois philosophiquement, d'imaginer le «mal maximal», ces nombreuses personnes aux mauvaises volontés devraient avoir l'intention de commettre leurs mauvaises actions, uniquement pour le plaisir de faire le mal (c'est-à-dire «le mal séraphique»).
Donc en additionnant toutes ces réflexions, «La Bête» semblerait être un mauvais gouvernement, avec tous les attributs de «méchanceté» à leur maximum (c'est-à-dire un gouvernement planétaire, doté de méthodes modernes de contrôle complet de la population, s'efforçant d'atteindre un «Bien Commun» défini comme étant le mal séraphique, et ainsi de suite). Si (comme dans le calcul différentiel et intégral, lorsque nous cherchons la limite quand X tend vers l'infini) si nous voulions amener cette bête politique à sa limite philosophique, alors il faudrait que ce gouvernement usurpe la place du «ipsum esse per se subsistens» (Ia q. 4, a. 2, co.), le Bien Absolu, et exige que tous les citoyens l'adorent, sous peine de mort.
Étant donné une «méchanceté maximale» théorique (la «Bête Politique» telle qu'imaginée ci-dessus), est-ce notre situation imminente ?
L'auteur ne sait ni quand il mourra, ni quand vous mourrez, ni quand l'humanité mourra. Mais philosophiquement, certaines tendances semblent évidentes.
Premièrement, la planète a rétréci. Au temps de saint Thomas d'Aquin et plus encore, au temps d'Aristote, une partie de l'humanité aurait pu être détruite, et nul n'en aurait eu connaissance. C'était presque comme s'il y avait plusieurs planètes Terre. Les désastres politiques étaient soit petits ou moyens. Aujourd'hui, la «polis», c'est le monde entier. L'Internet signifie que vous pouvez voir et entendre ce qui se passe n'importe où sur planète, en temps réel, comme si vous regardiez par la fenêtre. Avec les avions à réaction, toute personne (et tout virus ou bactérie) peut se retrouver n'importe où sur la planète, en moins de 24 heures. La plupart des grands pays possèdent des bombes nucléaires, et ensemble, ils peuvent facilement anéantir l'humanité en moins de temps qu'il n'en faut pour se faire livrer une pizza à votre porte.
Deuxièmement, aucun gouvernement n'a jamais eu autant de moyens pour contrôler la population. Dans le bon vieux temps, seuls les romans de science-fiction cinglés parlaient d'un monde où chaque maison et chaque rue étaient remplis de caméras et microphones, et où chaque personne était obligée de porter un appareil permettant de les suivre à tout moment, ainsi que détecter avec qui ils étaient, sur quoi ils dépensaient leur argent, s'ils traversaient la rue à l'intersection, etc. C'est désormais la réalité.
Troisièmement, l'auteur n'est pas sûr qu'il existe une autre période de l'histoire où la confusion morale était si omniprésente. Les ethnographes peuvent-ils montrer une tribu dans le passé, où on risquait la prison si on osait dire que les filles ont un vagin et les garçons un pénis? Les historiens de l'Église peuvent-ils montrer une période où le «pape» attaquait presque quotidiennement les principes les plus fondamentaux de la Foi catholique? Historiquement, les armées musulmanes envahissantes ont-elles déjà été **invitées** dans les pays qu'elles attaquaient, pour ensuite se faire subventionner par le contribuable? Et ainsi de suite (veuillez consulter les nouvelles du jour pour des références plus académiques).
Réponse courte: Non.
Réponse plus longue: l'auteur est prêt à soutenir que le fait que saint Thomas d'Aquin n'ait jamais écrit une «Somme politique» exhaustive, que les quelques ouvrages que nous possédons de lui sur le sujet sont incomplets, courts, et apparemment pas garanti d'être entièrement écrits par lui, et que les efforts de l'Aquinate ont été investis principalement dans la théologie, est en soi une sorte de réponse politique.
Nous ne savons pas comment Aristote aurait réagi s'il avait vécu **après** la fondation de l'Église. Mais nous savons que Thomas d'Aquin a réagi très tôt, clairement, complètement et définitivement. La politique de Thomas d'Aquin doit être considérée dans cet esprit: il a tout parié sur la religion catholique.
Il est intéressant de comparer l'ébauche de la «Science Politique par Affichettes de pare-chocs» ci-dessus avec ce que l'Église propose, pour le but, et l'ordre immatériel à établir entre les raisons et les volontés.
Le bon but: existe-t-il une autre institution sociale qui ait insisté plus souvent sur le bon objectif pour toute société? Qui ait condamné avec plus de force tous les mauvais buts, tant en nature qu'en quantité? Pour la nature du but: voir toutes les condamnations du matérialisme, du communisme, de la promiscuité sexuelle, etc. Pour la quantité du but: puisque tous les hommes ont une âme spirituelle créé immédiatement par Dieu au moment de la conception, il n'y a donc pas de «sous-humains» comme prétendaient les nazis, ni d'«esclaves» comme Aristote; le Bien Commun doit être pour tous les hommes, et de la conception à la mort naturelle.
Le bon ordre entre raisons: là encore, existe-t-il une autre institution qui ait fait autant pour la scolarisation au fil des siècles? Et que dire de toutes ces cérémonies religieuses, chaque jour, dans chaque église, partout sur la planète, qui contiennent un enseignement politique indirect? («Faites votre devoir quel qu'en soit le prix temporel à payer», «Sacrifiez-vous vous-même pour vos semblables, tout comme notre Chef l'a fait sur la Croix», «Ne vous comportez pas injustement envers les autres citoyens, car ce que vous leur faites, vous le faites à Dieu», «Ne déclenchez pas de guerres; aimez vos ennemis», etc.) Et n'oublions pas les Dix Commandements, un excellent résumé du Droit Naturel.
Le bon ordre entre les volontés: même si on laisse de côté l'aide surnaturelle que les Sacrements donnent pour nous aider à choisir le bien et à éviter le mal, il y a tous les bons exemples de Jésus et des saints qui sont très motivants. De plus, les appels constants à l'amour et au pardon, l'insistance sur Notre Père commun, les rappels constants de confesser nos péchés et pas ceux des autres, tout ceci favorise la paix (c'est-à-dire d'éviter les guerres entre les peuples et les vendettas à l'intérieur d'un peuple):
«Bonum autem et salus consociatae multitudinis est ut eius unitas conservetur, quae dicitur pax, qua remota, socialis vitae perit utilitas, quinimmo multitudo dissentiens sibi ipsi sit onerosa.»
(Maintenant, le bien-être et la sécurité d'une multitude formée en
société réside dans la préservation de son unité, qui s'appelle la paix.
Si cela est supprimé, le bénéfice de la vie sociale est perdu et, de
plus, la multitude dans son désaccord devient un fardeau pour
elle-même.)
[De Regno, Lib. 1, Cap. 3]
En outre, la crainte de la punition et l'attrait de la récompense aident à orienter les volontés vers le Bien Commun, surtout **malgré** le bonheur apparent des méchants et la misère des justes.
«Considerandum autem restat ulterius, quod et eminentem obtinebunt caelestis beatitudinis gradum, qui officium regium digne et laudabiliter exequuntur.»
(Il reste maintenant à considérer que ceux qui accomplissent dignement
et louablement la fonction royale obtiendront une position élevée et
un degré exceptionnel de bonheur céleste.)
[De Regno, Lib. 1, Cap. 10]
Bien entendu, la liste des moyens par lesquels l'Église aide l'État est beaucoup plus longue que cela. Mais terminons par le pieux ultime que l'Église a toujours planté dans le coeur des vampires gouvernementaux, c'est-à-dire le refus de traiter un gouvernement humain comme s'il était Dieu, même si cela mène à la torture et à la mort (techniquement appelé «martyr», et politiquement une des méthodes pédagogiques les plus efficaces pour mettre le bon ordre dans les raisons et les volontés des autres citoyens).
Y a-t-il quelque chose dans la boîte à outils aristotélico-thomiste qui puisse nous aider en cette époque d'effondrement sociétal? L'auteur prétend que saint Thomas d'Aquin répondrait: L'Église catholique. Ainsi, puisque la religion catholique est la solution la plus efficace aux problèmes politiques, et puisque l'Église catholique est pratiquement morte au moment où nous nous parlons, la réponse à notre question initiale semble être Non.
Vu les anecdotes sur Thomas d'Aquin (comme chasser la prostituée avec un tison ardent, ou se précipiter à la fenêtre pour voir un boeuf supposément s'envoler), si saint Thomas d'Aquin était ici avec nous à cette réunion de la SÉAT et on lui posait notre question initiale, peut-être qu'il marmonnerait quelque chose à propos des premiers principes pour le renouveau de l'Église, et la disproportion entre les forces humaines et la tâche à accomplir, puis il soulèverait un peu sa grande robe dominicaine blanche pour qu'il puisse s'agenouiller et dire:
Seigneur, donnez-nous des Évêques.
Seigneur, donnez-nous de saints Évêques.
Seigneur, donnez-nous beaucoup de saints Évêques.
Adorons Jésus-Eucharistie! | Accueil >> Philosophie