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(Rudolph Ernst. La leçon.
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Qu'est-ce que le «Magistère» de l'Église catholique? Et c'est quoi, un «Magistère»? Et comment se fait-il que certains documents du Magistère semblent se contredire?
Je vais essayer de répondre à ces questions, mais veuillez garder en tête la Considération juridique N° 6.
D'abord, considérons ce que le Magistère n'est pas. Ce n'est pas quelque chose de bien bizarre. En fait, le mot même de «Magistère» signifie en gros «professeur» en latin (d'où la blague dans le titre: «Professeur Mahjistair»).
Le Magistère n'est pas un minéral, un végétal ou un animal. Ce n'est pas non plus un être spirituel (comme notre âme, ou un ange, ou Dieu). D'un autre côté, ce n'est pas seulement un concept ou un mot dénué de contact avec la réalité.
Le Magistère a un quelconque rapport à l'Église catholique. Ce n'est pas tel ou tel membre de l'Église, autrement le Magistère serait mort lorsque ce membre serait décédé. Le Magistère produit des documents de papier, mais le Magistère n'est pas la Bible. Les catholiques embrassent la Bible et la portent en procession à chaque Messe, juste avant la lecture de l'Évangile, mais ils n'embrassent jamais et ne portent jamais en procession un document du Magistère.
Les métaphores ne sont pas la réalité, mais elles peuvent souvent nous aider à comprendre la réalité. Une métaphore possiblement utile pour le Magistère serait une sorte de «Coffre-fort magique». Ce coffre-fort magique aurait une porte, mais elle serait soudée en position fermée! Vous ne pourriez pas ni enlever ni mettre des choses dedans! Et en plus, ce coffre-fort pourrait parler, si vous lui posiez des questions! Mais il ne pourrait que donner une des deux réponses suivantes:
Oui M'sieu, les Apôtres ont déposé ça en moi, après que Jésus leur ait donné!
ou
Anathema sit!
(Pour ceux qui connaissent l'anglais plus que le latin, «Anathema sit» n'est pas ce que vous criez à votre chien appelé «Anathema» pour qu'il arrête de courailler partout. Cela signifie qu'une doctrine est hérétique.)
En gros, le Magistère est une «fonction» de l'Église. C'est un peu la même chose pour vous. Si vous savez jouer au tennis, alors vous pourriez dire que ce qui joue au tennis, c'est votre «Tennistère». Et ce qui sarcle votre jardin est votre «Sarclistère»!
Le Magistère est «le quelque chose dans la nature de l'Église» qui fait qu'Elle peut enseigner ce que le Christ a enseigné, sans erreurs, ajouts ou omissions. Écoutons un peu le Magistère nous dire ce qu'il est:
«La charge d'interpréter de façon authentique la Parole de Dieu, écrite ou
transmise, a été confiée au seul Magistère vivant de l'Église dont l'autorité
s'exerce au nom de Jésus-Christ»
[CÉC, N° 85]
«Pourtant, ce Magistère n'est pas au-dessus de la parole de Dieu, mais il la
sert, n'enseignant que ce qui fut transmis»
[CÉC, N° 86]
«Certes, cet usage extraordinaire du Magistère n'introduit aucune nouveauté à la
somme des vérités qui sont contenues, au moins implicitement, dans le dépôt de
la Révélation confié par Dieu à l'Eglise; mais ou bien il rend manifeste ce qui
jusque là pouvait peut-être paraître obscur à plusieurs, ou bien il prescrit de
regarder comme de Foi ce que, auparavant, certains mettaient en discussion.»
[Mortalium
animos, N° 9]
Jusqu'où «s'étend» le Magistère? En gros, trois choses: la Révélation, les choses qui ne peuvent pas être séparées de la Révélation, et la Loi naturelle.
«Le Magistère de l'Église engage pleinement l'autorité reçue du Christ quand il
définit des dogmes, c'est-à-dire quand il propose, sous une forme obligeant le
peuple chrétien à une adhésion irrévocable de foi, des vérités contenues dans
la Révélation divine ou bien quand il propose de manière définitive des vérités
ayant avec celles-là un lien nécessaire.»
[CÉC, N° 88]
«L'autorité du Magistère s'étend aussi aux préceptes spécifiques de la loi
naturelle, parce que leur observance, demandée par le Créateur, est nécessaire
au salut.»
[CÉC, N° 2036]
Manifestement, on ne peut pas aller voir un coffre-fort magique et commencer à lui poser des questions! Il faut aller voir un des successeurs des Apôtres qui sont en communion avec le successeur de Pierre:
«Pour que l'Évangile fût toujours gardé intact et vivant dans l'Église, les
apôtres laissèrent comme successeurs les évêques, auxquels ils transmirent
leur propre charge d'enseignement»
[CÉC, N° 77]
«Le magistère ordinaire et universel du Pape et des évêques en communion avec
lui enseigne aux fidèles la vérité à croire, la charité à pratiquer, la
béatitude à espérer.»
[CÉC, N° 2034]
Quand peut-on entendre parler ce Magistère? En gros, lorsque le Magistère vous dit qu'il est en train de parler:
«De cette infaillibilité, le Pontife romain, chef du collège des évêques, jouit
du fait même de sa charge quand, en tant que pasteur et docteur suprême de tous
les fidèles, et chargé de confirmer ses frères dans la foi, il proclame, par un
acte définitif, un point de doctrine touchant la foi et les moeurs (...).
L'infaillibilité promise à l'Église réside aussi dans le corps des évêques
quand il exerce son Magistère suprême en union avec le successeur de Pierre,
surtout dans un Concile oécuménique»
[CÉC, N° 891]
«L'assistance divine est encore donnée aux successeurs des apôtres, enseignant
en communion avec le successeur de Pierre, et, d'une manière particulière, à
l'évêque de Rome, Pasteur de toute l'Église, lorsque, sans arriver à une
définition infaillible et sans se prononcer d'une «manière définitive», ils
proposent dans l'exercice du Magistère ordinaire un enseignement qui conduit à
une meilleure intelligence de la Révélation en matière de foi et de moeurs. À
cet enseignement ordinaire les fidèles doivent «donner l'assentiment religieux
de leur esprit» qui, s'il se distingue de l'assentiment de la foi, le
prolonge cependant.»
[CÉC, N° 892]
[Ce que le Magistère pense, et ce qu'il veut] «résulte de la nature des
documents, de l'insistance à proposer une doctrine et de la manière même de
s'exprimer.»
[Donum
veritatis, N° 24]
Vous allez souvent entendre des accusations selon lesquelles «le Magistère» a supposément fait une erreur, etc. Voici des cas typiques où le Magistère ne peut même pas parler, et donc ne peut pas se tromper:
8.1) Des évêques parlent, mais ils ne sont pas en communion avec le Pape. Si vous n'êtes pas en communion avec le Pape, vous n'êtes même pas dans l'Église catholique! Écouter de tels évêques pour entendre le Magistère serait aussi ridicule que d'écouter les mots qui sortent de ma bouche, pour savoir ce que vous avez à dire!
8.2) Des évêques parlent, mais ils ne parlent pas en tant qu'évêques (ou Pape). Les évêques et le Pape peuvent déblatérer leurs propres opinions personnelles, même à propos de la Foi et des moeurs.
8.3) Des évêques parlent, mais ils parlent de quelque chose hors de la portée du Magistère. Si vous allez voir votre évêque du coin en communion avec le Pape, et que vous lui demandez le numéro gagnant à la loterie, sa suggestion sera aussi bonne que la mienne ou la vôtre. Le Christ n'a pas donné à Son Église des pouvoirs spéciaux pour les loteries (ou l'astronomie, ou la climatologie, ou le golf, etc.).
Dans certains cas, le Magistère semble se contredire lui-même. Ici, il faut faire attention. Les documents du Magistère sont comme n'importe quel autre document: il faut savoir comment les lire. Certains des conflits apparents peuvent être causés par:
9.1) La confusion des termes. Par exemple, si j'étais le Pape, je fulminerais une condamnation des «valeurs». J'aurais tout-à-fait raison, tant que le mot «valeur» serait défini comme je le voulais, et non pas selon l'autre signification qui est synonyme de «bien». Selon cette deuxième acception, le mot «valeur» est parfois utilisé dans les documents du Magistère. Quelqu'un qui ne connaît pas ces deux sens pourrait conclure de manière erronée que «le Magistère se contredit».
9.2)
La confusion entre ce qui est enseigné, et pourquoi c'est enseigné.
Imaginez que le Magistère avait autorité sur la géométrie, et supposez qu'il
enseignait que: «Un triangle a trois angles, car il y a trois pots de beurre
d'arachides dans mon réfrigérateur». L'argument serait faux, mais cela
n'empêcherait pas l'enseignement d'être vrai. Ce qui est «couvert par la
garantie» est l'enseignement en tant que tel, pas les arguments proposés pour
appuyer cet enseignement.
[Donum
veritatis, N° 34]
9.3)
La confusion entre les jugements prudentiels (ou
butanciels)
réformables, et les enseignements doctrinaux et moraux
irréformables.
«Quant on en vient à la question d'interventions d'ordre prudentiel, il
pourrait arriver que certains documents du Magistère ne soient pas libres
de tous défauts.»
[Donum
veritatis, N° 34]
Mais, «On doit aussi garder en tête que tous les actes du Magistère dérivent de
la même source, c'est-à-dire, du Christ qui désire que Son Peuple marche dans
la vérité entière. Pour cette même raison, les décisions du Magistère dans les
questions de discipline, même si elles ne sont pas garanties par le charisme de
l'infaillibilité, ne sont pas sans l'assitance divine et appellent l'adhésion
des fidèles.»
[Donum
veritatis, N° 17]
De nos jours, l'expression «Herméneutique de la continuité» devient populaire lorsqu'on parle de documents du Magistère. Le Pape Benoît XVI, dans son message de Noël 2005 à la Curie romaine, a utilisé l'expression «herméneutique de la réforme et de la continuité». Qu'est-ce que cela veut dire? C'est simple!
Commençons avec ce mot bizarre «herméneutique». Pour le comprendre, cherchez «herméneutique» dans le dictionnaire, puis remplacez les mots «interprétation correcte d'un texte» avec le mot «chevreuil». Voilà! Maintenant, «l'herméneutique» est ce qui vous permet de revenir d'un voyage de chasse avec un gros chevreuil dans votre camion pickup. Les chasseurs sans cette «herméneutique» reviendraient bredouilles, malgré avoir parcouru la forêt en tout sens, et avoir tiré toutes leurs munitions.
OK, flanquez ces chevreuils dehors et remettez «interprétation correcte d'un texte» dans cette définition. Maintenant, de quelles interprétations parlons-nous?
Durant l'histoire de l'Église catholique, diverses interprétations ont été faites (soit de la Bible, ou des documents du Magistère, etc.). Toutes ces interprétations n'ont pas réussi:
Maintenant, avec la venue de tous les documents du Concile Vatican II (et ceux qui ont suivi ce Concile), d'autres interprétations ont été faites:
C'est ici qu'entre en jeu «l'Herméneutique de la réforme et de la continuité» pour nous guider:
En effet, un des principes les plus importants requis pour lire correctement les documents du Magistère est de garder en tête que c'est un Magistère vivant. C'est comme votre propre corps: votre oeil gauche est d'une certaine façon connecté à votre pied droit, et lorsque vous mettez de la nourriture dans votre estomac, vos poumons finissent par bien manger, etc. Un document du Magistère doit toujours être lu à la lumière de tous les autres documents du Magistère, car ils font, d'une certaine manière, tous partie «d'un gros document vivant». Dans ce sens, tout «Anathema sit» prononcé par le Concile de Trente fait intrinsèquement partie du Concile Vatican II, etc.
10.1) Je pense que le Père John Hunwicke dit la même chose en d'autres mots lorsqu'il parle des bons catholiques qui sont «fidèles aux Papes» (pluriel), par oppostion à être un «extremiste papal [qui n'a] aucun respect pour les Écritures, les Pères, les Crédos, les Conciles, la Tradition, les Papes» (au pluriel). Cet homme bizarre, «lorsqu'un pontificat succède à un pontificat, [...] fait le vide dans son esprit des enseignements de tous les Papes précédents [...], afin d'avoir une tabula rasa sur laquelle inscrire les idiosyncrasies et les opinions obiter que le nouveau Pape s'adonne à posséder».
J'aime aussi la manière dont le P. Hunwicke explique l'origine commune de deux erreurs: «l'hyper-papalisme» et le «sédévacantisme»:
Le Pape est un demi-dieu; Bergoglio n'est clairement pas un demi-dieu; Donc Bergoglio n'est pas pape. Le Pape est un demi-dieu; Bergoglio est pape; Donc Bergoglio est un demi-dieu. LES DEUX SONT DES HÉRÉSIES contraires aux enseignements de Vatican I à propos de l'office pétrinien.
Pour conclure, nous laisserons maintenant le microphone à un autre Professeur, beaucoup plus célèbre, pour qu'Il nous redise:
«Tu es Pierre, et sur cette pierre Je bâtirai Mon Église.»
[Mt 16:18]
«Ceux qui vous écoutent, M'écoutent, et ceux qui vous rejettent, Me rejettent.»
[Lc 10:16]
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