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Dure, dure, la vie, quand on est enchaîné à de mauvaises habitudes.
(Pierre Paul Rubens. Prométhée enchaîné.
[Source])
Vous avez tous entendu parler des «Bonnes résolutions du Nouvel An». Peut-être avez-vous même pris ce genre de résolution, il y a fort longtemps. Comment pourrait-on dire que c'est quelque chose de satanique? Regardons pour voir.
Pour comprendre les résolutions, il faut d'abord regarder un peu comment «ça fonctionne dans notre tête», comment nos idées ont rapport à notre comportement. Écoutons Antonin Eymieu dans Le Gouvernement de soi-même, p. 121-122:
2.1) L'idée incline à l'acte dont elle est la représentation, selon la nature de l'idée et l'impressionnabilité du sujet.
Le coefficient de l'idée est composé de deux facteurs:
1) La qualité de l'idée (la mesure où elle se rapproche des sens, où elle s'incarne).
2) La quantité de l'idée (sa richesse, ou le nombre des éléments psychologiques qu'elle entraîne; et sa complexité, ou la diversité de ces éléments).
Le coefficient du sujet est composé de quatre facteurs, deux pour l'esprit, et deux pour l'organisme:
Pour l'esprit:
1) La facilité d'associations des idées.
2) L'aboulie (le manque de volonté, le peu de résistance qu'on a
l'habitude d'opposer au flux des idées).
Pour le corps:
1) La sensibilité (avoir de «bonnes antennes» qui nous rendent plus
sensible aux moindres événements)
2) La fragilité (avoir une santé frêle, qui rend plus facile à affoler,
moins résistante aux chocs nerveux, etc.)
Étant donné ce «mécanisme» fondamental de notre comportement, on peut mieux comprendre la nécessité et l'efficacité des résolutions. Écoutons encore Antonin Eymieu [pp. 153-167]:
2.2) Nécessité des résolutions. Cette nécessité tient à l'essence même de l'homme. La résolution est l'acte éminemment humain, et il n'y a de vie humaine, au sens propre du mot, que dans la mesure où elle est conduite par la résolution.
Prendre une résolution c'est en effet voir avec sa raison et vouloir avec sa liberté ce qu'il faut faire. C'est donc d'abord la condition indispensable de tout progrès, puisqu'il faut, pour progresser, se marquer un but avec sa raison et y adapter des moyens avec sa liberté.
En dehors des résolutions, il n'y a que les poussées de l'instinct ou les réactions de l'automatisme, et par la suite une vie qui se dégrade, qui s'enlise dans des habitudes que nous n'avons pas choisies et qui, en dehors d'elles, flotte au vent mobile des impressions. C'est une vie analogue au rêve, dispersée, incohérente, absurde, et dont il ne reste rien, ou, du moins, rien de bon.
Même ceux qui condamnent les résolutions en prennent, malgré eux, pour rester des hommes. Quant à l'homme normal, il en fait usage, non seulement pour se marquer un but et y atteindre, mais encore pour grandir, par l'exercice, sa raison et surtout sa liberté. La liberté, en psychologie comme en politique, «se prend», et «c'est en forgeant qu'on devient forgeron».
2.3) Efficacité de la résolution. Si la résolution est nécessaire, elle est aussi efficace. Elle constitue, en effet, une idée d'une force particulière, très incarnée, très riche et très complexe. Elle est précise d'abord, elle sait où aboutir, et la voie est toute tracée à son évolution; elle est, de plus, considérée comme possible, pratique, réalisable, dans telles et telles circonstances, de telle et telle manière. Mieux que cela: elle apparaît comme nécessaire, c'est «ce qu'il faut faire», et par la suite, si elle n'exclut pas psychologiquement les idées contraires, du moins elle les affaiblit, ou elle en renverse l'influence en les présentant comme mauvaises, haïssables.
Enfin, elle est décidée, résolue; nous pensons avec plaisir à sa réalisation, nous l'anticipons: cet acte à faire nous apparaît déjà comme nôtre, comme faisant partie de notre moi. En plus des énergies qui viennent à une telle idée, de cette richesse et de cette complexité de pensées, elle reçoit la poussée du vouloir qui met à sa disposition la maîtrise actuelle qu'il exerce sur les forces de l'organisme.
Eh bien! Si la moindre idée, la plus ténue, la plus inconstante ne peut passer en nous sans y mettre une force impulsive, je dis que l'idée de la chose nécessaire et résolue, que la résolution y met un appoint énorme pour l'action correspondante.
Une société n'est pas une cheminée. Une cheminée est composée de briques. Vous empilez les briques les unes par-dessus les autres, et à un moment donné vous avez une cheminée.
Une société, d'une certaine manière, est composée de «briques spirituelles», c'est-à-dire de résolutions. Regardez la société qui vous entoure, et demandez-vous de quoi elle est composée, en dernière analyse. Pensez aux forces de l'ordre, par exemple. Un policier a un uniforme, un insigne, souvent une arme à feu. Mais qu'est-ce qui distingue un vrai policier d'un bandit en uniforme? Qu'arrive-t-il quand les policiers abandonnent leur résolution de servir la société et d'obéir eux-mêmes aux lois? Les objets matériels qu'ils avaient restent les mêmes (uniforme, insigne, pistolet), mais la «brique spirituelle» s'effrite, s'égrène et disparaît. Plusieurs pays du Tiers-Monde peuvent témoigner des malheurs qui s'abattent sur une société, quand la «brique» policière perd sa consistance.
Pensez aux banques. Pensez-vous que l'argent dans votre compte est vraiment dans un coffre-fort avec votre nom sur chaque billet de banque? Pas du tout. C'est un chiffre écrit à quelque part sur un bout de papier, ou même moins que ça, quelques atomes d'oxyde de fer magnétisés dans un sens ou dans l'autre sur un disque rigide d'ordinateur. Si les banques décident d'abandonner leur résolution de vous redonner votre argent quand vous le demandez, vous n'avez plus d'argent.
Pensez aux politiciens. Avez-vous vraiment des droits, protégés par le pouvoir civil? Oui, tant que les politiciens tiennent leur résolution de respecter la justice. Si les politiciens décident, par exemple, qu'un groupe de citoyens n'a plus de droits, alors ces citoyens seront exterminés, tout simplement. (Malheureusement, les cas vécus ne manquent pas dans l'histoire, et pas seulement en Allemagne nazie au siècle dernier.)
Continuez vos réflexions. Le code de déontologie des médecins? Résolution. La fidélité des époux? Résolution. L'auto qui se dirige vers vous, et qui devrait freiner car le feu rouge est pour elle? Résolution. Le prêtre catholique qui consacre sa vie à annoncer l'Évangile? Résolution. En dernière analyse, la santé d'une société dépend de la capacité de ses citoyens à prendre et à tenir de bonnes résolutions.
Satan n'a pas de gros biceps, ou d'argent, ou d'armée, mais il est propriétaire d'une sorte de gros cabinet d'experts conseils en marchéage («Marketing»). Satan est menteur, et père du mensonge. Comme Satan veut détruire tout ce qu'il y a de bon dans la société, il doit s'attaquer à la substance même des «briques spirituelles» qui la composent. Satan fait donc tout son possible pour donner de la mauvaise publicité aux bonnes résolutions.
Un des trucs préférés de Satan pour salir la réputation des résolutions, c'est sa célèbre campagne publicitaire des «Bonnes résolutions du Nouvel An». Les pauvres poissons influençables qui mordent à cet hameçon diabolique s'en repentent amèrement. Le Nouvel An arrive, et ils sont remplis de bonnes intentions, alors ils se précipitent! «Vite, courir un marathon tout de suite, car je suis obèse! Et en même temps faire mes impôts, car je suis toujours en retard! Et pendant que je cours avec mon ordinateur et mes liasses de factures sous un bras, je tiens un pinceau dans ma bouche et un canevas sous l'autre bras (car ça fait des années que je veux apprendre la peinture à l'huile!).»
Quelles sont les chances de succès d'une telle entreprise? À peu près nulles. Or, c'est exactement ce que Satan veut: que les gens prennent le moins de résolutions possibles, qu'ils les prennent le plus mal possible, dans des conditions qui garantissent presque leur échec, et surtout, qu'ils en gardent le plus mauvais souvenir imaginable!
Je ne suis pas un expert en la matière, mais voici quelques conseils permettant de prendre de meilleures résolutions, triés approximativement en ordre décroissant d'importance:
5.1) Consultez votre directeur spirituel. Pour perdre du poids avec un régime, il est fortement recommandé de consulter son médecin avant, et pendant le régime. De la même manière, pour se débarrasser de nos vices et pour rédiger et mettre en oeuvre notre plan de vie, il est fortement recommandé de se trouver un bon directeur spirituel. Souvent, celui-ci va «modérer nos ardeurs» au début, et nous relever de nos chutes et de notre découragement par la suite.
5.2) La prière et les Sacrements. Depuis le péché originel, l'harmonie initiale de l'homme est perturbée par le péché. Il est impossible d'agir en accord avec la raison, plus que sporadiquement, sans la grâce de Dieu. Sans négliger les facteurs naturels, il faut recourir régulièrement au Sacrement de la Pénitence ou Confession, et de l'Eucharistie. Il faut aussi prier sans se lasser, et avoir une dévotion correcte à la Vierge Marie.
5.3) Disciplinez vos pensées. Le point stratégique que vous devez occuper pour que votre liberté puisse dominer le champ de bataille, c'est vos pensées. «Tout ce qu'il y a de vrai, de noble, de juste, de pur, d'aimable, d'honorable, tout ce qu'il peut y avoir de bon dans la vertu et la louange humaines, faites-en l'objet de vos pensées» [Ph 4:8].
5.4) Disposez favorablement votre environnement matériel. Voir entre autres certains facteurs énumérés dans la section N° 2 de L'Église catholique et le Sexe-vaudou.
5.5) Étayez vos résolutions avec des idées incarnées, riches, complexes. Pourquoi voulez-vous tenir telle résolution? Faites-vous une longue liste de toutes les bonnes raisons, avec des images frappantes, des souvenirs de vos expériences personnelles, des motivations enracinées dans vos idéaux les plus nobles, etc.
5.6) Prenez des résolutions plus petites et prenez-les plus souvent. Une victoire engendre d'autres victoires, alors il faut établir des conditions qui vont nous garantir autant que possible des victoires, et beaucoup de victoires, surtout au début. Si vous avez résolu de respecter votre régime alimentaire, par exemple, vous pouvez reprendre votre résolution une fois le matin, et une autre fois au moment de la journée où vous avez le plus de difficultés à ne pas outremanger.
5.7) Prenez des résolutions précises. Évitez les résolutions du genre: «Je vais être une bonne fille ou un bon garçon à partir de maintenant». Fixez la nature, la date et l'heure du début, la date et l'heure de la fin, les circonstances, etc.
5.8) Apprenez-en plus sur le sujet. De nombreux bons livres ont été écrits sur les résolutions et les domaines connexes.
5.9) Renouvelez par écrit, avec signature et date. N'oubliez pas qu'on parle de «briques spirituelles». Si vous oubliez votre résolution, c'est comme si vous ne l'aviez jamais prise. Mais si votre résolution de respecter votre régime, par exemple, est collée sur votre frigo, avec à chaque jour votre signature en rouge et la date, vous augmentez vos chances de vous en souvenir!
5.10) Fuyez les occasions de chute. Par exemple, si vous êtes au régime, tenez-vous loin des épiceries fines. Si vous avez des problèmes de consommation d'alcool, fuyez les bars et autres lieux où l'alcool est présent, et ainsi de suite.
5.11) Méfiez-vous du découragement. Le découragement est un des pires ennemis de notre vie morale. On a au moins trois moyens pour le combattre: (1) bien voir la stupidité du découragement (On a déjà peu de courage, et on s'enlève à soi-même ce qui reste! Il faut infiniment mieux de ne pas tomber, mais une faute vaut mieux que deux, et 99 fautes valent mieux que 100); (2) il faut agir comme si on n'était pas découragé; (3) il faut donner à sa vie une grande passion, un noble idéal.
5.12) Ne questionnez jamais une résolution sur le coup. Au moment où votre résolution doit s'appliquer, ne la remettez pas en question. Attendez de ne plus être «dans le feu de l'action», si jamais vous pensez que vous devez changer ou éliminer une résolution.
5.13) Évitez les «récompenses» destructrices. Quand on tient une résolution, il n'est probablement pas approprié de se «récompenser» en se permettant la chose qu'on tente précisément d'éliminer! Par exemple, si vous respectez votre régime un jour, et que vous vous «récompensez» avec un gros bol de crème glacée au chocolat, vous faites un pas en avant, et deux en arrière. Vous associez «régime» avec «douleur», et «absence de régime» avec «plaisir». Le genre d'associations que vous devez établir est exactement l'inverse!
Les bonnes résolutions nous empêchent de tomber moralement en morceaux, et les sociétés ne peuvent être construites s'il n'y a pas un approvisionnement suffisant d'individus qui «ne s'égrènent pas spirituellement» sous les pressions morales.
Comme le dit si bien Antonin Eymieu [p. 166], une bonne résolution doit être «lumineuse, raisonnée, appuyée sur des motifs nombreux et forts, sur les souvenirs du passé, sur les prévisions de l'avenir, enchâssée, enchevêtrée avec tous les détails de la conscience, associée, autant que possible, à des images vives, à des émotions chaudes, et enfoncée dans la réalité la plus concrète, la plus précise.»
«Quand on tient tous ces éléments sous la lumière de son esprit et qu'on les a noués tous ensemble avec un de ces Je veux calmes et forts qui sonnent dans l'âme comme un coup de canon, la résolution est prise, et elle sera de celles qui portent.»
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