(Lucien Pissarro. La maison de la dame sourde. Source)
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(Lucien Pissarro. La maison de la dame sourde.
Source)
«Les saprés politiciens sont tous pourris et ils n'ont rien dans la tête!»
Qui n'a pas entendu des remarques de la même espèce? Mais lorsqu'une personne accuse tous les politiciens d'être corrompus et faibles d'esprit, agit-elle de manière intègre et intelligente?
Pourtant, toute personne intègre se doit de respecter la première règle de la justice: «Que l'autre version de l'histoire soit aussi entendue». Essayons donc, pendant un court moment, de nous mettre dans les souliers des politiciens, afin de voir les choses de leur point de vue.
Voici quelques-unes des difficultés auxquelles les politiciens doivent faire face:
2.1) Une plus grande visibilité des gaffes. N'oublions pas qu'une multitude de journalistes surveillent les politiciens à longueur de journée. Lorsqu'un simple citoyen commet une faute grave et, par exemple, trompe son épouse, il trahit une personne aimée d'une façon répugnante. Sauf que les caméras de télévision et les microphones ne viendront pas le déranger.
2.2) La difficulté de la tâche à accomplir. Il ne faut pas comparer les pommes avec les oranges, et le métier de politicien avec les autres métiers. On entend souvent dire: «Moi, mon travail est bien fait, alors que les politiciens font mal leur métier», mais on oublie que le métier de politicien est peut-être le plus difficile de tous! Certaines personnes ont ainsi tendance à oublier que les politiciens font souvent face à des problèmes presque insolubles, qu'ils doivent composer avec des gens qui veulent «tirer la couverte» chacun de leur côté, et qu'ils doivent, par surcroît, endurer les remarques désobligeantes, les insultes et le mépris d'une partie de la population.
2.3) Le niveau des tentations. Il est vrai que certains politiciens commettent des actes répréhensibles et même criminels, mais n'oublions pas que ces gens sont soumis à un niveau de tentation beaucoup plus élevé que nous. Les occasions de fautes sont plus fréquentes, et plus difficiles à surmonter. Il est bon de ne pas comparer trop rapidement ses vertus avec les vices de certains politiciens, car on ne sait pas comment on réagirait dans les mêmes circonstances.
2.4) L'environnement intellectuel et moral de la nation. Les politiciens ne sont pas des extra-terrestres. Ils sont nés, ils ont été élevés et éduqués parmi nous. Si l'environnement intellectuel et moral est généralement mauvais, il est probable que les politiciens provenant de ce bassin d'individus seront moins que parfaits. Pour vous en convaincre, faites des expériences simples. Posez des questions aux gens qui vous entourent: «Pouvez-vous définir le Bien et le Mal? Qu'est-ce que la Moralité ou l'Éthique? Si je voulais devenir un bon garçon ou une bonne fille, quel bon livre de moralité devrais-je lire? Pourquoi avons-nous des droits? Etc.» La plupart des gens ne seront pas capables de vous donner des réponses claires. Non seulement ça, mais la plupart des gens, au Québec, vont montrer, de par leurs réponses, qu'ils sont infectés par une des pires maladies morales imaginables: le Relativisme éthique.
2.5) La condition humaine. On accuse souvent les politiciens d'être «complètement pourris», mais y a-t-il un seul d'entre nous qui puisse se vanter d'être sans péché? Y a-t-il une personne qui puisse sincèrement dire: «J'ai respecté toutes les lois à la perfection depuis mon enfance»? Une connaissance exacte de soi-même est la meilleure école de l'indulgence.
Si nous étions des politiciens, comment réagirions-nous devant les paroles mauvaises et les médisances à notre sujet? Comment nous sentirions-nous en voyant tous ces gens qui se plaignent tant des politiciens, mais qui font si peu d'efforts pour participer à la vie démocratique de leur nation? Aurions-nous envie de travailler encore plus fort pour le bien commun, ou aurions-nous plutôt la tentation d'abandonner la vie politique? Et si nous faisons fuir tous les politiciens honnêtes et travaillants, ne seront-ils pas remplacés par des magouilleurs assoiffés de pouvoir?
Respectons les gens qui se consacrent à la vie publique, aidons-les autant que nous le pouvons, et si nous sommes chrétiens, prions pour eux [1Tm 2:1-2]. Parfois, nous aurons à jeter dehors certains élus inaptes ou malhonnêtes, mais la plupart du temps, notre devoir sera d'aider nos politiciens.
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