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Correspondance avec Madame X17

Peter Bruegel l'Ancien. L'aveugle conduisant l'aveugle.
«Un aveugle peut-il guider un aveugle? Ne tomberont-ils pas tous les deux dans un trou?» [Lc 6:39]
(Peter Bruegel l'Ancien. L'aveugle conduisant l'aveugle. Source)

Table des matières

1) Madame X17 (2009-sept-07)
2) S. Jetchick (2009-sept-09)

1) Madame X17 (2009-sept-07)

-----Original Message-----
From: Madame X17
Sent: 7 septembre 2009 20:16
To: stefan
Subject: question perso

Bonjour Stefan,

[Passage censuré pour protéger la confidentialité] sachant que
tu es un vrai catholique
fidel au pape comme je m efforce de l etre le plus possible j
amierais te poser une question qui me tracasse concernant le
sacrement du pardon. J ai souvent un doute concernant la validité de
ma confession tout cela parce que je ne sais pas où placer la barre
du (franc parlé). Je sais qu il ne faut pas voiler , justifier ou
masquer nos péché de quelques facons que ce soit, mais en ce qui
concerne les péchés d ordre sexuels je me demande si rentrer dans
les détails est nécessaires.J avoue je trouve cela honteux et
genant, mais d un autre coté je ne vois pas l intéret que mon
confesseur soit au courant de tout mes actes dans le domaine.

exemple:dans le cas de la pratique de la sodomie ou de la fellation,
est il possible de seulement dire que j ai eu des experiences
sexuelles déviantes?

je suis désolé d etre aussi directe etant donné qu on ne se connait
pas trop mais j etais gener d en parler a mes proches.

merci d avance de me repondre
Madame X17

2) S. Jetchick (2009-sept-09)

-----Original Message-----
From: Stefan Jetchick
Sent: 9 septembre 2009 12:20
To: Madame X17
Subject: RE: question perso

Bonjour Madame X17,

Comme votre question est très importante, et que d'autres se posent
sûrement ce genre de question, je préfère vous répondre publiquement
(mais en enlevant votre nom et votre adrélec, bien sûr!)


>> J'ai souvent un doute concernant la validité de
>> ma confession tout cela parce que je ne sais pas où placer la barre
>> du (franc parler).

Ouf! J'ai tant de choses à dire! Je ne suis pas sûr par où
commencer!

Primo, regardez bien l'image en haut de cette page, et relisez la
célèbre parole de Jésus qui se trouve dessous. Je ne suis pas un
prêtre, alors ce n'est pas moi qu'il faut écouter, mais bien un
bon prêtre catholique fidèle au Pape! (Heureusement, il en reste
quelques-uns au Québec. Je peux vous aider à en trouver un. Mais vous
avez raison de vous méfier, car il y a aussi des «loups dans la
bergerie».)

Secundo, un prêtre catholique est tenu au secret du confessional,
c'est-à-dire qu'il encourt l'excommunication automatique s'il
dévoile quelque chose qu'il a entendu en Confession! L'Église
est très sévère pour le secret du confessional! En d'autres
mots, un bon prêtre fidèle au Pape est un excellent endroit où
cacher nos secrets honteux! (Contrairement à un quelconque gars qui
a un site web!) Voir Code de droit canonique, Can. 983 - § 1.

Tertio, le courriel n'est pas un moyen de communication privé. Quand
vous envoyez un courriel par ordinateur, n'importe qui peut le lire.
En fait, le Gouvernement des USA a même un gros programme qui
«siphonne» tous les courriels pour les examiner automatiquement!
C'est la même chose pour le téléphone (c'est un jeu d'enfant pour le
Gouvernement de se mettre le nez dans les conversations qui transitent
par le réseau téléphonique). En fait, une excellente manière d'éviter
tout ça, c'est de parler directement à une personne humaine. (Comme
dans un confessional par exemple!)

Quarto, si vous allez voir un médecin parce que vous avez une
pneumonie, un bras cassé et un clou planté dans votre pied, mais
que vous parlez seulement de votre pneumonie et de votre bras,
le médecin va pouvoir seulement guérir vos poumons et votre bras,
mais pas votre pied. Ça va mal marcher, même après la visite
chez le médecin! C'est exactement ce que dit le Catéchisme, No. 1456:

	«si le malade rougit de découvrir sa plaie au médecin, la
	médecine ne soigne pas ce qu'elle ignore»

Quinto, il faut confesser tous ses péchés mortels, en espèce
et en nombre. Voir Code de droit canonique, Can. 988 - § 1.
L'espèce, ce n'est pas le genre. Premier exemple sans rapport
avec la Confession: le genre «animal» a pour «espèces» lapin,
coquerelle, homme, etc. Deuxième exemple, plus en rapport avec
notre conversation: le mensonge (genre de péché) peut être
l'espèce du petit mensonge fait par gentillesse (comme dire à
une dame que sa robe est belle pour ne pas lui faire de la
peine, même si elle a l'air d'une poche de patates), ou
l'espèce du mensonge appelée techniquement «parjure» (lorsqu'on
porte un faux témoignage devant un tribunal).

L'expression «comportement sexuel déviant» est un genre. Le mot
«sodomie» désigne une espèce de comportement sexuel déviant.

Sexto, il faut aussi donner les circonstances qui viennent modifier
la moralité de l'acte. Par exemple, si vous avez volé un petit
pain, c'est du vol. Si vous avez volé ce petit pain alors
qu'il faisait beau soleil, et que le petit pain était un
pain au raisin avec juste un soupçon de cannelle, ce sont
des circonstances, mais des circonstances qui ne changent
pas la moralité de l'acte. Donc pas besoin de les dire au
prêtre.

Mais si vous avez volé le petit pain d'un enfant en train
de mourir de faim, alors que vous êtes obèse, il faut
dire ces circonstances au prêtre.

Septimo, n'oubliez pas l'expression latine la plus
encourageante de nos jours: «Ex opere operato»! Les
sacrements sont efficaces, de par les actes posés, et non
pas selon la sainteté personnelle du prêtre. «Ex opere operato»
signifie que quand le prêtre prononce les paroles de
l'absolution, c'est Jésus qui vous pardonne, pas le prêtre!


>> en ce qui
>> concerne les péchés d'ordre sexuel je me demande si rentrer dans
>> les détails est nécessaire

Strictement parlant, non, car l'expression «les détails»
exclut précisément les choses essentielles comme l'espèce du
péché sexuel, et les circonstances qui viennent modifier
la moralité de l'acte. Sauf que, si je vous comprends bien,
vous êtes en ce moment dans l'erreur qui consiste à
définir «les détails» comme voulant dire «les choses essentielles
dont je n'ai pas envie de parler»!


>> je ne vois pas l'intérêt que mon
>> confesseur soit au courant de tout mes actes dans le domaine.

Je n'ai jamais été prêtre, mais le saint curé d'Ars disait bien
que la pire chose dans sa vie, c'était d'entendre tous ces péchés
en Confession. À ma connaissance, les prêtres n'ont pas la
moindre envie de se faire abreuver de choses laides et sales
à longueur de journée. Mais les bons prêtres le font quand même,
parce qu'ils veulent vous guérir, et qu'ils sont prêts à accepter
cette crucifixion pour votre bien.

N'oubliez pas non plus que votre prêtre va probablement trouver
votre confession presque mignonne, comparée aux horreurs bien
pires qu'il doit entendre.

Et bien sûr, n'oubliez pas qu'au Jugement Dernier, tout va être
dévoilé, devant tout le monde! Donc essayer de garder un secret
en confession, c'est se fatiguer pour rien.

Conclusion: Prenez la solution facile (et sanctifiante), ouvrez
votre coeur à votre médecin spirituel!

Stefan

P.S. J'ai envoyé ce courriel à trois bons prêtres à Québec, pour
qu'ils me corrigent si je suis en train de vous induire en erreur.
(Bien sûr, j'ai encore masqué soigneusement votre nom et
votre adrélec.)

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