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(Bartolomé Esteban Murillo. Saint Léandre.
Source)
Pourquoi les catholiques prétendent-ils que le Pape est spécial? Pourquoi entend-on parler de ces histoires «d'infaillibilité papale»?
La première étape dans l'étude de quoi que ce soit est d'éviter l'erreur, les rumeurs, les préjugés et la crédulité. Si nous voulons étudier ce que l'Église catholique enseigne concernant «l'infaillibilité papale», il faut écouter ce que l'Église catholique prétend, pas ce qu'on a ramassé dans les égouts, ou dans une tribune téléphonique à la radio.
Voici un exemple de ce qui arrive quand on n'écoute pas soigneusement la prétention officielle qu'une personne fait. Supposons que nous revenions en arrière des centaines d'années, et qu'un savant apparemment fou prétendait avoir tout juste découvert la Loi de la conservation de la masse. Ce savant prétendrait que, dans un système fermé, la masse est apparemment conservée, quelle que soit la réaction chimique.
Après avoir entendu ceci, une personne bien intentionnée mais peu minutieuse aurait pu dire: «Ah! C'est manifestement faux, et je vais le prouver!» Alors cette personne aurait pesé une chandelle, l'aurait allumée, puis après avoir laissé la chandelle brûler jusqu'au bout, elle aurait pesé de nouveau la chandelle et aurait proclamé triomphalement: «Vous voyez, c'est exactement ce que je disais! La masse n'a pas été conservée après la réaction chimique de la combustion!»
Le savant aurait répondu gentiment: «Désolé, Monsieur, mais j'ai explicitement dit dans un système fermé. Si vous préparez un système fermé, supposons avec un gros bocal en vitre avec un couvercle étanche à l'air, que vous placez une chandelle à l'intérieur, et ensuite pesez tout l'appareillage (la chandelle, le bocal, l'air dans le bocal, etc.), ensuite (en utilisant une minuterie) vous allumez la chandelle, vous allez constater que la masse va être apparemment conservée quand vous allez tout repeser une fois la chandelle consumée.»
C'est un peu la même chose pour l'Infaillibilité papale. Plusieurs personnes bien intentionnées mais peu minutieuses disent: «Il y a déjà eu un Pape qui avait la syphilis, ou qui avait commis un quelconque autre péché, donc les Papes ne sont pas infaillibles». Sauf que l'Église n'enseigne pas «l'impeccance papale» (c'est-à-dire l'impossibilité de pécher), mais bien que:
Pour maintenir l'Église dans la pureté de la Foi transmise par les Apôtres, le Christ a voulu conférer à son Église une participation à sa propre infaillibilité, Lui qui est la Vérité. [...]
De cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit
du fait même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous
les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la Foi, il proclame, par un
acte définitif, un point de doctrine touchant la Foi et les moeurs [...].
Catéchisme
de l'Église Catholique, Nos. 889 et 891.
Dit de manière vulgarisée, cela veut dire que Dieu a donné à son Église une «Recette de Salut», et que cette recette, si on la suit soigneusement, va toujours acheminer les gens au Ciel.
«L'Infaillibilité papale» ne concerne que cette «Recette de Salut», pas toutes les autres choses que fait le Pape. Par exemple, le gouvernement de l'Église par le Pape n'est pas infaillible [Denzinger N° 3116]. Comme vous pouvez vous l'imaginer, si le gouvernement de l'Église n'est pas «couvert par la garantie», alors encore moins le «gouvernement de soi-même» du Pape! En d'autres mots, le Pape peut commettre des péchés, et aboutir en Enfer comme vous ou moi.
On peut arriver à la même conclusion plus rapidement: environ 30% des Papes sont canonisés. Si l'Église prétendait que les Papes étaient doués d'impeccance, alors Elle canoniserait 100% des Papes!
On peut considérer toute cette situation d'une autre perspective, celle du sociologue. Un sociologue étudiant diverses religions va probablement remarquer que les religions ont une sorte de concept de «Salut», et une quelconque «série de gestes qui doivent être posés par les fidèles» pour obtenir ce «Salut».
Si cette «Recette de Salut» est contenue dans la tête d'un chef de secte, alors fort probablement que cette religion n'aura pas la notion «d'infaillibilité papale», puisque ce chef de secte va généralement prétendre qu'il est Dieu, ou du moins qu'il a une connection haute-vitesse et sécurisée avec Dieu. Mais dès que cette «Recette» est contenue dans un livre, le problème de «l'interprétation correcte» du livre apparaît.
Ceci est une idée philosophique très importante, alors prenons un peu de temps pour l'examiner.
Les livres ne parlent pas, et les livres ne peuvent pas dire à leur lecteur: «Holà mon pote! Tu ne m'interprète pas bien!» La raison sous-jacente est la nature même du mot. Un mot ne signifie pas une chose directement (comme un chat ou une boule de quilles), un mot signifie un concept, et ce concept à son tour signifie une chose réelle (comme ce chat ou cette boule de quilles dont on parlait). Les mots ne nous laissent «parler des choses» que d'une manière indirecte. Et comme vous pouvez le deviner, si notre concept est obscur, ou ambigu, ou même inexistant, le mot ne transmettra pas l'information.
Une autre manière de dire la même chose est de dire que les idées, en soi, sont intransmissibles. Nulconque a jamais transmis l'idée de quoi que ce soit à qui que ce soit. Tout ce qu'on peut faire c'est d'aider la personne qui nous écoute à «re-construire» cette idée dans leur tête, en utilisant les signes matériels qu'on lui donne (comme des tâches d'encre sur du papier, ou des vibrations dans l'air, etc.).
Ceci a des conséquences sérieuses pour toutes les religions qui prétendent avoir des Écritures Saintes. Si quelque chose est écrit, alors nécessairement on peut en faire une interprétation incorrecte. C'est pourquoi un sociologue peut vous montrer que la notion «d'infaillibilité papale» n'est pas seulement présente dans l'Église catholique, mais quelle se retrouve dans la plupart des grandes religions. Bien sûr, cela ne s'appelle pas «infaillibilité papale» dans les autres religions, mais l'idée générale est la même.
Si une «Recette de Salut» fonctionne parfois, et parfois ne fonctionne pas, alors Dieu n'en est pas l'auteur. Et si Dieu a vraiment inspiré des Écritures Saintes, alors l'interprétation correcte de ce livre devra être, d'une quelconque manière, guidée par Dieu lui-même.
Après tout, Dieu n'est pas un cuisinier stupide!
(Pour les lecteurs qui veulent en savoir plus, SVP voyez Un petit cours du Professeur Mahjistair.)
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