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SS Obersturmbannführer
Adolf
Eichmann,
et l'archevêque
Donald
W. Wuerl
D'abord, un peu de contexte, grâce au P. Richard Neuhaus: «Lorsque la susmentionnée Nancy Pelosi [une politicienne systématiquement pro-avortement aux USA, a récemment] organisé un gala de quatre jours à Washington, pour célébrer son identité familiale, ethnique et - très explicitement - catholique, les gens attendaient avec hâte ce que dirait le nouvel archévêque de Washington, Donald Wuerl. Il n'a rien dit. Une partie des festivités se déroulaient durant une Messe à Trinity College, une institution catholique à Washington. Le célébrant de la Messe était le P. Robert Drinan, un jésuite qui, plus que tout autre, a été celui qui a aidé à montrer aux politiciens catholiques l'acceptabilité de rejeter les enseignements de l'Église concernant la défense de la vie humaine innocente.»
Aussi, n'oubliez pas qu'en ce moment, environ 4000 enfants à naître sont assassinés à chaque jour aux USA.
De Amy [Welborn]: L'archévêque de Washington Donald Wuerl répond à la question chaude de l'heure:
Lorsque [Wuerl] a commencé à répondre aux questions, une femme a demandé comment il réagirait face aux politiciens catholiques qui appuyent l'avortement légal.
Sa réponse fut: «enseigner».
«C'est ce que Jésus a fait», a-t-il dit. «Tous ont-ils accepté cet enseignement? Non. ... Mais il n'a pas cessé d'enseigner. C'est un travail de longue haleine.»
C'est difficile de penser à un cas où l'enseignement épiscopal a, en fait, causé un adoucissement de la position d'un politicien catholique pro-choix (encore moins de se repentir d'une telle position), mais prenons au pied de la lettre les paroles de Wuerl. La question de suivi est: par «enseigner», voulez-vous dire de simplement répéter la doctrine, ou incluez-vous les remontrances aux catholiques qui la rejettent?
Étant donné l'anniversaire d'aujourd'hui - 34 ans depuis la décision Roe vs. Wade - revenons trois autres décennies en arrière pour considérer un autre «dossier de la vie» en jeu, c'est-à-dire le sort des juifs en Allemagne Nazie. Le rôle approprié du clergé chrétien - en Allemagne, en 1943 - était-il d'éduquer (en insistant sur le positif et en donnant le bon exemple) ou un rôle qui incluait des remontrances personnelles pour les individus qui violaient outrageusement la loi morale?
Dans son livre Eichmann à Jérusalem: Un rapport sur la banalité du mal, Hannah Arendt parle de l'initiative prise par un groupe de clercs protestants, menés par un certain Pasteur Heinrich Grüber, pour intervenir auprès des autorités Nazies «au nom des juifs qui ont été blessés durant la Première guerre mondiale, et au nom de ceux qui ont reçu de hautes décorations militaires; au nom des gens âgés et des veuves de ceux qui sont morts durant la Première guerre mondiale». Ces catégories de juifs (que Grüber proposait d'exempter de la déportation aux camps d'extermination) correspondaient à celles qui avaient été exemptées au départ par les Nazis eux-mêmes, mais qui plus tard (après la Conférence Wannsee) ont été envoyées à la machinerie de destruction comme les autres. Arendt admire Grüber, et nous le présente pour que nous l'admirions aussi, mais ensuite mentionne un fait perturbant, concernant un épisode dans le procès d'après-guerre de Eichmann pour des «crimes contre l'humanité», procès pour lequel Grüber était à la barre des témoins:
L'avocat de la défense de Eichmann, le Dr Robert Servatius, pris pour une fois l'initiative et demanda au témoin une question hautement pertinente: «Avez-vous tenté d'influencer [Eichmann]? Avez-vous, en tant que Pasteur, essayé de faire appel à ses émotions, l'avez-vous exhorté, lui avez-vous dit que sa conduite était contraire à la morale?» Bien sûr, le courageux Pasteur n'avait rien fait de tel, et ses réponses étaient maintenant très embarassantes. Il répondit que «les actions parlent plus que les mots», et que «les mots auraient été inutiles»; il parla avec des clichés qui n'avaient rien à faire avec la situation concrète, où «de simples mots» aurait été des actions, et où il aurait été peut-être le devoir d'un pasteur de tester «l'inutilité des mots». Encore plus pertinente que la question du Dr Servatius, fut ce que Eichmann dit lui-même à propos de cet épisode dans sa dernière déclaration: «Nulconque», a-t-il répété, «n'est venu me voir pour me reprocher quoi que ce soit dans l'exécution de mon devoir. Pas même le Pasteur Grüber prétend l'avoir fait.» Il ajouta ensuite, «il est venu me voir et a tenté de diminuer les souffrances, mais il ne s'est pas opposé à l'exécution de mon devoir en tant que tel».
Nulconque n'est venu me voir pour me reprocher quoi que ce soit dans l'exécution de mon devoir. Cela aurait-il fait une différence si Grüber l'avait fait? Peut-être, peut-être pas. Mais comme Arendt le remarque laconiquement, on aurait tendance à penser qu'un homme d'Église, plus que tout autre citoyen, aurait pu mettre de côté les calculs de probabilités politiques et - comme le prophète Nathan en présence du roi David [2S 12:7] - donné une remontrance tout simplement parce qu'elle était vraie. En regardant la crise Nazie de loin, quels gestes aurions-nous souhaité que pose notre clergé?
Si Wuerl devait faire des remontrances aux catholiques pro-avortement individuellement, devrait-il publiciser ces remontrances? Pas nécessairement. Il jugerait peut-être qu'il faut laisser le temps agir. Mais de garder le silence sur ces remontrances sert - et sert seulement - les objectifs des malins.
Alors, M. l'archévêque, ne vous gênez pas pour enseigner. Mais ne perdez pas de vue les 4000 mauvaises réponses qui sont données quotidiennement. C'est important.
Copyright © 2005 Catholic Culture. Traducteur: SJJ
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