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«Je vais vous dire ce que le Gouvernement devrait faire!»
(Sir Edwin Landseer. Faire appliquer la loi.
Source)
Assez régulièrement, je reçois des courriels me demandant de signer une pétition électronique, pour dénoncer telle ou telle situation auprès du gouvernement. Devrait-on signer de telles pétitions?
Bien sûr, la plupart de ces pétitions sont légitimes, mais votre premier réflexe devrait être de soupçonner une fraude. J'ai déjà reçu un courriel d'une personne très fiable, qui me demandait d'appeler à un certain numéro de téléphone pour voter contre le «mariage» homosexuel. C'est ce que j'ai fait, et j'ai ensuite acheminé ce courriel à toute ma liste d'envoi. Ensuite, on s'est aperçu que c'était en fait un sondage en faveur des chiens pit-bull! Ouille! J'ai été mordu par mon étourderie!
Une bonne règle est:
Ne donnez jamais plus d'information sur vous-même, que ce qu'ils vous disent sur eux-mêmes!
Les honnêtes gens n'ont rien à cacher, et vont mettre leur photo, leur numéro de téléphone, leur adresse, etc., sur leur site web.
En présumant maintenant que la pétition n'est pas une fraude, je trouve quand même que la plupart d'entre elles ont un ou plusieurs des défauts suivants:
3.1) Beaucoup d'affirmations, avec peu ou pas de preuves. Souvent les pétitions n'ont qu'un titre, une liste de noms et quelques arguments très rhétoriques (et même superficiels), et c'est tout! Pourtant, c'est si facile de nos jours d'ajouter les hyperliens vers les sources d'information premières (non pas secondaires). N'oublions pas qu'un des pires ennemis de la démocratie, c'est l'obscurantisme religieux!
3.2) Confusion entre une pétition, et des «pourriels». Certaines pétitions ne sont même plus de vraies pétitions, mais des tentatives de «noyer» le Gouvernement avec des «pourriels». Il y a une différence importante entre une seule lettre, bien écrite et bien argumentée (avec des hyperliens vers les sources premières), qui est appuyée par une longue liste de signatures (avec adresses, numéros de téléphone et courriels!), et une stupide «tempête de pourriels». Plusieurs politiciens essaient réellement d'être à l'écoute des gens qu'ils représentent, et ils fournissent donc des moyens de les rejoindre assez directement (adrélec, adresse postale, etc.). Si chaque personne envoie un courriel, ou une carte postale, cela va surcharger le système, et tout simplement punir les politiciens qui essayent d'être proches du peuple, et récompenser ceux qui s'isolent dans leur tour d'ivoire!
3.3) Pas de référence à «l'autre côté de la médaille». Si un problème est assez grave pour causer des débats et même des dissensions, alors nécessairement il y aura d'autres points de vue. C'est l'élémentaire honnêteté intellectuelle de dire aux gens où aller pour obtenir «l'autre côté de la médaille», surtout si on les presse de décider qui a raison!
3.4) Pas de personne responsable avec ses coordonnées. Toute pétition devrait avoir au moins une personne responsable (une vraie personne, en chair et en os), avec ses coordonnées (et pas seulement une adrélec ou un casier postal). Laissez les masques au terroristes!
3.5) Pas de juste notion de la nature du Gouvernement. Un des pires «virus intellectuels» qui puissent infecter une démocratie, c'est l'idée que «Le Gouvernement» est différent de «Nous». Selon cette fausse notion, on peut insulter et attaquer le Gouvernement, sans se punir nous-mêmes. Bien sûr, certains politiciens peuvent faire des erreurs contre lesquelles il faut lutter, mais il ne faut pas attaquer «le Gouvernement» comme s'il était une sorte de corps étranger. Imaginez quelqu'un qui se donnerait des coups de couteau dans les jambes en disant: «Sales jambes, méchantes jambes! Kin toué !», pour ensuite se surprendre quand il avait de la difficulté à marcher!
(Source)
Ce dernier défaut mérite une réflexion plus approfondie. D'une certaine manière, une vraie bonne pétition est beaucoup plus qu'une feuille avec des signatures. Une bonne pétition est une sorte de «petite bouteille contenant de la butance politique».
La «butance», ou «prudentia» en latin (à ne pas confondre avec la prudence ou cautio en latin), est la plus importante des quatre vertus cardinales [voir la Somme théologique, II-II, q. 47-51]. C'est la vertu morale permettant de bien voir le but, et de déterminer les bons moyens pour l'atteindre (d'où notre néologisme «butance»). Un bon politicien par définition est une personne qui a la vertu de «butance politique», qui lui permet de bien voir le but (le bien commun de la société dont il ou elle a la charge), et les moyens à prendre pour atteindre ce but (que ce soit le bon taux d'imposition, les lois à adopter ou abroger, les incitatifs ou punitions à utiliser, etc.).
De par le fait même qu'on offre une pétition à un Gouvernement, on lui dit en quelque sorte: «Cher Gouvernement (qui n'est que nous-mêmes en dernière instance), nous pensons que ta réflexion butancielle, pour tel dossier spécifique, peut être améliorée. Sachant que tu es débordé de travail, et tiraillé de toutes parts par les demandes des citoyens, nous avons voulu t'aider. Voici donc le fruit de nos mûres réflexions.»
Pour faire une bonne pétition, il faut savoir comment bien gouverner, au moins un peu. Éventuellement, je vais essayer de fournir des hyperliens vers des ressources expliquant comment bien gouverner, dans la section Politique du site.
Efforçons-nous de faire de bonnes pétitions électroniques! Ne vandalisons pas notre propre démocratie!
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