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Plusieurs de mes anciens étudiants sont de très bons magiciens. Pendant de nombreuses années, je faisais des tours de magie avec les cartes à mes étudiants - jusqu'à temps que ces étudiants-ci arrivent! C'est devenu une tradition pour nous de se rencontrer une fois par année à un restaurant du coin pour s'échanger des trucs et nous montrer les uns aux autres nos plus récents tours. Même après avoir étudié la magie pendant des années, les nouveaux tours m'impressionnent. Néanmoins, lorsque le secret d'un tour de magie est révélé, c'est toujours remarquablement simple. Inévitablement, je suis consterné que l'enchantement soit brisé et ahuri d'avoir été trompé aussi facilement, même après un examen minutieux.
Et c'est exactement ce que sont les principes du post-modernisme, des tours de magie habilement déguisés, qui ont trompé et continuent de tromper des millions de gens, et dévoiler cette tromperie ressemble beaucoup au dévoilement d'un tour qu'on fait avec des cartes, des pièces de monnaie, ou une corde. La différence est que les tours de magie divertissent, alors que les prémisses du post-modernisme sont des tours qui détruisent les âmes.
Une de ces prémisses est l'idée qu'il n'y a pas de vérité unique, universelle et absolue. Comme Nietzsche l'écrit: «Il y a plusieurs sortes d'yeux. Même le sphinx a des yeux - et donc il y a plusieurs sortes de «vérités», et donc il n'y a pas de vérité». [sec. 540. La volonté de puissance]. Cette idée est si populaire que l'idée même d'une «vérité absolue» est associée avec l'arrogance et le refus du dialogue, sans parler d'une tendance à la violence.
Toutefois, il est impossible de renier l'existence d'une vérité unique, universelle, objective et absolue. La raison est que la vérité est l'objet même de l'intellect. Sans une vérité unique et objective qui mesure l'esprit de l'homme, tout ce que l'intellect peut espérer atteindre, c'est la formulation d'une opinion - en gardant en tête que l'opinion n'est pas de la connaissance, mais quelque chose entre l'ignorance et la connaissance. De plus, s'il n'y a pas une vérité unique et immuable, alors n'importe quelle opinion est aussi bonne que n'importe quelle autre opinion - ce qui est exactement ce que le libéralisme post-moderniste affirme depuis des années.
Le probleme, toutefois, est que si chaque opinion est aussi bonne que n'importe quelle autre, les opinions contradictoires sont également valides. Mais ceux qui adoptent cette position le font contre son opposée, c'est-à-dire la position que toutes les opinions ne sont pas également valides, en ce que certaines n'atteignent pas la vérité. Pour être cohérents, les post-modernistes sont forcés d'admettre que l'opinion contraire à la leur est aussi valide et digne d'être adoptée, que leur propre opinion. Mais bien sûr ils n'admettent pas ça du tout!
Pour rendre leur position apparemment plus rationnelle qu'elle ne l'est, les post-modernistes suggèrent que l'opinion selon laquelle la vérité absolue existe, engendre une attitude qui est la cause du terrorisme. Cette année l'ancien président des USA William Jefferson Clinton a suggéré cela même aux étudiants de l'Université Pace. Il a dit: «Nous allons avoir beaucoup de problèmes si nous prenons des décisions en se fondant sur la supposition que nous sommes en possession de la vérité absolue. C'est, après tout, ce qui ne va pas avec les terroristes». [5 mars 2006]
Le problème avec cette affirmation, toutefois, est que si l'esprit ne peut pas posséder la vérité absolue, il n'y a rien qui nous permet de conclure que le terrorisme est une mauvaise chose. Seul ceux qui en fait possèdent la vérité absolue concernant l'immoralité de la tuerie, ont le droit de condamner le terrorisme absolument.
Ce que les relativistes moraux comme Clinton ne comprennent pas, c'est que le terrorisme est précisément ce que leur relativisme engendre, en fin de compte. Car le but du processus de raisonnement est précisment d'en arriver à ce qui est vrai certainement et absolument. Mais s'il n'est pas possible de posséder ce qui est vrai absolument, alors il ne sert à rien de raisonner. L'alternative à persuader l'intellect, c'est de persuader la volonté.
Il y a plusieurs manières qu'on peut employer pour persuader la volonté, certaines plus futées et trompeuses que d'autres. Mais aucune méthode ne peut être éliminée comme étant absolument immorale, parce que cela présuppose la possession d'une vérité absolue, c'est-à-dire, un précepte objectif et universel grâce auquel un certain geste est jugé absolument inacceptable. Ainsi, on peut mentir, désinformer, tromper, exagérer, forcer, menacer, ou recourir à la violence totale.
C'est pourquoi Nietzsche, un des Pères du post-modernisme, écrit: «La "Vérité" n'est donc pas quelque chose qui est là, qui pourrait être trouvé ou découvert - mais quelque chose qui doit être crée et qui donne un nom à un processus, ou plutôt à une volonté de vaincre qui elle-même n'a pas de fin - introduire la vérité comme un processus in infinitum, une détermination active - et non un devenir conscient de quelque chose qui est en soi ferme et déterminé. C'est un mot pour "la volonté de puissance"». (sec. 552. La volonté de puissance).
De plus la position, selon laquelle il existe une vérité universelle, objective et absolue, est présentée comme étant contraire à l'humilité, le dialogue et le compromis raisonnable. Mais une fois de plus, ce n'est rien de plus qu'une habile tromperie qui masque le vrai visage du relativisme moral.
Par exemple, dans son discours au Centenaire de l'université Pace, Clinton a dit: «[...] nos Pères fondateurs, que nous aimons maintenant glorifier, vénéraient les compromis honorables et fondés sur les principes parce que c'est l'alternative à insister qu'on est en possession de la vérité absolue».
Néanmoins, les Pères fondateurs avaient une compréhension très claire de l'existence d'une vérité éternelle et absolue. Par exemple, George Washington, dans son Premier discours inaugural donné le 30 avril, 1789, a dit: «Les sourires de bonne augur du Ciel ne peuvent jamais être attendus sur un pays qui rejette les règles éternelles de l'ordre et du droit, que le Ciel lui-même a ordonnés». Dans une lettre à Edmund Randolph, datée du 31 juillet, 1795, il écrit: «Il n'y a qu'un droit chemin, et c'est de chercher la vérité et de la poursuivre sans dévier».
De plus, Alexander Hamilton a écrit: «Dans les réflexions de toutes sortes il y a certaines vérités primaires, ou principes premiers, sur lesquels tous les raisonnements subséquents doivent dépendre». (The Federalist, N° 31, 1 janvier, 1788). Et en réponse au Premier discours inaugural de Washington, James Madison a dit: «Si les gens ne sont pas influencés par les principes moraux, il ne sert à rien de chercher la vertu publique; c'est donc le devoir du législateur de faire appliquer, autant par les préceptes que par l'exemple, l'utilité, de même que la nécessité d'une adhésion stricte aux règles de la justice distributive». (18 mai 1789).
De plus, Clinton a dit: «Nous apprenons tous à être humbles, à cause de nos fragilités, à cause de nos imperfections. Mais tout d'un coup comme une lumière, nous serions en possession de la vérité complète, et nous aurions le droit de l'imposer à tous au moyen de la violence?»
Mais l'humilité n'est pas possible pour le relativiste post-moderne. Elle n'est possible que pour ceux qui admettent l'existence d'une vérité éternelle qui n'est pas fabriquée par l'homme dans sa quête du pouvoir, mais une vérité plus grande que l'homme et qui mesure son esprit, c'est-à-dire qui est la vérité d'un ordre moral objectif qui le somme d'y conformer son intellect et sa volonté. Car l'humilité est l'amour tempéré de sa propre excellence. Ainsi, les humbles reconnaissent leur petitesse relative, et leur besoin d'être perfectionnés par quelque chose qui est plus grand qu'eux, c'est-à-dire la vérité. Mais si un homme est la mesure de ce qui est vrai et bon, en d'autres mots si la vérité est une fabrication humaine enracinée dans la volonté humaine de survivre, alors il n'y a rien de plus grand que le «soi», auquel l'homme devrait se soumettre humblement.
Le problème avec les terroristes n'est pas qu'ils croient dans l'existence de la vérité absolue; plutôt, le problème réside dans le contenu de ce qu'ils considèrent comme vrai. C'est précisément ce contenu qui tue des gens. Comme tous les relativistes et déconstructionnistes moraux, les terroristes affirment que la vie humaine n'a pas de valeur intrinsèque et absolue. En d'autres mots, la vie humaine est jetable. L'idée populaire que «chaque opinion est aussi bonne que n'importe quelle autre opinion» a joué un rôle essentiel dans la mort des victimes innombrables de l'infanticide, de l'avortement, de l'euthanasie, et de la recherche avec les cellules-souches embryonnaires. C'est la permissivité morale qui explique 95% des décès causés par le cancer du col de l'utérus à chaque année aux USA, le résultat du papillomavirus, qui lui-même est le résultat de nouvelles moeurs sexuelles, qui elles-mêmes ont été causées par l'idée que les opinions morales contemporaines sont tout aussi valides que les autres opinions traditionnelles et «désuètes». C'est le «pluralisme moral» qui est au coeur des famines, de la destruction de l'environnement et de l'endettement des pays pauvres, parce que seul le «pluralisme moral» engendre l'indifférence morale.
Bill Clinton, qui pendant qu'il était président a toujours adopté les positions les plus contraires aux droits de l'enfant à naître, n'est pas moins un partisan de la position de la «vérité absolue» qu'un terroriste d'Al-Queda. C'est seulement son rejet explicite de l'idée de la «vérité absolue», sous le prétexte de la «diversité», qui lui permet de sembler différent.
Pour illustrer le fait que mes paroles ne sont pas purement théoriques, considérez que la Conférence nationale pro-vie du Canada de 2005 a essuyée une annulation de dernière minute par l'Oratoire Saint-Joseph à Montréal, suite à de nombreuses menaces de jeunes activistes. De plus, ce matin, je viens d'apprendre que les plaques d'immatriculation de mon épouse ont été volées, alors que les portes-plaque, qui portaient l'inscription «La vie est sacrée de la conception à la mort naturelle», ont été brisés et laissés devant sa voiture. Les deux sont essentiellement des actes terroristes commis, non pas par des gens religieux qui reconnaissent une loi morale objective, universelle et naturelle, mais par des relativistes moraux qui nient l'existence d'une telle loi au nom de la «diversité» et du «choix».
De telles personnes ne recourent pas à la raison, parce que leur position n'a pas de fondement rationnel, et ils ne sont pas dans l'embarras devant leur incohérence, l'incohérence de refuser à des citoyens libres le droit d'organiser et de participer une conférence de leur choix, parce qu'ils sont «pro-choix». Ils agissent ainsi parce que les règles de la logique ne sont, pour eux, rien d'autres que des fabrications humaines qui ne peuvent leur imposer quoi que ce soit. Et donc ils se tournent vers les tactiques de la terreur, parce que le but du jeu est de persuader la volonté, pas l'intellect.
Nous savons que, au moins du point de vue de la théologie chrétienne, il n'y a pas de lien essentiel entre le terrorisme, et l'idée d'une vérité absolue. Car Jésus lui-même a dit: «Je suis la Voie, la Vérité et la Vie». [Jn 14:6]. Et saint Paul dit que c'est dans le Christ que sont cachés tous les trésors de la sagesse et de la connaissance [Col 2:3]. Néanmoins, Jésus n'était pas un terroriste qui disait à ses disciples de forcer les gens à soumettre leurs vies à Lui. En fait, Il les a averti de ne pas abuser de l'autorité: «Vous savez que les chefs des nations païennes se conduisent en dictateurs, et leurs grands personnages abusent de leur autorité. Cela ne devra pas être chez vous» [Mt 20:25].
Finalement, la seule raison pour laquelle Bill Clinton peut légitimement inciter l'humanité à se préoccuper de l'environnement et de la faim dans le monde, etc., c'est qu'il saisit implicitement les premiers principes de la raison pratique et les préceptes de la Loi naturelle, et en particulier, le principe que la vie humaine est intrinsèquement bonne, de même que le précepte qu'on devrait promouvoir ce qui est intrinsèquement et humainement bon.
L'existence de la vérité objective n'implique pas nécessairement que moi ou qui que ce soit d'autre la possède entièrement. Si je prétendais une telle chose, je ne serais rien d'autre qu'une brute injuste. Si c'était le cas, j'aurais achevé mon destin, et j'expérimenterais la béatitude parfaite, car je posséderais Dieu, qui est la Vérité même, parce qu'il est l'Être même. Mais le fait est que je ne possède pas la vérité complètement, ce qui est pourquoi le dialogue et la docilité sont toujours nécessaires si je veux faire des progrès réels vers la possession parfaite de la vérité absolue.
Mais si la vérité n'existe pas, alors le dialogue ne sert à rien - sauf en apparence seulement -, et la docilité est faite pour les autres, pas pour moi. Et dans ce cas-là, la seule opinion qui va gagner sera celle du magicien le plus adroit.
Copyright © 2006 Douglas McManaman. Traducteur: SJJ
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