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Comment organiser un débat politique

Avançons malgré les dangers, tous solidaires grâce à notre amour du Bien Commun!
Avançons malgré les dangers, tous solidaires grâce à notre amour du Bien Commun!
[Source]

1) Introduction

Pourquoi devrait-on organiser un débat politique? Quels sont les pièges à éviter? Et comment s'y prendre en pratique pour l'organiser?

Je suis loin d'être un expert, mais voici quelques suggestions.

(Puisque les débats peuvent être soit oraux soit écrits, vous devriez aussi lire «Qui dit vrai?», qui explique comment organiser des débats dans une revue, par opposition à des débats dans une salle avec des gens et des microphones.)

2) Quels sont les avantages d'un débat politique?

Le premier avantage d'un débat politique est qu'il stimule l'intéret des électeurs. La plus belle démocratie au monde est vouée à la disparition si les citoyens s'en fichent. Et au Canada de nos jours, les taux de participation aux élections baissent de manière épeurante, et la tendance semble malheureusement stable.

Le deuxième grand avantage d'un débat politique est qu'il permet d'éduquer les électeurs rapidement et complètement. En effet, un bon débat politique permet aux électeurs d'évaluer tous les candidats:

- Intellectuellement: Sont-ils au courant de tous les pires problèmes de notre pays? Ont-ils des solutions réalistes à proposer? Sont-ils capables de résumer leur pensée et de l'exprimer clairement?

- Moralement: Sont-ils courtois durant la bagarre verbale? (S'ils ne gouvernent pas leur bouche et leurs émotions durant un petit débat, comment pourraient-ils gouverner tout un pays? S'ils se comportent comme si les autres candidats étaient leurs ennemis, plutôt que des compagnons de cordée tous solidaires grâce à leur amour du Bien Commun, comment pourront-ils travailler en équipe au Parlement?)

3) Quels sont les pièges à éviter?

Le premier piège à éviter est la fraude électorale: Ne pas inviter tous les candidats. Le peuple a demandé d'avoir tous les choix au menu, ce n'est pas à l'organisateur du débat de censurer ce menu.

Un deuxième piège très fréquent de nos jours est le pseudo-débat qui est en fait un concours de beauté. (On empêche les candidats de débattre entre eux en tant que tel.) Ceci empêche d'évaluer les candidats intellectuellement et moralement. En effet, un candidat peut mentir comme il respire, mais les autres candidats ne peuvent pas le confronter à son mensonge. De plus, les candidats n'ont pas besoin de prouver qu'ils sont capables de se gouverner eux-mêmes dans le feu de l'action, car il n'y a pas de «feu de l'action»!

4) Comment s'y prendre?

Quelques bribes qui me semblent avoir du bon sens:

4.1) Inviter tous les candidats. Étant donné les horaires serrés durant une campagne électorale, il faudrait des limites, du genre: Tous les candidats doivent être invités d'avance, avec le mot «avance» défini comme un tiers de la durée totale de la campagne électorale.

4.2) Publiciser le débat le plus longtemps d'avance. Idéalement, le Directeur Général des Élections rajouterait à la page web de chaque circonscription, une section: «Débats», qui donnerait dates et lieux de tous les vrais débats.

4.3) Permettre à tous de se préparer aux questions. J'aime bien le format style «potluck» («dîner-partage», où chaque personne apporte un plat qu'elle partage avec les autres convives). Chaque candidat contribue une question. (Cette question est choisie pour faire bien paraître ce candidat, et faire mal paraître tous les autres candidats, c'est de bonne guerre!) Toutes les questions sont affichées d'avance sur l'Internet. Un autre avantage de ce format, c'est que les organisateurs n'ont pas à se creuser la tête pour trouver des questions, même si c'est probablement une bonne idée qu'ils contribuent quelques questions pour donner une «couleur locale» au débat.

4.4) Organiser matériellement le débat. Grande salle, suffisamment de chaises, salles de bains, sécurité (nombreuses sorties faciles d'accès, détecteurs de feu, etc.), accès pour handicappés, sonorisation, lutrins ou table pour que les candidats puissent avoir crayon et papier et bouteille d'eau, etc.

4.5) Modérateur. Quelqu'un doit être désigné pour donner le droit de parole. Peut-être un tableau magnétique avec des cartons sur lesquels les noms des candidats sont écrits? (Assez gros pour que les spectateurs puissent le voir.) On pige au hasard les cartons, en les collant sur le tableau, pour établir au hasard l'ordre dans lequel ils parlent. On peut re-piger au hasard à intervalles régulières durant le débat, pour éviter d'avoir toujours le même qui commence, etc.

Quel algorithme pour concéder les droit de parole? J'imagine:

- Si nulconque lève la main, le prochain sur le tableau magnétique;
- Si plusieurs personnes lèvent la main en même temps, la première main levée sur le tableau magnétique;
- Si un candidat veut poser une question à un autre candidat, alors cet autre candidat parle le suivant;
- Après avoir parlé, le candidat voit son nom se faire mettre au bas du tableau magnétique. En d'autres mots, il se fait renvoyer «à l'arrière de la file d'attente».

4.6) Le gardien du temps. Une personne doit être munie d'un chronomètre pour noter combien de temps chaque candidat parle. Chaque candidat commence le débat avec une «banque de minutes». Un candidat peut intervenir aussi longtemps qu'il veut, aussi souvent que le modérateur lui accorde le droit de parole, mais quand il a épuisé ses minutes, il doit se taire pour le reste du débat. À lui de gérer sagement son temps, comme il devra sagement gérer les impôts du contribuable, s'il est élu! (Je recommande aussi à chaque candidat d'avoir son téléphone intelligent en mode «minuterie», pour aider le gardien du temps en cas d'erreur.)

4.7) Le «porte-crachoir». Il est remarquablement facile d'avoir un seul micro, avec un long fil, et une personne qui sert de porte-micro. Cela facilite la vie du modérateur (il peut mieux gérer «qui a le crachoir», ainsi que celle du gardien du temps (il y a nécessairement des petites pauses le temps que le micro se rende d'un candidat à l'autre). Je ne veux pas être bête et méchant, mais peut-être qu'il serait bon que les candidats ne puissent pas toucher au micro. Toucher au micro serait un «Carton Jaune» pour ce candidat.

4.8) Faire voter tous les spectateurs au début. Après un débat, la première question posée est «Qui a gagné?» Il semble donc approprié de faire voter tous les spectateurs avant et après le débat. De plus, commencer par faire voter les spectateurs permet de faire quelque chose en attendant l'heure du début officiel du débat, tout en réhaussant l'atmosphère (ça va «chauffer»!).

4.9) Commencer par un petit tour de table. Je suis contre les pseudo-débats, mais un «mini concours de beauté» avant de commencer le débat en tant que tel semble tout-à-fait approprié.

4.10) Faire le débat en tant que tel. Enfin! On laisse les candidats nous démontrer qui est le meilleur! Comme un bon arbitre au hockey, le Modérateur doit laisser les joueurs jouer, en intervenant le moins possible. Malheureusement, la nature humaine étant ce qu'elle est, après le Péché Originel, il faudra peut-être que le Modérateur montre des «Carton Jaunes» ou même un «Carton Rouge».

4.11) Terminer par le deuxième vote, et les rencontres personnelles. Il faut pouvoir aller serrer la main des candidats dans notre circonscription. Dans une démocratie représentative, il faut apprendre à connaître ceux qui nous représentent au Parlement. Le vote après-débat des spectateurs se place bien ici, car il se combine bien avec les rencontres personnelles.

Personnellement, j'admire encore la petite fille en Secondaire V qui avait organisé un débat entre tous les candidats dans Louis-Hébert en 2006. Elle avait tout bêtement pris le téléphone, appelé tous les candidats, réservé une salle dans son école (après les heures de classe), et trouvé un micro. Oui, un seul micro qu'on se passait de candidat en candidat! Un tel débat est à peu près gratuit à organiser. (Strictement parlant, malheureusement, cette pauvre petite fille avait organisé un concours de beauté et pas un débat, mais aucun de ses professeurs ne l'avait averti de cette erreur fréquente).

5) Conclusion

Liberté d'expression.
[Source]

Un vote qui n'est pas précédé de bons débats n'est pas un vote, mais une drogue hallucinogène. Un tel pseudo-vote devient une «drogue sociale» qui anesthésie les citoyens, afin qu'ils ne sentent pas le couteau de la tyrannie qui leur transperce lentement la démocratie.

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