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Parler de vocation, c'est désigner ceux qui entendent faire du travail intellectuel leur vie, soit qu'ils aient tout loisir de se livrer à l'étude, soit que, engagés dans des occupations professionnelles, ils se réservent comme un heureux supplément et une récompense le profond développement de l'esprit.
Je dis profond, pour écarter l'idée de teinture superficielle. Une vocation ne se satisfait point de lectures vagues et de petits travaux dispersés. Il s'agit de pénétration et de continuité, d'effort méthodique, en vue d'une plénitude qui réponde à l'appel de l'Esprit et aux ressources qu'il lui a plu de nous communiquer.
Cet appel ne doit pas être préjugé. On ne se préparerait que des déboires, à se lancer dans une voie où l'on ne saurait marcher d'un pied sûr. Le travail s'impose à tous, et après une première formation onéreuse, nul n'agit sagement s'il laisse retomber peu à peu son esprit à l'indigence première; mais autre chose est le paisible entretien d'un acquis, autre chose la reprise en sous-oeuvre d'une instruction qu'on sait n'avoir été que provisoire, que l'on considère uniquement comme un point de départ.
C'est ce dernier état d'esprit qui est celui d'un appelé. Il implique une résolution grave. La vie d'étude est austère et impose de lourdes obligations. Elle paie, et largement; mais elle exige une mise dont peu sont capables. Les athlètes de l'intelligence, comme ceux du sport, ont à prévoir les privations, les longs entraînements et la ténacité parfois surhumaine. Il faut se donner à plein coeur pour que la vérité se donne. La vérité ne sert que ses esclaves.
Une telle orientation ne doit pas être prise avant qu'on ne se soit longuement consulté. La vocation intellectuelle est comme toutes les autres: elle est inscrite dans nos instincts, dans nos capacités, dans je ne sais quel élan intérieur que la raison contrôle. Nos dispositions sont comme les propriétés chimiques qui déterminent, pour chaque corps, les combinaisons dans lesquelles ce corps peut entrer. Cela ne se donne pas. Cela vient du ciel et de la nature première. Toute la question est d'être docile à Dieu et à soi-même après en avoir entendu les voix.
Ainsi compris, le mot de Disraëli: «Faites ce qui vous plaît, pourvu que cela vous plaise pour de bon» comporte un grand sens. Le goût, qui est en corrélation avec les tendances profondes et avec les aptitudes, est un excellent juge. Si saint Thomas a pu dire que le plaisir qualifie les fonctions et peut servir à classer les hommes, il doit être porté à conclure que le plaisir peut aussi déceler nos vocations. Il faut seulement qu'on scrute jusqu'en ces profondeurs où le goût et l'élan spontané rejoignent les dons de Dieu et sa providence.
Outre l'immense intérêt de se réaliser soi-même en sa plénitude, l'étude d'une vocation intellectuelle comporte un intérêt général dont nul ne peut se détourner.
L'humanité chrétienne est composée de personnalités diverses, dont aucune n'abdique sans appauvrir le groupe et sans priver le Christ éternel d'une part de son règne. Le Christ règne par son déploiement. Toute vie d'un de ses «membres» est un instant qualifié de sa durée; tout cas humain et chrétien est un cas incommunicable, unique et par conséquent nécessaire de l'extension du «corps spirituel». Si vous êtes désigné comme porte-lumière, n'allez pas dérober sous le boisseau l'éclat petit ou grand qui est attendu de vous dans la maison du Père de famille. Aimez la vérité et ses fruits de vie, pour vous et pour d'autres; consacrez à l'étude et à son utilisation le principal de votre temps et de votre coeur.
Tous les chemins, sauf un, sont mauvais pour vous, puisqu'ils s'écartent de la direction dans laquelle votre action est escomptée et requise. Ne soyez pas infidèle à Dieu, à vos frères et à vous-même en rejetant un appel sacré.
Cela suppose que vous venez à la vie intellectuelle dans des vues désintéressées, non par ambition ou sotte gloriole. Les grelots de la publicité ne tentent que de futiles esprits. L'ambition offense, en se la subordonnant, la vérité éternelle. Jouer avec les questions qui dominent la vie et la mort, avec la nature mystérieuse, avec Dieu, se faire un sort littéraire ou philosophique aux dépens du vrai ou hors la dépendance du vrai, n'est-ce pas un sacrilège? De tels buts, et le premier surtout, ne soutiendraient pas le chercheur; on verrait promptement l'effort se détendre et la vanité essayer de se contenter à vide; sans souci des réalités.
Mais cela suppose aussi qu'à l'acceptation du but vous joignez l'acceptation de ses moyens, sans quoi l'obéissance à la vocation ne serait guère sérieuse. Beaucoup voudraient savoir! Une aspiration vague dirige les multitudes vers des horizons que la plupart admirent de loin, comme le podagre ou le quinteux les neiges éternelles. Obtenir sans payer, c'est le voeu universel; mais c'est un voeu de coeurs lâches et de cerveaux infirmes. L'univers n'accourt pas au premier susurrement, et la lumière de Dieu ne vient pas sous votre lampe sans que votre âme l'importune.
Vous êtes un consacré: veuillez ce que veut la vérité; consentez, à cause d'elle, à vous mobiliser, à vous fixer dans ses domaines propres, à vous organiser, et, inexpérimenté, à vous appuyer sur l'expérience des autres.
«Si jeunesse savait!...» Ce sont surtout les jeunes qui ont besoin de cet avertissement. La science est une connaissance par les causes; mais activement, quant à sa production, elle est une création par les causes. Il faut connaître et adopter les causes du savoir, puis les poser, et ne pas reculer le souci des fondements jusqu'au moment de monter la toiture.
Les premières années libres après les études, la terre intellectuelle fraîchement remuée, les semences jetées, que de belles cultures on pourrait entreprendre! C'est le temps qu'on ne retrouvera plus, le temps sur lequel on devra vivre plus tard: tel il aura été, tel on sera, car on ne reprend guère ses racines. Vivre en surface vous punira d'avoir négligé, en son temps, l'avenir qui toujours hérite. Que chacun y songe, à l'heure où songer peut servir.
Que de jeunes gens, avec la prétention de devenir des travailleurs, gaspillent misérablement leurs journées, leurs forces, leur sève intellectuelle, leur idéal! Ou ils ne travaillent pas - ils ont bien le temps! ou ils travaillent mal, capricieusement, sans savoir ni qui ils sont, ni où ils veulent aller, ni comment on marche. Cours, lectures, fréquentations, dosage du travail et du repos, de la solitude et de l'action, de la culture générale et de la spécialité, esprit de l'étude, art d'extraire et d'utiliser les données acquises, réalisations provisoires qui annoncent le travail prochain, vertus à obtenir et à développer, rien n'est prévu, rien ne sera satisfait.
Pourtant, quelle différence, à égalité de ressources, entre celui qui sait et qui prévoit, et celui qui ne va qu'à l'aventure! «Le génie est une longue patience», mais une patience organisée, intelligente. Il n'est pas besoin de facultés extraordinaires pour réaliser une oeuvre; une moyenne supérieure y suffit; le reste est fourni par l'énergie et par ses sages applications. Il en est comme d'un ouvrier probe, économe et fidèle à l'ouvrage: il arrive, alors que l'inventeur n'est parfois qu'un raté et un aigri.
Ce que j'en dis vaut pour tous; je l'applique toutefois spécialement à ceux qui savent ne disposer que d'une partie de leur vie, la plus faible, pour s'adonner aux travaux de l'intelligence. Ceux-là doivent plus que d'autres être des consacrés. Ce qu'ils ne peuvent distribuer sur toute leur durée, ils auront à le masser sur un petit espace. L'ascétisme spécial et l'héroïque vertu du travailleur intellectuel devront être leur fait quotidien. Mais s'ils consentent à cette double offrande d'eux-mêmes, je le leur dis au nom du Dieu de vérité, qu'ils ne se découragent pas.
S'il n'est pas besoin de génie pour produire, encore moins est-il nécessaire d'avoir une pleine liberté. Bien mieux, celle-ci a ses pièges que de rigoureuses obligations peuvent aider à vaincre. Un flot gêné par des rives étroites s'élancera plus loin. La discipline du métier est une forte école: elle profite aux studieux loisirs. Contraint, on se concentrera davantage, on apprendra le prix du temps, on se réfugiera avec élan dans ces heures rares où, le devoir satisfait, on rejoint l'idéal, où l'on jouit de la détente dans l'action de choix, après l'action imposée par l'âpre existence.
Le travailleur qui trouve ainsi dans l'effort nouveau la récompense de l'effort ancien, qui en fait son trésor d'avare, est d'ordinaire un passionné; on ne le détache pas de ce qui est ainsi consacré par le sacrifice. Si son allure paraît plus lente, elle a de quoi pousser plus avant. Pauvre tortue besogneuse, il ne muse pas, il s'obstine, et au bout de peu d'années, il aura dépassé le lièvre indolent dont l'allure dégagée faisait l'envie de sa pénible marche.
Jugez de même du travailleur isolé, privé de ressources intellectuelles et de fréquentations stimulantes, terré dans quelque trou de province où il paraît condamné à croupir, exilé loin des riches bibliothèques, des cours brillants, du public vibrant, ne possédant que soi et obligé à tout tirer de ce fonds inaliénable.
Ah! que celui-là non plus ne se décourage pas! Ayant tout contre soi, qu'il se garde soi-même et que cela lui suffise. Un coeur ardent a plus de chances d'arriver, fût-ce en plein désert, qu'un petit gavé du Quartier latin qui abuse. Ici encore, de la difficulté peut jaillir une force. On ne s'arc-boute, en montagne, que dans les passages difficiles; les sentiers plats vous laissent détendus et la détente qui ne se surveille pas devient vite funeste.
Ce qui vaut plus que tout, c'est le vouloir, un vouloir profond: vouloir être quelqu'un, arriver à quelque chose; être déjà, par le désir, ce quelqu'un qualifié par son idéal. Le reste s'arrange toujours. Des livres, il y en a partout et ils ne sont nécessaires qu'en petit nombre. Des fréquentations, des stimulants, on les trouve en esprit dans sa solitude: les grands êtres sont là, présents à qui les invoque, et les grands siècles poussent en arrière le penseur ardent. Les cours, ceux qui en disposent ne les suivent pas ou les suivent mal, s'ils n'ont en eux de quoi se passer au besoin de cette aubaine. Quant au public, s'il vous excite parfois, souvent il vous trouble, vous disperse, et pour deux sous que vous trouvez dans la rue, vous y pouvez perdre une fortune. Mieux vaut la solitude passionnée, où toute graine produit cent pour un et tout rayon de soleil une dorure d'automne.
Saint Thomas d'Aquin, venant se fixer à Paris et découvrant la grande ville de loin, dit au frère qui l'accompagnait: «Frère, je donnerais tout cela pour le commentaire de Chrysostome sur saint Matthieu». Quand on éprouve de tels sentiments, il n'importe où l'on est ni de quoi l'on dispose; on est marqué du sceau; on est un élu de l'Esprit; il n'est que de persévérer et de se confier à la vie telle que Dieu la règle.
Jeune homme qui comprenez ce langage et que les héros de l'intelligence semblent appeler mystérieusement, mais qui craignez d'être dépourvu, écoutez-moi. Avez-vous deux heures par jour? Pouvez-vous vous engager à les préserver jalousement, à les employer ardemment, et puis, préposé vous aussi au Royaume de Dieu, pouvez-vous boire le calice dont ces pages voudraient vous faire goûter la saveur exquise et amère? Si oui, ayez confiance. Plus que cela, reposez-vous dans une certitude complète.
Contraint de gagner votre vie, du moins la gagnerez-vous sans lui sacrifier, comme il arrive si souvent, la liberté de votre âme. Délaissé, vous n'en serez qu'avec plus de violence rejeté vers vos nobles buts. La plupart des grands hommes exercèrent un métier. Les deux heures que je demande, beaucoup ont déclaré qu'elles suffisent à une destinée intellectuelle. Apprenez à administrer ce peu de temps; plongez-vous tous les jours de votre vie dans la source qui désaltère et donne encore soif.
Voulez-vous aider pour votre humble part à perpétuer la sagesse parmi les hommes, à recueillir l'héritage des siècles, à fournir au présent les règles de l'esprit, à découvrir les faits et les causes, à orienter les yeux inconstants vers les causes premières et les coeurs vers les fins suprêmes, à raviver au besoin la flamme qui décline, à organiser la propagande de la vérité et du bien? C'est votre lot. Cela vaut sans doute un sacrifice supplémentaire et l'entretien d'une passion jalouse.
L'étude et la pratique de ce que le Père Gratry appelle la Logique vivante, c'est-à-dire le développement de notre esprit ou verbe humain par son contact direct ou indirect avec l'Esprit et le Verbe divin, cette étude grave et cette pratique persévérante vous donneront entrée dans le sanctuaire admirable. Vous serez de ceux qui croissent, qui acquièrent et se préparent aux dons magnifiques. Vous aussi, un jour, si Dieu veut, vous trouverez place dans l'assemblée des nobles esprits.
Un autre caractère de la vocation intellectuelle consiste en ceci que le travailleur chrétien, qui est un consacré, ne doit pas être un isolé. En quelque situation qu'il soit, quelque abandonné ou retiré qu'on le suppose matériellement, il ne doit pas se laisser tenter par l'individualisme, image déformée de la personnalité chrétienne.
Autant la solitude vivifie, autant l'isolement paralyse et stérilise. L'isolement est inhumain; car travailler humainement, c'est travailler avec le sentiment de l'homme, de ses besoins, de ses grandeurs, de la solidarité qui nous lie dans une vie étroitement commune.
Un travailleur chrétien devrait vivre constamment dans l'universel, dans l'histoire. Puisqu'il vit avec Jésus-Christ, il ne peut en séparer les temps, ni les hommes. La vie réelle est une vie en un, une vie de famille immense avec la charité pour loi: si l'étude veut être un acte de vie, non un art pour l'art et un accaparement de l'abstrait, elle doit se laisser régir par cette loi d'unité cordiale. «Nous prions devant le crucifix» dit Gratry - nous devons y travailler aussi - «mais la vraie croix n'est pas isolée de la terre.»
Un vrai chrétien aura sans cesse sous les yeux l'image de ce globe où la croix est plantée, où les hommes besogneux errent et souffrent, et où le sang rédempteur, en filets nombreux, cherche leur rencontre. Ce qu'il détient de clarté le revêt d'un sacerdoce; ce qu'il en veut acquérir est une promesse implicite de don. Toute vérité est pratique; la plus abstraite en apparence, la plus élevée est aussi la plus pratique. Toute vérité est vie, orientation, chemin en vue de la fin humaine. C'est pourquoi Jésus-Christ a dit comme une affirmation unique: «Je suis la Voie, la Vérité et la Vie.»
Travaillez donc toujours en esprit d'utilisation, comme l'Évangile parle. Entendez le genre humain bruire autour de vous; distinguez-y tels et tels, individus ou groupes; dont vous savez l'indigence; découvrez ce qui peut les tirer de la nuit, les ennoblir, ce qui, de près ou de loin, les sauve. Il n'y a de saintes vérités que les vérités rédemptrices, et n'est-ce pas en vue de notre travail comme de tout, que l'Apôtre a dit: «La volonté de Dieu est que vous soyez saints?»
Jésus-Christ a besoin de notre esprit pour son oeuvre comme il avait besoin, sur terre, de son propre esprit humain. Lui disparu, nous le continuons; nous avons cet honneur incommensurable. Nous sommes ses «membres», donc son esprit en participation, donc ses coopérateurs. Il agit par nous au dehors et par son Esprit inspirateur au dedans, comme, vivant, il agissait au dehors par sa voix, au dedans par sa grâce. Notre travail étant une nécessité de cette action, travaillons comme Jésus méditait, comme il puisait, en vue de répandre, aux sources du Père.
Et puis, songez que si tous les temps sont égaux devant Dieu, si son éternité est un centre rayonnant où tous les points de la circonférence du temps viennent à distance égale, il n'en est pas de même des temps et de nous, qui habitons la circonférence. Nous sommes ici, sur la vaste roue, non ailleurs. Si nous y sommes, c'est que Dieu nous y plaça. Tout moment de la durée nous concerne et tout siècle est notre prochain, comme tout homme; mais ce mot «prochain» est un mot relatif, que la sagesse providentielle précise pour chacun, et que chacun, dans sa sagesse soumise, doit préciser de même.
Me voici, homme du XXe siècle, contemporain d'un drame permanent, témoin de bouleversements comme peut-être n'en vit jamais le globe depuis que les monts surgirent et que les mers furent chassées dans leurs antres. Qu'ai-je à faire pour ce siècle haletant? Plus que jamais la pensée attend les hommes et les hommes attendent la pensée. Le monde est en danger faute de maximes de vie. Nous sommes dans un train lancé à toute vitesse, et pas de signaux visibles, pas d'aiguilleurs. La planète ne sait où elle va, sa loi l'abandonne: qui va lui restituer son soleil?
Ce que je dis là n'est pas pour rétrécir le champ de la recherche intellectuelle, et pour la confiner dans l'étude exclusivement religieuse. On le verra bien. J'ai dit déjà que toute vérité est pratique, que toute vérité sauve. Mais j'indique un esprit, et cet esprit, au point de vue de l'opportunité comme en général, exclut le dilettantisme.
Il exclut aussi une certaine tendance archéologique, un amour du passé qui néglige les douleurs actuelles, une estime du passé qui paraît ignorer la présence universelle de Dieu. Tous les temps ne se valent pas, mais tous les temps sont des temps chrétiens, et il en est un qui, pour nous et pratiquement, les surpasse tous: le nôtre. En vue de celui-là sont nos ressources natives, nos grâces d'aujourd'hui et de demain, donc aussi les efforts qui y doivent répondre.
Ne ressemblons pas à ceux qui ont toujours l'air de porter les cordons du poêle aux funérailles du passé. Utilisons en vivant la valeur des morts. La vérité est toujours neuve. Comme l'herbe du matin qu'une délicate rosée recouvre, toutes les vertus anciennes ont envie de refleurir. Dieu ne vieillit pas. Il faut aider ce Dieu à renouveler non les passés ensevelis et les chroniques éteintes, mais la face éternelle de la terre.
Tel est l'esprit de l'intellectuel catholique, telle sa vocation. Plus tôt il précisera cette donnée générale par la découverte du genre d'études auquel il doit se livrer, mieux cela vaudra.
Entendez, maintenant, quelles vertus Dieu lui demande.
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