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(Jean-François Millet. Femme faisant paître sa vache.
Source)
Là où l'ancienne éducation initiait, la nouvelle ne fait que conditionner.
L'ancienne traitait ses élèves comme les oiseaux adultes traitent les jeunes
oiseaux
lorsqu'ils leur apprennent à voler: la nouvelle les traite plutôt comme
l'éleveur de volaille traite les jeunes oiseaux, les rendant tels et tels
pour des fins dont les oiseaux ne savent rien.
[C.S. Lewis, The Abolition of Man]
Dans son article dans le New York Times, Nicholas Kristof prétend que «l'interdiction du condom par le Vatican a coûté plusieurs centaines de milliers de vies à cause du SIDA». Son point de vue est entièrement prévisible -- même plutôt redondant, une fois qu'on connaît son employeur. Les catholiques qu'il cite, par contre, devraient en savoir plus.
«Si j'étais le Pape, je construirais une usine à condoms directement au Vatican», m'a dit un prêtre brésilien. «À quoi bon envoyer de la nourriture et des médicaments, lorsque nous laissons les gens se faire infecter par le SIDA et mourir?» [...]
«Que ferait Jésus?» a dit Didier Francisco Pelaez, un séminariste à São Paulo. «Il sauverait des vies. Si les condoms vont sauver des vies, alors il encouragerait les gens à s'en servir.» [...]
Je voudrais que les cardinaux puissent rencontrer une fille de 17 ans à São Paulo, appelée Thais Bispo dos Santos. Elle est séro-positive, va à la Messe chaque dimanche, veut avoir une relation intime et se marier, et se sent trahie par les chefs de l'église qu'elle aime.
Elle se sent trahie.
«Qui veut sauver sa vie la perdra, et quiconque perd sa vie pour moi la retrouvera». Alors, est-ce qu'on peut imaginer Jésus susurrant à ses disciples: «Lorsque je parle de perdre votre vie et de prendre votre croix, ça ne veut pas dire de retrancher les gratifications sexuelles. Ayez du plaisir en vous protégeant!»?
Lorsque vous enseignez à un enfant une vérité morale -- par exemple qu'il est mauvais de mentir -- vous l'édifiez. Vous le traitez comme un être doué de libre arbitre, et donc comme un agent moral responsable, et donc vous l'invitez à devenir partie prenante d'un monde où il forme (et déforme) son tempérament grâce à ses choix moralement significatifs.
Il y a d'autres possibilités. Vous pouvez traiter un enfant comme un fermier traite un veau, en prenant ses appétits comme une donnée brute. Si vous ne le mettez pas dans un enclos, vous voulez qu'il gambade; si vous ne le stérilisez pas, vous voulez qu'il se reproduise. Vous ne blâmez pas la bête pour ses instincts, et vous comprenez une vérité évidente que de suivre l'instinct X n'est pas différent d'avoir l'instinct X. Pour une bête.
Alors comment l'Église gère-t-Elle le triste cas de Thais Bispo dos Santos? Allons-nous la traiter comme un animal qui va devenir en chaleur et qui va s'accoupler (ayant l'instinct, elle ne peut pas éviter de le suivre)? Ou est-ce que nous la traitons comme une personne humaine responsable, rationnelle, potentiellement noble? Est-ce que nous reconnaissons ses circonstances particulièrement difficiles, pour se demander comment l'aider à y faire face, afin de sauver son âme? Ou est-ce que nous la regardons comme un vecteur de maladie avec un tropisme donné -- sa libido sexuelle -- pour ensuite se demander: «Que ferait Onan?»
Copyright © 2005 Catholic Culture. Traducteur: SJJ
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