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(René Magritte. Le Principe-plaisir, etc.
Source)
Cette question n'est-elle pas sotte? Un proton est un proton, alors qu'est-ce que cette histoire? Et pourquoi parler de ceci dans la section Politique de ce site web?
Patience. Nous allons essayer d'approfondir ce qu'est «la politique», essentiellement.
C'est un étonnant mystère et une platitude manifeste que la politique est une activité humaine. Une platitude manifeste, car nous savons tous que les hommes sont doués de libre-arbitre, par opposition aux protons et aux électrons qui ne sont que ce qu'ils sont, et rien d'autre. Un proton ne peut pas se lever le matin et décider: «Hola! J'ai envie d'être un électron aujourd'hui!», et vraiment devenir un électron. Mais un homme, qui a été un saint toute sa vie, qui est une incarnation de la Charité, de la Justice et de la Piété, peut vraiment se lever le matin et décider de devenir un bandit. Et vice-versa, bien sûr.
Dans le monde matériel, les protons sont positifs et les électrons sont négatifs, et jamais l'inverse. C'est un mystère étonnant que dans le monde spirituel, la particule la plus positive (le saint) et la particule la plus négative (le bandit) peuvent changer de l'un à l'autre, ou devenir n'importe quoi entre les deux, n'importe quand. La nature même de la politique est fondée sur cet état de choses.
D'abord, une petite anecdote ridicule. Il y a environ vingt ans, l'Armée canadienne avait un harnais ou «sanglage» («webbing» en anglais) qui utilisait la technologie Velcro (MD). En gros, un sanglage est un paquet de sangles portés par un fantassin, et auquel vient se fixer son attirail (comme la gourde, les munitions, la boussole, la baïonnette, etc.). Lorsque nous étions habillés de pied en cape, nous ressemblions beaucoup à des arbres de Noël (sauf que toutes les décorations étaient aussi vertes que l'arbre lui-même).
Ce qui était drôle, c'est que le Velcro (MD) n'est pas conçu pour résister à des contraintes de cisaillement importantes, telles que celles subies lors de vibrations harmoniques multi-g de fréquence sub-hertzienne. En d'autres mots, dès qu'on commençait à courir, les morceaux commençaient à «revoler». (Note terminologique pour les lecteurs non-québécois: quand le fumier frappe le ventilo, la m.... se met à «revoler» partout). Vingt ans plus tard, je ris encore au souvenir de soldats qui couraient quelques pas, arrêtaient, revenaient pour ramasser un morceau d'équipement (commodément camouflé pour qu'on ne puisse pas le trouver facilement dans les herbes hautes), pour ensuite se remettre à courir un peu plus loin, arrêter, revenir, etc. (Bon, j'admets que je ne trouvais PAS ça drôle dans le temps. Aussi, nous avions reglé le problème avec du «ruban à-tout-faire», ou «duck tape» en anglais).
La raison pour laquelle je raconte cette anecdote est que, vingt ans plus tard, j'ai l'impression de revoir du déjà vu. Cette fois-ci, le soldat qui part en guerre, c'est Jésus-Christ. Moi, j'essaie «d'attacher» au Christ le plus grand nombre de braves catholiques possible. Sauf que plusieurs de ces personnes ont tendance à se détacher du Christ et à «revoler»! Si vous pouviez écouter mes conversations téléphoniques et lire mes boîtes de réception et d'expédition pour mon courriel, vous verriez que:
- très peu de gens sont catholiques;
- très peu de catholiques sont braves;
- les rares catholiques braves que j'ai trouvé ont souvent tendance à
«revoler».
Ceci est un article politique, alors je présente ceci comme de pures données sociologiques, non pas parce que ça parle de religion. D'un point de vue sociologique, l'Église est une institution. La sociologie nous enseigne qu'un des rôles de la politique est de «façonner» les hommes en groupes de gens qui agissent de manière cohérente et intelligente, afin d'atteindre un quelconque but.
Regrouper des gens et s'arranger pour qu'ils travaillent ensemble doit bien être une des choses les plus difficiles que j'aie jamais tenté de faire. D'après ce que je sais, cette difficulté est intrinsèque à l'action politique. Que vous tentiez de former un groupe de musique, ou un groupe de co-voiturage, ou que vous essayiez de regrouper des gens pour aller poser des affiches en vue de l'élection municipale qui s'en vient, c'est tout simplement surprenant jusqu'à quel point cela peut être difficile. Quel que soit le but, quel que soit l'objectif poursuivi par le groupe, la plupart des gens sont constamment sur le point de «revoler».
Si on présume que le groupe est un bon groupe, qui tente de faire avancer une quelconque noble cause, nous pouvons tenter de classifier les différentes manières par lesquelles les gens ont tendance à «revoler»:
3.1) Le simple malentendu. Certains équipiers se trompent au début concernant la nature exacte de «la cause» alors, lorsqu'ils se rendent compte que le groupe existe pour poursuivre un but qu'ils ne veulent pas atteindre, ils partent.
3.2) Le désaccord «butanciel» (prudentia en latin). Certains équipiers, même s'ils sont d'accord avec «la cause», ne sont pas d'accord avec les moyens qui sont employés pour atteindre ce but. De tels malentendus mènent souvent à une prolifération de groupes qui tentent tous de faire la même chose (un exemple est le mouvement Pro-vie ici au Canada).
3.3) Le mésappariement de la concupiscence. Certains équipiers se joignent apparemment parce que «la cause» est noble, mais en fait ils poursuivent un quelconque avantage personnel (le sexe, l'argent, la gloire, etc.). Lorsqu'ils se rendent compte que leur concupiscence ne sera pas satisfaite, ils partent.
3.4) La timidité. Certains équipiers sont d'accord avec le but et les moyens, et veulent sincèrement participer, mais sont «chassés» par la peur de l'effort, ou de l'opinion des autres, ou de l'intimidation physique, etc.
3.5) Les désastres «honnêtes». Un équipier peut mourir, ou devoir quitter à cause de problèmes de santé, ou de problèmes familiaux, etc.
3.6) Les loups dans la bergerie. Certains «équipiers» peuvent être en fait totalement opposés aux buts du groupe, et ne seront là rien que pour faire du sabotage de l'intérieur.
3.7) Les protons qui deviennent des électrons. N'oubliez pas que toutes ces manières de «revoler» peuvent à tout moment apparaître, ou disparaître, ou se combiner, ou se transformer les unes dans les autres, et ainsi de suite.
Etc., etc.
Cette liste est, sous une forme ou une autre, la lecture de chevet et la matière première des cauchemars de tous les politiciens. D'une certaine manière, la politique peut être définie comme la quête d'un équivalent spirituel du ruban à-tout-faire, pour qu'on puisse empêcher les gens de «revoler».
Quelqu'un a dit un jour que: «Avec tout ce que je sais, je pourrais écrire un livre, mais avec tout ce que je ne sais pas, on aurait toute une bibliothèque!»
D'une certaine manière, ça résume ce que cette section de cet article devrait contenir. J'en sais très peu sur la nature du «ruban à-tout-faire spirituel» qui est nécessaire pour empêcher les gens de «revoler». Et le peu que je sais remplit déjà tout un site web!
Pour résumer, le «ruban à-tout-faire spirituel» est composé (au moins) de «cheffance» (ou «leadership» en anglais), de résolutions et de vertu.
Je suis encore à la recherche des meilleurs livres au monde sur la cheffance. En ce moment, deux que j'ai trouvés s'appellent «L'école des chefs». et «L'art d'être chef»
Les résolutions sont ce qu'on utilise pour se former en «protons ou électrons spirituels». D'une certaine manière, à cause de notre libre-arbitre, rien, nulconque (pas même Dieu!) ne peut décider ce que nous allons être. Par contre, notre libre-arbitre n'est pas absolu, car nous sommes des êtres partiellement matériels (et non pas complètement spirituels). C'est pourquoi nous pouvons être influencés par notre environnement physique et social.
La vertu, d'une certaine manière, est un moyen de «solidifier» nos résolutions. Une fois que nous avons acquis une vertu, par exemple celle de se lever de bonne heure le matin, il devient plaisant et facile de se lever tôt. Les vertus n'éliminent jamais notre libre-arbitre, notre fragilité humaine (ce que les théologiens appellent les effets du Péché originel) ou les tristes effets des vices qu'on a déjà eus (comme par exemple, acquérir la vertu de tempérance ne guérira pas votre maladie du foie si vous étiez un alcoolique). Mais les vertus aident, et tous les bons politiciens passent la plus grande partie de leur carrière à essayer de rendre les citoyens plus vertueux et moins vicieux (qu'ils employent ces termes-là ou non).
Il y a quelques années quand j'ai commencé ce site web, j'étais pas mal fâché contre le Pape et les évêques, parce qu'ils me semblaient si incroyablement inefficaces. Je pense encore qu'il y a certains mauvais chefs religieux au Québec, et qu'on a besoin d'une bonne et joyeuse inquisition. Cela étant dit, j'ai plus de respect pour la difficulté extrême d'être le chef d'une groupe d'hommes. Cette expérience mortifiante s'applique aussi à mes opinions sur les politiciens séculiers au Québec et au Canada.
Avec les protons qui deviennent des électrons et des neutrons, et qui redeviennent des protons de nouveau, et toutes ces particules qui sifflent et tournicotent constamment, plutôt que de rester bien sagement là où elles devraient être, je commence à penser que n'importe quel Pape (ou Premier ministre, ou Président, etc.), qui évite la dépression nerveuse totale après trois semaines en poste, est vraiment un bon Pape!
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