Adorons Jésus-Eucharistie! | Accueil >> Varia >> Livres >> Table des matières
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§800
Les charismes sont à accueillir
avec reconnaissance par celui qui les reçoit, mais aussi par tous les membres
de l'Église. Ils sont, en effet, une merveilleuse richesse de grâce pour la
vitalité apostolique et pour la sainteté de tout le Corps du Christ;
pourvu cependant qu'il s'agisse de dons qui proviennent véritablement de
l'Esprit Saint et qu'ils soient exercés de façon pleinement conforme aux
impulsions authentiques de ce même Esprit, c'est-à-dire selon la charité, vraie
mesure des charismes (cf. 1 Co 13).
§801
C'est dans ce sens qu'apparaît
toujours nécessaire le discernement des charismes. Aucun charisme ne dispense
de la référence et de la soumission aux Pasteurs de l'Église. «C'est
à eux qu'il convient spécialement, non pas d'éteindre l'Esprit, mais de tout
éprouver pour retenir ce qui est bon» (LG 12), afin que tous les
charismes coopèrent, dans leur diversité et leur complémentarité, au
«bien commun» (1 Co 12, 7) (cf. LG 30; CL 24).
EN BREF
§802
«Le Christ Jésus s'est
livré pour nous afin de nous racheter de toute iniquité et de purifier
un Peuple qui lui appartienne en propre» (Tt 2, 14).
§803
«Vous êtes donc une race élue, un sacerdoce royal, une nation
sainte, un Peuple acquis» (1 P 2, 9).
§804
On entre dans le Peuple de Dieu par la foi et le Baptême. «Tous les
hommes sont appelés à faire partie du Peuple de Dieu» (LG 13), afin
que, dans le Christ, «les hommes constituent une seule famille et un
seul Peuple de Dieu» (AG 1).
§805
L'Église est le Corps du Christ. Par l'Esprit et son action dans les
sacrements, surtout l'Eucharistie, le Christ mort et ressuscité constitue la
communauté des croyants comme son Corps.
§806
Dans l'unité de ce Corps, il y a diversité de membres et des fonctions. Tous
les membres sont liés les uns aux autres, particulièrement à ceux qui
souffrent, sont pauvres et persécutés.
§807
L'Église est ce Corps dont le Christ est la Tête: elle vit de Lui, en Lui
et pour Lui; Il vit avec elle et en elle.
§808
L'Église est l'Épouse du Christ: Il l'a aimée et s'est livré pour elle.
Il l'a purifiée par son sang. Il a fait d'elle la Mère féconde de tous les fils
de Dieu.
§809
L'Église est le Temple de l'Esprit Saint. L'Esprit est comme l'âme du Corps
Mystique, principe de sa vie, de l'unité dans la diversité et de la richesse de
ses dons et charismes.
§810
«Ainsi l'Église universelle apparaît comme 'un Peuple qui tire son unité
de l'unité du Père et du Fils et de l'Esprit Saint' (S. Cyprien, Dom. orat. 23: PL 4, 535C-536A)» (LG
4).
Paragraphe 3. L'ÉGLISE EST UNE, SAINTE, CATHOLIQUE ET APOSTOLIQUE
§811
«C'est là
l'unique Église du Christ, dont nous professons dans le symbole qu'elle est
une, sainte, catholique et apostolique» (LG 8). Ces quatre
attributs, inséparablement liés entre eux (cf. DS 2888), indiquent des traits
essentiels de l'Église et de sa mission. L'Église ne les tient pas
d'elle-même; c'est le Christ qui, par l'Esprit Saint, donne à son Église,
d'être une, sainte, catholique et apostolique, et c'est Lui encore qui
l'appelle à réaliser chacune de ces qualités.
§812
Seule la foi peut
reconnaître que l'Église tient ces propriétés de sa source divine. Mais leurs
manifestations historiques sont des signes qui parlent aussi clairement à la
raison humaine. «L'Église, rappelle le premier Concile du Vatican,
en raison de sa sainteté, de son unité catholique, de sa constance invaincue,
est elle-même un grand et perpétuel motif de crédibilité et une preuve
irréfragable de sa mission divine» (DS 3013).
I. L'Église est une
«Le mystère sacré de l'Unité de l'Église» (UR 2)
§813
L'Église est une de par sa
source: «De ce mystère, le modèle suprême et le
principe est dans la trinité des personnes l'unité d'un seul Dieu Père, et
Fils, en 'l'Esprit Saint» (UR 2). L'Église est une de par son
Fondateur: «Car le Fils incarné en personne a réconcilié
tous les hommes avec Dieu par sa Croix, rétablissant l'unité de tous en un seul
Peuple et un seul Corps» (GS 78, §3). L'Église est une de par son
«âme»: «L'Esprit Saint qui habite
dans les croyants, qui remplit et régit toute l'Église, réalise cette admirable
communion des fidèles et les unit tous si intimement dans le Christ, qu'il est
le principe de l'Unité de l'Église» (UR 2). Il est donc de l'essence
même de l'Église d'être une:
Quel étonnant mystère! Il y a un seul Père de l'univers, un seul Logos de l'univers et aussi un seul Esprit Saint, partout identique; il y a aussi une seule vierge devenue mère, et j'aime l'appeler l'Église (S. Clément d'Alexandrie, paed. 1, 6).
§814
Dès l'origine, cette Église
une se présente cependant avec une grande diversité qui provient à la
fois de la variété des dons de Dieu et de la multiplicité des personnes qui les
reçoivent. Dans l'unité du Peuple de Dieu se rassemblent les diversités des
peuples et des cultures. Entre les membres de l'Église existe une diversité de
dons, de charges, de conditions et de modes de vie; «au sein
de la communion de l'Église il existe légitimement des Églises particulières,
jouissant de leurs traditions propres» (LG 13). La grande richesse
de cette diversité ne s'oppose pas à l'unité de l'Église. Cependant, le péché
et le poids de ses conséquences menacent sans cesse le don de l'unité. Aussi
l'apôtre doit-il exhorter à «garder l'unité de l'Esprit par le lien
de la paix» (Ep 4, 3).
§815
Quels sont ces liens de
l'unité? «Par-dessus tout [c'est] la charité, qui est le lien
de la perfection» (Col 3, 14). Mais l'unité de l'Église pérégrinante
est assurée aussi par des liens visibles de communion:
-- la profession d'une seule foi reçue des apôtres;
-- la célébration commune du culte divin, surtout des sacrements;
-- la succession apostolique par le sacrement de l'ordre, maintenant la concorde fraternelle de la famille de Dieu (cf. UR 2; LG 14; CIC, can. 205).
§816
«L'unique Église
du Christ, (...) est celle que notre Sauveur, après sa Résurrection, remit à
Pierre pour qu'il en soit le pasteur, qu'il lui confia, à lui et aux autres
apôtres, pour la répandre et la diriger (...). Cette Église comme société
constituée et organisée dans le monde est réalisée dans (subsistit in)
l'Église catholique gouvernée par le successeur de Pierre et les évêques qui
sont en communion avec lui» (LG 8):
Le Décret sur l'Oecuménisme du deuxième Concile du Vatican explicite: «C'est, en effet, par la seule Église catholique du Christ, laquelle est 'moyen général de salut', que peut s'obtenir toute la plénitude des moyens de salut. Car c'est au seul collège apostolique, dont Pierre est le chef, que le Seigneur confia, selon notre foi, toutes les richesses de la Nouvelle Alliance, afin de constituer sur la terre un seul Corps du Christ auquel il faut que soient pleinement incorporés tous ceux qui, d'une certaine façon, appartiennent déjà au Peuple de Dieu» (UR 3).
Les blessures de l'unité
§817
De fait, «dans
cette seule et unique Église de Dieu apparurent dès l'origine certaines
scissions, que l'apôtre réprouve avec vigueur comme condamnables; au
cours des siècles suivants naquirent des dissensions plus amples, et des
communautés considérables furent séparées de la pleine communion de l'Église
catholique, parfois de par la faute des personnes de l'une et de l'autre
partie» (UR 3). Les ruptures qui blessent l'unité du Corps du Christ
(on distingue l'hérésie, l'apostasie et le schisme [cf. CIC, can. 751])
ne se font pas sans les péchés
des hommes:
Où se trouve le péché, là aussi la multiplicité, là le schisme, là l'hérésie, là le conflit; mais où se trouve la vertu, là aussi l'unité, là l'union qui faisait que tous les croyants n'avaient qu'un corps et une âme (Origène, hom. in Ezech. 9, 1).
§818
Ceux qui naissent
aujourd'hui dans des communautés issues de telles ruptures «et qui
vivent la foi au Christ, ne peuvent être accusés de péché de division, et
l'Église catholique les entoure de respect fraternel et de charité (...).
Justifiés par la foi reçue au Baptême, incorporés au Christ, ils portent à
juste titre le nom de chrétiens, et les fils de l'Église catholique les
reconnaissent à bon droit comme des frères dans le Seigneur» (UR 3).
§819
Au surplus,
«beaucoup d'éléments de sanctification et de vérité» (LG
8) existent en dehors des limites visibles de l'Église catholique:
«la parole de Dieu écrite, la vie de la grâce, la foi, l'espérance
et la charité, d'autres dons intérieurs du Saint-Esprit et d'autres éléments
visibles» (UR 3; cf. LG 15). L'Esprit du Christ se sert de ces
Églises et communautés ecclésiales comme moyens de salut dont la force vient de
la plénitude de grâce et de vérité que le Christ a confié à l'Église
catholique. Tous ces biens proviennent du Christ et conduisent à lui (cf. UR 3)
et appellent par eux-mêmes «l'unité catholique» (LG 8).
Vers l'unité
§820
L'unité, «le
Christ l'a accordée à son Église dès le commencement. Nous croyons qu'elle
subsiste de façon inamissible dans l'Église catholique et nous espérons qu'elle
s'accroîtra de jour en jour jusqu'à la consommation des siècles» (UR
4). Le Christ donne toujours à son Église le don de l'unité, mais l'Église doit
toujours prier et travailler pour maintenir, renforcer et parfaire l'unité que
le Christ veut pour elle. C'est pourquoi Jésus lui-même a prié à l'heure de sa
passion, et Il ne cesse de prier le Père pour l'unité de ses disciples:
«... Que tous soient un. Comme Toi, Père, Tu es en Moi et Moi en
Toi, qu'eux aussi soient un en Nous, afin que le monde croie que Tu M'as
envoyé» (Jn 17, 21). Le désir de retrouver l'unité de tous les
chrétiens est un don du Christ et un appel de l'Esprit Saint (cf. UR 1).
§821
Pour y répondre adéquatement sont
exigés:
-- un renouveau permanent de l'Église dans une fidélité plus grande à sa vocation. Cette rénovation est le ressort du mouvement vers l'unité (cf. UR 6);
-- la conversion du coeur «en vue de vivre plus purement selon l'Évangile» (cf. UR 7), car c'est l'infidélité des membres au don du Christ qui cause les divisions;
-- la prière en commun, car «la conversion du coeur et la sainteté de vie, unies aux prières publiques et privées pour l'unité des chrétiens, doivent être regardées comme l'âme de tout oecuménisme et peuvent être à bon droit appelées oecuménisme spirituel» (UR 8);
-- la connaissance réciproque fraternelle (cf. UR 9);
-- la formation oecuménique des fidèles et spécialement des prêtres (cf. UR 10);
-- le dialogue entre les théologiens et les rencontres entre les chrétiens des différentes Églises et communautés (cf. UR 4; 9; 11);
-- la collaboration entre chrétiens dans les divers domaines du service des hommes (cf. UR 12).
§822
Le souci de réaliser
l'union «concerne toute l'Église, fidèles et pasteurs»
(UR 5). Mais il faut aussi «avoir conscience que ce projet sacré, la
réconciliation de tous les chrétiens dans l'unité d'une seule et unique Église
du Christ, dépasse les forces et les capacités humaines» C'est
pourquoi nous mettons tout notre espoir «dans la prière du Christ
pour l'Église, dans l'amour du Père à notre égard, et dans la puissance du
Saint-Esprit» (UR 24).
§823
«L'Église (...)
est aux yeux de la foi indéfectiblement sainte. En effet le Christ, Fils de
Dieu, qui, avec le Père et l'Esprit, est proclamé 'seul Saint', a aimé l'Église
comme son épouse, il s'est livré pour elle afin de la sanctifier, il se l'est
unie comme son Corps et l'a comblée du don de l'Esprit Saint pour la gloire de
Dieu» (LG 39). L'Église est donc «le Peuple saint de Dieu»
(LG 12), et ses membres sont appelés «saints» (cf. Ac 9,
13; 1 Co 6, 1; 16, 1).
§824
L'Église, unie au Christ,
est sanctifiée par Lui; par Lui et en Lui elle devient aussi sanctifiante.
«Toutes les oeuvres de l'Église tendent comme à leur fin, à la sanctification
des hommes dans le Christ et à la glorification de Dieu» (SC 10).
C'est dans l'Église qu'est déposée «la plénitude des moyens de
salut» (UR 3). C'est en elle que «nous acquérons la
sainteté par la grâce de Dieu» (LG 48).
§825
«Sur terre,
l'Église est parée d'une sainteté véritable, bien qu'imparfaite» (LG
48). En ses membres, la sainteté parfaite est encore à acquérir:
«Pourvue de moyens salutaires d'une telle abondance et d'une telle
grandeur, tous ceux qui croient au Christ, quels que soient leur condition et
leur état de vie, sont appelés par Dieu chacun dans sa route, à une sainteté
dont la perfection est celle même du Père» (LG 11).
§826
La charité est l'âme
de la sainteté à laquelle tous sont appelés: «Elle dirige tous
les moyens de sanctification, leur donne leur âme et les conduit à leur
fin» (LG 42):
Je compris que si l'Église avait un corps, composé de différents membres, le plus nécessaire, le plus noble de tous ne lui manquait pas, je compris que l'Église avait un Coeur, et que ce Coeur était brûlant d'amour. Je compris que l'Amour seul faisait agir les membres de l'Église, que si l'Amour venait à s'éteindre, les apôtres n'annonceraient plus l'Évangile, les Martyrs refuseraient de verser leur sang (...). Je compris que l'Amour renfermait toutes les vocations, que l'amour était tout, qu'il embrassait tous les temps et tous les lieux (...) en un mot, qu'il est éternel! (Ste. Thérèse de l'Enfant-Jésus, ms. autob. B 3v).
§827
«Tandis que le
Christ saint, innocent, sans tache, venu uniquement pour expier les péchés du
peuple, n'a pas connu le péché, l'Église, elle, qui renferme des pécheurs
dans son propre sein, est donc à la fois sainte et appelée à se purifier, et
poursuit constamment son effort de pénitence et de renouvellement»
(LG 8; cf. UR 3; 6). Tous les membres de l'Église, ses ministres y
compris, doivent se reconnaître pécheurs (cf. 1 Jn 1, 8-10). En tous, l'ivraie
du péché se trouve encore mêlée au bon grain de l'Évangile jusqu'à la fin des
temps (cf. Mt 13, 24-30). L'Église rassemble donc des pécheurs saisis par le
salut du Christ mais toujours en voie de sanctification:
L'Église est sainte tout en comprenant en son sein des pécheurs, parce qu'elle n'a elle-même d'autre vie que celle de la grâce: c'est en vivant de sa vie que ses membres se sanctifient; c'est en se soustrayant à sa vie qu'ils tombent dans les péchés et les désordres qui empêchent le rayonnement de sa sainteté. C'est pourquoi elle souffre et fait pénitence pour ces fautes, dont elle a le pouvoir de guérir ses enfants par le sang du Christ et le don de l'Esprit Saint (SPF 19).
§828
En canonisant
certains fidèles, c'est-à-dire en proclamant solennellement que ces fidèles ont
pratiqué héroïquement les vertus et vécu dans la fidélité à la grâce de Dieu,
l'Église reconnaît la puissance de l'Esprit de sainteté qui est en elle et elle
soutient l'espérance des fidèles en les leur donnant comme modèles et
intercesseurs (cf. LG 40; 48-51). «Les saints et les saintes
ont toujours été source et origine de renouvellement dans les moments les plus
difficiles de l'histoire de l'Église» (CL 16, 3). En effet,
«la sainteté est la source secrète et la mesure infaillible de son
activité apostolique et de son élan missionnaire» (CL 17, 3).
§829
«En la personne
de la bienheureuse Vierge l'Église atteint déjà à la perfection qui la fait
sans tache ni ride. Les fidèles du Christ, eux, sont encore tendus dans leur
effort pour croître en sainteté par la victoire sur le péché: c'est
pourquoi ils lèvent leurs yeux vers Marie» (LG 65): en elle,
l'Église est déjà la toute sainte.
III. L'Église est Catholique
Que veut dire «catholique «?
§830
Le mot
«catholique» signifie «universel»
dans le sens de «selon la totalité» ou «selon
l'intégralité». L'Église est catholique dans un double sens:
Elle est catholique parce qu'en elle le Christ est présent. «Là où est le Christ Jésus, là est l'Église Catholique» (S. Ignace d'Antioche, Smyrn. 8, 2). En elle subsiste la plénitude du Corps du Christ uni à sa Tête (cf. Ep 1, 22-23), ce qui implique qu'elle reçoive de lui «la plénitude des moyens de salut» (AG 6) qu'Il a voulus: confession de foi droite et complète, vie sacramentelle intégrale et ministère ordonné dans la succession apostolique. L'Église était, en ce sens fondamental, catholique au jour de la Pentecôte (cf. AG 4) et elle le sera toujours jusqu'au jour de la Parousie.
§831
Elle est catholique parce
qu'elle est envoyée en mission par le Christ à l'universalité du genre humain
(cf. Mt 28, 19):
Tous les hommes sont appelés à faire partie du Peuple de Dieu. C'est pourquoi ce Peuple, demeurant un et unique, est destiné à se dilater aux dimensions de l'univers entier et à toute la suite des siècles pour que s'accomplisse ce que s'est proposé la volonté de Dieu créant à l'origine la nature humaine dans l'unité, et décidant de rassembler enfin dans l'unité ses fils dispersés (...). Ce caractère d'universalité qui brille sur le Peuple de Dieu est un don du Seigneur lui-même, grâce auquel l'Église catholique, efficacement et perpétuellement, tend à récapituler l'humanité entière avec tout ce qu'elle comporte de biens sous le Christ chef, dans l'unité de son Esprit (LG 13).
Chaque Église particulière est «catholique»
§832
«L'Église du
Christ est vraiment présente en tous les légitimes groupements locaux de
fidèles qui, unis à leurs pasteurs, reçoivent, dans le Nouveau Testament, eux
aussi, le nom d'Églises (...). En elles, les fidèles sont rassemblés par la
prédication de l'Évangile du Christ, le mystère de la Cène du Seigneur est
célébré (...). Dans ces communautés, si petites et pauvres qu'elles puissent
être souvent ou dispersées, le Christ est présent par la vertu de qui se
constitue l'Église une, sainte, catholique et apostolique» (LG 26).
§833
On entend par Église
particulière, qui est d'abord le diocèse (ou l'éparchie), une communauté de
fidèles chrétiens en communion dans la foi et les sacrements avec leur évêque
ordonné dans la succession apostolique
(cf. CD 11; CIC, can. 368-369; CCEO 177, 1; 178; 311, 1; 312).
Ces Églises particulières «sont formées à
l'image de l'Église universelle; c'est en elles et à partir d'elles
qu'existe l'Église catholique une et unique» (LG 23).
§834
Les Églises particulières
sont pleinement catholiques par la communion avec l'une d'entre elles:
l'Église de Rome «qui préside à la charité» (S. Ignace
d'Antioche, Rom. 1, 1). «Car avec cette Église, en raison de son
origine plus excellente doit nécessairement s'accorder toute Église,
c'est-à-dire les fidèles de partout» (S. Irénée, haer. 3, 3, 2:
repris par Cc. Vatican I: DS 3057). «En effet, dès la descente
vers nous du Verbe incarné, toutes les Églises chrétiennes de partout ont tenu
et tiennent la grande Église qui est ici [à Rome] pour unique base et fondement
parce que, selon les promesses mêmes du Sauveur, les portes de l'enfer n'ont
jamais prévalu sur elle» (S. Maxime le Confesseur, opusc.: PG
91, 137-140).
§835
«L'Église universelle
ne doit pas être comprise comme une simple somme ou fédération d'églises
particulières. Mais c'est bien plus l'Église, universelle par vocation et
mission, qui prend racine dans une variété de terrains culturels, sociaux et
humains, prenant dans chaque partie du monde des aspects et des formes
d'expression diverses» (EN 62). La riche variété de disciplines
ecclésiastiques, de rites liturgiques, de patrimoines théologiques et
spirituels propres aux Églises locales «montre avec plus d'éclat,
par leur convergence dans l'unité, la catholicité de l'Église
indivise» (LG 23).
Qui appartient à l'Église catholique?
§836
«A l'unité
catholique du Peuple de Dieu (...) tous les hommes sont appelés; à cette
unité appartiennent sous diverses formes ou sont ordonnés, et les fidèles
catholiques et ceux qui, par ailleurs, ont foi dans le Christ, et finalement
tous les hommes sans exception que la grâce de Dieu appelle au
salut» (LG 13):
§837
«Sont incorporés
pleinement à la société qu'est l'Église ceux qui, ayant l'Esprit du Christ,
acceptent intégralement son organisation et tous les moyens de salut institués
en elle, et qui, en outre, grâce aux liens constitués par la profession de foi,
les sacrements, le gouvernement ecclésiastique et la communion, sont unis, dans
l'ensemble visible de l'Église, avec le Christ qui la dirige par le Souverain
Pontife et les évêques. L'incorporation à l'Église, cependant, n'assure pas le
salut pour celui qui, faute de persévérer dans la charité, reste bien 'de
corps' au sein de l'Église, mais non 'de coeur'»(LG 14).
§838
«Avec ceux qui,
étant baptisés, portent le beau nom de chrétiens sans professer pourtant
intégralement la foi ou sans garder l'unité de communion avec le successeur de
Pierre, l'Église se sait unie pour de multiples raisons» (LG 15).
«Ceux qui croient au Christ et qui ont reçu validement le Baptême,
se trouvent dans une certaine communion, bien qu'imparfaite, avec l'Église
catholique» (UR 3). Avec les Églises orthodoxes, cette
communion est si profonde «qu'il lui manque bien peu pour qu'elle
atteigne la plénitude autorisant une célébration commune de l'Eucharistie du
Seigneur» (Paul VI, discours 14 décembre 1975; cf. UR 13-18).
L'Église et les non-chrétiens
§839
«Quant à ceux
qui n'ont pas encore reçu l'Évangile, sous des formes diverses, eux aussi sont
ordonnés au Peuple de Dieu» (LG 16):
Le rapport de l'Église avec le Peuple Juif. L'Église, Peuple de Dieu dans la Nouvelle Alliance, découvre, en scrutant son propre mystère, son lien avec le Peuple Juif (cf. NA 4). «à qui Dieu a parlé en premier» (MR, Vendredi Saint 13: oraison universelle VI). A la différence des autres religions non-chrétiennes la foi juive est déjà réponse à la révélation de Dieu dans l'Ancienne Alliance. C'est au Peuple Juif qu'«appartiennent l'adoption filiale, la gloire, les alliances, la législation, le culte, les promesses et les patriarches, lui de qui est né, selon la chair le Christ» (Rm 9, 4-5) car «les dons et l'appel de Dieu sont sans repentance» (Rm 11, 29).
§840
Par ailleurs, lorsque l'on
considère l'avenir, le Peuple de Dieu de l'Ancienne Alliance et le nouveau
Peuple de Dieu tendent vers des buts analogues: l'attente de la venue (ou
du retour) du Messie. Mais l'attente est d'un côté du retour du Messie, mort et
ressuscité, reconnu comme Seigneur et Fils de Dieu, de l'autre de la venue du
Messie, dont les traits restent voilés, à la fin des temps, attente accompagnée
du drame de l'ignorance ou de la méconnaissance du Christ Jésus.
§841
Les relations de l'Église avec les
musulmans. «Le dessein de salut enveloppe également ceux
qui reconnaissent le Créateur, en tout premier lieu les musulmans qui, en
déclarant qu'ils gardent la foi d'Abraham, adorent avec nous le Dieu unique,
miséricordieux, juge des hommes au dernier jour» (LG 16; cf. NA
3).
§842
Le lien de l'Église avec les religions
non-chrétiennes est d'abord celui de l'origine et de la fin communes
du genre humain:
En effet, tous les peuples forment une seule communauté; ils ont une seule origine, puisque Dieu a fait habiter toute la race humaine sur la face de la terre; ils ont aussi une seule fin dernière, Dieu, dont la providence, les témoignages de bonté et les desseins de salut s'étendent à tous, jusqu'à ce que les élus soient réunis dans la cité sainte (NA 1).
§843
L'Église reconnaît dans les
autres religions la recherche, «encore dans les ombres et sous des
images», du Dieu inconnu mais proche puisque c'est Lui qui donne à
tous vie, souffle et toutes choses et puisqu'il veut que tous les hommes soient
sauvés. Ainsi, l'Église considère tout ce qui peut se trouver de bon et de vrai
dans les religions «comme une préparation évangélique et comme un
don de Celui qui illumine tout homme pour que, finalement, il ait la
vie» (LG 16; cf. NA 2; EN 53).
§844
Mais dans leur comportement
religieux, les hommes montrent aussi des limites et des erreurs qui défigurent
en eux l'image de Dieu:
Bien souvent, trompés par le malin, ils se sont égarés dans leurs raisonnements, ils ont échangé la vérité de Dieu contre le mensonge, en servant la créature de préférence au Créateur ou bien vivant et mourant sans Dieu en ce monde, ils sont exposés à l'extrême désespoir (LG 16).
§845
C'est pour réunir de
nouveau tous ses enfants que le péché a dispersés et égarés que le Père a voulu
convoquer toute l'humanité dans l'Église de son Fils. L'Église est le lieu où
l'humanité doit retrouver son unité et son salut. Elle est «le monde
réconcilié» (S. Augustin, serm. 96, 7, 9: PL 38, 588). Elle
est ce navire qui «navigue bien en ce monde au souffle du
Saint-Esprit sous la pleine voile de la Croix du Seigneur» (S.
Ambroise, virg. 18, 118: PL 16, 297B); selon une autre image chère
aux Pères de l'Église, elle est figurée par l'Arche de Noé qui seule sauve du
déluge (cf. déjà 1 P 3, 20-21).
«Hors de l'Église point de salut»
§846
Comment faut-il entendre
cette affirmation souvent répétée par les Pères de l'Église? Formulée de
façon positive, elle signifie que tout salut vient du Christ-Tête par l'Église
qui est son Corps:
Appuyé sur la Sainte Écriture et sur la Tradition, le Concile enseigne que cette Église en marche sur la terre est nécessaire au salut. Seul, en effet, le Christ est médiateur et voie de salut: or, il nous devient présent en son Corps qui est l'Église; et en nous enseignant expressément la nécessité de la foi et du Baptême, c'est la nécessité de l'Église elle-même, dans laquelle les hommes entrent par la porte du Baptême, qu'il nous a confirmée en même temps. C'est pourquoi ceux qui refuseraient soit d'entrer dans l'Église catholique, soit d'y persévérer, alors qu'ils la sauraient fondée de Dieu par Jésus-Christ comme nécessaire, ceux-là ne pourraient être sauvés (LG 14).
§847
Cette affirmation ne vise pas
ceux qui, sans leur faute, ignorent le Christ et son Église:
En effet, ceux qui, sans faute de leur part, ignorent l'Évangile du Christ et son Église, mais cherchent pourtant Dieu d'un coeur sincère et s'efforcent, sous l'influence de sa grâce, d'agir de façon à accomplir sa volonté telle que leur conscience la leur révèle et la leur dicte, ceux-là peuvent arriver au salut éternel (LG 16; cf. DS 3866-3872).
§848
«Bien que Dieu
puisse par des voies connues de lui seul amener à la foi 'sans laquelle il est
impossible de plaire à Dieu' (He 11, 6) des hommes qui, sans faute de leur
part, ignorent l'Évangile, l'Église a le devoir en même temps que le droit
sacré d'évangéliser» (AG 7) tous les hommes.
La mission -- une exigence de la catholicité de l'Église
§849
Le mandat missionnaire. «Envoyée
par Dieu aux nations pour être le sacrement universel du salut, l'Église, en
vertu des exigences intimes de sa propre catholicité et obéissant au commandement
de son fondateur est tendue de tout son effort vers la prédication de
l'Évangile à tous les hommes» (AG 1): «Allez donc,
de toutes les nations faites des disciples, les baptisant au nom du Père et du
Fils et du Saint-Esprit, et leur apprenant à observer tout ce que je vous ai
prescrit. Et voici que je suis avec vous pour toujours, jusqu'à la fin du
monde» (Mt 28, 19-20).
§850
L'origine et le but de la mission. Le
mandat missionnaire du Seigneur a sa source ultime dans l'amour éternel de la
Très Sainte Trinité: «De par sa nature, l'Église, durant son
pèlerinage sur terre, est missionnaire, puisqu'elle-même tire son origine de la
mission du Fils et de la mission du Saint-Esprit, selon le dessein de Dieu le Père»
(AG 2). Et but dernier de la mission n'est autre que de faire participer les
hommes à la communion qui existe entre le Père et le Fils dans leur Esprit
d'amour (cf. Jean-Paul II, RM 23).
§851
Le motif de la mission.. C'est
de l'amour de Dieu pour tous les hommes que l'Église a de tout temps
tiré l'obligation et la force de son élan missionnaire: «car
l'amour du Christ nous presse...» (2 Co 5, 14; cf. AA 6; RM 11). En effet, «Dieu veut que tous les
hommes soient sauvés et parviennent à la connaissance de la vérité»
(1 Tm 2, 4). Dieu veut le salut de tous par la connaissance de la vérité.
Le salut se trouve dans la vérité. Ceux qui obéissent à la motion de l'Esprit
de vérité sont déjà sur le chemin du salut; mais l'Église à qui cette
vérité a été confiée, doit aller à la rencontre de leur désir pour la leur
apporter. C'est parce qu'elle croit au dessin universel de salut qu'elle doit
être missionnaire.
§852
Les chemins de la mission.«L'Esprit
Saint est le protagoniste de toute la mission ecclésiale» (RM 21).
C'est lui qui conduit l'Église sur les chemins de la mission.
Celle-ci«continue et développe au cours de l'histoire la mission du
Christ lui-même, qui fut envoyé pour annoncer aux pauvres la Bonne Nouvelle;
c'est donc par la même route qu'a suivi le Christ lui-même que, sous la poussée
de l'Esprit du Christ, l'Église doit marcher, c'est-à-dire par la route de la
pauvreté, de l'obéissance, du service et de l'immolation de soi jusqu'à la
mort, dont il est sorti victorieux par sa résurrection» (AG 5).
C'est ainsi que «le sang des martyrs est une semence de
chrétiens» (Tertullien, apol. 50).
§853
Mais dans son pèlerinage l'Église
fait aussi l'expérience de la «distance qui sépare le message
qu'elle révèle et la faiblesse humaine de ceux auxquels cet Évangile est
confié» (GS 43, § 6). Ce n'est qu'en avançant sur le chemin
«de la pénitence et du renouvellement» (LG 8; cf.
15) et «par la porte étroite de la Croix» (AG 1) que le
Peuple de Dieu peut étendre le règne du Christ (cf. RM 12-20). En effet,
«comme c'est dans la pauvreté et la persécution que le Christ a
opéré la Rédemption, l'Église elle aussi est appelée à entrer dans cette même
voie pour communiquer aux hommes les fruits du salut» (LG 8).
§854
Par sa mission même
«l'Église fait route avec toute l'humanité et partage le sort
terrestre du monde; elle est comme le ferment et, pour ainsi dire, l'âme
de la société humaine appelée à être renouvelée dans le Christ et transformée
en famille de Dieu» (GS 40, § 2). L'effort missionnaire exige donc la
patience. Il commence par l'annonce de l'Évangile aux peuples et aux
groupes qui ne croient pas encore au Christ (cf. RM 42-47); il se
poursuit dans l'établissement de communautés chrétiennes qui soient des
«signes de la présence de Dieu dans le monde» (AG 15), et
dans la fondation d'Églises locales (cf. RM 48-49); il engage un
processus d'inculturation pour incarner l'Évangile dans les cultures des
peuples (cf. RM 52-54); il ne manquera pas de connaître aussi des échecs.
«En ce qui concerne les hommes, les groupes humains et les peuples,
l'Église ne les atteint et ne les pénètre que progressivement, et les assume
ainsi dans la plénitude catholique» (AG 6).
§855
La mission de l'Église appelle
l'effort vers l'unité des chrétiens (cf. RM 50). En effet
«les divisions entre chrétiens empêchent l'Église de réaliser la
plénitude de catholicité qui lui est propre en ceux de ses fils qui, certes,
lui appartiennent par le Baptême, mais se trouvent séparés de sa pleine
communion. Bien plus, pour l'Église elle-même, il devient plus difficile
d'exprimer sous tous ses aspects la plénitude de la catholicité dans la réalité
même de sa vie» (UR 4).
§856
La tâche missionnaire implique un
dialogue respectueux avec ceux qui n'acceptent pas encore l'Évangile
(cf. RM 55). Les croyants peuvent tirer profit pour eux-mêmes de ce dialogue en
apprenant à mieux connaître «tout ce qui se trouvait déjà de vérité
et de grâce chez les nations comme par une secrète présence de Dieu»
(AG 9). S'ils annoncent la Bonne Nouvelle à ceux qui l'ignorent, c'est pour
consolider, compléter et élever la vérité et le bien que Dieu a répandus parmi
les hommes et les peuples, et pour les purifier de l'erreur et du mal
«pour la gloire de Dieu, la confusion du démon et le bonheur de
l'homme» (AG 9).
IV. L'Église est apostolique
§857
L'Église est apostolique
parce qu'elle est fondée sur les apôtres, et ceci en un triple sens:
-- elle a été et demeure bâtie sur «le fondement des apôtres» (Ep 2, 20; Ap 21, 14), témoins choisis et envoyés en mission par le Christ lui-même (cf. Mt 28, 16-20; Ac 1, 8; 1 Co 9, 1; 15, 7-8; Ga 1, 1; etc.);
-- elle garde et transmet, avec l'aide de l'Esprit qui habite en elle, l'enseignement (cf. Ac 2, 42), le bon dépôt, les saines paroles entendues des apôtres (cf. 2 Tm 1, 13-14);
-- elle continue à être enseignée, sanctifiée et dirigée par les apôtres jusqu'au retour du Christ grâce à ceux qui leurs succèdent dans leur charge pastorale: le collège des évêques, «assisté par les prêtres, en union avec le successeur de Pierre, pasteur suprême de l'Église» (AG 5):
Père éternel, tu n'abandonnes pas ton troupeau, mais tu le gardes par tes bienheureux apôtres sous ta constante protection. Tu le diriges encore par ces mêmes pasteurs qui continuent aujourd'hui l'oeuvre de ton Fils (MR, Préface des apôtres).
La mission des apôtres
§858
Jésus est l'Envoyé du Père.
Dès le début de son ministère, il «appela à lui ceux qu'il voulut,
et il en institua Douze pour être avec lui et pour les envoyer
prêcher» (Mc 3, 13-14). Dès lors, ils seront ses
«envoyés» (ce que signifie le mot grec apostoloi).
En eux continue sa propre mission: «Comme le Père m'a envoyé,
moi aussi je vous envoie» (Jn 20, 21; cf. 13, 20; 17,
18). Leur ministère est donc la continuation de sa propre mission:
«Qui vous accueille, M'accueille», dit-il aux Douze (Mt
10, 40; cf. Lc 10, 16).
§859
Jésus les unit à sa mission
reçue du Père: comme «le Fils ne peut rien faire de
Lui-même» (Jn 5, 19. 30), mais reçoit tout du Père qui l'a envoyé,
ainsi ceux que Jésus envoie ne peuvent rien faire sans Lui (cf. Jn 15, 5) de
qui ils reçoivent le mandat de mission et le pouvoir de l'accomplir. Les
apôtres du Christ savent donc qu'ils sont qualifiés par Dieu comme
«ministres d'une alliance nouvelle» (2 Co 3, 6),
«ministres de Dieu» (2 Co 6, 4), «en ambassade
pour le Christ» (2 Co 5, 20), «serviteurs du Christ et dispensateurs
des mystères de Dieu» (1 Co 4, 1).
§860
Dans la charge des apôtres,
il y a un aspect intransmissible: être les témoins choisis de la
Résurrection du Seigneur et les fondements de l'Église. Mais il y a aussi un
aspect permanent de leur charge. Le Christ leur a promis de rester avec eux
jusqu'à la fin des temps (cf. Mt 28, 20). «La mission divine confiée
par Jésus aux apôtres est destinée à durer jusqu'à la fin des siècles, étant
donné que l'Évangile qu'ils doivent transmettre est pour l'Église principe de
toute sa vie, pour toute la durée du temps. C'est pourquoi les apôtres prirent
soin d'instituer (...) des successeurs» (LG 20).
Les évêques successeurs des apôtres
§861
«Pour que la
mission qui leur avait été confiée pût se continuer après leur mort, les
apôtres donnèrent mandat, comme par testament, à leurs coopérateurs immédiats
d'achever leur tâche et d'affermir l'oeuvre commencée par eux, leur recommandant
de prendre garde au troupeau dans lequel l'Esprit Saint les avait institués
pour paître l'Église de Dieu. Ils instituèrent donc des hommes de ce genre, et
disposèrent par la suite qu'après leur mort d'autres hommes éprouvés
recueilleraient leur ministère» (LG 20; cf. S. Clément de Rome,
Cor. 42; 44).
§862
«De même que la
charge confiée personnellement par le Seigneur à Pierre, le premier des
apôtres, et destinée à être transmise à ses successeurs, constitue une charge
permanente, permanente est également la charge confiée aux apôtres d'être les
pasteurs de l'Église, charge dont l'ordre sacré des évêques doit assurer la
pérennité». C'est pourquoi l'Église enseigne que «les
évêques, en vertu de l'institution divine, succèdent aux apôtres, comme
pasteurs de l'Église, en sorte que, qui les écoute, écoute le Christ, qui les
rejette, rejette le Christ et celui qui a envoyé le Christ» (LG 20).
L'apostolat
§863
Toute l'Église est
apostolique en tant qu'elle demeure, à travers les successeurs de S. Pierre et
des apôtres, en communion de foi et de vie avec son origine. Toute l'Église est
apostolique en tant qu'elle est «envoyée» dans le monde
entier; tous les membres de l'Église, toutefois de diverses manières, ont
part à cet envoi. «La vocation chrétienne est aussi par nature
vocation à l'apostolat». On appelle
«apostolat» «toute activité du Corps
mystique» qui tend à «étendre le règne du Christ à toute
la terre» (AA 2).
§864
«Le Christ envoyé
par le Père étant la source et l'origine de tout l'apostolat de
l'Église», il est évident que la fécondité de l'apostolat, celui des
ministres ordonnés comme celui des laïcs, dépend de leur union vitale avec le
Christ (cf. Jn 15, 5; AA 5). Selon les vocations, les appels du temps,
les dons variés du Saint-Esprit, l'apostolat prend les formes les plus
diverses. Mais c'est toujours la charité, puisée surtout dans l'Eucharistie,
«qui est comme l'âme de tout apostolat» (AA 3).
§865
L'Église est une,
sainte, catholique et apostolique dans son identité profonde et ultime,
parce que c'est en elle qu'existe déjà et sera accompli à la fin des temps
«le Royaume des cieux», «le Règne de
Dieu» (cf. Ap 19, 6), advenu dans la Personne du Christ et
grandissant mystérieusement au coeur de ceux qui Lui sont incorporés, jusqu'à sa
pleine manifestation eschatologique. Alors tous les hommes rachetés par
Lui, rendus en lui «saints et immaculés en présence de Dieu
dans l'Amour» (cf. Ep 1, 4), seront rassemblés comme l'unique
Peuple de Dieu, «l'Épouse de l'Agneau» (Ap 21, 9),
«la Cité Sainte descendant du Ciel, de chez Dieu, avec en elle la
Gloire de Dieu» (Ap 21, 10-11); et «le rempart de
la ville repose sur les douze assises portant chacune le nom de l'un des douze
apôtres de l'Agneau» (Ap 21, 14).
EN BREF
§866
L'Église est une:
Elle a un seul Seigneur, elle confesse une seule foi, elle naît d'un seul
Baptême, elle ne forme qu'un Corps, vivifié par un seul Esprit, en vue d'une
unique espérance (cf. Ep 4, 3-5) au terme de laquelle seront surmontées toutes
les divisions.
§867
L'Église est sainte:
Le Dieu très saint est son auteur; le Christ, son Époux, s'est livré pour
elle pour la sanctifier; l'Esprit de sainteté la vivifie. Encore qu'elle
comprenne des pécheurs, elle est «la sans-péché faite de
pécheurs». Dans les saints brille sa sainteté; en Marie elle
est déjà la toute sainte.
§868
L'Église est catholique:
Elle annonce la totalité de la foi; elle porte en elle et administre la
plénitude des moyens de salut; elle est envoyée à tous les peuples;
elle s'adresse à tous les hommes; elle embrasse tous les temps;
«elle est, de par sa nature même, missionnaire» (AG 2).
§869
L'Église est apostolique:
Elle est bâtie sur des assises durables: «les douze apôtres de
l'Agneau» (Ap 21, 14); elle est indestructible (cf. Mt 16,
18); elle est infailliblement tenue dans la vérité: le Christ la
gouverne par Pierre et les autres apôtres, présents en leurs successeurs, le
Pape et le collège des évêques.
§870
«L'unique Église du Christ, dont nous professons dans le Symbole
qu'elle est une, sainte, catholique et apostolique, (...) c'est dans l'Église
catholique qu'elle existe, gouvernée par le successeur de Pierre et par les
évêques qui sont en communion avec lui, encore que des éléments nombreux de
sanctification et de vérité subsistent hors de ses structures» (LG
8).
Paragraphe 4. LES FIDELES DU CHRIST -- HIERARCHIE, LAÏCS, VIE CONSACREE
§871
«Les fidèles du
Christ sont ceux qui, en tant qu'incorporés au Christ par le Baptême, sont
constitués en peuple de Dieu et qui, pour cette raison, participant à leur
manière à la fonction sacerdotale, prophétique et royale du Christ, sont
appelés à exercer, chacun selon sa condition propre, la mission que Dieu a
confiée à l'Église pour qu'elle l'accomplisse dans le monde»
(CIC, can. 204, §1; cf. LG 31).
§872
«Entre tous les
fidèles du Christ, du fait de leur régénération dans le Christ, il existe,
quant à la dignité et à l'activité, une véritable égalité en vertu de laquelle
tous coopèrent à l'édification du Corps du Christ, selon la condition et la
fonction propre de chacun» (CIC, can. 208; cf. LG 32).
§873
Les différences mêmes que
le Seigneur a voulu mettre entre les membres de son Corps servent son unité et
sa mission. Car «il y a dans l'Église diversité de ministères, mais
unité de mission. Le Christ a confié aux apôtres et à leurs successeurs la
charge d'enseigner, de sanctifier et de gouverner en son nom et par son
pouvoir. Mais les laïcs rendus participants de la charge sacerdotale,
prophétique et royale du Christ assument, dans l'Église et dans le monde, leur
part dans ce qui est la mission du Peuple de Dieu tout entier» (AA
2). Enfin il y a «des fidèles qui appartiennent à l'une et l'autre
catégorie [hiérarchie et laïcs] et qui, par la profession des conseils
évangéliques (...) sont consacrés à Dieu et concourent à la mission salvatrice
de l'Église à leur manière propre» (CIC, can. 207, § 2).
I. La constitution hiérarchique de l'Église
Pourquoi le ministère ecclésial?
§874
Le Christ est lui-même la
source du ministère dans l'Église. Il l'a instituée, lui a donné autorité et
mission, orientation et finalité:
Le Christ Seigneur, pour assurer au Peuple de Dieu des pasteurs et les moyens de sa croissance, a institué dans son Église des ministères variés qui tendent au bien de tout le corps. En effet, les ministres qui disposent du pouvoir sacré, sont au service de leurs frères, pour que tous ceux qui appartiennent au Peuple de Dieu (...) parviennent au salut (LG 18).
§875
«Comment croire
sans d'abord entendre? Et comment entendre sans prédicateur? Et
comment prêcher sans être d'abord envoyé?» (Rm 10, 14-15).
Personne, aucun individu ni aucune communauté, ne peut s'annoncer à lui-même
l'Évangile. «La foi vient de l'écoute» (Rm 10, 17).
Personne ne peut se donner lui-même le mandat et la mission d'annoncer
l'Évangile. L'envoyé du Seigneur parle et agit non pas par autorité propre,
mais en vertu de l'autorité du Christ; non pas comme membre de la
communauté, mais parlant à elle au nom du Christ. Personne ne peut se conférer
à lui-même la grâce, elle doit être donnée et offerte. Cela suppose des
ministres de la grâce, autorisés et habilités de la part du Christ. De Lui, les
évêques et les prêtres reçoivent la mission et la faculté (le
«pouvoir sacré») d'agir in persona Christi Capitis,
les Diacres, la force de servir le peuple de Dieu dans la
«diaconie» de la liturgie, de la parole et de la charité,
en communion avec l'évêque et son presbytérium. Ce ministère, dans lequel les
envoyés du Christ font et donnent par don de Dieu ce qu'ils ne peuvent faire et
donner d'eux-mêmes, la tradition de l'Église l'appelle
«sacrement». Le ministère de l'Église est conféré par un
sacrement propre.
§876
Intrinsèquement lié à la
nature sacramentelle du ministère ecclésial est son caractère de service.
En effet, entièrement dépendant du Christ qui donne mission et autorité, les
ministres sont vraiment «esclaves du Christ» (Rm 1, 1), à
l'image du Christ qui a pris librement pour nous «la forme
d'esclave» (Ph 2, 7). Parce que la parole et la grâce dont ils sont
les ministres ne sont pas les leurs, mais celles du Christ qui les leurs a
confiées pour les autres, ils se feront librement esclaves de tous (cf. 1 Co 9,
19).
§877
De même, il est de la
nature sacramentelle du ministère ecclésial qu'il ait un caractère collégial.
En effet, dès le début de son ministère, le Seigneur Jésus institua les Douze,
«les germes du Nouvel Israël et en même temps l'origine de la
hiérarchie sacrée» (AG 5). Choisis ensemble, ils sont aussi envoyés
ensemble, et leur unité fraternelle sera au service de la communion fraternelle
de tous les fidèles; elle sera comme un reflet et un témoignage de la
communion des personnes divines (cf. Jn 17, 21-23). Pour cela, tout évêque
exerce son ministère au sein du collège épiscopal, en communion avec l'évêque
de Rome, successeur de S. Pierre et chef du collège; les prêtres exercent
leur ministère au sein du presbyterium du diocèse, sous la direction de leur
évêque.
§878
Enfin il est de la nature
sacramentelle du ministère ecclésial qu'il ait un caractère personnel.
Si les ministres du Christ agissent en communion, ils agissent toujours aussi
de façon personnelle. Chacun est appelé personnellement: «Toi,
suis-moi» (Jn 21, 22; cf. Mt 4, 19. 21; Jn 1, 43) pour
être, dans la mission commune, témoin personnel, portant personnellement
responsabilité devant Celui qui donne la mission, agissant «en Sa
personne» et pour des personnes: «Je te baptise au
nom du Père... «; «Je te pardonne...».
§879
Le ministère sacramentel
dans l'Église est donc un service exercé au nom du Christ. Il a un caractère personnel
et une forme collégiale. Cela se vérifie dans les liens entre le collège
épiscopal et son chef, le successeur de S. Pierre, et dans le rapport entre la
responsabilité pastorale de l'évêque pour son Église particulière et la
sollicitude commune du collège épiscopal pour l'Église Universelle.
Le collège épiscopal et son chef, le Pape
§880
Le Christ, en instituant
les Douze, «leur donna la forme d'un collège, c'est-à-dire d'un
groupe stable, et mit à leur tête Pierre, choisi parmi eux» (LG 19).
«De même que S. Pierre et les autres apôtres constituent, de par
l'institution du Seigneur, un seul collège apostolique, semblablement le
Pontife romain, successeur de Pierre et les évêques, successeurs des apôtres,
forment entre eux un tout» (LG 22; cf. CIC, can. 330).
§881
Le Seigneur a fait du seul
Simon, auquel Il donna le nom de Pierre, la pierre de son Église. Il lui en a
remis les clefs (cf. Mt 16, 18-19); Il l'a institué pasteur de tout le
troupeau (cf. Jn 21, 15-17). «Mais cette charge de lier et de délier
qui a été donnée à Pierre a été aussi donnée, sans aucun doute, au collège des
apôtres unis à leur chef» (LG 22). Cette charge pastorale de Pierre
et des autres apôtres appartient aux fondements de l'Église. Elle est continuée
par les évêques sous la primauté du Pape.
§882
Le Pape, évêque de
Rome et successeur de S. Pierre, «est principe perpétuel et visible
et fondement de l'unité qui lie entre eux soit les évêques, soit la multitude
des fidèles» (LG 23). «En effet, le Pontife romain a sur
l'Église, en vertu de sa charge de Vicaire du Christ et de Pasteur de toute
l'Église, un pouvoir plénier, suprême et universel qu'il peut toujours librement
exercer» (LG 22; cf. CD 2; 9).
§883
«Le collège
ou corps épiscopal n'a d'autorité que si on l'entend comme uni au Pontife
romain, comme à son chef». Comme tel, ce collège est «lui
aussi le sujet d'un pouvoir suprême et plénier sur toute l'Église, pouvoir
cependant qui ne peut s'exercer qu'avec le consentement du Pontife
romain» (LG 22; cf. CIC, can. 336).
§884
«Le Collège des
Évêques exerce le pouvoir sur l'Église tout entière de manière solennelle dans le
Concile Oecuménique» (CIC, can. 337, §1).
«Il n'y a pas de Concile Oecuménique s'il n'est comme
tel confirmé ou tout au moins accepté par le successeur de Pierre»
(LG 22).
§885
«Par sa
composition multiple, ce collège exprime la variété et l'universalité du Peuple
de Dieu; il exprime, par son rassemblement sous un seul chef, l'unité du
troupeau du Christ» (LG 22).
§886
«Les évêques
sont, chacun pour sa part, principe et fondement de l'unité dans leurs Églises
particulières» (LG 23). Comme tels ils «exercent leur
autorité pastorale sur la portion du Peuple de Dieu qui leur a été
confiée» (LG 23), assistés des prêtres et des diacres. Mais, comme
membres du collège épiscopal chacun d'entre eux a part à la sollicitude pour
toutes les Églises (cf. CD 3), qu'ils exercent d'abord «en
gouvernant bien leur propre Église comme une portion de l'Église
universelle», contribuant ainsi «au bien de tout le Corps
mystique qui est aussi le Corps des Églises» (LG 23). Cette
sollicitude s'étendra particulièrement aux pauvres (cf. Ga 2, 10), aux
persécutés pour la foi, ainsi qu'aux missionnaires qui oeuvrent sur toute la
terre.
§887
Les Églises particulières
voisines et de culture homogène forment des provinces ecclésiastiques ou des
ensembles plus vastes appelés patriarcats ou régions (cf. Canon des Apôtres
34). Les évêques de ces ensembles peuvent se réunir en synodes ou en conciles
provinciaux. «De même, les Conférences épiscopales peuvent,
aujourd'hui, contribuer de façon multiple et féconde à ce que l'esprit
collégial se réalise concrètement» (LG 23).
La charge d'enseigner
§888
Les évêques, avec les
prêtres, leurs coopérateurs, «ont pour première tâche d'annoncer
l'Évangile de Dieu à tous les hommes» (PO 4), selon l'ordre du
Seigneur (cf. Mc 16, 15). Ils sont «les hérauts de la foi, qui
amènent au Christ de nouveaux disciples, les docteurs authentiques»
de la foi apostolique, «pourvus de l'autorité du Christ»
(LG 25).
§889
Pour maintenir l'Église
dans la pureté de la foi transmise par les apôtres, le Christ a voulu conférer
à son Église une participation à sa propre infaillibilité, Lui qui est la
Vérité. Par le «sens surnaturel de la foi», le Peuple de
Dieu «s'attache indéfectiblement à la foi», sous la
conduite du Magistère vivant de l'Église (cf. LG 12; DV 10).
§890
La mission du Magistère est
liée au caractère définitif de l'alliance instaurée par Dieu dans le Christ
avec son Peuple; il doit le protéger des déviations et des défaillances,
et lui garantir la possibilité objective de professer sans erreur la foi
authentique. La charge pastorale du Magistère est ainsi ordonnée à veiller à ce
que le Peuple de Dieu demeure dans la vérité qui libère. Pour accomplir ce
service, le Christ a doté les pasteurs du charisme d'infaillibilité en matière
de foi et de moeurs. L'exercice de ce charisme peut revêtir plusieurs modalités:
§891
«De cette
infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit du fait
même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous les
fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi, il proclame, par un
acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les moeurs (...).
L'infaillibilité promise à l'Église réside aussi dans le corps des évêques
quand il exerce son Magistère suprême en union avec le successeur de
Pierre», surtout dans un Concile Oecuménique (LG 25; cf.
Vatican I: DS 3074). Lorsque par son Magistère suprême, l'Église propose
quelque chose «à croire comme étant révélé par Dieu» (DV
10) et comme enseignement du Christ, «il faut adhérer dans
l'obéissance de la foi à de telles définitions» (LG 25). Cette
infaillibilité s'étend aussi loin que le dépôt lui-même de la Révélation divine
(cf. LG 25).
§892
L'assistance divine est
encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant en communion avec le
successeur de Pierre, et, d'une manière particulière, à l'évêque de Rome,
Pasteur de toute l'Église, lorsque, sans arriver à une définition infaillible
et sans se prononcer d'une «manière définitive», ils
proposent dans l'exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui conduit à
une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de moeurs. A
cet enseignement ordinaire les fidèles doivent «donner l'assentiment
religieux de leur esprit» (LG 25) qui, s'il se distingue de
l'assentiment de la foi, le prolonge cependant.
La charge de sanctifier
§893
L'évêque porte aussi
«la responsabilité de dispenser la grâce du suprême
sacerdoce» (LG 26), en particulier dans l'Eucharistie qu'il offre
lui-même ou dont il assure l'oblation par les prêtres, ses coopérateurs. Car
l'Eucharistie est le centre de la vie de l'Église particulière. L'évêque et les
prêtres sanctifient l'Église par leur prière et leur travail, par le ministère
de la parole et des sacrements. Ils la sanctifient par leur exemple, «non
pas en faisant les seigneurs à l'égard de ceux qui vous sont échus en partage,
mais en devenant les modèles du troupeau» (1 P 5, 3). C'est ainsi
«qu'ils parviennent, avec le troupeau qui leur est confié, à la vie
éternelle» (LG 26).
La charge de régir
§894
«Les évêques
dirigent leurs Églises particulières comme vicaires et légats du Christ par
leurs conseils, leurs encouragements, leurs exemples, mais aussi par leur
autorité et par l'exercice de leur pouvoir sacré» (LG 27), qu'ils doivent
cependant exercer pour édifier, dans l'esprit de service qui est celui de leur
Maître (cf. Lc 22, 26-27).
§895
«Ce pouvoir
qu'ils exercent personnellement au nom du Christ est un pouvoir propre,
ordinaire et immédiat: il est soumis cependant dans son exercice à la
régulation dernière de l'autorité suprême de l'Église» (LG 27). Mais
on ne doit pas considérer les évêques comme des vicaires du Pape dont
l'autorité ordinaire et immédiate sur toute l'Église n'annule pas, mais au
contraire confirme et défend la leur. Celle-ci doit s'exercer en communion avec
toute l'Église sous la conduite du Pape.
§896
Le Bon Pasteur sera le
modèle et la «forme» de la charge pastorale de l'évêque.
Conscient de ses faiblesses, «l'évêque peut se montrer indulgent
envers les ignorants et les égarés. Qu'il ne répugne pas à écouter ceux qui
dépendent de lui, les entourant comme de vrais fils (...). Quant aux fidèles,
ils doivent s'attacher à leur évêque comme l'Église à Jésus-Christ et comme
Jésus-Christ à son Père» (LG 27):
Suivez tous l'évêque, comme Jésus-Christ [suit] son Père, et le presbytérium comme les apôtres; quant aux diacres, respectez-les comme la loi de Dieu. Que personne ne fasse en dehors de l'évêque rien de ce qui regarde l'Église (S. Ignace d'Antioche, Smyrn. 8, 1).
II. Les fidèles laïcs
§897
«Sous le nom de
laïcs, on entend ici l'ensemble des chrétiens excepté les membres de l'ordre
sacré et de l'état religieux reconnu par l'Église, c'est-à-dire les chrétiens
qui, étant incorporés au Christ par le baptême, intégrés au Peuple de Dieu,
faits participants à leur manière de la fonction sacerdotale, prophétique et
royale du Christ, exercent pour leur part, dans l'Église et dans le monde, la
mission qui est celle de tout le peuple chrétien» (LG 31).
La vocation des laïcs
§898
«La vocation
propre des laïcs consiste à chercher le règne de Dieu précisément à travers la
gérance des choses temporelles qu'ils ordonnent selon Dieu (...). C'est à eux
qu'il revient, d'une manière particulière, d'éclairer et d'orienter toutes les
réalités temporelles auxquelles ils sont étroitement unis, de telle sorte
qu'elles se fassent et prospèrent constamment selon le Christ et soient à la
louange du Créateur et Rédempteur» (LG 31).
§899
L'initiative des chrétiens
laïcs est particulièrement nécessaire lorsqu'il s'agit de découvrir, d'inventer
des moyens pour imprégner les réalités sociales, politiques, économiques, les
exigences de la doctrine et de la vie chrétiennes. Cette initiative est un
élément normal de la vie de l'Église:
Les fidèles laïcs se trouvent sur la ligne la plus avancée de la vie de l'Église; par eux, l'Église est le principe vital de la société. C'est pourquoi eux surtout doivent avoir une conscience toujours plus claire, non seulement d'appartenir à l'Église, mais d'être l'Église, c'est-à-dire la communauté des fidèles sur la terre sous la conduite du Chef commun, le Pape, et des Évêques en communion avec lui. Ils sont l'Église (Pie XII, discours 20 février 1946: cité par Jean-Paul II, CL 9).
Catéchisme de l'Église catholique © Libreria Editrice Vaticana 1992.
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