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Le Gant du philosophe.
Alors donc, vous aimez la Sagesse et vous désirez ardemment l'acquérir? Je vous félicite, et je veux vous aider dans votre quête.
Mais comment pourrais-je vous aider? Il semble y avoir plusieurs difficultés lorsque vient le temps d'aider quelqu'un à acquérir la Sagesse. Entre autre:
1.1) À moins que l'aveugle ne conduise l'aveugle, je dois moi-même avoir une certaine idée de ce qu'est la Sagesse. (Et nombreux sont ceux qui témoigneraient que ma maîtrise de la Sagesse est parfois, comment le dire... hum... disons suboptimale!)
1.2) Le temps et l'argent manquent, et l'enseignement prend beaucoup de temps et d'argent.
1.3) Il est toujours difficile de se souvenir de choses abstraites.
D'un autre côté, fuir ce problème ne va pas le régler, et quelques bons conseils sur l'acquisition de la Sagesse valent mieux que rien. Je vais donc présenter ma meilleure tentative, et vous laisser décider si mes conseils sont bons ou non.
Selon moi, la première chose que vous devriez faire est d'obtenir une technologie d'acquisition de la Sagesse hautement sophistiquée: le Gant du philosophe.
En bref, le «Gant du philosophe» n'est que quelques conseils que vous pouvez écrire sur votre propre main, un par doigt, plus un autre sur la paume:
- Sur l'auriculaire: «Ah oui, vraiment?» et «Chuut! Tais-MOI!» (Le doigt du Doute et de l'Humilité)
- Sur l'annulaire: «De quoi on parle, exactement?» (Le doigt des Faits)
- Sur le majeur: «Mais pourquoi?» (Le doigt des Causes)
- Sur l'index: «Rien de trop» (Le doigt de la Moralité)
- Sur le pouce: «Y a-t-il de bons livres à ce sujet?» (Le doigt de l'Étude)
- Sur la paume: «Giflez ici!» pour ré-établir le contact avec la réalité
Bien sûr, vous n'avez pas besoin de vraiment écrire ça sur votre main! Néanmoins, il pourrait être utile de le faire au moins une fois, ne serait-ce que pour faire rigoler votre famille et vos collègues! Cela vous aiderait aussi à mémoriser ces conseils. La meilleure méthode de philosophie ne mène à rien si on ne s'en souvient pas et qu'on ne s'en sert pas.
Chaque doigt a une petite citation, mais aussi un nom, et un geste qui lui est associé. De plus, la séquence d'utilisation des doigts va assez souvent de l'auriculaire au pouce (sauf pour l'index qui est toujours sous-jacent à la démarche scientifique, et la paume qui ne sert que lorsque l'esprit est «embourbé» dans le doute).
3.1) Le doigt du doute et de l'humilité:
«Ah oui, vraiment?»
Le premier doigt est l'auriculaire. Lorsque quelqu'un vous dit quelque chose, ou que vous lisez quelque chose dans un livre, votre première réaction devrait normalement être «Ah oui, vraiment?» Comme geste associé, vous pouvez vous mettre l'auriculaire dans l'oreille, en faisant mine d'essayer d'enlever une de ces petites mouches noires énervantes qui s'introduisent parfois dans nos oreilles en été. Des bruits typiques de mouches noires sont: «Les études ont prouvé que...», ou «Tout le monde sait que...», ou «M. XYZ, un expert de réputation internationale, affirme que...», etc. Vous devez aimer la vérité, et donc vous purifier des croyances erronées. Un de vos meilleurs mécanismes de défense est une forme saine du scepticisme, aussi connu sous le nom de «doute méthodique».
C'est aussi une bonne idée de vous redire en silence «Ah oui, vraiment?», avant d'affirmer quoi que ce soit, et de vous taire si votre affirmation s'avérait sans fondement. Le plus petit des doigts doit nous rappeler l'humilité, si nécessaire au philosophe. L'orgueil est en effet une grande cause d'erreurs: il nous fait surestimer nos connaissances (Les orgueilleux ont beaucoup de difficulté à dire cinq petits mots: «Je ne le sais pas»!) et nos capacités («Pourquoi commencer par les petits ruisseaux quand je peux me jeter tout-de-suite à la mer?»), nous détourne des Maîtres («Acquérir la sagesse est si facile, pourquoi écouter aux pieds de ces vieux philosophes poussiéreux?»), nous ferme au dialogue («J'ai toujours raison! Pourquoi devrais-je laisser parler ces ignorants!»), nous soumet à la tentation de faire semblant d'être sages afin de bien paraître devant les autres (comme les sophistes), etc.
3.2) Le doigt des faits:
«De quoi on parle, exactement?»
Le deuxième doigt est l'annulaire. Après avoir éliminé les fausses croyances, il devrait vous rester des affirmations qui vont vous sembler vraies. Mais «sembler vrai» n'est pas assez pour la Sagesse. Vous devez creuser jusqu'à atteindre l'évidence, rejeter les rumeurs et les intermédiaires et trouver les sources originales, obtenir les citations, définir les termes utilisés dans la discussion, quantifier les observations, mettre ça par écrit, etc. Une manière un peu plus poétique mais moins stricte de dire la même chose est: «Tout est vrai, et tout est faux, selon la définition des mots.» C'est pourquoi un bon geste associé dont vous pouvez vous servir est de lécher votre annulaire et ensuite faire semblant de tourner les pages d'un dictionnaire, comme si vous cherchiez une définition précise. Cette attitude mentale explique pourquoi les bons philosophes insistent pour avoir des définitions précises, et pourquoi ils ont tellement tendance à répondre «Bien, ça dépend» lorsqu'on leur pose des questions vagues.
(Source)
Devant votre insistance à vouloir définir clairement les termes au début d'une discussion, certaines personnes vont manifester une grande impatience. Expliquez-leur que vous ne faites que votre métier. C'est comme un bon médecin qui ne commence pas par vous écrire une ordonnance pour une pilule, avant même de vous avoir fait subir un examen physique, et de vous avoir posé des questions (pour s'enquérir de vos symptômes, du moment de leur apparition, de vos antécédents familiaux, etc.). En fait, la seule pire chose qu'un médecin puisse faire, à part vous donner une pilule sans même essayer de connaître la maladie que vous avez, c'est de déclarer que êtes en parfaite santé, au moment même où vous entrez dans son bureau! (C'est pourquoi le deuxième doigt du gant du philosophe est précédé par le premier doigt.)
3.3) Le doigt des causes:
«Mais pourquoi? Mais pourquoi? Mais pourquoi?»
Le troisième doigt est le majeur. La Science ne consiste pas seulement en l'élimination de la pseudo-information horriblement mauvaise, et de découvrir les faits. La Science est une connaissance profonde et certaine, le genre de connaissance qu'on ne peut obtenir que par les causes. Et la philosophie est la connaissance par les causes premières et universelles. Un geste associé pourrait être de toucher votre majeur avec votre pouce, et de marmonner à la Zen «Mais pourquoi? Mais pourquoi? Mais pourquoi?». Pour philosopher, lorsque nous sommes face à un fait, il faut redécouvrir l'étonnement de notre enfance, et se demander pourquoi les choses sont comme elles sont, et pas autrement. Cet étonnement est le «moteur» qui fait avancer la Science.
3.4) Le doigt de la morale:
«Rien de trop!»
Le quatrième doigt est l'index. Le geste facile pour nous aider à nous en souvenir est de balancer notre index et de dire «Non! Non! Non!», comme notre mère nous faisait lorsqu'on était malcommode. Les vertus morales importent grandement à l'acquisition de la Sagesse, et la vertu a été définie comme étant le juste milieu entre les extrêmes, d'où la citation du «Rien de trop» (sous-entendu trop peu, ou trop tout court). Nous ne sommes pas des créatures purement logiques, et les mauvaises habitudes peuvent déformer notre compréhension de la réalité. Par exemple, si vous êtes toujours saoûl, ou si vous êtes tellement paresseux que vous refusez d'ouvrir un livre, ou tellement obsédé par le sexe que vous ne pouvez pas élever votre intellect au-dessus de l'imagination, vous ne pourrez pas acquérir la Sagesse! (Remarquez que l'humilité est une vertu morale, donc elle est «incluse» dans l'index, mais c'est une vertu si importante pour un philosophe qu'il n'est pas mauvais de la répéter aussi sur le petit doigt.)
3.5) Le doigt de l'étude:
«Y a-t-il de bons livres à ce sujet?»
Le cinquième doigt est le pouce. Non seulement il est ridicule d'essayer de réinventer la roue, mais en philosophie, c'est dangereux d'essayer. Plusieurs se sont perdus parce qu'ils n'avaient pas de bons professeurs. (Je recommande Aristote, saint Thomas d'Aquin et F.-J. Thonnard, mais c'est le sujet d'un autre essai). Bien des faussetés ont été écrites, mais beaucoup de choses vraies aussi, et nous devons trouver les bons livres qui ont été écrits sur le sujet, et les étudier sérieusement. Le geste associé avec ce doigt est simplement tenir le pouce en l'air et le poing fermé, comme si vous vouliez «faire du pouce». Vous essayez de vous faire «embarquer» par des bons livres, pour qu'ils vous amènent à votre destination plus rapidement et avec moins d'efforts! Mais méfiez-vous des mauvais livres qui pourraient vous «embarquer»!
Les programmeurs anglophones ont l'acronyme vulgaire «RTFM», mettons «Relis Ton Foutu Manuel», qui est une autre manière de rappeler l'importance de commencer par l'information qui existe déjà, qu'on devrait savoir, qu'il serait ridicule de négliger juste parce qu'elle nous crève les yeux.
Une autre manière de redire la même chose, c'est le conseil populaire «l'as-tu googlé?», c'est-à-dire as-tu soumis ta question à un moteur de recherche Internet. Si quelque chose se brise (auto, machine à coudre, ordinateur, etc.), on peut souvent s'éviter bien des souffrances avec quelques instants à lire quelque chose d'écrit par un plus sage que soi, plutôt que de se lancer dans une tentative donquichottesque de réparation à l'aveugle.
3.6) La paume (c'est-à-dire «la confrontation avec la réalité»):
Giflez ici pour ré-établir le contact avec la réalité!
La paume est un cas spécial du doigt de la Morale. La paume sert durant les débats avec les gens qui ont une mauvaise volonté (ce qui peut être vous-même dans certains cas!). Plusieurs personnes tentent de se réfugier dans le scepticisme exagéré et le relativisme moral, surtout pour éviter de «faire le ménage dans leur propre vie». Il est difficile de discuter avec ces gens, car tôt ou tard, il vont simplement nier la réalité et la possibilité de connaître la vérité. Lorsque vous êtes pris avec une telle personne, dites quelque chose comme: «Quelle coïncidence! J'ai justement ici dans ma poche un petit échantillon de vérité!», puis sortez votre Gant du philosophe, tenez-le devant vous et dites: «Est-il vrai que ma main droite a cinq doigts?» Si cette personne répond Oui, alors vous pouvez dire: «Donc, nous pouvons connaître certaines vérités!» Si la personne hésite ou commence à marmonner que «nos sens nous trompent», dites (à la blague, bien sûr!): «D'accord, alors maintenant si vous vous mettiez à vous gifler vous-même à tour de bras, et pendant ce temps, je vous demandais s'il était vrai que vous vous giflez à tour de bras?»
Saint Thomas d'Aquin montrant son Gant du philosophe.
Chacun de ces «doigts» doit être appuyé par une solide théorie, et beaucoup plus d'explications. De plus, je ne prétends pas que c'est une méthode parfaite, qui mène à la Vérité absolue automatiquement, comme en tournant la manivelle d'une moulinette! Mais, grâce à cette «poignée de gros bon sens», vous devriez être mieux équipé pour commencer à étudier la philosophie et à acquérir la Sagesse.
«Ah oui, vraiment?»
Une bonne poignée de lumière physique, intellectuelle et morale!
(Remarquez la mini-torche, le dizenier avec Turbo-Pater Amélioré ®,
et le Gant du philosophe, doté d'une Giffleuse à Post-combustion
spécialement conçue pour servir contre les
athées)
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