(Camille Pissarro. Femme accrochant la lessive. Source)
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(Camille Pissarro. Femme accrochant la lessive.
Source)
Avant d'élaborer la Théorie générale de la relativité, le grand Albert Einstein énonçait la célébrissime Théorie de la vaisselle sale: «Moins on lave la vaisselle, moins on a envie de la laver, car notre cuisine devient de plus en plus répugnante». (Enfin, ce n'était peut-être pas Albert, mais tout est relatif de toute façon!).
Le cercle vicieux de la vaisselle sale expliquerait-il aussi le dégoût de certains Québécois pour leur démocratie? À force de ne pas nous efforcer de prendre goût à la politique, l'aurions-nous rendue dégoûtante?
Quelles sont les conséquences négatives de la diminution ou même de l'absence d'implication en politique?
1) La qualité des débats de société tend vers zéro. Pour qu'une société démocratique puisse régler ses problèmes, il faut que les gens parlent de choses plus utiles que les amourettes d'un joueur de golf avec les fosses de sable, ou les frasques d'un animateur de station radio avec le système judiciaire, ou les bourrelets de graisse d'une célèbre actrice.
2) On donne le mauvais exemple aux autres citoyens. Une société humaine est un peu comme un organisme vivant. Si, par exemple, une partie du corps humain est malade, le corps tout entier en souffre. C'est un peu la même chose à chaque fois qu'un citoyen cesse de faire ses devoirs civiques: il donne le mauvais exemple aux autres citoyens et cause ainsi beaucoup plus de tort à la société qu'il pourrait penser.
3) Les politiciens corrompus ont la voie libre. Les politiciens ne sont que des hommes, avec tout ce que cela entraîne. Un politicien qui n'est pas étroitement surveillé par ses électeurs, est plus susceptible de se corrompre.
4) Le peuple devient moins gouvernable. Dans une démocratie, les politiciens n'ont pas un pouvoir absolu; ils doivent avoir l'assentiment plus ou moins explicite d'une majorité plus ou moins grande de la population. Mais bien gouverner exige souvent que le peuple fasse des sacrifices, et les gens égoïstes et mal informés ne sont pas exactement les candidats idéaux pour faire des sacrifices. À la limite, même les meilleurs politiciens ne pourront rien faire de bon avec un peuple ingouvernable.
5) La relève n'est pas formée. Même les meilleurs politiciens du monde finissent par mourir. Une société où l'implication politique fait défaut ne prépare pas la relève. Plutôt que d'être une pépinière de chefs, elle devient un cimetière d'individualistes.
Etc., etc.
Nul besoin d'être Albert Einstein pour voir qu'il faut régulièrement «laver la politique» si on veut qu'elle soit propre. L'enjeu est beaucoup plus grave qu'une simple cuisine pleine de vaisselle sale. C'est notre santé, notre prospérité, ainsi que notre vie intellectuelle et spirituelle qui en dépend.
Alors, qui lave et qui essuie?
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