| Accueil >> Varia >> Livres >> Table des matières

[précédente] [suivante]

Catéchisme de l'Église catholique -- §700 à §799

§700
Le doigt. «C'est par le doigt de Dieu que [Jésus] expulse les démons» (Lc 11, 20). Si la Loi de Dieu a été écrite sur des tables de pierre «par le doigt de Dieu» (Ex 31, 18), «la lettre du Christ», remise aux soins des apôtres, «est écrite avec l'Esprit du Dieu vivant, non sur des tables de pierre, mais sur des tables de chair, sur les coeurs» (2 Co 3, 3). L'hymne «Veni, Creator Spiritus» invoque l'Esprit Saint comme «le doigt de la droite du Père» (In Dominica Pentecostes, Hymnus ad I et II Vesperas).

§701
La colombe. A la fin du déluge (dont le symbolisme concerne le Baptême), la colombe lâchée par Noé revient, un rameau tout frais d'olivier dans le bec, signe que la terre est de nouveau habitable (cf. Gn 8, 8-12). Quand le Christ remonte de l'eau de son baptême, l'Esprit Saint, sous forme d'une colombe, descend sur lui et y demeure (cf. Mt 3, 16 par.). L'Esprit descend et repose dans le coeur purifié des baptisés. Dans certaines églises, la sainte Réserve eucharistique est conservée dans un réceptacle métallique en forme de colombe (le columbarium) suspendu au-dessus de l'autel. Le symbole de la colombe pour suggérer l'Esprit Saint est traditionnel dans l'iconographie chrétienne.

III. L'Esprit et la Parole de Dieu dans le temps des promesses

§702
Du commencement jusqu'à «la Plénitude du temps» (Ga 4, 4), la mission conjointe du Verbe et de l'Esprit du Père demeure cachée, mais elle est à l'oeuvre. L'Esprit de Dieu y prépare le temps du Messie, et l'un et l'autre, sans être encore pleinement révélés, y sont déjà promis afin d'être attendus et accueillis lors de leur manifestation. C'est pourquoi lorsque l'Église lit l'Ancien Testament (cf. 2 Co 3, 14), elle y scrute (cf. Jn 5, 39. 46) ce que l'Esprit, «qui a parlé par les prophètes», veut nous dire du Christ.

Par «prophètes», la foi de l'Église entend ici tous ceux que l'Esprit Saint a inspirés dans la vivante annonce et dans la rédaction des livres saints, tant de l'Ancien que du Nouveau Testament. La tradition juive distingue la Loi (les cinq premiers livres ou Pentateuque), les Prophètes (nos livres dits historiques et prophétiques) et les Écrits (surtout sapientiels, en particulier les Psaumes) (cf. Lc 24, 44).

Dans la création

§703
La Parole de Dieu et son Souffle sont à l'origine de l'être et de la vie de toute créature (cf. Ps 33, 6; 104, 30; Gn 1, 2; 2, 7; Qo 3, 20-21; Ez 37, 10):

Au Saint-Esprit il convient de régner, de sanctifier et d'animer la création, car il est Dieu consubstantiel au Père et au Fils (...). A Lui revient le pouvoir sur la vie, car étant Dieu il garde la création dans le Père par le Fils (Liturgie byzantine, Tropaire des matines des dimanches du second mode).

§704
«Quant à l'homme, c'est de ses propres mains [c'est-à-dire le Fils et l'Esprit Saint] que Dieu le façonna (...) et Il dessina sur la chair façonnée sa propre forme, de façon que même ce qui serait visible portât la forme divine» (S. Irénée, dem. 11).

L'Esprit de la promesse

§705
Défiguré par le péché et par la mort, l'homme demeure «à l'image de Dieu», à l'image du Fils, mais il est «privé de la Gloire de Dieu» (Rm 3, 23), privé de la «ressemblance». La promesse faite à Abraham inaugure l'économie du salut au terme de laquelle le Fils lui-même assumera «l'image» (cf. Jn 1, 14; Ph 2, 7) et la restaurera dans «la ressemblance» avec le Père en lui redonnant la Gloire, l'Esprit «qui donne la Vie».

§706
Contre toute espérance humaine, Dieu promet à Abraham une descendance, comme fruit de la foi et de la puissance de l'Esprit Saint (cf. Gn 18, 1-15; Lc 1, 26-38. 54-55; Jn 1, 12-13; Rm 4, 16-21). En elle seront bénies toutes les nations de la terre (cf. Gn 12, 3). Cette descendance sera le Christ (cf. Ga 3, 16) en qui l'effusion de l'Esprit Saint fera «l'unité des enfants de Dieu dispersés» (cf. Jn 11, 52). En s'engageant par serment (cf. Lc 1, 73), Dieu s'engage déjà au don de son Fils Bien-aimé (cf. Gn 22, 17-19; Rm 8, 32; Jn 3, 16) et au don de «l'Esprit de la Promesse (...) qui (...) prépare la rédemption du Peuple que Dieu s'est acquis» (Ep 1, 13-14; cf. Ga 3, 14).

Dans les Théophanies et la Loi

§707
Les Théophanies (manifestations de Dieu) illuminent le chemin de la promesse, des patriarches à Moïse et de Josué jusqu'aux visions qui inaugurent la mission des grands prophètes. La tradition chrétienne a toujours reconnu que dans ces Théophanies le Verbe de Dieu se laissait voir et entendre, à la fois révélé et «ombré» dans la Nuée de l'Esprit Saint.

§708
Cette pédagogie de Dieu apparaît spécialement dans le don de la Loi (cf. Ex 19-20; Dt 1-11; 29-30). La Loi a été donnée comme un «pédagogue» pour conduire le Peuple vers le Christ (Ga 3, 24). Mais son impuissance à sauver l'homme privé de la «ressemblance» divine et la connaissance accrue qu'elle donne du péché (cf. Rm 3, 20) suscitent le désir de l'Esprit Saint. Les gémissements des Psaumes en témoignent.

Dans le Royaume et l'Exil

§709
La Loi, signe de la promesse et de l'alliance, aurait dû régir le coeur et les institutions du Peuple issu de la foi d'Abraham. «Si vous écoutez ma voix et gardez mon alliance, je vous tiendrai pour un royaume de prêtres, pour une nation sainte» (Ex 19, 5-6; cf. 1 P 2, 9). Mais, après David, Israël succombe à la tentation de devenir un royaume comme les autres nations. Or le Royaume, objet de la promesse faite à David (cf. 2 S 7; Ps 89; Lc 1, 32-33) sera l'oeuvre de l'Esprit Saint; il appartiendra aux pauvres selon l'Esprit.

§710
L'oubli de la Loi et l'infidélité à l'alliance aboutissent à la mort: c'est l'Exil, apparemment échec des promesses, en fait fidélité mystérieuse du Dieu sauveur et début d'une restauration promise, mais selon l'Esprit. Il fallait que le Peuple de Dieu souffrît cette purification (cf. Lc 24, 26); l'Exil porte déjà l'ombre de la Croix dans le dessein de Dieu, et le Reste des pauvres qui en revient est l'une des figures les plus transparentes de l'Église.

L'attente du Messie et de son Esprit

§711
«Voici que je vais faire du nouveau» (Is 43, 19): Deux lignes prophétiques vont se dessiner, portant l'une sur l'attente du Messie, l'autre sur l'annonce d'un Esprit nouveau, et elles convergent dans le petit Reste, le peuple des Pauvres (cf. So 2, 3), qui attend dans l'espérance la «consolation d'Israël» et «la délivrance de Jérusalem» (cf. Lc 2, 25. 38).

On a vu plus haut comment Jésus accomplit les prophéties qui le concernent. On se limite ici à celles où apparaît davantage la relation du Messie et de son Esprit.

§712
Les traits du visage du Messie attendu commencent à apparaître dans le Livre de l'Emmanuel (cf. Is 6-12) («quand Isaïe eut la vision de la Gloire» du Christ: Jn 12, 41), en particulier en Is 11, 1-2:

Un rejeton sort de la souche de Jessé,

un surgeon pousse de ses racines:

sur lui repose l'Esprit du Seigneur,

esprit de sagesse et d'intelligence,

esprit de conseil et de force,

esprit de science et de crainte du Seigneur.

§713
Les traits du Messie sont révélés surtout dans les chants du Serviteur (cf. Is 42, 1-9; cf. Mt 12, 18-21; Jn 1, 32-34, puis Is 49, 16; cf. Mt 3, 17; Lc 2, 32, enfin Is 50, 4-10 et 52, 13 -- 53, 12). Ces chants annoncent le sens de la passion de Jésus, et indiquent ainsi la manière dont Il répandra l'Esprit Saint pour vivifier la multitude: non pas de l'extérieur, mais en épousant notre «condition d'esclave» (Ph 2, 7). Prenant sur lui notre mort, il peut nous communiquer son propre Esprit de vie.

§714
C'est pourquoi le Christ inaugure l'annonce de la bonne Nouvelle en faisant sien ce passage d'Isaïe (Lc 4, 18-19; cf. Is 61, 1-2):

L'Esprit du Seigneur est sur moi,

car le Seigneur m'a oint.

Il m'a envoyé porter la Bonne Nouvelle aux pauvres,

panser les coeurs meurtris;

annoncer aux captifs l'amnistie

et aux prisonniers la liberté,

annoncer une année de grâce de la part du Seigneur.

§715
Les textes prophétiques concernant directement l'envoi de l'Esprit Saint sont des oracles où Dieu parle au coeur de son Peuple dans le langage de la promesse, avec les accents de «l'amour et de la fidélité» (cf. Ez 11, 19; 36, 25-28; 37, 1-14; Jr 31, 31-34; et Jl 3, 1-5) dont S. Pierre proclamera l'accomplissement le matin de la Pentecôte (cf. Ac 2, 17-21). Selon ces promesses, dans les «derniers temps», l'Esprit du Seigneur renouvellera le coeur des hommes en gravant en eux une Loi nouvelle; il rassemblera et réconciliera les peuples dispersés et divisés; il transformera la création première et Dieu y habitera avec les hommes dans la paix.

§716
Le Peuple des «pauvres» (cf. So 2, 3; Ps 22, 27; 34, 3; Is 49, 13; 61, 1; etc.), les humbles et les doux, tout abandonnés aux desseins mystérieux de leur Dieu, ceux qui attendent la justice, non des hommes mais du Messie, est finalement la grande oeuvre de la mission cachée de l'Esprit Saint durant le temps des promesses pour préparer la venue du Christ. C'est leur qualité de coeur, purifié et éclairé par l'Esprit, qui s'exprime dans les Psaumes. En ces pauvres, l'Esprit prépare au Seigneur «un peuple bien disposé» (cf. Lc 1, 17).

IV. L'Esprit du Christ dans la plénitude du temps

Jean, Précurseur, Prophète et Baptiste

§717
«Parut un homme envoyé de Dieu. Il se nommait Jean» (Jn 1, 6). Jean est «rempli de l'Esprit Saint, dès le sein de sa mère» (Lc 1, 15. 41) par le Christ lui-même que la Vierge Marie venait de concevoir de l'Esprit Saint. La «visitation» de Marie à Élisabeth est ainsi devenue «visite de Dieu à son peuple» (Lc 1, 68).

§718
Jean est «Elie qui doit venir» (Mt 17, 10-13): Le Feu de l'Esprit l'habite et le fait «courir devant» [en «précurseur»] le Seigneur qui vient. En Jean le Précurseur, l'Esprit Saint achève de «préparer au Seigneur un peuple bien disposé» (Lc 1, 17).

§719
Jean est «plus qu'un prophète» (Lc 7, 26). En lui l'Esprit Saint accomplit de «parler par les prophètes». Jean achève le cycle des prophètes inauguré par Elie (cf. Mt 11, 13-14). Il annonce l'imminence de la Consolation d'Israël, il est la «voix» du consolateur qui vient (Jn 1, 23; cf. Is 40, 1-3). Comme le fera l'Esprit de Vérité, «il vient comme témoin, pour rendre témoignage à la Lumière» (Jn 1, 7; cf. Jn 15, 26; 5, 33). Au regard de Jean, l'Esprit accomplit ainsi les «recherches des prophètes» et la «convoitise» des anges (1 P 1, 10-12): «Celui sur qui tu verras l'Esprit descendre et demeurer, c'est lui qui baptise dans l'Esprit (...). Oui, j'ai vu et j'atteste que c'est Lui, le Fils de Dieu. (...) Voici l'Agneau de Dieu» (Jn 1, 33-36).

§720
Enfin, avec Jean le Baptiste, l'Esprit Saint inaugure, en le préfigurant, ce qu'il réalisera avec et dans le Christ: redonner à l'homme «la ressemblance» divine. Le baptême de Jean était pour le repentir, celui dans l'eau et dans l'Esprit sera une nouvelle naissance (cf. Jn 3, 5).

«Réjouis-toi, comblée de grâce»

§721
Marie, la Toute Sainte Mère de Dieu, toujours Vierge est le chef-d'oeuvre de la mission du Fils et de l'Esprit dans la plénitude du temps. Pour la première fois dans le dessein du salut et parce que son Esprit l'a préparée, le Père trouve la Demeure où son Fils et son Esprit peuvent habiter parmi les hommes. C'est en ce sens que la Tradition de l'Église a souvent lu en relation à Marie les plus beaux textes sur la Sagesse (cf. Pr 8, 1 -- 9, 6; Si 24): Marie est chantée et représentée dans la liturgie comme le «Trône de la Sagesse».

En elle commencent à se manifester les «merveilles de Dieu», que l'Esprit va accomplir dans le Christ et dans l'Église:

§722
L'Esprit Saint a préparé Marie par sa grâce. Il convenait que fût «pleine de grâce» la mère de Celui en qui «habite corporellement la Plénitude de la Divinité» (Col 2, 9). Elle a été, par pure grâce, conçue sans péché comme la plus humble des créatures, la plus capable d'accueil au Don ineffable du Tout-Puissant. C'est à juste titre que l'ange Gabriel la salue comme la «Fille de Sion «: «Réjouis-toi» (cf. So 3, 14; Za 2, 14). C'est l'action de grâce de tout le Peuple de Dieu, et donc de l'Église, qu'elle fait monter vers le Père dans l'Esprit Saint en son cantique (cf. Lc 1, 46-55) alors qu'elle porte en elle le Fils éternel.

§723
En Marie, l'Esprit Saint réalise le dessein bienveillant du Père. C'est par l'Esprit Saint que la Vierge conçoit et enfante le Fils de Dieu. Sa virginité devient fécondité unique par la puissance de l'Esprit et de la foi (cf. Lc 1, 26-38; Rm 4, 18-21; Ga 4, 26-28).

§724
En Marie, l'Esprit Saint manifeste le Fils du Père devenu Fils de la Vierge. Elle est le Buisson ardent de la Théophanie définitive: comblée de l'Esprit Saint, elle montre le Verbe dans l'humilité de sa chair et c'est aux Pauvres (cf. Lc 1, 15-19) et aux prémices des nations (cf. Mt 2, 11) qu'elle Le fait connaître.

§725
Enfin, par Marie, l'Esprit Saint commence à mettre en communion avec le Christ les hommes «objets de l'amour bienveillant de Dieu» (cf. Lc 2, 14), et les humbles sont toujours les premiers à le recevoir: les bergers, les mages, Siméon et Anne, les époux de Cana et les premiers disciples.

§726
Au terme de cette mission de l'Esprit, Marie devient la «Femme», nouvelle Eve «mère des vivants», Mère du «Christ total» (cf. Jn 19, 25-27). C'est comme telle qu'elle est présente avec les Douze, «d'un même coeur, assidus à la prière» (Ac 1, 14), à l'aube des «derniers temps» que l'Esprit va inaugurer le matin de la Pentecôte avec la manifestation de l'Église.

Le Christ Jésus

§727
Toute la Mission du Fils et de l'Esprit Saint dans la plénitude du temps est contenue en ce que le Fils est l'oint de l'Esprit du Père depuis son Incarnation: Jésus est Christ, le Messie.

Tout le deuxième chapitre du Symbole de la foi est à lire à cette lumière. Toute l'oeuvre du Christ est mission conjointe du Fils et de l'Esprit Saint. Ici, on mentionnera seulement ce qui concerne la promesse de l'Esprit Saint par Jésus et son don par le Seigneur glorifié.

§728
Jésus ne révèle pas pleinement l'Esprit Saint tant que lui-même n'a pas été glorifié par sa Mort et sa Résurrection. Pourtant, Il le suggère peu à peu, même dans son enseignement aux foules, lorsqu'Il révèle que sa Chair sera nourriture pour la vie du monde (cf. Jn 6, 27. 51. 62-63). Il le suggère aussi à Nicodème (cf. Jn 3, 5-8), à la Samaritaine (cf. Jn 4, 10. 14. 23-24) et à ceux qui participent à la fête des Tabernacles (cf. Jn 7, 37-39). A ses disciples, Il en parle ouvertement à propos de la prière (cf. Lc 11, 13) et du témoignage qu'ils auront à rendre (cf. Mt 10, 19-20).

§729
C'est seulement quand l'Heure est venue où Il va être glorifié que Jésus promet la venue de l'Esprit Saint, puisque sa Mort et sa Résurrection seront l'accomplissement de la promesse faite aux Pères (cf. Jn 14, 16-17. 26; 15, 26; 16, 7-15; 17, 26): l'Esprit de Vérité, l'autre Paraclet, sera donné par le Père à la prière de Jésus; il sera envoyé par le Père au nom de Jésus; Jésus l'enverra d'auprès du Père car il est issu du Père. L'Esprit Saint viendra, nous le connaîtrons, Il sera avec nous à jamais, Il demeurera avec nous; Il nous enseignera tout et nous rappellera tout ce que le Christ nous a dit et lui rendra témoignage; Il nous conduira vers la vérité tout entière et glorifiera le Christ. Quant au monde, Il le confondra en matière de péché, de justice et de jugement.

§730
Enfin vient l'Heure de Jésus (cf. Jn 13, 1; 17, 1): Jésus remet son esprit entre les mains du Père (cf. Lc 23, 46; Jn 19, 30) au moment où par sa Mort il est vainqueur de la mort, de sorte que, «ressuscité des morts par la Gloire du Père» (Rm 6, 4), il donne aussitôt l'Esprit Saint en «soufflant» sur ses disciples (cf. Jn 20, 22). A partir de cette Heure, la mission du Christ et de l'Esprit devient la mission de l'Église: «Comme le Père m'a envoyé, moi aussi je vous envoie» (Jn 20, 21; cf. Mt 28, 19; Lc 24, 47-48; Ac 1, 8).

V. L'Esprit et l'Église dans les derniers temps

La Pentecôte

§731
Le jour de la Pentecôte (au terme des sept semaines Pascales), la Pâque du Christ s'accomplit dans l'effusion de l'Esprit Saint qui est manifesté, donné et communiqué comme Personne divine: de sa Plénitude, le Christ, Seigneur, répand à profusion l'Esprit (cf. Ac 2, 33-36).

§732
En ce jour est pleinement révélée la Trinité Sainte. Depuis ce jour, le Royaume annoncé par le Christ est ouvert à ceux qui croient en Lui: dans l'humilité de la chair et dans la foi, ils participent déjà à la communion de la Trinité Sainte. Par sa venue, et elle ne cesse pas, l'Esprit Saint fait entrer le monde dans les «derniers temps», le temps de l'Église, le Royaume déjà hérité, mais pas encore consommé:

Nous avons vu la vraie Lumière, nous avons reçu l'Esprit céleste, nous avons trouvé la vraie foi: nous adorons la Trinité indivisible car c'est elle qui nous a sauvés (Liturgie byzantine, Tropaire des vêpres de Pentecôte; il est repris dans les liturgies eucharistiques après la communion).

L'Esprit Saint -- le Don de Dieu

§733
«Dieu est Amour» (1 Jn 4, 8. 16) et l'Amour est le premier don, il contient tous les autres. Cet amour, «Dieu l'a répandu dans nos coeurs par l'Esprit qui nous fut donné» (Rm 5, 5).

§734
Parce que nous sommes morts, ou, au moins, blessés par le péché, le premier effet du don de l'Amour est la rémission de nos péchés. C'est la communion de l'Esprit Saint (2 Co 13, 13) qui, dans l'Église, redonne aux baptisés la ressemblance divine perdue par le péché.

§735
Il donne alors les «arrhes» ou les «prémices» de notre Héritage (cf. Rm 8, 23; 2 Co 1, 21): la Vie même de la Trinité Sainte qui est d'aimer «comme il nous a aimés» (cf. 1 Jn 4, 11-12). Cet amour (la charité de 1 Co 13) est le principe de la vie nouvelle dans le Christ, rendue possible puisque nous avons «reçu une force, celle de l'Esprit Saint» (Ac 1, 8).

§736
C'est par cette puissance de l'Esprit que les enfants de Dieu peuvent porter du fruit. Celui qui nous a greffés sur la vraie Vigne, nous fera porter «le fruit de l'Esprit qui est charité, joie, paix, longanimité, serviabilité, bonté, confiance dans les autres, douceur, maîtrise de soi» (Ga 5, 22-23). «L'Esprit est notre Vie «: plus nous renonçons à nous-mêmes (cf. Mt 16, 24-26), plus «l'Esprit nous fait aussi agir» (Ga 5, 25):

Par communion avec lui, l'Esprit Saint rend spirituels, rétablit au Paradis, ramène au Royaume des cieux et à l'adoption filiale, donne la confiance d'appeler Dieu Père et de participer à la grâce du Christ, d'être appelé enfant de lumière et d'avoir part à la gloire éternelle (S. Basile, Spir. 15, 36: PG 32, 132).

L'Esprit Saint et l'Église

§737
La mission du Christ et de l'Esprit Saint s'accomplit dans l'Église, Corps du Christ et Temple de l'Esprit Saint. Cette mission conjointe associe désormais les fidèles du Christ à sa communion avec le Père dans l'Esprit Saint: L'Esprit prépare les hommes, les prévient par sa grâce, pour les attirer vers le Christ. Il leur manifeste le Seigneur ressuscité, Il leur rappelle sa parole et leur ouvre l'esprit à l'intelligence de sa Mort et de sa Résurrection. Il leur rend présent le mystère du Christ, éminemment dans l'Eucharistie, afin de les réconcilier, de les mettre en communion avec Dieu, afin de leur faire porter «beaucoup de fruit» (Jn 15, 5. 8. 16).

§738
Ainsi la mission de l'Église ne s'ajoute pas à celle du Christ et de l'Esprit Saint, mais elle en est le sacrement: par tout sont être et dans tous ses membres elle est envoyée pour annoncer et témoigner, actualiser et répandre le mystère de la communion de la Sainte Trinité (ce sera l'objet du prochain article):

Nous tous qui avons reçu l'unique et même esprit, à savoir, l'Esprit Saint, nous nous sommes fondus entre nous et avec Dieu. Car bien que nous soyons nombreux séparément et que le Christ fasse que l'Esprit du Père et le sien habite en chacun de nous, cet Esprit unique et indivisible ramène par lui-même à l'unité ceux qui sont distincts entre eux (...) et fait que tous apparaissent comme une seule chose en lui-même. Et de même que la puissance de la sainte humanité du Christ fait que tous ceux-là en qui elle se trouve forment un seul corps, je pense que de la même manière l'Esprit de Dieu qui habite en tous, unique et indivisible, les ramène tous à l'unité spirituelle (S. Cyrille d'Alexandrie, Jo. 12: PG 74, 560-561).

§739
Parce que l'Esprit Saint est l'Onction du Christ, c'est le Christ, la Tête du Corps, qui le répand dans ses membres pour les nourrir, les guérir, les organiser dans leurs fonctions mutuelles, les vivifier, les envoyer témoigner, les associer à son offrande au Père et à son intercession pour le monde entier. C'est par les sacrements de l'Église que le Christ communique aux membres de son Corps son Esprit Saint et Sanctificateur (ce sera l'objet de la deuxième partie du Catéchisme).

§740
Ces «merveilles de Dieu», offertes aux croyants dans les sacrements de l'Église, portent leurs fruits dans la vie nouvelle, dans le Christ, selon l'Esprit (ce sera l'objet de la troisième partie du Catéchisme).

§741
«L'Esprit vient au secours de notre faiblesse, car nous ne savons que demander pour prier comme il faut; mais l'Esprit lui-même intercède pour nous en des gémissements ineffables» (Rm 8, 26). L'Esprit Saint, artisan des oeuvres de Dieu, est le Maître de la prière (ce sera l'objet de la quatrième partie du Catéchisme).

EN BREF

§742
«La preuve que vous êtes des fils, c'est que Dieu a envoyé dans nos coeurs l'Esprit de son Fils qui crie: Abba, Père» (Ga 4, 6).

§743
Du commencement à la consommation du temps, quand Dieu envoie son Fils, il envoie toujours son Esprit: leur mission est conjointe et inséparable.

§744
Dans la plénitude du temps, l'Esprit Saint accomplit en Marie toutes les préparations à la venue du Christ dans le Peuple de Dieu. Par l'action de l'Esprit Saint en elle, le Père donne au monde l'Emmanuel, «Dieu-avec-nous» (Mt 1, 23).

§745
Le Fils de Dieu est consacré Christ (Messie) par l'Onction de l'Esprit Saint dans son Incarnation (cf. Ps 2, 6-7).

§746
Par sa Mort et sa Résurrection, Jésus est constitué Seigneur et Christ dans la gloire (Ac 2, 36). De sa Plénitude, Il répand l'Esprit Saint sur les apôtres et l'Église.

§747
L'Esprit Saint que le Christ, Tête, répand dans ses membres, bâtit, anime et sanctifie l'Église. Elle est le sacrement de la communion de la Trinité Sainte et des hommes.

«JE CROIS A LA SAINTE ÉGLISE CATHOLIQUE»

§748
«Le Christ est la lumière des peuples: réuni dans l'Esprit Saint, le saint Concile souhaite donc ardemment, en annonçant à toutes créatures la bonne nouvelle de l'Évangile, répandre sur tous les hommes la clarté du Christ qui resplendit sur le visage de l'Église»(LG 1). C'est sur ces paroles que s'ouvre la «Constitution dogmatique sur l'Église» du deuxième Concile du Vatican. Par là, le Concile montre que l'article de foi sur l'Église dépend entièrement des articles concernant le Christ Jésus. L'Église n'a pas d'autre lumière que celle du Christ; elle est, selon une image chère aux Pères de l'Église, comparable à la lune dont toute la lumière est reflet du soleil.

§749
L'article sur l'Église dépend aussi entièrement de celui sur le Saint-Esprit qui le précède. «En effet, après avoir montré que l'Esprit Saint est la source et le donateur de toute sainteté, nous confessons maintenant que c'est Lui qui a doté l'Église de sainteté» (Catech. R. 1, 10, 1). L'Église est, selon l'expression des Pères, le lieu «où fleurit l'Esprit» (S. Hippolyte, trad. ap. 35).

§750
Croire que l'Église est «Sainte» et «Catholique», et qu'elle est «Une» et «Apostolique» (comme l'ajoute le Symbole de Nicée-Constantinople) est inséparable de la foi en Dieu le Père, le Fils et le Saint Esprit. Dans le Symbole des apôtres, nous faisons profession de croire une Église Sainte («Credo [...] Ecclesiam»), et non pas en l'Église, pour ne pas confondre Dieu et ses oeuvres et pour attribuer clairement à la bonté de Dieu tous les dons qu'Il a mis dans son Église (cf. Catech. R. 1, 10, 22).

Paragraphe 1. L'ÉGLISE DANS LE DESSEIN DE DIEU

I. Les noms et les images de l'Église

§751
Le mot «Église» [ekklèsia, du grec ek-kalein, «appeler hors»] signifie «convocation». Il désigne des assemblées du peuple (cf. Ac 19, 39), en général de caractère religieux. C'est le terme fréquemment utilisé dans l'Ancien Testament grec pour l'assemblée du peuple élu devant Dieu, surtout pour l'assemblée du Sinaï où Israël reçut la Loi et fut constitué par Dieu comme son peuple saint (cf. Ex 19). En s'appelant «Église», la première communauté de ceux qui croyaient au Christ se reconnaît héritière de cette assemblée. En elle, Dieu «convoque» son Peuple de tous les confins de la terre. Le terme Kyriakè dont sont dérivés church, Kirche, signifie «celle qui appartient au Seigneur».

§752
Dans le langage chrétien, le mot «Église» désigne l'assemblée liturgique (cf. 1 Co 11, 18; 14, 19. 28. 34. 35), mais aussi la communauté locale (cf. 1 Co 1, 2; 16, 1) ou toute la communauté universelle des croyants (cf. 1 Co 15, 9; Ga 1, 13; Ph 3, 6). Ces trois significations sont en fait inséparables. «L'Église», c'est le Peuple que Dieu rassemble dans le monde entier. Elle existe dans les communautés locales et se réalise comme assemblée liturgique, surtout eucharistique. Elle vit de la Parole et du Corps du Christ et devient ainsi elle-même Corps du Christ.

Les symboles de l'Église

§753
Dans l'Écriture Sainte, nous trouvons une foule d'images et de figures liées entre elles, par lesquelles la révélation parle du mystère inépuisable de l'Église. Les images prises de l'Ancien Testament constituent des variations d'une idée de fond, celle du «Peuple de Dieu». Dans le Nouveau Testament (cf. Ep 1, 22; Col 1, 18), toutes ces images trouvent un nouveau centre par le fait que le Christ devient «la Tête» de ce peuple (cf. LG 9) qui est dès lors son Corps. Autour de ce centre se sont groupés des images «tirées soit de la vie pastorale ou de la vie des champs, soit du travail de construction ou de la famille et des épousailles» (LG 6).

§754
«L'Église, en effet, est le bercail dont le Christ est l'entrée unique et nécessaire (cf. Jn 10, 1-10). Elle est aussi le troupeau dont Dieu a proclamé lui-même à l'avance qu'il serait le pasteur (cf. Is 40, 11; Ez 34, 11-31), et dont les brebis, quoiqu'elles aient à leur tête des pasteurs humains, sont cependant continuellement conduites et nourries par le Christ même, Bon Pasteur et Prince des pasteurs (cf. Jn 10, 11; 1 P 5, 4), qui a donné sa vie pour ses brebis (cf. LG 6; Jn 10, 11-15)».

§755
«L'Église est le terrain de culture, le champ de Dieu (1 Co 3, 9). Dans ce champ croît l'antique olivier dont les patriarches furent la racine sainte et en lequel s'opère et s'opérera la réconciliation entre Juifs et Gentils (cf. Rm 11, 13-26). Elle fut plantée par le Vigneron céleste comme une vigne choisie (cf. Mt 21, 33-43 par.; cf. Is 5, 1-7). La Vigne véritable, c'est le Christ: c'est lui qui donne vie et fécondité aux rameaux que nous sommes: par l'Église nous demeurons en lui, sans qui nous ne pouvons rien faire (cf. Jn 15, 1-5)» (LG 6).

§756
«Bien souvent aussi, l'Église est dite la construction de Dieu (cf. 1 Co 3, 9). Le Seigneur lui-même s'est comparé à la pierre rejetée par les bâtisseurs et devenue pierre angulaire (Mt 21, 42 par.; cf. Ac 4, 11; 1 P 2, 7; Ps 118, 22). Sur ce fondement, l'Église est construite par les apôtres (cf. 1 Co 3, 11), et de ce fondement elle reçoit fermeté et cohésion. Cette construction est décorée d'appellations diverses: la maison de Dieu (cf. 1 Tm 3, 15), dans laquelle habite sa famille, l'habitation de Dieu dans l'Esprit (cf. Ep 2, 19-22), la demeure de Dieu chez les hommes (cf. Ap 21, 3), et surtout le temple saint, lequel, représenté par les sanctuaires de pierres, est l'objet de la louange des saints Pères et comparé à juste titre dans la liturgie à la Cité sainte, la nouvelle Jérusalem. En effet, nous sommes en elle sur la terre comme les pierres vivantes qui entrent dans la construction (cf. 1 P 2, 5). Cette Cité sainte, Jean la contemple descendant du ciel d'auprès de Dieu à l'heure où se renouvellera le monde, prête comme une fiancée parée pour son époux (cf. Ap 21, 1-2)»(LG 6).

§757
«L'Église s'appelle encore «la Jérusalem d'en haut» et «notre mère» (Ga 4, 26; cf. Ap 12, 17); elle est décrite comme l'épouse immaculée de l'Agneau immaculé (cf. Ap 19, 7; 21, 2. 9; 22, 17) que le Christ 'a aimée, pour laquelle il s'est livré afin de la sanctifier' (Ep 5, 26), qu'il s'est associée par un pacte indissoluble, qu'il ne cesse de 'nourrir et d'entourer de soins' (Ep 5, 29)» (LG 6).

II. Origine, fondation et mission de l'Église

§758
Pour scruter le mystère de l'Église, il convient de méditer d'abord son origine dans le dessein de la Très Sainte Trinité et sa réalisation progressive dans l'histoire.

Un dessein né dans le coeur du Père

§759
«Le Père éternel par la disposition absolument libre et mystérieuse de sa sagesse et de sa bonté a créé l'univers; il a décidé d'élever les hommes à la communion de sa vie divine», à laquelle il appelle tous les hommes dans son Fils: «Tous ceux qui croient au Christ, le Père a voulu les appeler à former la sainte Église». Cette «famille de Dieu» se constitue et se réalise graduellement au long des étapes de l'histoire humaine, selon les dispositions du Père: en effet, l'Église a été «préfigurée dès l'origine du monde; elle a été merveilleusement préparée dans l'histoire du peuple d'Israël et dans l'Ancienne Alliance; elle a été instituée enfin en ces temps qui sont les derniers; elle est manifestée grâce à l'effusion de l'Esprit Saint et, au terme des siècles, elle sera consommée dans la gloire» (LG 2).

L'Église -- préfigurée dès l'origine du monde

§760
«Le monde fut créé en vue de l'Église», disaient les chrétiens des premiers temps (Hermas, vis. 2, 4, 1; cf. Aristide, apol. 16, 6; Justin, apol. 2, 7). Dieu a créé le monde en vue de la communion à sa vie divine, communion qui se réalise par la «convocation» des hommes dans le Christ, et cette «convocation», c'est l'Église. L'Église est la fin de toutes choses (cf. S. Epiphane, haer. 1, 1, 5: PG 41, 181C), et les vicissitudes douloureuses elles-mêmes, comme la chute des Anges et le péché de l'homme, ne furent permises par Dieu que comme occasion et moyen pour déployer toute la force de son bras, toute la mesure d'amour qu'il voulait donner au monde:

De même que la volonté de Dieu est un acte et qu'elle s'appelle le monde, ainsi son intention est le salut des hommes, et elle s'appelle l'Église (Clément d'Alexandrie, paed. 1, 6).

L'Église -- préparée dans l'Ancienne Alliance

§761
Le rassemblement du Peuple de Dieu commence à l'instant où le péché détruit la communion des hommes avec Dieu et celle des hommes entre eux. Le rassemblement de l'Église est pour ainsi dire la réaction de Dieu au chaos provoqué par le péché. Cette réunification se réalise secrètement au sein de tous les peuples: «En toute nation, Dieu tient pour agréable quiconque le craint et pratique la justice» (Ac 10, 35; cf. LG 9; 13; 16).

§762
La préparation lointaine du rassemblement du Peuple de Dieu commence avec la vocation d'Abraham, à qui Dieu promet qu'il deviendra le père d'un grand peuple (cf. Gn 12, 2; 15, 5-6). La préparation immédiate commence avec l'élection d'Israël comme Peuple de Dieu (cf. Ex 19, 5-6; Dt 7, 6). Par son élection, Israël doit être le signe du rassemblement futur de toutes les nations (cf. Is 2, 2-5; Mi 4, 1-4). Mais déjà les prophètes accusent Israël d'avoir rompu l'alliance et de s'être comporté comme une prostituée (cf. Os 1; Is 1, 2-4; Jr 2; etc.). Ils annoncent une alliance nouvelle et éternelle (cf. Jr 31, 31-34; Is 55, 3). «Cette Alliance Nouvelle, le Christ l'a instituée» (LG 9).

L'Église -- instituée par le Christ Jésus

§763
Il appartient au Fils de réaliser, dans la plénitude des temps, le plan de salut de son Père; c'est là le motif de sa «mission» (cf. LG 3; AG 3). «Le Seigneur Jésus posa le commencement de son Église en prêchant l'heureuse nouvelle, l'avènement du Règne de Dieu promis dans les Écritures depuis des siècles» (LG 5). Pour accomplir la volonté du Père, le Christ inaugura le Royaume des cieux sur la terre. L'Église «est le Règne du Christ déjà mystérieusement présent» (LG 3).

§764
«Ce Royaume brille aux yeux des hommes dans la parole, les oeuvres et la présence du Christ» (LG 5). Accueillir la parole de Jésus, c'est «accueillir le Royaume lui-même» (ibid.). Le germe et le commencement du Royaume sont le «petit troupeau» (Lc 12, 32) de ceux que Jésus est venu convoquer autour de lui et dont il est lui-même le pasteur (cf. Mt 10, 16; 26, 31; Jn 10, 1-21). Ils constituent la vraie famille de Jésus (cf. Mt 12, 49). A ceux qu'il a ainsi rassemblés autour de lui, il a enseigné une «manière d'agir» nouvelle, mais aussi une prière propre (cf. Mt 5-6).

§765
Le Seigneur Jésus a doté sa communauté d'une structure qui demeurera jusqu'au plein achèvement du Royaume. Il y a avant tout le choix des Douze avec Pierre comme leur chef (cf. Mc 3, 14-15). Représentant les douze tribus d'Israël (cf. Mt 19, 28; Lc 22, 30) ils sont les pierres d'assise de la nouvelle Jérusalem (cf. Ap 21, 12-14). Les Douze (cf. Mc 6, 7) et les autres disciples (cf. Lc 10, 1-2) participent à la mission du Christ, à son pouvoir, mais aussi à son sort (cf. Mt 10, 25; Jn 15, 20). Par tous ces actes, le Christ prépare et bâtit son Église.

§766
Mais l'Église est née principalement du don total du Christ pour notre salut, anticipé dans l'institution de l'Eucharistie et réalisé sur la Croix. «Le commencement et la croissance de l'Église sont signifiés par le sang et l'eau sortant du côté ouvert de Jésus crucifié» (LG 3). «Car c'est du côté du Christ endormi sur la Croix qu'est né l'admirable sacrement de l'Église toute entière» (SC 5). De même qu'Eve a été formée du côté d'Adam endormi, ainsi l'Église est née du coeur transpercé du Christ mort sur la Croix (cf. S. Ambroise, Luc. 2, 85-89: PL 15, 1583-1586).

L'Église -- manifestée par l'Esprit Saint

§767
«Une fois achevée l'oeuvre que le Père avait chargé son Fils d'accomplir sur la terre, le jour de Pentecôte, l'Esprit Saint fut envoyé pour sanctifier l'Église en permanence» (LG 4). C'est alors que «l'Église se manifesta publiquement devant la multitude et que commença la diffusion de l'Évangile avec la prédication» (AG 4). Parce qu'elle est «convocation» de tous les hommes au salut, l'Église est, par sa nature même, missionnaire envoyée par le Christ à toutes les nations pour en faire des disciples (cf. Mt 28, 19-20; AG 2; 5-6).

§768
Pour réaliser sa mission, l'Esprit Saint «équipe et dirige l'Église grâce à la diversité des dons hiérarchiques et charismatiques» (LG 4). «Aussi l'Église, pourvue des dons de son fondateur, et fidèlement appliquée à garder ses préceptes de charité, d'humilité et d'abnégation, reçoit mission d'annoncer le Royaume du Christ et de Dieu et de l'instaurer dans toutes les nations; elle constitue de ce royaume le germe et le commencement sur terre» (LG 5).

L'Église -- consommée dans la gloire

§769
«L'Église (...) n'aura sa consommation que dans la gloire céleste» (LG 48), lors du retour glorieux du Christ. Jusqu'à ce jour, «l'Église avance dans son pèlerinage à travers les persécutions du monde et les consolations de Dieu» (S. Augustin, civ. 18, 51; cf. LG 8). Ici-bas, elle se sait en exil, loin du Seigneur (cf. 2 Co 5, 6; LG 6), et elle aspire à l'avènement plénier du Royaume, «l'heure où elle sera, dans la gloire, réunie à son Roi» (LG 5). La consommation de l'Église, et à travers elle, celle du monde, dans la gloire ne se fera pas sans de grandes épreuves. Alors seulement, «tous les justes depuis Adam, depuis Abel le juste jusqu'au dernier élu se trouveront rassemblés dans l'Église universelle auprès du Père» (LG 2).

III. Le mystère de l'Église

§770
L'Église est dans l'histoire, mais elle la transcende en même temps. C'est uniquement «avec les yeux de la foi» (Catech. R. 1, 10, 20) que l'on peut voir en sa réalité visible en même temps une réalité spirituelle, porteuse de vie divine.

L'Église -- à la fois visible et spirituelle

§771
«Le Christ, unique médiateur, constitue et continuellement soutient son Église sainte, communauté de foi, d'espérance et de charité, ici-bas, sur terre, comme un tout visible par lequel il répand, à l'intention de tous, la vérité et la grâce». L'Église est à la fois:

-- «société dotée d'organes hiérarchiques et Corps Mystique du Christ;

-- assemblée visible et communauté spirituelle;

-- Église terrestre et Église parée de dons célestes».

Ces dimensions constituent ensemble «une seule réalité complexe, faite d'un double élément humain et divin» (LG 8):

Il appartient en propre à l'Église d'être à la fois humaine et divine, visible et riche de réalités invisibles, fervente dans l'action et occupée à la contemplation, présente dans le monde et pourtant étrangère. Mais de telle sorte qu'en elle ce qui est humain est ordonné et soumis au divin; ce qui est visible, à l'invisible; ce qui relève de l'action, à la contemplation; et ce qui est présent, à la cité future que nous recherchons (SC 2).

Humilité! Sublimité! Tente de Cédar et sanctuaire de Dieu; habitation terrestre et céleste palais; maison d'argile et cour royale; corps mortel et temple de lumière; objet de mépris enfin pour les orgueilleux et épouse du Christ! Elle est noire mais belle, filles de Jérusalem, celle qui, pâlie par la fatigue et la souffrance d'un long exil, a cependant pour ornement la parure céleste (S. Bernard, Cant. 27, 7, 14: PL 183, 920D).

L'Église -- mystère de l'union des hommes avec Dieu

§772
C'est dans l'Église que le Christ accomplit et révèle son propre mystère comme le but du dessein de Dieu: «récapituler tout en Lui» (Ep 1, 10). S. Paul appelle «grand mystère» (Ep 5, 32) l'union sponsale du Christ et de l'Église. Parce qu'elle est unie au Christ comme à son Époux (cf. Ep 5, 25-27), l'Église devient elle-même à son tour mystère (cf. Ep 3, 9-11). Contemplant en elle le mystère, S. Paul s'écrit: «Le Christ en vous, l'espérance de la gloire» (Col 1, 27).

§773
Dans l'Église cette communion des hommes avec Dieu par «la charité qui ne passe jamais» (1 Co 13, 8) est la fin qui commande tout ce qui en elle est moyen sacramentel lié à ce monde qui passe (cf. LG 48). «Sa structure est complètement ordonnée à la sainteté des membres du Christ. Et la sainteté s'apprécie en fonction du 'grand mystère' dans lequel l'Épouse répond par le don de l'amour au don de l'Époux» (MD 27). Marie nous précède tous dans la sainteté qui est le mystère de l'Église comme «l'Épouse sans tâche ni ride» (Ep 5, 27). C'est pourquoi «la dimension mariale de l'Église précède sa dimension pétrinienne» (MD 27).

L'Église -- sacrement universel du salut

§774
Le mot grec mysterion a été traduit en latin par deux termes: mysterium et sacramentum. Dans l'interprétation ultérieure, le terme sacramentum exprime davantage le signe visible de la réalité cachée du salut, indiquée par le terme mysterium. En ce sens, le Christ est Lui-même le mystère du salut: «Non est enim aliud Dei mysterium, nisi Christus» («Il n'y a pas d'autre mystère que le Christ», S. Augustin, ep. 187, 11, 34: PL 33, 845). L'oeuvre salvifique de son humanité sainte et sanctifiante est le sacrement du salut qui se manifeste et agit dans les sacrements de l'Église (que les Églises d'Orient appellent aussi «les saints mystères»). Les sept sacrements sont les signes et les instruments par lesquels l'Esprit Saint répand la grâce du Christ, qui est la Tête, dans l'Église qui est son Corps. L'Église contient donc et communique la grâce invisible qu'elle signifie. C'est en ce sens analogique qu'elle est appelée «sacrement».

§775
«L'Église est, dans le Christ, en quelque sorte le sacrement, c'est-à-dire à la fois le signe et l'instrument de l'union intime avec Dieu et de l'unité de tout le genre humain» (LG 1): Être le sacrement de l'union intime des hommes avec Dieu: c'est là le premier but de l'Église. Parce que la communion entre les hommes s'enracine dans l'union avec Dieu, l'Église est aussi le sacrement de l'unité du genre humain. En elle, cette unité est déjà commencée puisqu'elle rassemble des hommes «de toute nation, race, peuple et langue» (Ap 7, 9); en même temps, l'Église est «signe et instrument» de la pleine réalisation de cette unité qui doit encore venir.

§776
Comme sacrement, l'Église est instrument du Christ. «Entre ses mains elle est l'instrument de la Rédemption de tous les hommes» (LG 9), «le sacrement universel du salut» (LG 48), par lequel le Christ «manifeste et actualise l'amour de Dieu pour les hommes» (GS 45, § 1). Elle «est le projet visible de l'amour de Dieu pour l'humanité» (Paul VI, discours 22 juin 1973) qui veut «que le genre humain tout entier constitue un seul Peuple de Dieu, se rassemble dans le Corps unique du Christ, soit construit en un seul temple du Saint-Esprit» (AG 7; cf. LG 17).

EN BREF

§777
Le mot «Église» signifie «convocation». Il désigne l'assemblée de ceux que la Parole de Dieu convoque pour former le Peuple de Dieu et qui, nourris du Corps du Christ, deviennent eux-mêmes Corps du Christ

§778
L'Église est à la fois chemin et but du dessein de Dieu: préfigurée dans la création, préparée dans l'Ancienne Alliance, fondée par les paroles et les actions de Jésus-Christ, réalisée par sa Croix rédemptrice et sa Résurrection, elle est manifestée comme mystère de salut par l'effusion de l'Esprit Saint. Elle sera consommée dans la gloire du ciel comme assemblée de tous les rachetés de la terre (cf. Ap 14, 4).

§779
L'Église est à la fois visible et spirituelle, société hiérarchique et Corps Mystique du Christ. Elle est une, formée d'un double élément humain et divin. C'est là son mystère que seule la foi peut accueillir.

§780
L'Église est dans ce monde-ci le sacrement du salut, le signe et l'instrument de la communion de Dieu et des hommes.

Paragraphe 2. L'ÉGLISE -- PEUPLE DE DIEU, CORPS DU CHRIST, TEMPLE DE L'ESPRIT SAINT

I. L'Église -- Peuple de Dieu

§781
«A toute époque, à la vérité, et en toute nation, Dieu a tenu pour agréable quiconque le craint et pratique la justice. Cependant, il a plu à Dieu que les hommes ne reçoivent pas la sanctification et le salut séparément, hors de tout lien mutuel; il a voulu au contraire en faire un Peuple qui le connaîtrait selon la vérité et le servirait dans la sainteté. C'est pourquoi il s'est choisi le Peuple d'Israël pour être son Peuple avec qui il a fait alliance et qu'il a progressivement instruit (...). Tout cela cependant n'était que pour préparer et figurer l'Alliance Nouvelle et parfaite qui serait conclue dans le Christ (...). C'est la Nouvelle Alliance dans son sang, appelant un Peuple, venu des Juifs et des païens, à se rassembler dans l'unité, non pas selon la chair, mais dans l'Esprit» (LG 9).

Les caractéristiques du Peuple de Dieu

§782
Le Peuple de Dieu a des caractéristiques qui le distinguent nettement de tous les groupements religieux, ethniques, politiques ou culturels de l'histoire:

-- Il est le Peuple de Dieu: Dieu n'appartient en propre à aucun peuple. Mais Il s'est acquis un peuple de ceux qui autrefois n'étaient pas un peuple: «une race élue, un sacerdoce royal, une nation sainte» (1 P 2, 9).

-- On devient membre de ce Peuple non par la naissance physique, mais par la «naissance d'en haut», «de l'eau et de l'Esprit» (Jn 3, 3-5), c'est-à-dire par la foi au Christ et le Baptême.

-- Ce Peuple a pour Chef [Tête] Jésus le Christ [Oint, Messie]: parce que la même Onction, l'Esprit Saint, découle de la Tête dans le Corps, il est «le Peuple messianique».

-- «La condition de ce Peuple, c'est la dignité de la liberté des fils de Dieu: dans leurs coeurs, comme dans un temple, réside l'Esprit Saint».

-- «Sa loi, c'est le commandement nouveau d'aimer comme le Christ lui-même nous a aimés (cf. Jn 13, 34)». C'est la loi «nouvelle» de l'Esprit Saint (Rm 8, 2; Ga 5, 25).

-- Sa mission, c'est d'être le sel de la terre et la lumière du monde (cf. Mt 5, 13-16). «Il constitue pour tout le genre humain le germe le plus fort d'unité, d'espérance et de salut».

-- Sa destinée, enfin, c'est le Royaume de Dieu, commencé sur la terre par Dieu lui-même, Royaume qui doit se dilater de plus en plus, jusqu'à ce que, à la fin des temps, il soit achevé par Dieu lui-même» (LG 9).

Un Peuple sacerdotal, prophétique et royal

§783
Jésus-Christ est celui que le Père a oint de l'Esprit Saint et qu'il a constitué «Prêtre, Prophète et Roi». Le Peuple de Dieu tout entier participe à ces trois fonctions du Christ et il porte les responsabilités de mission et de service qui en découlent (cf. RH 18-21).

§784
En entrant dans le Peuple de Dieu par la foi et le Baptême, on reçoit part à la vocation unique de ce Peuple: à sa vocation sacerdotale: «Le Christ Seigneur, grand prêtre pris d'entre les hommes a fait du Peuple nouveau 'un royaume, des prêtres pour son Dieu et Père'. Les baptisés, en effet, par la régénération et l'onction du Saint-Esprit, sont consacrés pour être une demeure spirituelle et un sacerdoce saint» (LG 10).

§785
«Le Peuple saint de Dieu participe aussi à la fonction prophétique du Christ». Il l'est surtout:par le sens surnaturel de la foi qui est celui du Peuple tout entier, laïcs et hiérarchie, lorsqu'il «s'attache indéfectiblement à la foi transmise aux saints une fois pour toutes» (LG 12) et en approfondit l'intelligence et devient témoin du Christ au milieu de ce monde

§786
Le Peuple de Dieu participe enfin à la fonction royale du Christ. Le Christ exerce sa royauté en attirant à soi tous les hommes par sa mort et sa Résurrection (cf. Jn 12, 32). Le Christ, Roi et Seigneur de l'univers, s'est fait le serviteur de tous, n'étant «pas venu pour être servi, mais pour servir et pour donner sa vie en rançon pour la multitude» (Mt 20, 28). Pour le chrétien, «régner, c'est le servir» (LG 36), particulièrement «dans les pauvres et les souffrants, dans lesquels l'Église reconnaît l'image de son Fondateur pauvre et souffrant» (LG 8). Le Peuple de Dieu réalise sa «dignité royale» en vivant conformément à cette vocation de servir avec le Christ.

De tous les régénérés dans le Christ le signe de la Croix fait des rois, l'onction du Saint-Esprit les consacre comme prêtres, afin que, mis à part le service particulier de notre ministère, tous les chrétiens spirituels et usant de leur raison se reconnaissent membres de cette race royale et participants de la fonction sacerdotale. Qu'y a-t-il, en effet, d'aussi royal pour une âme que de gouverner son corps dans la soumission à Dieu? Et qu'y a-t-il d'aussi sacerdotal que de vouer au Seigneur une conscience pure et d'offrir sur l'autel de son coeur les victimes sans taches de la piété? (S. Léon le Grand, serm. 4, 1: PL 54, 149).

II. L'Église -- Corps du Christ

L'Église est communion avec Jésus

§787
Dès le début, Jésus a associés ses disciples à sa vie (cf. Mc 1, 16-20; 3, 13-19); il leur a révélé le mystère du Royaume (cf. Mt 13, 10-17); il leur a donné part à sa mission, à sa joie (cf. Lc 10, 17-20) et à ses souffrances (cf. Lc 22, 28-30). Jésus parle d'une communion encore plus intime entre Lui et ceux qui le suivraient: «Demeurez en moi, comme moi en vous (...). Je suis le cep, vous êtes les sarments» (Jn 15, 4-5). Et Il annonce une communion mystérieuse et réelle entre son propre corps et le nôtre: «Qui mange ma chair et boit mon sang demeure en moi et moi en lui» (Jn 6, 56).

§788
Lorsque sa présence visible leur a été enlevée, Jésus n'a pas laissé orphelins ses disciples (cf. Jn 14, 18). Il leur a promis de rester avec eux jusqu'à la fin des temps (cf. Mt 28, 20), il leur a envoyé son Esprit (cf. Jn 20, 22; Ac 2, 33). La communion avec Jésus en est devenue, d'une certaine façon, plus intense: «En communiquant son Esprit à ses frères, qu'il rassemble de toutes les nations, Il les a constitués mystiquement comme son corps» (LG 7).

§789
La comparaison de l'Église avec le corps jette une lumière sur le lien intime entre l'Église et le Christ. Elle n'est pas seulement rassemblée autour de lui; elle est unifiée en lui, dans son Corps. Trois aspects de l'Église -- Corps du Christ sont plus spécifiquement à relever: l'unité de tous les membres entre eux par leur union au Christ; le Christ Tête du Corps; l'Église, Épouse du Christ.

«Un seul corps»

§790
Les croyants qui répondent à la Parole de Dieu et deviennent membres du Corps du Christ, deviennent étroitement unis au Christ: «Dans ce corps la vie du Christ se répand à travers les croyants que les sacrements, d'une manière mystérieuse et réelle, unissent au Christ souffrant et glorifié» (LG 7). Ceci est particulièrement vrai du Baptême par lequel nous sommes unis à la mort et à la Résurrection du Christ (cf. Rm 6, 4-5; 1 Co 12, 13), et de l'Eucharistie, par laquelle, «participant réellement au corps du Christ», «nous sommes élevés à la communion avec Lui et entre nous» (LG 7).

§791
L'unité du corps n'abolit pas la diversité des membres: «Dans l'édification du corps du Christ règne une diversité de membres et de fonctions. Unique est l'Esprit qui distribue des dons variés pour le bien de l'Église à la mesure de ses richesses et des exigences des services «. L'unité du Corps mystique produit et stimule entre les fidèles la charité: «Aussi un membre ne peut souffrir, que tous les membres ne souffrent, un membre ne peut être à l'honneur, que tous les membres ne se réjouissent avec lui» (LG 7). Enfin, l'unité du Corps mystique est victorieuse de toutes les divisions humaines: «Vous tous, en effet, baptisés dans le Christ, vous avez revêtu le Christ; il n'y a ni Juif ni Grec, il n'y a ni esclave ni homme libre, il n'y a ni homme ni femme; car tous vous ne faites qu'un dans le Christ Jésus» (Ga 3, 27-28).

«De ce Corps, le Christ est la Tête»

§792
Le Christ «est la Tête du Corps qui est l'Église» (Col 1, 18). Il est le Principe de la création et de la rédemption. Élevé dans la gloire du Père, «Il a en tout la primauté» (Col 1, 18), principalement sur l'Église par laquelle il étend son règne sur toute chose:

§793
Il nous unit à sa Pâque: Tous les membres doivent s'efforcer de lui ressembler «jusqu'à ce que le Christ soit formé en eux» (Ga 4, 19). «C'est dans ce but que nous sommes introduits dans les mystères de sa vie, (...) associés à ses souffrances comme le corps à la tête, unis à sa passion pour être unis à sa gloire» (LG 7).

§794
Il pourvoit à notre croissance (cf. Col 2, 19): Pour nous faire grandir vers lui, notre Tête (cf. Ep 4, 11-16), le Christ dispose dans son corps, l'Église, les dons et les services par lesquels nous nous aidons mutuellement sur le chemin du salut.

§795
Le Christ et l'Église, c'est donc le «Christ total» (Christus totus). L'Église est une avec le Christ. Les saints ont une conscience très vive de cette unité:

Félicitons-nous donc et rendons grâces de ce que nous sommes devenus, non seulement des chrétiens, mais le Christ lui-même. Comprenez-vous, frères, la grâce que Dieu nous a faite en nous donnant le Christ comme Tête? Soyez dans l'admiration et réjouissez-vous, nous sommes devenus le Christ. En effet, puisqu'il est la Tête et que nous sommes les membres, l'homme tout entier, c'est lui et nous (...). La plénitude du Christ, c'est donc la Tête et les membres; qu'est-ce à dire: la Tête et les membres? Le Christ et l'Église (S. Augustin, ev. Jo. 21, 8).

Notre Rédempteur s'est montré comme une seule et même personne que l'Église qu'il a assumée (S. Grégoire le Grand, mor. praef. 1, 6, 4: PL 75, 525A).

Tête et membres, une seule et même personne mystique pour ainsi dire (S. Thomas d'A., s. th. 3, 48, 2, ad 1).

Un mot de Ste Jeanne d'Arc à ses juges résume la foi des saints Docteurs et exprime le bon sens du croyant: «De Jésus-Christ et de l'Église, il m'est avis que c'est tout un, et qu'il n'en faut pas faire difficulté» (Jeanne d'Arc, proc.).

L'Église est l'Épouse du Christ

§796
L'unité du Christ et de l'Église, Tête et membres du Corps, implique aussi la distinction des deux dans une relation personnelle. Cet aspect est souvent exprimé par l'image de l'époux et de l'épouse. Le thème du Christ Époux de l'Église a été préparé par les prophètes et annoncé par Jean-Baptiste (cf. Jn 3, 29). Le Seigneur s'est lui-même désigné comme «l'Époux» (Mc 2, 19; cf. Mt 22, 1-14; 25, 1-13). L'apôtre présente l'Église et chaque fidèle, membre de son Corps, comme une Épouse «fiancée» au Christ Seigneur, pour n'être avec Lui qu'un seul Esprit (cf. 1 Co 6, 15-16; 2 Co 11, 2). Elle estl'Épouse immaculée de l'Agneau immaculé (cf. Ap 22, 17; Ep 1, 4; 5, 27) que le Christ a aimée, pour laquelle Il s'est livré «afin de la sanctifier» (Ep 5, 26), qu'Il s'est associée par une alliance éternelle, et dont Il ne cesse de prendre soin comme de son propre Corps (cf. Ep 5, 29):

Voilà le Christ total, Tête et Corps, un seul formé de beaucoup. (...) Que ce soit la Tête qui parle, que ce soit les membres, c'est le Christ qui parle. Il parle en tenant le rôle de la Tête (ex persona capitis) ou bien en tenant le rôle du Corps (ex persona corporis). Selon ce qui est écrit: «Ils seront deux en une seule chair. C'est là un grand mystère, je veux dire en rapport avec le Christ et l'Église» (Ep 5, 31-32). Et le Seigneur lui-même dans l'Évangile: «Non plus deux, mais une seule chair» (Mt 19, 6). Comme vous l'avez vu, il y a bien en fait deux personnes différentes, et cependant, elles ne font qu'un dans l'étreinte conjugale. (...) En tant que Tête il se dit «Époux», en tant que Corps il se dit «Épouse» (S. Augustin, Psal. 74, 4).

III. L'Église -- Temple de l'Esprit Saint

§797
«Ce que notre esprit, je veux dire notre âme, est à nos membres, l'Esprit Saint l'est aux membres du Christ, au Corps du Christ, je veux dire l'Église» (S. Augustin, serm. 267, 4: PL 38, 1231D). «C'est à l'Esprit du Christ comme à un principe caché qu'il faut attribuer que toutes les parties du Corps soient reliées, aussi bien entre elles qu'avec leur Tête suprême, puisqu'il réside tout entier dans la Tête, tout entier dans le Corps, tout entier dans chacun de ses membres» (Pie XII, Enc. «Mystici Corporis «: DS 3808). L'Esprit Saint fait de l'Église «le Temple du Dieu Vivant» (2 Co 6, 16; cf. 1 Co 3, 16-17; Ep 2, 21):

C'est à l'Église elle-même, en effet, qu'a été confié le Don de Dieu. (...) C'est en elle qu'a été déposée la communion avec le Christ, c'est-à-dire l'Esprit Saint, arrhes de l'incorruptibilité, confirmation de notre foi et échelle de notre ascension vers Dieu (...) Car là où est l'Église, là est aussi l'Esprit de Dieu; et là où est l'Esprit de Dieu, là est l'Église et toute grâce (S. Irénée, haer. 3, 24, 1).

§798
L'Esprit Saint est «le Principe de toute action vitale et vraiment salutaire en chacune des diverses parties du Corps» (Pie XII, enc. «Mystici Corporis «: DS 3808). Il opère de multiples manières l'édification du Corps tout entier dans la charité (cf. Ep 4, 16): par la Parole de Dieu, «qui a la puissance de construire l'édifice» (Ac 20, 32), par le Baptême par lequel il forme le Corps du Christ (cf. 1 Co 12, 13); par les sacrements qui donnent croissance et guérison aux membres du Christ; par «la grâce accordée aux apôtres qui tient la première place parmi ses dons» (LG 7), par les vertus qui font agir selon le bien, enfin par les multiples grâces spéciales [appelés «charismes»] par lesquels il rend les fidèles «aptes et disponibles pour assumer les diverses charges et offices qui servent à renouveler et à édifier davantage l'Église» (LG 12; cf. AA 3).

Les charismes

§799
Extraordinaires ou simples et humbles, les charismes sont des grâces de l'Esprit Saint qui ont, directement ou indirectement, une utilité ecclésiale, ordonnés qu'ils sont à l'édification de l'Église, au bien des hommes et aux besoins du monde.

Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.

[précédente] [suivante]

| Accueil >> Varia >> Livres >> Table des matières