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(Salvador Dali. Le Christ de saint Jean de la Croix.
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On entend souvent dans les films, dans les médias, et dans les conversations des couples qui se divorcent, que «quelque chose a changé», que «avant on s'aimait, mais maintenant on ne s'aime plus», que les choses «ne sont plus comme avant», etc.
Est-ce vrai? L'amour peut-il «s'en aller» comme ça, malgré nous, après qu'on soit «tombé dedans», encore là malgré nous?
Imaginez quelqu'un qui dirait: «Avant j'étais assis, mais maintenant je ne sais pas pourquoi, j'ai changé, je suis debout. Je n'y peux rien, je ne suis plus assis». Voilà qui serait vraiment ridicule! Or c'est exactement ce que disent les gens lorsqu'ils prétendent qu'ils «n'aiment plus» leur conjoint. Le vrai amour, ce n'est pas la même chose qu'une émotion, qu'une attirance physique.
L'amour est la décision, consciente et libre, de vouloir le bien de quelqu'un. C'est pourquoi on peut aimer, même quand la personne qu'on aime n'est pas attirante. C'est pourquoi Mère Thérèse de Calcutta pouvait aimer des gens sales, vieux, laids, couverts de plaies et de microbes. C'est pourquoi on peut jurer devant Dieu et devant la Société qu'on va aimer son épouse ou son époux, jusqu'à ce que la mort nous sépare, sans même voir dans l'avenir la gravité des tempêtes qui vont secouer le couple.
Une vieille distinction, qui est encore très valable de nos jours, est celle entre l'amour captatif et l'amour oblatif. L'amour captatif (du latin «captare»: essayer de prendre) détruit la chose aimée. La personne qui «aime» d'un amour captatif utilise l'autre pour son propre plaisir. Comme le disait un de mes professeurs préférés en philosophie, plus on «aime» un pot de beurre d'arachides, plus ça nous fait plaisir, et plus ça détruit le beurre d'arachides. Quand on a fini «d'aimer» le pot de beurre d'arachides, il est complètement vidé, épuisé, détruit. Il faut alors changer de pot, et en «aimer» un autre!
L'amour oblatif (du latin «oblativus»: qui s'offre), c'est bien entendu le contraire de l'amour captatif. La personne qui aime est prête à se sacrifier elle-même, pour le bonheur de l'autre. Par exemple, lorsque le réacteur nucléaire de Tchernobyl en Ukraine s'est brisé et a commencé à cracher des radiations mortelles, il a fallu construire un caisson de béton pour arrêter ces radiations. C'était évident que les ouvriers qui allaient travailler à ce caisson allaient rapidement en mourir, à cause des niveaux mortels de radiations. Pourtant, il a eu des volontaires. Le caisson a été construit, les populations environnantes ont été sauvées, et les ouvriers en sont morts. On pourrait donner bien d'autres exemples, comme ce juge italien qui a résisté à la Mafia, et qui a décidé d'aimer la Justice plus que sa propre vie, et a refusé d'acquitter les mafieux, pour ensuite être abattu.
D'une certaine manière, il est difficile d'éviter l'amour captatif, car il peut se glisser n'importe où. Par exemple, un chrétien peut donner de l'argent aux pauvres (ce qui est en soi un très beau geste), mais le faire pour que les gens l'admirent, et non pour aider les pauvres. Un autre exemple est le politicien qui peut «être à l'écoute» du peuple et dire ce que les gens veulent entendre, mais seulement pour être élu afin de jouir du pouvoir, de l'argent et du prestige de son poste. Un troisième exemple est le vir qui dit à une femme qu'il veut être son «chevalier servant», qu'il va rester chaste et pur et qu'il va l'attendre le temps qu'il faudra. En soi, c'est un beau geste, mais malheureusement si l'intention du vir n'est pas droite, alors en fait il ne ferait que «tendre un piège» pour essayer d'attirer cette femme, afin de pouvoir se servir d'elle.
Comment éviter l'amour captatif? Il faut au moins savoir qu'il existe, et qu'il peut contaminer tout ce qu'on fait. La preuve ultime que quelqu'un nous aime d'un amour oblatif, c'est que cette personne ne prend rien pour elle-même, mais au contraire qu'elle donne sa vie pour nous. Le Christ, mort en croix pour nous racheter de nos péchés, est le meilleur exemple de cet amour. Par contre, un cercueil ne donne pas beaucoup d'argent aux pauvres, ne peut pas prendre de bonnes décisions politiques et, bien sûr, il n'est pas très réjouissant au lit!
Il faut donc trouver des «mini-crucifixions», pour voir si la personne qui prétend nous «aimer» est sérieuse, si elle est prête à «porter sa croix», ou au contraire si elle préfère «s'aimer» elle-même de manière égoïste et captative. Par exemple, si on exige des dons anonymes, les gens vont avoir plus de misère à faire l'aumône pour la publicité que cela leur donne. Pour les politiciens, les occasions ne manquent pas de dire au peuple des choses vraies, nécessaires, et désagréables. Pour les fiancés, l'exigence de continence sexuelle avant le mariage est un de ces tests. L'idée de «la bague avant le lit» est excellente, et pour plusieurs raisons. Une d'entre elles est précisément parce qu'elle aide à discerner l'intention réelle du fiancé.
Mon estomac commence et arrête de digérer sans ma permission. C'est un estomac humain, mais son activité n'est pas proprement humaine. Mes émotions amoureuses aussi commencent et arrêtent de m'attirer vers des femmes, sans ma permission. Mais mon «coeur» au sens figuratif, lui, est totalement humain. Il commence à aimer et cesse d'aimer quand je le décide librement et consciemment.
Si le mariage était fondé sur les émotions amoureuses et les attirances physiques, alors l'Église catholique serait bien folle de refuser le divorce, de refuser d'admettre que les couples peuvent «échouer». Mais l'Église n'est pas folle. C'est la société qui a perdu de vue la notion correcte de l'amour. C'est parce que nous pouvons nous élever au-dessus des esclavages matériels et psychologiques, que nous sommes libres de vraiment aimer!
Vive la différence!
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