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Les trois différentes sortes de pouvoir politique

Paul Sérusier. Lutte bretonne.
Deux hobbits font la démonstration du premier type de pouvoir.
(Paul Sérusier. Lutte bretonne. Source)

1) Introduction

Vous connaissez probablement les trois différentes sortes de pouvoir politique, qu'on appelle parfois les pouvoirs «minéral, animal et rationnel». Puisque (dans un sens large) le pouvoir politique peut être défini comme la capacité d'influencer les hommes, et puisque les hommes ont trois «manières» par lesquelles leur comportement peut être influencé, nous pouvons distinguer le pouvoir politique selon ces trois manières.

2) Le «pouvoir minéral»

Les hommes ont un corps physique, alors pour autant qu'on peut influencer le «comportement» des corps physiques, on peut ainsi influencer le comportement des hommes. Par exemple, si vous voulez qu'une poutre de bois se tienne tranquille, vous pouvez la clouer en place. De la même manière, si vous voulez qu'un homme ne se sauve pas, vous pouvez le clouer sur une croix. Je vous garantis qu'il ne se sauvera pas!

Pour des exemples plus ordinaires d'un tel pouvoir d'influencer le comportement humain, vous pouvez penser à des menottes pour un suspect, ou une mère qui attrape son enfant pour le retirer vivement du chemin d'une voiture. Comme vous pouvez le voir, ce n'est pas parce que vous traitez un homme comme un objet inanimé (un «minéral») que vous le détestez. Nous ne jugeons pas ici les types de pouvoir; on ne fait qu'énumérer leurs différentes sortes.

3) Le «pouvoir animal»

Les hommes, en plus d'avoir un corps physique, sont aussi des êtres doués de sensation, c'est-à-dire des animaux. Par conséquent, leur comportement peut être influencé d'une autre manière, la manière qui exige des sens et la capacité de ressentir le plaisir et la douleur. On appelle familièrement cette sorte de pouvoir «la Carotte et le Bâton», c'est-à-dire l'attrait du plaisir et la menace de la douleur.

Comme exemples de ce type de «pouvoir animal», pensez à des contraventions pour excès de vitesse (une menace de douleur, un «bâton»), ou des crédits d'impôt si vous mettez de l'argent de côté pour votre retraite (l'attrait du plaisir, ou une «carotte»), ou un père qui donne un calin à son enfant parce qu'il a mangé tous ses légumes, etc.

4) Le «pouvoir rationnel»

Comme vous pouvez vous l'imaginer, cette manière d'influencer le comportement est tout-à-fait spécifique aux hommes. Vous pouvez attacher un chien avec une laisse («pouvoir minéral»), ou le dompter pour qu'il fasse le beau pour un biscuit («pouvoir animal»), mais vous ne pouvez jamais raisonner votre chien pour qu'il fasse quelque chose.

Comme exemples de ce type de «pouvoir rationnel», pensez à une institutrice qui explique à ses écoliers les effets désastreux de la pollution. Lorsqu'un de ses élèves, de nombreuses années plus tard, décide de ne pas acheter un gros VUS («Véhicule utilitaire sport») qui consomme beaucoup de carburant, parce qu'il se souvient de ce qu'elle a enseigné, et qu'il veut protéger l'environnement, alors son comportement a été influencé par cette institutrice. Un autre exemple est la fillette qui décide un jour de prêter ses poupées à sa soeur plus jeune, non parce qu'elle veut être louangée par sa mère, ou pour éviter une punition, mais parce que c'est la bonne chose à faire.

Bien sûr, il est tout-à-fait possible d'être influencé de fait par le «pouvoir animal» tout en s'imaginant qu'on est influencé par le «pouvoir rationnel». Plusieurs ex-couples peuvent témoigner que, avec le recul, leurs intentions, lorsqu'ils étaient ensemble, n'étaient pas toutes droites, c'est-à-dire qu'ils étaient ensemble surtout, sinon seulement pour le sexe, ou l'argent, etc.

5) Les différentes sortes de pouvoir en action

Supposons que vous soyez le Gouvernement, et que vous deviez influencer le comportement de vos citoyens à propos de, supposons, le dommage causé par le tabagisme. Que pourriez-vous faire? En d'autres mots, quel pouvoir l'État dispose-t-il pour diminuer le tabagisme? Regardons quelques exemples possibles:

5.1) Retenir des patients qui essaient de fumer dans leur tente à oxygène. Manifestement, c'est un cas de «pouvoir minéral»! Normalement, vous ne pouvez pas attraper quelqu'un ou le fouiller, mais dans ce cas-ci, tout personnel de l'hôpital serait justifié d'agir très rapidement! Dans ce cas-ci, l'État ne promulguerait pas de lois spéciales, mais il refuserait de poursuivre une infirmière ou un policier qui aurait physiquement retenu un patient, ou qui aurait fouillé dans ses affaires pour lui enlever son briquet. Bien sûr, c'est un exemple un peu farfelu, mais ça vous donne une idée de comment l'État pourrait utiliser le «pouvoir minéral» pour lutter contre le tabagisme.

5.2) Récompenser les gens qui arrêtent de fumer. Par exemple, un programme parrainé par le Gouvernement pourrait publier dans les journaux les photos de gens qui auraient réussi à arrêter de fumer, etc.

5.3) Punir les gens qui fument. Une des «punitions» que l'État peut donner est d'imposer une taxe sur le produit ou le service nocif, afin d'aider les citoyens à changer leurs mauvaises habitudes. Ceci est le cas en ce moment dans la province de Québec, où les produits du tabac sont intentionnellement taxés très lourdement.

5.4) Éduquer les citoyens concernant les dangers du tabagisme. Bien sûr, on utilise ici le «pouvoir rationnel», par exemple avec des cours obligatoires dans les écoles publiques sur les effets nocifs du tabagisme, ou avec des campagnes publicitaires encourageant les jeunes à cesser de fumer, etc.

5.5) Contre-exemple: Éviter de punir les gens qui arrêtent de fumer, et éviter de récompenser les gens qui persistent à fumer. Parfois l'État peut empirer la situation en envoyant des messages contradictoires aux citoyens. Par exemple, s'il n'est pas interdit de fumer dans les lieux publics, les gens qui arrêtent de fumer ou qui n'ont jamais même commencé à fumer sont punis (par la fumée secondaire). Un autre exemple serait les gros fumeurs qui détruisent leur santé volontairement, mais qui ensuite se font payer tous leurs traitements médicaux par l'État; d'une certaine manière, ces fumeurs sont «récompensés» pour leur tabagisme dans ce cas-là.

6) Considérations sur l'utilisation des différents types de pouvoir

Je ne suis pas un politicien, mais il me semble qu'il y a plusieurs manières de mal utiliser le pouvoir. La manière la plus évidente est d'utiliser le pouvoir pour encourager les citoyens à mal agir. Nous ne parlerons pas de ce cas ici. On va présumer que le pouvoir est utilisé pour orienter les gens vers de bons comportements. Mais même si on utilise le pouvoir pour encourager les citoyens à adopter de bons comportements, on peut quand même utiliser le mauvais type de pouvoir étant donné les circonstances.

Puisque qu'il y a trois sortes de pouvoir, on peut imaginer qu'il y a neuf situations possibles (en gros):

 

Le «pouvoir minéral» est approprié

Le «pouvoir animal» est approprié

Le «pouvoir rationnel» est approprié

On utilise le «pouvoir minéral»

OK

Le comportement est influencé, le sujet tend vers l'apathie

Le comportement est influencé, le sujet se révolte

On utilise le «pouvoir animal»

Le comportement n'est manifestement pas influencé

OK

Le comportement est influencé, mais le sujet est infantilisé

On utilise le «pouvoir rationnel»

Le comportement n'est manifestement pas influencé

Le comportement n'est pas influencé, parfois à notre insu

OK

Ce tableau n'est pas scientifique, mais remarquez au moins qu'il y a une «diagonale» dans ce tableau, où le type de pouvoir approprié correspond au type utilisé, et sous cette diagonale, le comportement n'est jamais influencé, et au-dessus, il est toujours influencé, mais avec des conséquences négatives.

Une autre considération est que dans la vraie vie, les trois sortes de pouvoir sont souvent combinés, et en fait, les pouvoirs «animal» et «rationnel» sont souvent utilisés conjointement, surtout avec les enfants qui ont précisément besoin d'être «élevés» (littéralement, «élevés» du niveau d'animal au niveau rationnel).

7) Conclusion

Les types de pouvoir énumérés sont très fondamentaux. Une liste plus complète devrait probablement ajouter le pouvoir des habitudes. Les hommes, lorsque leur comportement est influencé assez souvent (utilisant la bonne sorte de pouvoir), développent éventuellement des habitudes. De plus, ces habitudes peuvent se «cristalliser» dans l'écrit, et être «répartis» entres des groupes différents selon leur fonction. Ceci mène à la division des pouvoir qui est mieux connue, celle des pouvoirs «judiciaire, législatif et exécutif». Mais je ne fais que réfléchir tout haut à propos d'un autre article!

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