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Emmett Cardinal Carter; Pierre Elliott Trudeau; Henry Morgentaler
Au moment où on se parle, au Canada, n'importe qui peut tuer n'importe quel enfant à naître, pour n'importe quelle raison, de la conception à la naissance [note 9]. Néanmoins, il y a environ 40 ans, l'avortement était un crime. Que s'est-il passé? Comment le Canada est-il «tombé en amour avec l'infanticide»? Comment sommes-nous passé d'un pays ou il était horriblement mauvais pour les parents d'assassiner leur propre enfant, à un pays qui glorifie l'avortement, à un pays où tuer les enfants est un «droit fondamental» payé avec nos impôts, à un pays où même se tenir trop près d'un avortoir avec une pancarte pro-vie va vous faire aboutir en prison?
Dans ce bref essai, je vais tenter d'expliquer comment le Canada est tombé en amour avec la tuerie de ses propres enfants.
Primo, je ne suis ni historien, ni sociologue, ni un quelconque autre expert, et SVP contactez-moi si vous remarquez une erreur dans mes faits ou mon raisonnement.
Secundo, le mot «brève» dans le titre est presque synonyme avec «incorrect». L'histoire de l'avortement est comme l'histoire de presque n'importe quel autre changement social: il s'est produit graduellement. «L'histoire de fait pas de sauts», et plusieurs personnes humaines ne changent pas d'idée complètement, du jour au lendemain. La métaphore habituelle pour expliquer ceci est la pente glissante. Vous commencez en haut de la pente, et éventuellement vous aboutissez en bas, mais entre ces deux événements, vous occupez des positions spécifiques sur cette pente glissante, une après l'autre, et chaque nouvelle position est très proche de la précédente, mais juste un peu plus près du fond.
Tertio, le mot brève dans le titre n'est pas seulement trompeur parce que les grands changement sociaux sont graduels, mais aussi parce que les grands changements sociaux exigent la présence de plusieurs facteurs, c'est-à-dire que le phénomène est multi-factoriel. L'histoire de l'avortement au Canada ne peut pas être expliquée avec un seul facteur, ou une seule personne, ou un seul événement. Plusieurs facteurs entrent en jeu, et je ne réussirai probablement pas à tous les mentionner (mais bien sûr, je vais essayer de parler des plus importants).
Avortements au Canada, de 1968 à 2007
Combien d'avortements se sont produits au Canada, à chaque année, de 1968 à 2007? Selon Statistiques Canada:
1968 |
Pas trouvé de données |
1970 |
11 152 |
1975 |
50 705 |
1980 |
72 099 |
1985 |
69 216 |
1990 |
92 901 |
1995 |
106 658 |
Il faut être prudents avec ces chiffres:
Avant 1988, on considérait que la couverture des avortements pratiqués au
Canada était de 100 %. En janvier 1988, la Cour suprême du Canada a annulé la
loi sur l'avortement de 1969 et certains hôpitaux et ministères provinciaux de
la Santé répondants ont interprété cette mesure comme ne les obligeant plus à
produire une déclaration aux fins de l'Enquête sur les avortements
thérapeutiques. [...] au niveau fédéral [...] Statistique Canada a
choisi de traiter [l'Enquête] comme une enquête à participation «volontaire»
[note 1, p. 4].
Réduction de l'ensemble de données de base [...] il est de plus en plus
difficile de répondre aux demandes, puisqu'on ne possède des renseignements
détaillés que pour 43 % des avortements seulement [...] aucune donnée n'est
recueillie sur [...] la raison de l'avortement
[note 1, p. 10].
Avortements médicaux (pharmaceutiques [c'est-à-dire avec la pilule abortive]):
Étant donné l'introduction récente de l'avortement médical, il devient de plus
en plus difficile d'assurer la collecte de données sur tous les avortements
provoqués. Ainsi, on ne sait pas si des avortements médicaux sont pratiqués
dans les cabinets des médecins, en plus des hôpitaux et des cliniques qui sont
les lieux habituels.
[note 1, p. 3].
Cette dernière mise-en-garde est importante si vous considérez que dans les écoles du Québec, l'infirmière peut donner des pilules abortives à une fille. Pas d'avertissement aux parents, pas d'ordonnance du médecin, pas de rapport à Statistiques Canada. [note 2]. Le nombre d'avortements est probablement encore en train d'augmenter, quoique Statistiques Canada nous dise.
Voir aussi statistiques de Éco-Santé Québec [note 8].
Après avoir survolé les changements dans le nombre des avortements, regardons quelques dates importantes dans l'évolution des lois canadiennes en matière d'avortement.
Pendant des milliers d'années, tuer les enfants à naître était interdit dans la société occidentale. [...] en 1803, à cause d'améliorations dans la connaissance du développement de la vie humaine dans l'utérus, la Grande-Bretagne a adopté la Loi de Lord Ellenborough. Cette loi déclarait que l'avortement était un crime et une infraction grave à tout moment après la conception. [...] Les interdits britanniques avaient force de loi au Canada lorsque le Canada a rédigé son propre Code Criminel qui est entré en vigueur en 1893 [note 3, 10.1].
1968.
Deux événements importants se sont produits en 1968. D'abord, Pierre Elliot Trudeau a été élu Premier ministre du Canada. Deuxièmement, le chef de la Conférence des évêques catholiques du Canada, Emmett Cardinal Carter, et les autres évêques canadiens ont signé la Déclaration de Winnipeg.
Trudeau est important car il était profondément en faveur de l'avortement (de même que pro-divorce, pro-sodomie, etc.), et a eu recours à toutes les tactiques pour manipuler le Canada, afin de faire accepter l'avortement. Par exemple, il ne cessait de dire qu'il était un bon catholique (même si l'Église enseigne que vous êtes automatiquement excommunié si vous êtes obstinément pro-choix). Il louangeait les avorteurs comme Henry Morgentaler comme étant «un bon ami, un grand philanthrope et un vrai humaniste». Il empêchait les gens de son propre parti de s'opposer à l'avortement. Il a habilement fondé toutes les lois canadiennes sur la Charte des droits et libertés, qui est lui-même un document vague ayant besoin d'interprétation, et il a confié cette interprétation à la Cour Suprême, elle-même constituée de juges pro-choix que lui seul nommait à vie! [note 4].
La Déclaration de Winnipeg est importante parce que, qu'on le veuille ou qu'on ne le veuille pas, l'Église catholique avait encore beaucoup d'influence dans ce temps-là. Presque toute ville au Canada a une église catholique, et souvent une école catholique. La majorité des chrétiens canadiens est catholique au moins de nom. De façon encore plus importante, pour les 38 dernières années environ, avec une exception de cinq mois pour Kim Campbell et l'élection récente de Stephen Harper, chaque Premier ministre a prétendu être catholique. La Déclaration de Winnipeg, en gros, a coupé le Canada du Pape et donc de l'Église catholique. Cette Déclaration enseigne une hérésie, c'est-à-dire que «votre conscience décide», que le bien et le mal ne sont pas objectifs, mais plutôt subjectifs. (Cette hérésie a été condamnée par le Pape Jean-Paul II quelques années plus tard, mais les évêques canadiens n'ont jamais rétracté la Déclaration de Winnipeg.)
1969.
Le projet de loi C-150, par le Premier ministre Pierre Trudeau et le Ministre de la justice John Turner, a amendé l'Article 251 du Code Criminel du Canada. L'article 251 disait que l'avortement était un crime, mais la sous-section 4 fournit habilement un échappatoire qui ne va que s'agrandir avec le temps. Les avortements sont maintenant «légaux», lorsque pratiqués par un médecin dans un hôpital après approbation de la procédure par un «Comité d'avortement thérapeutique», qui juge que la vie ou la santé d'une femme «est ou serait probablement influencée par la poursuite d'une grossesse».
Bien sûr, si des gens peuvent se regrouper et décider de tuer une personne humaine innocente, alors il n'y a rien de mal avec l'avortement! Cet ingénieux cheval de Troie prendra plusieurs années pour déployer toutes ses conséquences maléfiques.
1973.
Henry Morgentaler annonce qu'il a, dans l'illégalité, avorté 5 000 enfants. Au mois de mai de cette année, il permet aux caméras de télévision de le montrer en train d'avorter un enfant dans son avortoir. L'avortement est diffusé, le jour de la Fête des mères, sur le réseau national. Il est arrêté de nouveau, mais acquitté par un jury. C'est là un des exemples de «désensibilisation» de la population canadienne par les médias. En répétant continuellement que l'avortement est OK, que les pro-vie sont violents et irrationnels, que les avortements sont un «droit des femmes», et ainsi de suite, les médias canadiens continuent de «tordre» les mentalités canadiennes. Une de leurs tactiques fondamentales peut s'appeler la manipulation verbale. Les enfants à naître deviennent des «grossesses non-désirées» ou «le corps d'une femme», les avortements tout court deviennent les «avortements thérapeutiques», puis ils deviennent des «interruptions volontaires de grossesse», les pro-avortement deviennent les «pro-choix», les bons chrétiens deviennent des «fondamentalistes», la pilule abortive devient «la pilule du lendemain», et ainsi de suite. Parmi les coupables sont les journaux Globe and Mail et Le Devoir, la revue Châtelaine, etc.
Aux USA, les lois sur l'avortement qui protègent les enfants sont cassées dans 46 états par la tristement célèbre décision Roe v. Wade. Puisque le Canada suit normalement son gros voisin du sud, il était déjà clair, à ce moment, ce qui allait arriver au Canada.
1982.
La Charte canadienne des droits, qui nie complètement les droits de l'enfant à naître, devient partie intégrante de la nouvelle Constitution canadienne. (Souvenez-vous que maintenant toutes les lois dépendent de cette Charte, qui est intentionnellement vague.) Bertha Wilson, une militante pro-avortement, est nommée à la Cour suprême du Canada. Henry Morgentaler planifie des avortoirs illégaux à Toronto et à Winnipeg.
1988.
La Cour suprême du Canada casse l'Article 251 du Code Criminel, l'article régissant l'avortement, le déclarant inconstitutionnel. [note 5], [note 6]. La Charte canadienne des droits et libertés montre son vrai visage: un outil pour l'ingénérie sociale faite par les tribunaux. Le Canada est suspendu dans un vide juridique depuis ce temps. Puisque ce qui n'est pas interdit, est permis, ceci signifie que, en pratique, n'importe qui peut tuer n'importe quel enfant à naître pour n'importe quelle raison, de la conception à la naissance.
Depuis 1988, les lois sur l'avortement au Canada ne sont plus qu'une question «d'entretien périodique». De temps en temps, un député tente de mettre de l'avant un projet de loi, mais le Premier ministre l'étouffe rapidement (un exemple récent étant C-291 par Léon Benoit, en 2006 [note 7]). Une autre manière de faire cet «entretien périodique» est de continuer à attaquer la morale et la famille (l'échangisme légalisé, la glorification juridique des unions homosexuelles, etc.), comme ça nul n'a le temps de songer à l'avortement.
Ce qui est arrivé aux lois sur l'avortement au Canada durant une période de 40 ans n'aurait pas été possible sans la collaboration directe d'évêques catholiques corrompus, de Premiers ministres corrompus, et de médias corrompus.
[1] Qualité des données de l'Enquête sur les avortements thérapeutiques [lien brisé: www.statcan.ca/francais/sdds/document/3209_D4_T2_V5_F.pdf], sur le site web de Statistique Canada. Le lien suivant est-il le remplaçant: Enquête sur les avortements thérapeutiques?
[2] Les infirmières du Québec vont prescrire des pilules abortives aux écolières, 26 avril 2005.
[3] Manuel d'information sur l'avortement pour les législateurs canadiens, bureau des affaires nationales de Campaign Life Coalition, mis à jour juillet 2002.
[4] Le vrai Pierre Trudeau: Père de la société canadienne permissive, par Steve Jalsevac.
[5] R. v. Morgentaler, 1988 CanLII 90 (S.C.C.)
[6]
«Plutôt que de viser le statut constitutionel du droit d'obtenir un avortement,
les raisons de la majorité mettent l'accent sur les défauts de procédure
de la loi. Cela a permis à la Cour d'invalider les dispositions et de
laisser le champ libre au Parlement pour qu'il remette en vigeur des mesures
qui corrigent les défauts et conservent certaines limites à l'avortement.
À cause de l'incapacité du Parlement à promulguer une loi remplaçante,
l'avortement a de fait été légalisé au Canada.»
Top
10 Charter Cases: As revealed at the Symposium on the 25th anniversary
of the Charter, A tribute to Chief Justice Roy McMurtry (2007-avril-12)
[7] Le National Post confirme que les Conservateurs ont torpillé le Projet de loi Benoît à cause des peurs concernant l'avortement, par Steve Jalsevac.
[8] Taux d'interruption volontaire de grossesse (IVG), selon Éco-Santé Québec.
[9] Au Canada, un bébé n'est pas considéré comme une personne humaine tant qu'il ou elle n'a pas complètement quitté le canal de la naissance:
223. (1) Un enfant devient un être humain au sens de la présente loi lorsqu'il
est complètement sorti, vivant, du sein de sa mère: a) qu'il ait respiré ou
non; b) qu'il ait ou non une circulation indépendante; c) que le cordon
ombilical soit coupé ou non.
Code
criminel du Canada.
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