Adorons Jésus-Eucharistie! | Accueil >> Varia >> Livres >> Table des matières
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§400
L'harmonie dans laquelle
ils étaient, établie grâce à la justice originelle, est détruite; la
maîtrise des facultés spirituelles de l'âme sur le corps est brisée (cf. Gn 3,
7); l'union de l'homme et de la femme est soumise à des tensions (cf. Gn
3, 11-13); leurs rapports seront marqués par la convoitise et la
domination (cf. Gn 3, 16). L'harmonie avec la création est rompue: la
création visible est devenue pour l'homme étrangère et hostile (cf. Gn 3, 17.
19). A cause de l'homme, la création est soumise «à la servitude de
la corruption» (Rm 8, 20). Enfin, la conséquence explicitement
annoncée pour le cas de la désobéissance (cf. Gn 2, 17) se réalisera:
l'homme «retournera à la poussière de laquelle il est
formé» (Gn 3, 19). La mort fait son entrée dans l'histoire de
l'humanité (cf. Rm 5, 12).
§401
Depuis ce premier péché,
une véritable «invasion» du péché inonde le monde:
le fratricide commis par Caïn sur Abel (cf. Gn 4, 3-15); la corruption
universelle à la suite du péché (cf. Gn 6, 5. 12; Rm 1, 18-32); de
même, dans l'histoire d'Israël, le péché se manifeste fréquemment, surtout
comme une infidélité au Dieu de l'alliance et comme transgression de la Loi de
Moïse; après la Rédemption du Christ aussi, parmi les chrétiens, le péché
se manifeste de nombreuses manières (cf. 1 Co 1-6; Ap 2-3). L'Écriture et
la Tradition de l'Église ne cessent de rappeler la présence et l'universalité
du péché dans l'histoire de l'homme:
Ce que la révélation divine nous découvre, notre propre expérience le confirme. Car l'homme, s'il regarde au-dedans de son coeur, se découvre également enclin au mal, submergé de multiples maux qui ne peuvent provenir de son Créateur, qui est bon. Refusant souvent de reconnaître Dieu comme son principe, l'homme a, par le fait même, brisé l'ordre qui l'orientait à sa fin dernière, et, en même temps, il a rompu toute harmonie, soit par rapport à lui-même, soit par rapport aux autres hommes et à toute la création (GS 13, § 1).
Conséquences du péché d'Adam pour l'humanité
§402
Tous les hommes sont
impliqués dans le péché d'Adam. S. Paul l'affirme: «Par la
désobéissance d'un seul homme, la multitude (c'est-à-dire tous les hommes) a
été constituée pécheresse» (Rm 5, 19): «De même que
par un seul homme le péché est entré dans le monde et par le péché la mort, et
qu'ainsi la mort est passée en tous les hommes, du fait que tous ont
péché...» (Rm 5, 12). A l'universalité du péché et de la mort
l'apôtre oppose l'universalité du salut dans le Christ: «Comme
la faute d'un seul a entraîné sur tous les hommes une condamnation, de même
l'oeuvre de justice d'un seul (celle du Christ) procure à tous une justification
qui donne la vie» (Rm 5, 18).
§403
A la suite de S. Paul
l'Église a toujours enseigné que l'immense misère qui opprime les hommes et
leur inclination au mal et à la mort ne sont pas compréhensibles sans leur lien
avec le péché d'Adam et le fait qu'il nous a transmis un péché dont nous
naissons tous affectés et qui est «mort de l'âme» (cf.
Cc. Trente: DS 1512). En raison de cette certitude de foi, l'Église donne
le Baptême pour la rémission des péchés même aux petits enfants qui n'ont pas
commis de péché personnel (cf. Cc. Trente: DS 1514).
§404
Comment le péché d'Adam
est-il devenu le péché de tous ses descendants? Tout le genre humain est
en Adam «comme l'unique corps d'un homme unique» (S.
Thomas d'A., mal. 4, 1) Par cette «unité du genre humain»
tous les hommes sont impliqués dans le péché d'Adam, comme tous sont impliqués
dans la justice du Christ. Cependant, la transmission du péché originel est un
mystère que nous ne pouvons pas comprendre pleinement. Mais nous savons par la
Révélation qu'Adam avait reçu la sainteté et la justice originelles non pas
pour lui seul, mais pour toute la nature humaine: en cédant au tentateur,
Adam et Eve commettent un péché personnel, mais ce péché affecte la nature
humaine qu'ils vont transmettre dans un état déchu (cf. Cc.
Trente: DS 1511-1512). C'est un péché qui sera transmis par propagation à
toute l'humanité, c'est-à-dire par la transmission d'une nature humaine privée
de la sainteté et de la justice originelles. Et c'est pourquoi le péché
originel est appelé «péché» de façon analogique:
c'est un péché «contracté» et non pas
«commis», un état et non pas un acte.
§405
Quoique propre à chacun
(cf. Cc. Trente: DS 1513), le péché originel n'a, en aucun descendant
d'Adam, un caractère de faute personnelle. C'est la privation de la sainteté et
de la justice originelles, mais la nature humaine n'est pas totalement
corrompue: elle est blessée dans ses propres forces naturelles, soumise à
l'ignorance, à la souffrance et à l'empire de la mort, et inclinée au péché
(cette inclination au mal est appelée «concupiscence»).
Le Baptême, en donnant la vie de la grâce du Christ, efface le péché originel
et retourne l'homme vers Dieu, mais les conséquences pour la nature, affaiblie
et inclinée au mal, persistent dans l'homme et l'appellent au combat spirituel.
§406
La doctrine de l'Église sur la
transmission du péché originel s'est précisée surtout au cinquième siècle, en
particulier sous l'impulsion de la réflexion de S. Augustin contre le
pélagianisme, et au seizième siècle, en opposition à la Réforme protestante.
Pélage tenait que l'homme pouvait, par la force naturelle de sa volonté libre,
sans l'aide nécessaire de la grâce de Dieu, mener une vie moralement
bonne; il réduisait ainsi l'influence de la faute d'Adam à celle d'un
mauvais exemple. Les premiers réformateurs protestants, au contraire,
enseignaient que l'homme était radicalement perverti et sa liberté annulée par
le péché des origines; ils identifiaient le péché hérité par chaque homme
avec la tendance au mal (concupiscentia), qui serait insurmontable.
L'Église s'est spécialement prononcée sur le sens du donné révélé concernant le
péché originel au deuxième Concile d'Orange en 529 (cf. DS 371-372) et au
Concile de Trente en 1546 (cf. DS 1510-1516).
Un dur combat...
§407
La doctrine sur le péché
originel -- liée à celle de la Rédemption par le Christ -- donne un regard de
discernement lucide sur la situation de l'homme et de son agir dans le monde. Par
le péché des premiers parents, le diable a acquis une certaine domination sur
l'homme, bien que ce dernier demeure libre. Le péché originel entraîne
«la servitude sous le pouvoir de celui qui possédait l'empire de la
mort, c'est-à-dire du diable» (Cc. Trente: DS
1511; cf. He 2, 14). Ignorer
que l'homme a une nature blessée, inclinée au mal, donne lieu à de graves
erreurs dans le domaine de l'éducation, de la politique, de l'action sociale
(cf. CA 25) et des moeurs.
§408
Les conséquences du péché
originel et de tous les péchés personnels des hommes confèrent au monde dans
son ensemble une condition pécheresse, qui peut être désignée par l'expression
de Saint Jean: «le péché du monde» (Jn 1, 29). Par
cette expression on signifie aussi l'influence négative qu'exercent sur les
personnes les situations communautaires et les structures sociales qui sont le
fruit des péchés des hommes (cf. RP 16).
§409
Cette situation dramatique
du monde qui «tout entier gît au pouvoir du mauvais» (1
Jn 5, 19; cf. 1 P 5, 8) fait de la vie de l'homme un combat:
Un dur combat contre les puissances des ténèbres passe à travers toute l'histoire des hommes; commencé dès les origines, il durera, le Seigneur nous l'a dit, jusqu'au dernier jour. Engagé dans cette bataille, l'homme doit sans cesse combattre pour s'attacher au bien; et non sans grands efforts, avec la grâce de Dieu, il parvient à réaliser son unité intérieure (GS 37, § 2).
IV. «Tu ne l'as pas abandonné au pouvoir de la mort»
§410
Après sa chute, l'homme n'a
pas été abandonné par Dieu. Au contraire, Dieu l'appelle (cf. Gn 3, 9) et lui
annonce de façon mystérieuse la victoire sur le mal et le relèvement de sa
chute (cf. Gn 3, 15). Ce passage de la Genèse a été appelé
«Protévangile», étant la première annonce du Messie
rédempteur, celle d'un combat entre le serpent et la Femme et de la victoire
finale d'un descendant de celle-ci.
§411
La tradition chrétienne
voit dans ce passage une annonce du «nouvel Adam» (cf. 1
Co 15, 21-22. 45) qui, par son «obéissance jusqu'à la mort de la
Croix» (Ph 2, 8) répare en surabondance la désobéissance d'Adam (cf.
Rm 5, 19-20). Par ailleurs, de nombreux Pères et docteurs de l'Église voient
dans la femme annoncée dans le «protévangile» la mère du
Christ, Marie, comme «nouvelle Eve». Elle a été celle
qui, la première et d'une manière unique, a bénéficié de la victoire sur le
péché remportée par le Christ: elle a été préservée de toute souillure du
péché originel (cf. Pie IX: DS 2803) et durant toute sa vie terrestre,
par une grâce spéciale de Dieu, elle n'a commis aucune sorte de péché (cf. Cc.
Trente: DS 1573).
§412
Mais pourquoi Dieu
n'a-t-il pas empêché le premier homme de pécher? S. Léon le Grand
répond: «La grâce ineffable du Christ nous a donné des biens
meilleurs que ceux que l'envie du démon nous avait ôtés» (serm. 73,
4: PL 54, 396). Et S. Thomas d'Aquin: «Rien ne s'oppose
à ce que la nature humaine ait été destinée à une fin plus haute après le
péché. Dieu permet, en effet, que les maux se fassent pour en tirer un plus
grand bien. D'où le mot de S. Paul: 'Là où le péché a abondé, la grâce a
surabondé' (Rm 5, 20). Et le chant de l''Exultet': 'O heureuse faute qui a
mérité un tel et un si grand Rédempteur'» (S. Thomas d'A., s. th. 3,
1, 3, ad 3; l'Exsultet chante ces paroles de saint Thomas).
EN BREF
§413
«Dieu n'a pas fait la mort,
il ne se réjouit pas de la perte des vivants (...). C'est par l'envie du diable
que la mort est entrée dans le monde» (Sg 1, 13; 2, 24).
§414
Satan ou le diable et les autres démons sont des anges déchus pour avoir
librement refusé de servir Dieu et son dessein. Leur choix contre Dieu est
définitif. Ils tentent d'associer l'homme à leur révolte contre Dieu.
§415
«Établi par Dieu dans un état de sainteté, l'homme séduit par le
Malin, dès le début de l'histoire, a abusé de sa liberté, en se dressant contre
Dieu et en désirant parvenir à sa fin hors de Dieu» (GS 13, § 1).
§416
Par son péché, Adam, en tant que premier homme, a perdu la sainteté et la
justice originelles qu'il avait reçues de Dieu non seulement pour lui, mais
pour tous les humains.
§417
A leur descendance, Adam et Eve ont transmis la nature humaine blessée par leur
premier péché, donc privée de la sainteté et la justice originelles. Cette
privation est appelée «péché originel».
§418
En conséquence du péché originel, la nature humaine est affaiblie dans ses
forces, soumise à l'ignorance, à la souffrance et à la domination de la mort,
et inclinée au péché (inclination appelée
«concupiscence»).
§419
«Nous tenons donc, avec le Concile de Trente, que le péché originel est
transmis avec la nature humaine, 'non par imitation, mais par propagation', et
qu'il est ainsi 'propre à chacun'» (SPF 16).
§420
La victoire sur le péché remportée par le Christ nous a donné des biens
meilleurs que ceux que le péché nous avait ôtés: «La où le
péché a abondé, la grâce a surabondé» (Rm 5, 20).
§421
«Pour la foi des chrétiens, ce monde a été fondé et demeure conservé
par l'amour du créateur; il est tombé, certes, sous l'esclavage du péché,
mais le Christ, par la Croix et la Résurrection, a brisé le pouvoir du Malin et
l'a libéré...» (GS 2, § 2).
JE CROIS EN JÉSUS-CHRIST, LE FILS UNIQUE DE DIEU
La Bonne Nouvelle: Dieu a envoyé son Fils
§422
«Mais quand vint
la plénitude du temps, Dieu envoya son Fils, né d'une femme, né sujet de la
loi, afin de racheter les sujets de la loi, afin de nous conférer l'adoption
filiale» (Ga 4, 4-5). Voici «la Bonne Nouvelle touchant
Jésus-Christ, Fils de Dieu» (Mc 1, 1): Dieu a visité son
peuple (cf. Lc 1, 68), il a accompli les promesses faites à Abraham et à sa
descendance (cf. Lc 1, 55); il l'a fait au-delà de toute attente:
Il a envoyé son «Fils bien-aimé» (Mc 1, 11).
§423
Nous croyons et confessons
que Jésus de Nazareth, né juif d'une fille d'Israël, à Bethléem, au temps du
roi Hérode le Grand et de l'empereur César Auguste; de son métier
charpentier, mort crucifié à Jérusalem, sous le procureur Ponce Pilate, pendant
le règne de l'empereur Tibère, est le Fils éternel de Dieu fait homme, qu'il
est «sorti de Dieu» (Jn 13, 3), «descendu du
ciel» (Jn 3, 13; 6, 33), «venu dans la
chair» (1 Jn 4, 2), car «le Verbe s'est fait chair et il
a habité parmi nous, et nous avons vu sa gloire, gloire qu'il tient de son Père
comme Fils unique, plein de grâce et de vérité (...). Oui, de sa plénitude nous
avons tous reçu et grâce pour grâce» (Jn 1, 14. 16).
§424
Mûs par la grâce de
l'Esprit Saint et attirés par le Père nous croyons et nous confessons au sujet
de Jésus: «Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant»
(Mt 16, 16). C'est sur le roc de cette foi, confessée par S. Pierre, que le
Christ a bâti son Église (cf. Mt 16, 18; S. Léon le Grand, serm. 4,
3: PL 54, 151; 51, 1: PL 54, 309B; 62, 2: PL
350C-351A; 83, 3: PL 54, 432A).
«Annoncer l'insondable richesse du Christ» (Ep 3, 8)
§425
La transmission de la foi
chrétienne, c'est d'abord l'annonce de Jésus-Christ, pour conduire à la foi en
Lui. Dès le commencement, les premiers disciples ont brûlé du désir d'annoncer
le Christ: «Nous ne pouvons pas, quant à nous, ne pas publier
ce que nous avons vu et entendu» (Ac 4, 20). Et ils invitent les
hommes de tous les temps à entrer dans la joie de leur communion avec le
Christ:
Ce que nous avons entendu, ce que nous avons vu de nos yeux, ce que nous avons contemplé, ce que nos mains ont touché du Verbe de vie; -- car la vie s'est manifestée: nous l'avons vue, nous en rendons témoignage et nous vous annonçons cette Vie éternelle, qui était auprès du Père et qui nous est apparue; -- ce que nous avons vu et entendu, nous vous l'annonçons, afin que vous aussi vous soyez en communion avec nous. Quant à notre communion, elle est avec le Père et avec son Fils Jésus-Christ. Tout ceci, nous vous l'écrivons pour que notre joie soit complète (1 Jn 1, 1-4).
Au coeur de la catéchèse: le Christ
§426
«Au coeur de la
catéchèse nous trouvons essentiellement une Personne, celle de Jésus de
Nazareth, Fils unique du Père (...), qui a souffert et qui est mort pour nous
et qui maintenant, ressuscité, vit avec nous pour toujours (...). Catéchiser
(...), c'est dévoiler dans la Personne du Christ tout le dessein éternel de
Dieu. C'est chercher à comprendre la signification des gestes et des paroles du
Christ, des signes réalisés par lui» (CT 5). Le but de la
catéchèse: «Mettre en communion avec Jésus-Christ: lui
seul peut conduire à l'amour du Père dans l'Esprit et nous faire participer à
la vie de la Trinité Sainte» (ibid.).
§427
«Dans la
catéchèse, c'est le Christ, Verbe incarné et Fils de Dieu, qui est enseigné --
tout le reste l'est en référence à lui; et seul le Christ enseigne, tout autre
le fait dans la mesure où il est son porte-parole, permettant au Christ
d'enseigner par sa bouche (...). Tout catéchiste devrait pouvoir s'appliquer à
lui-même la mystérieuse parole de Jésus: 'Ma doctrine n'est pas de moi,
mais de celui qui m'a envoyé' (Jn 7, 16)» (ibid., 6).
§428
Celui qui est appelé à
«enseigner le Christ», doit donc d'abord chercher
«ce gain suréminent qu'est la connaissance du
Christ «; il faut «accepter de tout perdre (...)
afin de gagner le Christ et d'être trouvé en lui», et de
«le connaître, lui, avec la puissance de sa résurrection et la
communion à ses souffrances, lui devenir conforme dans la mort, afin de
parvenir si possible à ressusciter d'entre les morts» (Ph 3, 8-11).
§429
C'est de cette connaissance
amoureuse du Christ que jaillit le désir de L'annoncer,
d'«évangéliser», et de conduire d'autres au
«oui» de la foi en Jésus-Christ. Mais en même temps se
fait sentir le besoin de toujours mieux connaître cette foi. A cette fin, en
suivant l'ordre du Symbole de la foi, seront d'abord présentés les principaux
titres de Jésus: le Christ, le Fils de Dieu, le Seigneur (article 2).
Le Symbole confesse ensuite les principaux mystères de la vie du Christ:
ceux de son Incarnation (article 3), ceux de sa Pâque (articles 4 et
5), enfin ceux de sa glorification (articles 6 et 7).
«ET EN JESÚS-CHRIST, SON FILS UNIQUE, NOTRE SEIGNEUR»
I. Jésus
§430
Jésus veut dire en
hébreu: «Dieu sauve». Lors de l'Annonciation,
l'ange Gabriel lui donne comme nom propre le nom de Jésus qui exprime à la fois
son identité et sa mission (cf. Lc 1, 31). Puisque «Dieu seul peut
remettre les péchés» (Mc 2, 7), c'est lui qui, en Jésus, son Fils
éternel fait homme «sauvera son peuple de ses péchés» (Mt
1, 21). En Jésus, Dieu récapitule ainsi toute son histoire de salut en faveur
des hommes.
§431
Dans l'histoire du salut,
Dieu ne s'est pas contenté de délivrer Israël de «la maison de
servitude» (Dt 5, 6) en le faisant sortir d'Égypte. Il le sauve
encore de son péché. Parce que le péché est toujours une offense faite à Dieu
(cf. Ps 51, 6), c'est Lui seul qui peut l'absoudre (cf. Ps 51, 12). C'est
pourquoi Israël, en prenant de plus en plus conscience de l'universalité du
péché, ne pourra plus chercher le salut que dans l'invocation du nom du Dieu
Rédempteur (cf. Ps 79, 9).
§432
Le nom de Jésus signifie
que le nom même de Dieu est présent en la personne de son Fils (cf. Ac 5,
41; 3 Jn 7) fait homme pour la rédemption universelle et définitive des
péchés. Il est le nom divin qui seul apporte le salut (cf. Jn 3, 5; Ac 2,
21) et il peut désormais être invoqué de tous car il s'est uni à tous les
hommes par l'Incarnation (cf. Rm 10, 6-13) de telle sorte qu'«il n'y
a pas sous le ciel d'autre nom donné aux hommes par lequel nous puissions être
sauvés» (Ac 4, 12; cf. Ac 9, 14; Jc 2, 7).
§433
Le nom du Dieu Sauveur
était invoqué une seule fois par an par le grand prêtre pour l'expiation des
péchés d'Israël, quand il avait aspergé le propitiatoire du Saint des Saints
avec le sang du sacrifice (cf. Lv 16, 15-16; Si 50, 20; He 9, 7).
Le propitiatoire était le lieu de la présence de Dieu (cf. Ex 25, 22; Lv
16, 2; Nb 7, 89; He 9, 5). Quand S. Paul dit de Jésus que
«Dieu l'a destiné à être propitiatoire par son propre
sang» (Rm 3, 25), il signifie que dans l'humanité de celui-ci,
«c'était Dieu qui dans le Christ se réconciliait le
monde» (2 Co 5, 19).
§434
La Résurrection de Jésus
glorifie le nom du Dieu Sauveur (cf. Jn 12, 28) car désormais, c'est le nom de
Jésus qui manifeste en plénitude la puissance suprême du «nom
au-dessus de tout nom» (Ph 2, 9-10). Les esprits mauvais craignent
son nom (cf. Ac 16, 16-18; 19, 13-16) et c'est en son nom que les
disciples de Jésus font des miracles (cf. Mc 16, 17), car tout ce qu'ils
demandent au Père en son nom, celui-ci le leur accorde (Jn 15, 16).
§435
Le nom de Jésus est au coeur
de la prière chrétienne. Toutes les oraisons liturgiques se concluent par la
formule «par notre Seigneur Jésus-Christ». Le
«Je vous salue, Marie» culmine dans «et Jésus,
le fruit de tes entrailles, est béni». La prière du coeur orientale
appelée «prière à Jésus» dit:
«Jésus-Christ, Fils de Dieu, Seigneur prend pitié de moi
pécheur». De nombreux chrétiens meurent en ayant, comme Ste Jeanne
d'Arc, le seul mot de «Jésus» aux lèvres (cf. P. Doncoeur
et Y. Lanhers, La réhabilitation de Jeanne la Pucelle, p. 39. 45. 56).
II. Christ
§436
Christ vient de la
traduction grecque du terme hébreu «Messie» qui veut dire
«oint». Il ne devient le nom propre de Jésus que parce
que celui-ci accomplit parfaitement la mission divine qu'il signifie. En effet
en Israël étaient oints au nom de Dieu ceux qui lui étaient consacrés pour une
mission venant de lui. C'était le cas des rois (cf. 1 S 9, 16; 10,
1; 16, 1. 12-13; 1 R 1, 39), des prêtres (cf. Ex 29, 7; Lv 8,
12) et, en de rares cas, des prophètes (cf. 1 R 19, 16). Ce devait être par
excellence le cas du Messie que Dieu enverrait pour instaurer définitivement
son Royaume (cf. Ps 2, 2; Ac 4, 26-27). Le Messie devait être oint par
l'Esprit du Seigneur (cf. Is 11, 2) à la fois comme roi et prêtre (cf. Za 4,
14; 6, 13) mais aussi comme prophète (cf. Is 61, 1; Lc 4, 16-21).
Jésus a accompli l'espérance messianique d'Israël dans sa triple fonction de
prêtre, de prophète et de roi .
§437
L'ange a annoncé aux
bergers la naissance de Jésus comme celle du Messie promis à Israël:
«Aujourd'hui, dans la ville de David vous est né un Sauveur qui est
le Christ Seigneur» (Lc 2, 11). Dès l'origine il est
«celui que le Père a consacré et envoyé dans le monde»
(Jn 10, 36), conçu comme «saint» (Lc 1, 35) dans le sein
virginal de Marie. Joseph a été appelé par Dieu à «prendre chez lui
Marie son épouse» enceinte de «ce qui a été engendré en
elle par l'Esprit Saint» (Mt 1, 21) afin que Jésus «que
l'on appelle Christ» naisse de l'épouse de Joseph dans la
descendance messianique de David (Mt 1, 16; cf. Rm 1, 3; 2 Tm 2,
8; Ap 22, 16).
§438
La consécration messianique
de Jésus manifeste sa mission divine. «C'est d'ailleurs ce
qu'indique son nom lui-même, car dans le nom de Christ est sous-entendu Celui
qui a oint, Celui qui a été oint et l'Onction même dont il a été oint:
Celui qui a oint, c'est le Père, Celui qui a été oint, c'est le Fils, et il l'a
été dans l'Esprit qui est l'Onction» (S. Irénée, haer. 3, 18, 3). Sa consécration
messianique éternelle s'est révélée dans le temps de sa vie terrestre lors de
son baptême par Jean quand «Dieu l'a oint de l'Esprit Saint et de
puissance» (Ac 10, 38) «pour qu'il fût manifesté à
Israël» (Jn 1, 31) comme son Messie. Ses oeuvres et ses paroles le
feront connaître comme «le saint de Dieu» (Mc 1,
24; Jn 6, 69; Ac 3, 14).
§439
De nombreux juifs et même
certains païens qui partageaient leur espérance ont reconnu en Jésus les traits
fondamentaux du «fils de David» messianique promis par
Dieu à Israël (cf. Mt 2, 2; 9, 27; 12, 23; 15, 22; 20,
30; 21, 9. 15). Jésus a accepté le titre de Messie auquel il avait droit
(cf. Jn 4, 25-26; 11, 27), mais non sans réserve parce que celui-ci était
compris par une partie de ses contemporains selon une conception trop humaine
(cf. Mt 22, 41-46), essentiellement politique (cf. Jn 6, 15; Lc 24, 21).
§440
Jésus a accueilli la
profession de foi de Pierre qui le reconnaissait comme le Messie en annonçant
la passion prochaine du Fils de l'Homme (cf. Mt 16, 16-23). Il a dévoilé le
contenu authentique de sa royauté messianique à la fois dans l'identité
transcendante du Fils de l'Homme «qui est descendu du
ciel» (Jn 3, 13; cf. Jn 6, 62; Dn 7, 13) et dans sa mission
rédemptrice comme Serviteur souffrant: «Le Fils de l'Homme
n'est pas venu pour être servi mais pour servir et donner sa vie en rançon pour
la multitude» (Mt 20, 28; cf. Is 53, 10-12). C'est pourquoi le
vrai sens de sa royauté n'est manifesté que du haut de la Croix (cf. Jn 19,
19-22; Lc 23, 39-43). C'est seulement après sa Résurrection que sa
royauté messianique pourra être proclamée par Pierre devant le Peuple de
Dieu: «Que toute la maison d'Israël le sache avec certitude:
Dieu l'a fait Seigneur et Christ, ce Jésus que vous, vous avez
crucifié» (Ac 2, 36).
III. Fils unique de Dieu
§441
Fils de Dieu, dans l'Ancien
Testament, est un titre donné aux anges (cf. Dt 32, 8; Jb 1, 6), au
peuple de l'Élection (cf. Ex 4, 22; Os 11, 1; Jr 3, 19; Si
36, 11; Sg 18, 13), aux enfants d'Israël (cf. Dt 14, 1; Os 2, 1) et
à leurs rois (cf. 2 S 7, 14; Ps 82, 6). Il signifie alors une filiation
adoptive qui établit entre Dieu et sa créature des relations d'une intimité
particulière. Quand le Roi-Messie promis est dit «fils de
Dieu» (cf. 1 Ch 17, 13; Ps 2, 7), cela n'implique pas
nécessairement, selon le sens littéral de ces textes, qu'il soit plus
qu'humain. Ceux qui ont désigné ainsi Jésus en tant que Messie d'Israël (cf. Mt
27, 54) n'ont peut-être pas voulu dire davantage (cf. Lc 23, 47).
§442
Il n'en va pas de même pour
Pierre quand il confesse Jésus comme «le Christ, le Fils du Dieu
vivant» (Mt 16, 16) car celui-ci lui répond avec solennité:
«Cette révélation ne t'est pas venue de la chair et du sang
mais de mon Père qui est dans les cieux» (Mt 16, 17).
Parallèlement Paul dira à propos de sa conversion sur le chemin de Damas:
«Quand Celui qui dès le sein maternel m'a mis à part et appelé par
sa grâce daigna révéler en moi son Fils pour que je l'annonce parmi les
païens...» (Ga 1, 15-16). «Aussitôt il se mit à prêcher
Jésus dans les synagogues, proclamant qu'il est le Fils de Dieu» (Ac
9, 20). Ce sera dès le début (cf. 1 Th 1, 10) le centre de la foi apostolique
(cf. Jn 20, 31) professée d'abord par Pierre comme fondement de l'Église (cf.
Mt 16, 18).
§443
Si Pierre a pu reconnaître
le caractère transcendant de la filiation divine de Jésus Messie, c'est que
celui-ci l'a nettement laissé entendre. Devant le Sanhédrin, à la demande de
ses accusateurs: «Tu es donc le Fils de Dieu»,
Jésus a répondu: «Vous le dites bien, je le suis»
(Lc 22, 70; cf. Mt 26, 64; Mc 14, 61). Bien avant déjà, Il s'est
désigné comme «le Fils» qui connaît le Père (cf. Mt 11,
27; 21, 37-38), qui est distinct des «serviteurs»
que Dieu a auparavant envoyés à son peuple (cf. Mt 21, 34-36), supérieur aux
anges eux-mêmes (cf. Mt 24, 36). Il a distingué sa filiation de celle de ses
disciples en ne disant jamais «notre Père» (cf. Mt 5,
48; 6, 8; 7, 21; Lc 11, 13) sauf pour leur ordonner
«vous donc priez ainsi: Notre Père» (Mt 6,
9); et il a souligné cette distinction: «Mon Père et
votre Père» (Jn 20, 17).
§444
Les Évangiles rapportent en
deux moments solennels, le Baptême et la transfiguration du Christ, la voix du
Père qui Le désigne comme son «Fils bien-aimé» (cf. Mt 3,
17; 17, 5). Jésus se désigne Lui-même comme «le Fils Unique de
Dieu» (Jn 3, 16) et affirme par ce titre sa préexistence éternelle
(cf. Jn 10, 36). Il demande la foi «au nom du Fils unique de
Dieu» (Jn 3, 18). Cette confession chrétienne apparaît déjà dans
l'exclamation du centurion face à Jésus en croix: «Vraiment
cet homme était Fils de Dieu» (Mc 15, 39). Dans le mystère pascal
seulement le croyant peut donner sa portée ultime au titre de «Fils
de Dieu».
§445
C'est après sa Résurrection
que sa filiation divine apparaît dans la puissance de son humanité
glorifiée: «Selon l'Esprit qui sanctifie, par sa Résurrection
d'entre les morts, il a été établi comme Fils de Dieu dans sa
puissance» (Rm 1, 4; cf. Ac 13, 33). Les apôtres pourront
confesser: «Nous avons vu sa gloire, gloire qu'il tient de son
Père comme Fils unique, plein de grâce et de vérité» (Jn 1, 14).
IV. Seigneur
§446
Dans la traduction grecque
des livres de l'Ancien Testament, le nom ineffable sous lequel Dieu s'est
révélé à Moïse (cf. Ex 3, 14), YHWH, est rendu par Kyrios
(«Seigneur»). Seigneur devient dès lors le nom le
plus habituel pour désigner la divinité même du Dieu d'Israël. C'est dans ce
sens fort que le Nouveau Testament utilise le titre de
«Seigneur» à la fois pour le Père, mais aussi, et c'est
là la nouveauté, pour Jésus reconnu ainsi comme Dieu lui-même (cf. 1 Co 2, 8).
§447
Jésus lui-même s'attribue
de façon voilée ce titre lorsqu'il discute avec les Pharisiens sur le sens du
Psaume 109 (cf. Mt 22, 41-46; cf. aussi Ac 2, 34-36; He 1, 13),
mais aussi de manière explicite en s'adressant à ses apôtres (cf. Jn 13, 13).
Tout au long de sa vie publique ses gestes de domination sur la nature, sur les
maladies, sur les démons, sur la mort et le péché, démontraient sa souveraineté
divine.
§448
Très souvent, dans les
Évangiles, des personnes s'adressent à Jésus en l'appelant
«Seigneur». Ce titre exprime le respect et la confiance
de ceux qui s'approchent de Jésus et qui attendent de lui secours et guérison
(cf. Mt 8, 2; 14, 30; 15, 22; e.a.). Sous la motion de
l'Esprit Saint, il exprime la reconnaissance du mystère divin de Jésus (cf. Lc
1, 43; 2, 11). Dans la rencontre avec Jésus ressuscité, il devient
adoration: «Mon Seigneur et mon Dieu!» (Jn
20, 28). Il prend alors une connotation d'amour et d'affection qui va rester le
propre de la tradition chrétienne: «C'est le
Seigneur!» (Jn 21, 7).
§449
En attribuant à Jésus le
titre divin de Seigneur, les premières confessions de foi de l'Église
affirment, dès l'origine (cf. Ac 2, 34-36), que le pouvoir, l'honneur et la
gloire dus à Dieu le Père conviennent aussi à Jésus (cf. Rm 9, 5; Tt 2,
13; Ap 5, 13) parce qu'il est de «condition divine»
(Ph 2, 6) et que le Père a manifesté cette souveraineté de Jésus en le
ressuscitant des morts et en l'exaltant dans sa gloire (cf. Rm 10, 9; 1
Co 12, 3; Ph 2, 11).
§450
Dès le commencement de
l'histoire chrétienne, l'affirmation de la seigneurie de Jésus sur le monde et
sur l'histoire (cf. Ap 11, 15) signifie aussi la reconnaissance que l'homme ne
doit soumettre sa liberté personnelle, de façon absolue, à aucun pouvoir
terrestre, mais seulement à Dieu le Père et au Seigneur Jésus-Christ:
César n'est pas «le Seigneur» (cf. Mc 12, 17; Ac 5,
29). «L'Église croit (...) que la clé, le centre et la fin de toute
histoire humaine se trouve en son Seigneur et Maître» (GS 10, §
2; cf. 45, § 2).
§451
La prière chrétienne est
marquée par le titre «Seigneur», que ce soit l'invitation
à la prière «le Seigneur soit avec vous», ou la
conclusion de la prière «par Jésus-Christ notre Seigneur»
ou encore le cri plein de confiance et d'espérance: «Maran
atha " («le Seigneur vient!») ou
«Marana tha " («Viens,
Seigneur!») (1 Co 16, 22): «Amen, viens,
Seigneur Jésus!» (Ap 22, 20).
EN BREF
§452
Le nom de Jésus signifie
«Dieu qui sauve». L'enfant né de la Vierge Marie est
appelé «Jésus» «car c'est Lui qui sauvera son
peuple de ses péchés» (Mt 1, 21): «Il n'y a pas
sous le ciel d'autre nom donné aux hommes par lequel il nous faille être
sauvés» (Ac 4, 12).
§453
Le nom de Christ signifie
«oint», «Messie». Jésus est le
Christ car «Dieu L'a oint de l'Esprit Saint et de
puissance» (Ac 10, 38). Il était «celui qui doit venir»
(Lc 7, 19), l'objet de «l'espérance d'Israël» (Ac 28,
20).
§454
Le nom de Fils de Dieu signifie la relation unique et éternelle de Jésus-Christ
à Dieu son Père: Il est le Fils unique du Père (cf. Jn 1, 14. 18;
3, 16. 18) et Dieu lui-même (cf. Jn 1, 1). Croire que Jésus-Christ est le Fils
de Dieu est nécessaire pour être chrétien (cf. Ac 8, 37; 1 Jn 2, 23).
§455
Le nom de Seigneur signifie la souveraineté divine. Confesser ou invoquer Jésus
comme Seigneur, c'est croire en sa divinité. «Nul ne peut dire
'Jésus est Seigneur' s'il n'est avec l'Esprit Saint» (1 Co 12, 3)
«JESUS-CHRIST A ETE CONÇU DU SAINT-ESPRIT, IL EST NE DE LA VIERGE MARIE»
Paragraphe 1. LE FILS DE DIEU S'EST FAIT HOMME
I. Pourquoi le Verbe s'est-il fait chair
§456
Avec le Credo de
Nicée-Constantinople, nous répondons en confessant: «Pour
nous les hommes et pour notre salut Il descendit du ciel; par
l'Esprit Saint, Il a pris chair de la Vierge Marie et s'est fait
homme».
§457
Le Verbe s'est fait chair pour
nous sauver en nous réconciliant avec Dieu: «C'est Dieu
qui nous a aimés et qui a envoyé son Fils en victime de propitiation pour nos
péchés» (1 Jn 4, 10). «Le Père a envoyé son Fils, le
sauveur du monde» (1 Jn 4, 14). «Celui-là a paru pour
ôter les péchés» (1 Jn 3, 5):
Malade, notre nature demandait à être guérie; déchue, à être relevée; morte, à être ressuscitée. Nous avions perdu la possession du bien, il fallait nous la rendre. Enfermés dans les ténèbres, il fallait nous porter la lumière; captifs, nous attendions un sauveur; prisonniers, un secours; esclaves, un libérateur. Ces raisons-là étaient-elles sans importance? Ne méritaient-elles pas d'émouvoir Dieu au point de le faire descendre jusqu'à notre nature humaine pour la visiter, puisque l'humanité se trouvait dans un état si misérable et si malheureux? (S. Grégoire de Nysse, or. catech. 15: PG 45, 48B).
§458
Le Verbe s'est fait chair pour
que nous connaissions ainsi l'amour de Dieu: «En ceci
s'est manifesté l'amour de Dieu pour nous: Dieu a envoyé son Fils unique
dans le monde afin que nous vivions par lui» (1 Jn 4, 9).
«Car Dieu a tant aimé le monde qu'il a donné son Fils unique afin
que quiconque croit en lui ne se perde pas, mais ait la vie
éternelle» (Jn 3, 16).
§459
Le Verbe s'est fait chair pour
être notre modèle de sainteté: «Prenez sur vous mon joug
et apprenez de moi...» (Mt 11, 29). «Je suis la voie, la
vérité et la vie; nul ne vient au Père sans passer par moi»
(Jn 14, 6). Et le Père, sur la montagne de la Transfiguration, ordonne:
«Écoutez-le» (Mc 9, 7; cf. Dt 6, 4-5). Il est en
effet le modèle des Béatitudes et la norme de la Loi nouvelle:
«Aimez-vous les uns les autres comme je vous ai aimés»
(Jn 15, 12). Cet amour implique l'offrande effective de soi-même à sa suite
(cf. Mc 8, 34).
§460
Le Verbe s'est fait chair pour
nous rendre «participants de la nature divine» (2 P
1, 4): «Car telle est la raison pour laquelle le Verbe s'est
fait homme, et le Fils de Dieu, Fils de l'homme: c'est pour que l'homme,
en entrant en communion avec le Verbe et en recevant ainsi la filiation divine,
devienne fils de Dieu» (S. Irénée, haer. 3, 19, 1). «Car
le Fils de Dieu s'est fait homme pour nous faire Dieu» (S. Athanase,
inc. 54, 3: PG 25, 192B). «Le Fils unique de Dieu, voulant que
nous participions à sa divinité, assuma notre nature, afin que Lui, fait homme,
fit les hommes Dieu» (S. Thomas d'A., opusc. 57 in festo Corp. Chr. 1).
II. L'Incarnation
§461
Reprenant l'expression de
S. Jean («Le Verbe s'est fait chair «: Jn 1, 14),
l'Église appelle «Incarnation» le fait que le Fils de
Dieu ait assumé une nature humaine pour accomplir en elle notre salut. Dans une
hymne attestée par S. Paul, l'Église chante le mystère de l'Incarnation:
«Ayez entre vous les mêmes sentiments qui furent dans le Christ Jésus: Lui, de condition divine, ne retint pas jalousement le rang qui l'égalait à Dieu. Mais il s'anéantit lui-même prenant condition d'esclave et devenant semblable aux hommes. S'étant comporté comme un homme, il s'humilia plus encore, obéissant jusqu'à la mort, et la mort sur la Croix!» (Ph 2, 5-8; cf. LH, cantique des Vêpres du samedi).
§462
L'épître aux Hébreux parle
du même mystère:
C'est pourquoi, en entrant dans le monde, le Christ dit: Tu n'as voulu ni sacrifice ni oblation; mais tu m'as façonné un corps. Tu n'as agréé ni holocauste ni sacrifices pour les péchés. Alors j'ai dit: Voici, je viens (...) pour faire ta volonté (He 10, 5-7, citant Ps 40, 7-9 LXX).
§463
La foi en l'Incarnation
véritable du Fils de Dieu est le signe distinctif de la foi chrétienne:
«A ceci reconnaissez l'esprit de Dieu: Tout esprit qui
confesse Jésus-Christ venu dans la chair est de Dieu» (1 Jn 4, 2).
C'est là la joyeuse conviction de l'Église dès son commencement, lorsqu'elle
chante «le grand mystère de la piété «:
«Il a été manifesté dans la chair» (1 Tm 3, 16).
III. Vrai Dieu et vrai homme
§464
L'événement unique et tout
à fait singulier de l'Incarnation du Fils de Dieu ne signifie pas que
Jésus-Christ soit en partie Dieu et en partie homme, ni qu'il soit le résultat
du mélange confus entre le divin et l'humain. Il s'est fait vraiment homme en
restant vraiment Dieu. Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme. Cette vérité
de foi, l'Église a dû la défendre et la clarifier au cours des premiers siècles
face à des hérésies qui la falsifiaient.
§465
Les premières hérésies ont
moins nié la divinité du Christ que son humanité vraie (docétisme gnostique).
Dès les temps apostolique la foi chrétienne a insisté sur la vraie incarnation
du Fils de Dieu, «venu dans la chair» (cf. 1 Jn 4,
2-3; 2 Jn 7). Mais dès le troisième siècle, l'Église a dû affirmer contre
Paul de Samosate, dans un Concile réuni à Antioche, que Jésus-Christ est Fils
de Dieu par nature et non par adoption. Le premier Concile oecuménique de Nicée,
en 325, confessa dans son Credo que le Fils de Dieu est «engendré,
non pas créé, de la même substance (homousios -- DS 125) que le
Père» et condamna Arius qui affirmait que «le Fils de
Dieu est sorti du néant» (DS 130) et qu'il serait «d'une
autre substance que le Père» (DS 126).
§466
L'hérésie nestorienne
voyait dans le Christ une personne humaine conjointe à la personne divine du
Fils de Dieu. Face à elle S. Cyrille d'Alexandrie et le troisième Concile
oecuménique réuni à Ephèse en 431 ont confessé que «le Verbe, en
s'unissant dans sa personne une chair animée par une âme rationnelle, est
devenu homme» (DS 250). L'humanité du Christ n'a d'autre sujet que
la personne divine du Fils de Dieu qui l'a assumée et faite sienne dès sa
conception. Pour cela le Concile d'Ephèse a proclamé en 431 que Marie est
devenue en toute vérité Mère de Dieu par la conception humaine du Fils de Dieu
dans son sein: «Mère de Dieu, non parce que le Verbe de Dieu a
tiré d'elle sa nature divine, mais parce que c'est d'elle qu'il tient le corps
sacré doté d'une âme rationnelle, uni auquel en sa personne le Verbe est dit
naître selon la chair» (DS 251).
§467
Les monophysites
affirmaient que la nature humaine avait cessé d'exister comme telle dans le
Christ en étant assumée par sa personne divine de Fils de Dieu. Confronté à
cette hérésie, le quatrième Concile oecuménique, à Chalcédoine, a confessé en
451:
A la suite des saints Pères, nous enseignons unanimement à confesser un seul et même Fils, notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait en divinité et parfait en humanité, le même vraiment Dieu et vraiment homme, composé d'une âme rationnelle et d'un corps, consubstantiel au Père selon la divinité, consubstantiel à nous selon l'humanité, «semblable à nous en tout, à l'exception du péché» (He 4, 15); engendré du Père avant tout les siècles selon la divinité, et en ces derniers jours, pour nous et pour notre salut, né de la Vierge Marie, Mère de Dieu, selon l'humanité.
Un seul et même Christ, Seigneur, Fils unique, que nous devons reconnaître en deux natures, sans confusion, sans changement, sans division, sans séparation. La différence des natures n'est nullement supprimée par leur union, mais plutôt les propriétés de chacune sont sauvegardées et réunies en une seule personne et une seule hypostase (DS 301-302).
§468
Après le Concile de
Chalcédoine, certains firent de la nature humaine du Christ une sorte de sujet personnel.
Contre eux, le cinquième Concile oecuménique, à Constantinople en 553, a
confessé à propos du Christ: «Il n'y a qu'une seule hypostase
[ou personne], qui est notre Seigneur Jésus-Christ, un de la Trinité»
(DS 424). Tout dans l'humanité du Christ doit donc être attribué à sa personne
divine comme à son sujet propre (cf. déjà Cc. Ephèse: DS 255), non
seulement les miracles mais aussi les souffrances (cf. DS 424) et même la
mort: «Celui qui a été crucifié dans la chair, notre Seigneur
Jésus-Christ, est vrai Dieu, Seigneur de la gloire et Un de la sainte
Trinité» (DS 432).
§469
L'Église confesse ainsi que
Jésus est inséparablement vrai Dieu et vrai homme. Il est vraiment le Fils de
Dieu qui s'est fait homme, notre frère, et cela sans cesserd'être Dieu, notre
Seigneur:
«Il resta ce qu'Il était, Il assuma ce qu'il n'était pas», chante la liturgie romaine (LH, In Solemnitate Sanctae Dei Genetricis Mariae, antiphona ad «Benedictus»; cf. S. Léon le Grand, serm. 21, 2: PL 54, 192A). Et la liturgie de S. Jean Chrysostome proclame et chante: «O Fils unique et Verbe de Dieu, étant immortel, tu as daigné pour notre salut t'incarner de la sainte Mère de Dieu et toujours Vierge Marie, qui sans changement es devenu homme, et qui as été crucifié, O Christ Dieu, qui, par ta mort as écrasé la mort, qui es Un de la Sainte Trinité, glorifié avec le Père et le Saint-Esprit, sauve-nous!» (Tropaire «O monoghenis»).
IV. Comment le Fils de Dieu est-il homme?
§470
Parce que dans l'union
mystérieuse de l'Incarnation «la nature humaine a été assumée, non
absorbée» (GS 22, § 2), l'Église a été amenée au cours des siècles à
confesser la pleine réalité de l'âme humaine, avec ses opérations
d'intelligence et de volonté, et du corps humain du Christ. Mais parallèlement,
elle a eu à rappeler à chaque fois que la nature humaine du Christ appartient
en propre à la personne divine du Fils de Dieu qui l'a assumée. Tout ce qu'il
est et ce qu'il fait en elle relève «d'Un de la Trinité».
Le Fils de Dieu communique donc à son humanité son propre mode d'exister
personnel dans la Trinité. Ainsi, dans son âme comme dans son corps, le Christ
exprime humainement les moeurs divines de la Trinité (cf. Jn 14, 9-10):
Le Fils de Dieu a travaillé avec des mains d'homme, il a pensé avec une intelligence d'homme, il a agi avec une volonté d'homme, il a aimé avec un coeur d'homme. Né de la Vierge Marie, il est vraiment devenu l'un de nous, en tout semblable à nous, hormis le péché (GS 22, § 2).
L'âme et la connaissance humaine du Christ
§471
Apollinaire de Laodicée
affirmait que dans le Christ le Verbe avait remplacé l'âme ou l'esprit. Contre
cette erreur l'Église a confessé que le Fils éternel a assumé aussi une âme
raisonnable humaine (cf. DS 149).
§472
Cette âme humaine que le
Fils de Dieu a assumée est douée d'une vraie connaissance humaine. En tant que
telle celle-ci ne pouvait pas être de soi illimitée: elle était exercée
dans les conditions historiques de son existence dans l'espace et le temps.
C'est pourquoi le Fils de Dieu a pu vouloir en se faisant homme
«croître en sagesse, en taille et en grâce» (Lc 2, 52) et
de même avoir à s'enquérir sur ce que dans la condition humaine on doit
apprendre de manière expérimentale (cf. Mc 6, 38; Mc 8, 27; Jn 11,
34; etc.). Cela correspondait à la réalité de son abaissement volontaire
dans «la condition d'esclave» (Ph 2,7).
§473
Mais en même temps, cette
connaissance vraiment humaine du Fils de Dieu exprimait la vie divine de sa
personne (cf. S. Grégoire le Grand, ep. 10, 39: DS 475: PL 77,
1097B). «La nature humaine du Fils de Dieu, non par elle-même
mais par son union au Verbe, connaissait et manifestait en elle tout ce qui
convient à Dieu» (S. Maxime le Confesseur, qu. dub. 66: PG 90,
840A). C'est en premier le cas de la connaissance intime et immédiate que le
Fils de Dieu fait homme a de son Père (cf. Mc 14, 36; Mt 11, 27; Jn
1, 18; 8, 55; etc.). Le Fils montrait aussi dans sa connaissance
humaine la pénétration divine qu'il avait des pensées secrètes du coeur des
hommes (cf. Mc 2, 8; Jn 2, 25; 6, 61; etc.).
§474
De par son union à la
Sagesse divine en la personne du Verbe incarné, la connaissance humaine du Christ
jouissait en plénitude de la science des desseins éternels qu'il était venu
révéler (cf. Mc 8, 31; 9, 31; 10, 33-34; 14, 18-20. 26-30).
Ce qu'il reconnaît ignorer dans ce domaine (cf. Mc 13, 32), il déclare ailleurs
n'avoir pas mission de le révéler (cf. Ac 1, 7).
La volonté humaine du Christ
§475
De manière parallèle,
l'Église a confessé au sixième Concile oecuménique (Cc. Constantinople III en
681) que le Christ possède deux volontés et deux opérations naturelles, divines
et humaines, non pas opposées, mais coopérantes, de sorte que le Verbe fait
chair a voulu humainement dans l'obéissance à son Père tout ce qu'il a décidé
divinement avec le Père et le Saint-Esprit pour notre salut (cf. DS 556-559).
La volonté humaine du Christ «suit sa volonté divine, sans être en
résistance ni en opposition vis-à-vis d'elle, mais bien plutôt en étant
subordonnée à cette volonté toute-puissante» (DS 556).
Le vrai corps du Christ
§476
Puisque le Verbe s'est fait
chair en assumant une vraie humanité, le corps du Christ était délimité (cf.
Cc. Latran en 649: DS 504). A cause de cela, le visage humain de Jésus
peut être «dépeint» (Ga 3, 2). Au sixième Concile
oecuménique (Cc. Nicée II en 787: DS 600-603) l'Église a reconnu comme légitime
qu'il soit représenté sur des images saintes.
§477
En même temps l'Église a
toujours reconnu que, dans le corps de Jésus, «Dieu qui est par
nature invisible est devenu visible à nos yeux» (MR, Préface de
Noël). En effet, les particularités individuelles du corps du Christ expriment
la personne divine du Fils de Dieu. Celui-ci a fait siens les traits de son
corps humain au point que, dépeints sur une image sainte, ils peuvent être
vénérés car le croyant qui vénère son image, «vénère en elle la
personne qui y est dépeinte» (Cc. Nicée II: DS 601).
Le Coeur du Verbe incarné
§478
Jésus nous a tous et chacun
connus et aimés durant sa vie, son agonie et sa passion et il s'est livré pour
chacun de nous: «Le Fils de Dieu m'a aimé et s'est livré pour
moi» (Ga 2, 20). Il nous a tous aimés d'un coeur humain. Pour cette
raison, le Coeur sacré de Jésus, transpercé par nos péchés et pour notre salut
(cf. Jn 19, 34), «est considéré comme le signe et le symbole
éminents... de cet amour que le divin Rédempteur porte sans cesse au père
éternel et à tous les hommes sans exception» (Pie XII, Enc.
«Haurietis aquas «: DS 3924; cf. DS 3812).
EN BREF
§479
Au temps établi par Dieu, le Fils
unique du Père, la Parole éternelle, c'est-à-dire le Verbe et l'Image
substantielle du Père, s'est incarné: sans perdre la nature divine il a
assumé la nature humaine.
§480
Jésus-Christ est vrai Dieu et vrai homme, dans l'unité de sa Personne
divine; pour cette raison il est l'unique Médiateur entre Dieu et les
hommes.
§481
Jésus-Christ possède deux natures, la divine et l'humaine, non confondues, mais
unies dans l'unique Personne du Fils de Dieu.
§482
Le Christ, étant vrai Dieu et vrai homme, a une intelligence et une volonté
humaines, parfaitement accordées et soumises à son intelligence et sa volonté
divines, qu'il a en commun avec le Père et le Saint-Esprit.
§483
L'Incarnation est donc le mystère de l'admirable union de la nature divine et
de la nature humaine dans l'unique Personne du Verbe.
Paragraphe 2. «... CONÇU DU SAINT-ESPRIT, NE DE LA VIERGE MARIE»
I. Conçu du Saint-Esprit...
§484
L'Annonciation à Marie
inaugure la «plénitude des temps» (Ga 4, 4), c'est-à-dire
l'accomplissement des promesses et des préparations. Marie est invitée à
concevoir Celui en qui habitera «corporellement la plénitude de la
divinité» (Col 2, 9). La réponse divine à son «comment
cela se fera-t-il, puisque je ne connais point d'homme?» (Lc
1, 34) est donnée par la puissance de l'Esprit: «L'Esprit
Saint viendra sur toi» (Lc 1, 35).
§485
La mission de l'Esprit Saint
est toujours conjointe et ordonnée à celle du Fils (cf. Jn 16, 14-15). L'Esprit
Saint est envoyé pour sanctifier le sein de la Vierge Marie et la féconder
divinement, lui qui est «le Seigneur qui donne la Vie»,
en faisant qu'elle conçoive le Fils éternel du Père dans une humanité tirée de
la sienne.
§486
Le Fils unique du Père en
étant conçu comme homme dans le sein de la Vierge Marie est
«Christ», c'est-à-dire oint par l'Esprit Saint (cf. Mt 1,
20; Lc 1, 35), dès le début de son existence humaine, même si sa
manifestation n'a lieu que progressivement: aux bergers (cf. Lc 2, 8-20),
aux mages (cf. Mt 2, 1-12), à Jean-Baptiste (cf. Jn 1, 31-34), aux disciples
(cf. Jn 2, 11). Toute la vie de Jésus-Christ manifestera donc «comment
Dieu l'a oint d'Esprit et de puissance» (Ac 10, 38).
II. ... Né de la Vierge Marie
§487
Ce que la foi catholique
croit au sujet de Marie se fonde sur ce qu'elle croit au sujet du Christ, mais
ce qu'elle enseigne sur Marie éclaire à son tour sa foi au Christ.
La prédestination de Marie
§488
«Dieu a envoyé
son Fils» (Ga 4, 4), mais pour lui «façonner un
corps» (cf. He 10, 5) il a voulu la libre coopération d'une
créature. Pour cela, de toute éternité, Dieu a choisi, pour être la Mère de Son
Fils, une fille d'Israël, une jeune juive de Nazareth en Galilée,
«une vierge fiancée à un homme du nom de Joseph, de la maison de
David, et le nom de la vierge était Marie» (Lc 1, 26-27):
Le Père des miséricordes a voulu que l'Incarnation fût précédée par une acceptation de la part de cette Mère prédestinée, en sorte que, une femme ayant contribué à l'oeuvre de mort, de même une femme contribuât aussi à la vie (LG 56; cf. 61).
§489
Tout au long de l'Ancienne
Alliance, la mission de Marie a été préparée par celle de saintes
femmes. Tout au commencement, il y a Eve: malgré sa désobéissance, elle
reçoit la promesse d'une descendance qui sera victorieuse du Malin (cf. Gn 3,
15) et celle d'être la mère de tous les vivants (cf. Gn 3, 20). En vertu de
cette promesse, Sara conçoit un fils malgré son grand âge (cf. Gn 18,
10-14; 21, 1-2). Contre toute attente humaine, Dieu choisit ce qui était
tenu pour impuissant et faible (cf. 1 Co 1, 27) pour montrer sa fidélité à sa
promesse: Anne, la mère de Samuel (cf. 1 S 1), Débora, Ruth, Judith et
Esther, et beaucoup d'autres femmes. Marie «occupe la première place
parmi ces humbles et ces pauvres du Seigneur qui espèrent et reçoivent le salut
de lui avec confiance. Avec elle, la fille de Sion par excellence, après la
longue attente de la promesse, s'accomplissent les temps et s'instaure
l'économie nouvelle» (LG 55).
L'Immaculée Conception
§490
Pour être la Mère du
Sauveur, Marie «fut pourvue par Dieu de dons à la mesure d'une si
grande tâche» (LG 56). L'ange Gabriel, au moment de l'Annonciation
la salue comme «pleine de grâce» (Lc 1, 28). En effet,
pour pouvoir donner l'assentiment libre de sa foi à l'annonce de sa vocation,
il fallait qu'elle soit toute portée par la grâce de Dieu.
§491
Au long des siècles
l'Église a pris conscience que Marie, «comblée de grâce»
par Dieu (Lc 1, 28), avait été rachetée dès sa conception. C'est ce que
confesse le dogme de l'Immaculée Conception, proclamé en 1854 par le pape Pie
IX:
La bienheureuse Vierge Marie a été, au premier instant de sa conception, par une grâce et une faveur singulière du Dieu Tout-Puissant, en vue des mérites de Jésus-Christ Sauveur du genre humain, préservée intacte de toute souillure du péché originel (DS 2803).
§492
Cette «sainteté
éclatante absolument unique» dont elle est «enrichie dès
le premier instant de sa conception» (LG 56) lui vient tout entière
du Christ: elle est «rachetée de façon éminente en considération
des mérites de son Fils» (LG 53). Plus que toute autre personne
créée, le Père l'a «bénie par toutes sortes de bénédictions
spirituelles, aux cieux, dans le Christ» (Ep 1, 3). Il l'a
«élue en Lui, dès avant la fondation du monde, pour être sainte et
immaculée en sa présence, dans l'amour» (cf. Ep 1, 4).
§493
Les Pères de la tradition
orientale appellent la Mère de Dieu «la Toute Sainte» (Panaghia),
ils la célèbrent comme «indemne de toute tache de péché, ayant été pétrie
par l'Esprit Saint, et formée comme une nouvelle créature» (LG 56).
Par la grâce de Dieu, Marie est restée pure de tout péché personnel tout au
long de sa vie.
«Qu'il me soit fait selon ta parole...»
§494
A l'annonce qu'elle enfantera
«le Fils du Très Haut» sans connaître d'homme, par la
vertu de l'Esprit Saint (cf. Lc 1, 28-37), Marie a répondu par
«l'obéissance de la foi» (Rm 1, 5), certaine que
«rien n'est impossible à Dieu «: «Je suis
la servante du Seigneur; qu'il m'advienne selon ta parole» (Lc
1, 37-38). Ainsi, donnant à la parole de Dieu son consentement, Marie devint
Mère de Jésus et, épousant à plein coeur, sans que nul péché la retienne, la
volonté divine de salut, se livra elle-même intégralement à la personne et à
l'oeuvre de son Fils, pour servir, dans sa dépendance et avec lui, par la grâce
de Dieu, au mystère de la Rédemption (cf. LG 56):
Comme dit S. Irénée, «par son obéissance elle est devenue, pour elle-même et pour tout le genre humain, cause de salut» (Haer. 3, 22, 4). Aussi, avec lui, bon nombre d'anciens Pères disent: «Le noeud dû à la désobéissance d'Eve, s'est dénoué par l'obéissance de Marie; ce que la vierge Eve avait noué par son incrédulité, la Vierge Marie l'a dénoué par sa foi» (cf. ibid.); comparant Marie avec Eve, ils appellent Marie «la Mère des vivants» et déclarent souvent: «par Eve la mort, par Marie la vie» (LG 56).
La maternité divine de Marie
§495
Appelée dans les Évangiles
«la mère de Jésus» (Jn 2, 1; 19, 25; cf. Mt
13, 55), Marie est acclamée, sous l'impulsion de l'Esprit, dès avant la
naissance de son fils, comme «la mère de mon Seigneur»
(Lc 1, 43). En effet, Celui qu'elle a conçu comme homme du Saint-Esprit et qui
est devenu vraiment son Fils selon la chair, n'est autre que le Fils éternel du
Père, la deuxième Personne de la Sainte Trinité. L'Église confesse que Marie
est vraiment Mère de Dieu (Theotokos) (cf. DS 251).
La virginité de Marie
§496
Dès les premières
formulations de la foi (cf. DS 10-64), l'Église a confessé que Jésus a été
conçu par la seule puissance du Saint-Esprit dans le sein de la Vierge Marie,
affirmant aussi l'aspect corporel de cet événement: Jésus a été conçu
«de l'Esprit Saint sans semence virile» (Cc. Latran en
649: DS 503). Les Pères voient dans la conception virginale le signe que
c'est vraiment le Fils de Dieu qui est venu dans une humanité comme la
nôtre:
Ainsi, S. Ignace d'Antioche (début IIe siècle): «Vous êtes fermement convaincus au sujet de notre Seigneur qui est véritablement de la race de David selon la chair (cf. Rm 1, 3), Fils de Dieu selon la volonté et la puissance de Dieu (cf. Jn 1, 13), véritablement né d'une vierge, (...) il a été véritablement cloué pour nous dans sa chair sous Ponce Pilate (...) il a véritablement souffert, comme il est aussi véritablement ressuscité» (Smyrn. 1-2).
§497
Les récits évangéliques
(cf. Mt 1, 18-25; Lc 1, 26-38) comprennent la conception virginale comme
une oeuvre divine qui dépasse toute compréhension et toute possibilité humaines
(cf. Lc 1, 34): «Ce qui a été engendré en elle vient de
l'Esprit Saint», dit l'ange à Joseph au sujet de Marie, sa fiancée
(Mt 1, 20). L'Église y voit l'accomplissement de la promesse divine donnée par
le prophète Isaïe: «Voici que la vierge concevra et enfantera
un fils» (Is 7, 14, d'après la traduction grecque de Mt 1, 23).
§498
On a été parfois troublé par le
silence de l'Évangile de S. Marc et des Épîtres du Nouveau Testament sur la
conception virginale de Marie. On a aussi pu se demander s'il ne s'agissait pas
ici de légendes ou de constructions théologiques sans prétentions historiques.
A quoi il faut répondre: La foi en la conception virginale de Jésus a
rencontré vive opposition, moqueries ou incompréhension de la part des
non-croyants, juifs et païens (cf. S. Justin, dial. 66, 67; Origène,
Cels. 1, 32. 69; e.a.): elle n'était pas motivée par la mythologie
païenne ou par quelque adaptation aux idées du temps. Le sens de cet événement n'est
accessible qu'à la foi qui le voit dans ce «lien qui relie les
mystères entre eux» (DS 3016), dans l'ensemble des mystères du
Christ, de son Incarnation à sa Pâque. S. Ignace d'Antioche témoigne déjà de ce
lien: «Le prince de ce monde a ignoré la virginité de Marie et
son enfantement, de même que la mort du Seigneur: trois mystères
retentissants qui furent accomplis dans le silence de Dieu» (Eph.
19, 1; cf. 1 Co 2, 8).
Marie -- «toujours Vierge»
§499
L'approfondissement de sa foi
en la maternité virginale a conduit l'Église à confesser la virginité réelle et
perpétuelle de Marie (cf. DS 427) même dans l'enfantement du Fils de Dieu fait
homme (cf. DS 291; 294; 442; 503; 571; 1880). En
effet la naissance du Christ «n'a pas diminué, mais consacré
l'intégrité virginale» de sa mère (LG 57). La liturgie de l'Église
célèbre Marie comme la Aeiparthenos, «toujours
vierge» (cf. LG 52).
Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.
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