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L'épreuve décisive de Benoît

Une ligne va-t-elle être tracée dans le sable?
(Source)

L'abbé Richard Neuhaus a un article qu'il faut lire dans le numéro courant de First Things intitulé «La trêve de 2005?» qui argumente de manière convaincante que l'Instruction du Vatican sur Les séminaristes homosexuels va entraîner dans le pontificat de Benoît XVI ce que Humanae vitae a imposé à Paul VI: une épreuve décisive.

Dans les deux cas, dit Neuhaus, il y a une dissidence répandue et institutionnalisée avec laquelle il faut composer. Il dit que cette dissidence est marquée par «un aspect de dissimulation», dont la Société de Jésus est un exemple prééminent, mais non unique:

Il y a, par exemple, un mélange de candeur, de rébellion et d'évasion dans une lettre du 8 décembre envoyée par le Provincial, le Père Robert Scullin, S.J., aux membres de la Province de Détroit de la Société de Jésus. Il écrit: «L'appel de l'Instruction à une maturité affective comme condition nécessaire pour un célibat sacerdotal et une vie religieuse saine affirme le but de toujours de notre programme de formation - autant initial que pour la formation continue. Nous devons tous continuer à travailler pour assurer une maturité sexuelle affective intégrée si nous souhaitons pouvoir servir encore mieux l'Église et la société civile. Nous continuons à inviter tous les jeunes hommes qualifiés, des deux orientations, qui désirent vivre une vie religieuse chaste, à considérer de se joindre à nous dans notre mission. Nous leur souhaitons la bienvenue et nous sommes fiers de les avoir avec nous».

En bref, et nonobstant l'Instruction, la Société de Jésus va continuer à faire ce qu'elle a fait. (La référence aux «deux orientations», avec son exclusion implicite des bisexuels et des transexuels, est un peu surprenante). Le susmentionné supérieur de Province est toutefois très marri par un membre de la Province qui est «sorti du placard» et a révélé être «gai» dans le Detroit Free Press. Le Père Thomas J. O'Brien, S.J., critique l'enseignement selon lequel les attirances homosexuelles sont objectivement désordonnées. «Il y a de nombreuses preuves que ce n'est pas vrai», dit-il. «Les Soeurs lesbiennes et les Frères et Prêtres gais ont été, en fait, des modèles pour ce qui est d'entrer en relation avec les autres - surtout les marginalisés et les exclus de la société». De l'Instruction, il dit qu'elle «révèle une vision fondamentalement désordonnée du genre et de l'orientation sexuelle». Affirmant les contributions sans prix faites par les personnes homosexuelles, bisexuelles, «transgenderistes», et transsexuelles, le Père O'Brien conclut en disant: «Heureusement, Dieu est plus grand que toute religion ou toute église».

En parlant des déclarations publiques du P. O'Brien, le P. Scullin, son Provincial, écrit: «Je peux comprendre la détresse qui l'a amené à s'exprimer publiquement. Néanmoins, nous sommes les membres d'un corps apostolique, et ainsi les actions personnelles, aussi attirantes soient-elles, ont des conséquences sur tous nos frères et nos oeuvres». Le P. Scullin demande donc qu'«aucun Jésuite ne pose de geste public susceptible de causer une controverse sans consulter auparavant et directement le Provincial». Le P. Scullin ne suggère absolument pas qu'il est en désaccord avec le rejet des enseignements de l'Église du P. O'Brian, seulement qu'il faudrait «garder ça en famille», pour ainsi dire. Comme il le dit: «C'est notre manière de faire». C'est une manière de faire qui dit franchement (au moins à l'intérieur de la famille) que l'Instruction sera ignorée, tout en demandant aux Jésuites d'être publiquement discrets concernant leur rejet de l'enseignement de l'Église sur la sexualité.

«Ken toué». Mais Neuhaus est trop diplomate pour faire remarquer que le P. O'Brian est dans une position beaucoup plus défendable que celle de son supérieur. Car O'Brian peut répliquer avec une justice parfaite: «Pardon, mais si la consultation directe et préalable avec l'ecclésiastique responsable est de mise, SVP me montrer la permission que vous avez reçue du Nonce apostolique, ou du Préfet pour la Congrégation de l'éducation catholique, pour votre lettre de «Bienvenue aux gais». Lorsque je serai convaincu que vous avez obtenu l'approbation préalable du Saint-Siège pour vos politiques, alors je croirai que vous êtes plus intéressé à l'obéissance apostolique qu'au contrôle des dommages». Comme le dit Neuhaus, «il y a une odeur d'hypocrisie qui entoure une grande partie de la réponse à l'Instruction».

Mais le problème de la dissidence, et de la timidité face à la dissidence, est plus grand que seulement les Jésuites. Neuhaus écrit plus loin: «Parmi ceux qui ont grandement admiré le Cardinal Ratzinger et qui ont été transportés de joie par son élection comme Pape, il y a un malaise palpable». Il réfère spécifiquement à la nomination par Benoît de Levada à la Congrégation pour la doctrine de la Foi, et celle, moins qu'encourageante, de Niederauer comme archevêque de San Francisco. Ce Pape aura-t-il le cran de faire face aux dures décisions qui doivent encore être prises?

En 1968 [c'est-à-dire dans la foulée de Humanae vitae], un effort fut fait pour tenir responsable ceux qui ont juré solennellement de servir l'Église. Et puis Rome a capitulé. Nous vivons encore avec les conséquences malheureuses de la Trêve de 1968. Mais nulconque, qui tient à ce pontificat et à l'intégrité du ministère de l'Église, peut imaginer sans frémir les conséquences d'une Trêve de 2005.

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Copyright © 2006 Catholic Culture. Traducteur: SJJ

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