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La réflexion et le libre-arbitre sont impossibles sans une âme spirituelle.
(Sir Edward Burne-Jones. Le miroir de Venus.
Source)
1) Introduction
2) Qu'est-ce qu'une «âme»?
3) Quels sont les différents types d'âmes?
4) Quelle est la nature des âmes végétatives et sensitives?
5) Les ordinateurs peuvent-ils avoir l'intelligence artificielle?
6) Les singes sont-ils intelligents?
7) N'est-il pas non-scientifique de parler d'âmes spirituelles?
8) Comment une âme, aussi manifestement conditionnée par la
matière, pourrait-elle être spirituelle?
9) À quel moment l'âme spirituelle se met-elle à exister?
10) Conclusion
Les coquerelles ont-elles une âme?
Pourquoi une personne saine d'esprit se poserait-elle une telle question? En bref, parce que la réponse à cette question va déterminer si, oui ou non, il y a une différence entre mettre une bûche dans un poêle à bois, et mettre un juif dans un four crématoire. En d'autres mots, à un moment donné, il faut qu'on se pose la question à savoir si les hommes sont des êtres strictement matériels comme les roches, les bûches, les lapins, les coquerelles, etc., ou s'ils sont très différents.
Nous savons tous que les hommes sont des animaux, qu'ils sont au moins des êtres matériels. Mais sont-ils aussi plus que de simples êtres matériels? Les hommes ont-ils une âme? Les hommes ont-ils quelque chose qui leur confère une sorte de dignité spéciale?
Je suis loin d'être un expert, mais je vais essayer de vous donner une esquisse de la solution, pour ensuite vous prier de consulter de vrais philosophes (comme Aristote, saint Thomas d'Aquin, Thonnard, ou éventuellement le MaPhiThoSO).
Voici une question mathématique fort simple: Quel est l'âge du capitaine? «Quel capitaine?», vous dites? Cela n'a pas d'importance. Quel âge a-t-il? Voyons! Vous connaissez la réponse! Le capitaine a X ans! Voilà, vous connaissez la réponse! Vous pouvez ensuite bâtir des équations, alors si quelqu'un vous dit que si vous doublez l'âge du capitaine, alors il sera aussi vieux que le dixième de l'âge de votre ville natale en Europe qui a 890 ans:
2 * X = 890 / 10 X = 44.5 ans
En commençant avec ce X, cette inconnue, vous pouvez «étoffer» graduellement votre connaissance de X.
Le mot «âme», lorsqu'il est utilisé par Aristote et saint Thomas d'Aquin, est un peu comme «X» pour les mathématiciens. C'est un terme technique. Il y a une différence entre un être non-vivant (comme une roche, un sou, ou une bicyclette), et un être vivant (comme un pissenlit, un chien, ou vous-même). Qu'est-ce qui fait cette différence? Qu'est-ce que le chien a, que la roche n'a pas? Un mathématicien dirait que «X est la différence». Les philosophes préfèrent utiliser le mot «âme» («anima» en latin, «psychè» en grec).
Ceci signifie, au grand étonnement de certaines personnes, que les coquerelles ont des âmes, techniquement parlant.
Il y a manifestement des différences entre les pissenlits, les chiens, et nous. Puisque l'âme est ce qui fait que les êtres vivants sont vivants, alors leurs différentes «manières de vivre» seront déterminées par leurs différents types d'âme:
3.1) L'âme végétative. De tels êtres peuvent se nourrir, croître et se reproduire. Ceci inclut les pissenlits, les arbres, les bactéries, etc.
3.2) L'âme sensitive. De tels êtres, en plus de pouvoir tout faire ce que les êtres végétatifs font, sont aussi capables (normalement) de se déplacer et de percevoir leur environnement avec leurs sens (parfois réduit au seul sens du toucher). Ceci inclut les chiens, les escargots, les oiseaux, etc.
3.3) L'âme intellective. Une fois de plus, ces êtres peuvent faire tout ce que les autres peuvent faire (végétaux et animaux), avec, en plus, la raison et le libre-arbitre. Ceci n'inclut que les hommes, qu'ils soient de sexe mâle ou femelle.
Le principe général s'appelle techniquement «Agere sequitur esse», qui peut se traduire par «l'agir découle de l'essence». Un bâton de hockey ne jappe pas et ne court pas, parce qu'il n'a pas la nature du chien, mais la nature du bâton de hockey. Alors, connaissant les opérations typiques des êtres ayant des âmes végétatives et sensitives, quelle est la nature de leur âme?
Aristote, il y a plus de deux mille ans, a remarqué que les êtres ayant une âme végétative ou sensitive n'ont pas d'opérations qui ne peuvent pas être expliquées par la matière seule. En d'autres mots, l'âme d'une coquerelle est purement matérielle. Aristote a été aussi loin que de dire que ces âmes étaient dans la catégorie des «figures géométriques».
Ceci s'agence parfaitement avec ce que nous savons aujourd'hui de la plupart des êtres vivants. Si vous allez à votre quincaillerie du coin, et que vous achetez plusieurs cannettes d'atomes (carbone, hydrogène, oxygène, azote, sodium, etc.), et qu'avec de toutes petites pincettes, vous vous arrangez pour regrouper ces atomes exactement de la bonne manière, vous obtiendrez un être vivant. Bon d'accord, en pratique ce n'est pas aussi facile, mais conceptuellement ça marcherait.
Une autre manière de considérer cette question serait de penser à un genre de petit four ou «hibachi» à barbecue. Si vous prenez un tas de briques, vous n'avez qu'un tas de briques! Mais si vous regroupez ces briques avec la bonne figure géométrique, vous obtiendrez un petit four à barbecue! Vous pourriez dire que la différence entre un tas de briques et un four à barbecue est «X» ou une «âme». Remarquez que si vous «enlevez l'âme» de votre four à barbecue (en lui donnant un bon coup de pied, par exemple), vous obtiendrez un tas de briques, mais vous ne verrez pas une «âme de four à barbecue» s'envoler comme une sorte de fantôme!
N'oubliez pas: ceci a été dit non seulement par les philosophes catholiques comme saint Thomas d'Aquin (treizième siècle), mais aussi Aristote, il y a plus de deux mille ans!
Maintenant, que dire de l'âme humaine? Est-elle aussi purement matérielle?
Il me semble que la manière logique d'aborder ce problème est de d'abord se demander: «L'âme intellective pourrait-elle être matérielle?» Si nous pouvons trouver des choses qui peuvent faire tout ce que les hommes peuvent faire, mais qui n'ont pas d'âme spirituelle, cela serait un argument solide contre la spiritualité de l'âme humaine. Considérons donc les deux meilleurs candidats: les ordinateurs et les singes.
Est-ce qu'un ordinateur super-avancé pourrait devenir comme une personne humaine? Est-il possible de construire un ordinateur qui serait intelligent? Comme d'habitude, la réponse dépend de la façon dont on définit les termes comme «intelligence artificielle».
L'expression «intelligence artificielle» a été apparemment inventée en 1956 par John McCarthy [Russell and Norvig. Artificial Intelligence; A Modern Approach, 2nd Ed., p. 17]. Je ne sais pas si à l'époque un débat a eu lieu comparant les deux expressions candidates «intelligence artificielle» et «instinct artificiel». Nous savons tous que les chiens et les chats peuvent se comporter de manière très astucieuse; que les singes ont des émotions (comme la colère ou la peur); et que même les insectes peuvent exécuter des tâches merveilleusement compliquées, comme tisser une toile. Nous savons depuis des milliers d'années que l'instinct est une merveille de la nature, et que l'instinct est purement matériel (voir le N° 4 ci-haut), donc l'instinct est quelque chose qu'on peut construire artificiellement.
Alors pourquoi n'utilise-t-on pas l'expression «instinct artificiel»? Je dirais que c'est un cas d'inflation verbale. (Vous pouvez probablement obtenir de plus grosses subventions de recherche des militaires Américains si vous prétendez être capable d'inventer «l'intelligence artificielle»!) Mais quel que soit le débat terminologique, plusieurs programmes d'ordinateur prouvent que «l'instinct artificiel» existe au moment où on se parle, et il ne peut que s'améliorer.
Boucle simple de senseur-controleur-actuateur.
Jusqu'où peut aller «l'instinct artificiel»? Les ordinateurs les plus compliqués imaginables peuvent théoriquement être construits en se servant seulement de robinets et de boyaux d'arrosage (voir entre autres l'Ordineau). Vous avez aussi besoin d'actuateurs pour agir sur l'environnement (comme des vérins hydrauliques, ou des moteurs électriques, etc.), et des senseurs pour détecter des changements dans l'environnement (normalement des dispositifs qui transforment un quelconque phénomène physique en variations de signal électrique, comme des photorécepteurs, ou des transducteurs de pression, etc.). Étant donné suffisamment de temps, vous pourriez ensuite construire un robot très sophistiqué qui ressemblerait à un homme. Vous pourriez ensuite programmer votre robot pour qu'il se comporte intelligemment:
tant_que non endormi balayer horizon des yeux si beigne détecté manger beigne sinon_si visage détecté enclencher reconnaissance optique des visages si visage = épouse dire «Salut Marge, je t'aime!» sinon_si mouvements du visage = commandes envoyées à mes propres actuateurs vérifier dans miroir si morceaux de beigne pris dans mes dents sinon dire «Hé toi! Que fais-tu dans ma maison?» sinon bailler tourner pouces
Jusqu'à quel point ce robot pourrait-il se comporter intelligemment? Pourriez-vous construire un «robot-pompier» qui serait assez futé pour sauver des gens piégés dans une maison en feu? Bien sûr, pourquoi pas? Pourriez-vous construire un «robot-chirurgien» qui ferait des opérations sur des patients pour leur enlever l'appendice infecté? Bien sûr, pourquoi pas? Si vous pouvez inventer des senseurs qui sont assez sensibles, et des actuateurs qui sont assez puissants et précis, et si vous pouvez connecter ces senseurs et actuateurs à un ordinateur rapide dans lequel vous avez chargé un programme très futé, en théorie ça peut se faire.
Mais il y a une différence entre se comporter intelligemment et être intelligent. Pour avoir de «l'intelligence artificielle», strictement parlant, il faudrait que la matière pure ait la conscience de soi et le libre-arbitre. Comment allez-vous connecter des boyaux d'arrosage et des robinets de manière à produire la conscience de soi? Les changements matériels sont «transitifs», c'est-à-dire qu'un objet agit sur un autre objet, comme un domino qui frappe un autre domino. Mais dans la conscience de soi, le changement est «immanent», pas transitif. En d'autres mots, ce qui est conscient de soi est simultanément objet et sujet, «voyant» et «vu». Comment une chose matérielle peut-elle être à deux endroits en même temps?
De plus, comment allez-vous connecter des boyaux d'arrosage et des robinets pour obtenir le libre-arbitre? N'importe quel programme d'ordinateur peut choisir une option parmi plusieurs, mais il ne choisit pas librement. Il ne fait que suivre le programme! Un programmeur peut facilement intégrer un élément de «randomisation» dans la fonction de décision (un peu comme lancer un dé). Le programmeur peut donc rendre le comportement du robot aussi imprévisible qu'il veut. Mais l'ordinateur n'aura pas plus le libre-arbitre! Il faudrait que l'ordinateur soit conscient de soi, qu'il soit «transparent à lui-même». Ensuite, son «soi conscient» pourrait décider, tout en mettant de côté son programme et toute fonction de randomisation. Mais comment allez-vous connecter des boyaux d'arrosage et des robinets pour produire la conscience de soi? Oups!
Plusieurs personnes de nos jours prétendent que les singes (ou les gorilles, ou les dauphins, etc.) sont «intelligents». Une des prétentions populaires est du genre: «Koko le gorille peut parler grâce au langage des sourds-muets, donc elle peut penser!» Sauf que les «scientifiques» qui font de telles prétentions sont souvent forts sur la description des «merveilleuses habiletés langagières» de leurs sujets, et très fuyants quand vient le temps de se confronter avec la réalité.
Premièrement, pourquoi des êtres supposément «intelligents» doivent-ils être isolés de nous par des dompteurs d'animaux spécialisés et des langues bizarres? Votre gorille est-il vraiment intelligent ou pas? Si oui, alors vous n'avez pas besoin de lui enseigner un quelconque langage gestuel alambiqué! Ce gorille a des oreilles en parfait état, alors posez-lui simplement des questions «oui ou non», et il va hocher la tête pour répondre. Dans le film Ratatouille (voir l'image ci-bas), le cuistot découvre en quelques secondes que le rat qui est devant lui est une personne intelligente, simplement en posant quelques questions. Pas besoin d'interprète, et pas besoin de passer des années à lui enseigner le langage des sourds-muets!
«Viens-tu juste de dire «oui» de la tête?»
Source: Ratatouille, © Disney/Pixar
Quoi? Koko le gorille n'as pas appris à comprendre ce que nous disons? Alors comment se fait-il que tous les bébés du monde apprennent à comprendre le langage simplement en écoutant, mais pas votre gorille?
Deuxièmement, comptez le nombre de singes (ou dauphins, ou gorilles, etc.) qui sont en train de lire cet article!
Troisièmement, il ne faut pas oublier les merveilles de l'instinct animal. Une bête dénué de raison peut se comporter de manière futée, si vous l'entraînez assez longtemps. Même des pigeons (qui ont une cervelle d'oiseau!) peuvent faire des choses surprenantes, si vous avez assez de patience et de graines d'oiseau!
Comment pouvons-nous faire la différence entre l'entraînement, et l'intelligence? Je suggère une expérience pratique: Attachez un fil électrique au dresseur de Koko, reliez ce fil à une source d'énergie capable de donner des chocs douloureux. Reliez ce fil à un quelconque mécanisme compliqué dans une autre salle où se trouve Koko. Trouvez une personne qui parle le langage des sourds-muets, mais que Koko n'a jamais vu, et qui n'a pas de bananes à lui donner. Demandez à cette personne d'expliquer à Koko comment désamorcer le mécanisme qui donne des électrochocs. Je parie que Koko va convaincre son dresseur que les animaux ne peuvent pas parler, et encore moins penser!
Sérieusement, même si cette expérience pratique fonctionne, elle n'a pas d'assises théoriques solides. Même moi, je pourrais construire un robot qui passerait ce «Test Electro-Koko», et il aurait un «cerveau» fait de boyaux d'arrosage et de robinets! Si tout ce qu'un «test d'intelligence» peut faire, c'est de détecter des molécules qui se bousculent, alors ce test ne peut pas prouver la présence d'une intelligence. La matière, c'est de la matière, et de la matière qui se déplace prouve surtout qu'il y a de la matière qui se déplace! Le test ultime serait de pouvoir directement observer la conscience de soi et le libre-arbitre, tout comme on observe, par exemple, des globules rouges dans un microscope. Sauf que nous ne pouvons observer que notre propre conscience de soi et notre propre libre-arbitre. Alors, tout ce qu'on peut faire c'est de «cogner sur les murs de la matérialité», de manière ordonnée, et écouter au cas où on entendrait des «coups de retour ordonnés». Puisque nous pouvons réfléchir sur la nature de l'ordre, et voir que l'ordre a besoin d'être causé par une intelligence, nous pouvons détecter l'intelligence en écoutant les «coups de retour ordonnés». Avec assez de coups, nous pouvons éventuellement conclure si la source de ces «coups de retour ordonnés» est quelque chose qui a été conçu pour se comporter de manière ordonnée (comme un ordinateur ou une bête), ou une autre personne (c'est-à-dire quelque chose doué de conscience de soi et de libre-arbitre).
Les ordinateurs et les singes n'ont pas la conscience de soi et le libre-arbitre, mais les hommes si. Plusieurs philosophes prétendent qu'une âme spirituelle est nécessaire pour avoir la conscience de soi et le libre-arbitre. Est-ce vrai? Examinons d'abord quelques erreurs courantes concernant les enseignements d'Aristote (et de l'Église catholique) au sujet de la spiritualité de l'âme humaine:
7.1) «Les scientifiques n'ont jamais détecté d'âme spirituelle avec leurs instruments». Absolument vrai! Par définition, si quelque chose est spirituel, alors cette chose n'a pas de masse, de température, de taille, etc. Si le monde spirituel existe vraiment, alors notre seule «porte» vers ce monde sera nécessairement l'analyse soigneuse de certaines opérations de notre âme (la pensée et le libre-arbitre). Le seul «détecteur de spiritualité» qu'il peut y avoir, c'est notre propre conscience.
7.2) «La seule manière de prétendre que notre âme est spirituelle, c'est d'abandonner la Science, et d'avoir recours à la Religion». Faux! Aristote n'a pas dit: «Jésus Christ a dit que notre âme était spirituelle, donc c'est une vérité scientifique!» Primo, Aristote a vécu longtemps avant le Christ, et secundo, Aristote, étant un bon scientifique, essayait d'affirmer seulement quand les faits lui tordaient le bras. La nature de l'âme humaine est connue par ses opérations. Si certaines de ces opérations ne peuvent pas être accomplies par un être purement matériel, alors nous devrons admettre que l'âme humaine est spirituelle.
7.3) «Les âmes spirituelles sont pour les fous qui croient à la réincarnation et aux fantômes». Vrai en partie, et faux en partie. Oui, il ne manque pas de gens fous qui croient aux fantômes et à la réincarnation. Mais les bons philosophes, comme Aristote et saint Thomas d'Aquin, expliquent pourquoi la réincarnation et les fantômes sont impossibles, de par la nature de l'union entre le corps et l'âme de l'être humain. Techniquement, on appelle ça «l'hylémorphisme», et c'est une explication solide et équilibrée de l'union très intime entre la matière première et la forme substantielle. L'explication complète exige l'étude de la Métaphysique.
Si nous supposons pour un instant que l'âme humaine est spirituelle, nous rencontrons immédiatement toute une série de problèmes qui tournent autour des conditionnements matériels évidents de nos pensées et de nos comportements. De gros livres médicaux tout entiers ont été écrits, pour décrire comment notre corps matériel influence et parfois même détruit en apparence notre raison et notre libre-arbitre. Cela prouve-t-il qu'il est impossible pour notre âme d'être spirituelle?
Non. Mais cela prouve qu'il y a plusieurs philosophes qui ont tort, même s'ils prétendent que nous avons une âme spirituelle. Plusieurs philosophes inférieurs (comme Platon et Descartes) prétendent que l'âme humaine est spirituelle, mais seulement accidentellement unie au corps. De tels philosophes prétendent souvent que les âmes spirituelles sont «punies» en étant jetées dans des corps matériels, et qu'être uni à un corps matériel est un obstacle à la pensée.
Mais Aristote et saint Thomas d'Aquin (et l'Église catholique) n'ont jamais dit ça. Au contraire, ils disent plutôt:
8.1) Nihil est in intellectu quin prius fuerit in sensu. Tout le contenu positif et direct de nos pensées est pris de l'expérience sensible [Thonnard, PDH, §548].
8.2) Non datur intellectio sine conversione ad phantasmata. Il ne peut y avoir d'acte d'intelligence sans retour à un donné sensible [Thonnard, PDH, §548].
8.3) Un homme pense avec tout lui-même, corps et âme. «Néanmoins, dire que c'est l'âme qui est en colère est aussi inexact que dire que c'est l'âme qui tisse des tissus ou qui construit des maisons. Il est sans doute préférable d'éviter de dire que l'âme a pitié, ou apprend, ou pense, et de plutôt dire que c'est l'homme qui fait cela avec son âme.» [Aristote, De Anima, livre 1, chap. 4].
Aristote et saint Thomas d'Aquin prétendent que l'intelligence humaine est la plus faible de toutes les intelligences (bien en-dessous des intelligences divine et angélique). Nos pensées sont fortifiées et clarifiées à cause de nos corps, un peu comme notre chair est fortifée en étant soutenue par notre squelette (remarquez comme ici même dans cette phrase, j'utilise la matière pour nous aider à penser à des choses très abstraites!).
Cela étant dit, la dépendance de notre esprit sur notre corps est objective et intrinsèque. «Dépendance objective» car notre intelligence doit penser son objet direct dans l'expérience sensible, mais «dépendance extrinsèque», car les caractéristiques en tant que telles de nos pensées montrent que notre intelligence est pleinement indépendante des conditions matérielles. La preuve scientifique complète est donné ici par Thonnard, mais tout autre bon manuel de philosophie fera l'affaire.
Maintenant la torche électrique existe, maintenant elle n'existe pas?
Regardez l'image ci-haut. Une torche électrique peut être allumée, et elle peut être éteinte. Il y a quelque chose qui peut projeter de la lumière, et cette chose continue d'exister, même lorsque la lumière n'est pas actuellement projetée. En termes techniques, une torche électrique éteinte est «en acte premier», et lorsqu'elle est allumée, elle est «en acte second».
Cela ressemble beaucoup à l'âme humaine. Oui, nous pouvons poser des actes de conscience de soi et de volonté, mais nous pouvons aussi être en train de dormir, ou être sous anesthésie générale durant une opération chirurgicale, etc. La source des actes seconds ne cesse pas d'exister lorsqu'elle est en acte premier.
Dans ce cas, quand l'âme humaine se met-elle à exister «en acte premier»? En d'autres mots, quel est le moment de «l'infusion» de l'âme spirituelle dans un corps? Bien sûr, le problème est que nous ne pouvons ni voir, ni toucher, ni goûter une âme spirituelle. Nous pouvons prouver qu'un homme adulte a une âme spirituelle. Ensuite, nous pouvons prouver, en revenant de plus en plus dans le temps, que c'est le même être vivant qui dure dans le temps. Mais jusqu'où pouvons nous revenir dans le temps, et avoir encore devant nous un homme, c'est-à-dire un être doué d'une âme spirituelle et d'un corps?
Comme une âme spirituelle ne prend pas de place, nous ne pouvons pas nous fonder sur la taille de l'être vivant qui est devant nous. Et comme une âme spirituelle peut être en acte premier seulement, nous ne pouvons pas nous fonder sur l'absence temporaire d'actes de raison et de volonté. (Surtout si l'être vivant en question est en train de se construire tous les instruments dont il a besoin pour qu'une âme spirituelle puisse passer en acte second!) De plus, bien futé qui réussira à trouver une brisure ou une discontinuité nette dans le développement de cet être vivant, après la conception. (Et je le répète en d'autres mots: surtout si l'être vivant en question est en train d'ajouter toute cette complexité, sans que cette complexité provienne de l'extérieur de lui-même!)
En plus de toutes ces difficultés physiques, il faut ajouter une difficulté éthique. L'exemple traditionnel est celui du chasseur qui voit quelque chose bouger dans un buisson. Est-ce un chevreuil, ou est-ce un homme? Si ce chasseur tire, sans savoir sur quoi il tire, il agit mal. Tant qu'il n'a pas la certitude qu'il n'y a pas d'homme dans ce buisson, il doit éviter de tirer. «Pas sûr? Tire pas!»
La question de l'âme humaine est une question décisive, et la plus grande partie, sinon la totalité de l'éthique, dépend de cette question. Si notre âme est purement matérielle, alors il n'y a pas une grosse différence entre mettre une bûche dans le poêle à bois, et mettre un juif (ou tout autre homme) dans un four crématoire.
Si nous avons une âme spirituelle, alors ceci soulève immédiatement plusieurs autres questions comme «Qu'est-ce qui est tué exactement par un avortement?», ou «D'où vient l'âme spirituelle?» et surtout «Qu'arrive-t-il à l'âme après la mort?»
La nature de l'âme humaine peut être connue par la vraie Foi, c'est-à-dire le catholicisme, mais elle peut aussi être connue par la science honnête, humble et rationnelle.
Mais pas par les coquerelles!
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