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Bigots

N'importe qui, pouvant passer 36 mois sans baiser Bambi, est un archévêque en puissance.
[Source]

Bryan Hathaway, de l'état du Wisconsin, est un Catholique Qui Pense. C'est-à-dire qu'il ne laisse pas son cerveau au vestiaire, et ne se conforme pas à la morale unitaille de l'Église, mais explore créativement les manières non-traditionnelles et holistiques d'exprimer sa personnalité sexuelle. En conséquence (le Wisconsin étant un état lamentablement arrièré), il purge en ce moment neuf mois en tôle [Source]:

Wausau (AP) -- Un tribunal d'appel de l'état a maintenu la condamnation d'un homme de la ville de Supérieur, pour avoir copulé avec un chevreuil mort. Le Tribunal d'appel du 3e district a rejeté l'argument de Bryan Hathaway selon lequel l'accusation devrait être rejetée parce que la loi interdisant un acte de gratification sexuelle avec les animaux ne s'applique pas si les animaux sont morts. [...] Hathaway a dit aux enquêteurs qu'il a vu un chevreuil mort dans le fossé, près de Supérieur à l'automne 2006, alors qu'il passait par là en bicyclette. Il l'a ensuite traîné dans les bois et a eu un rapport sexuel avec. [...]

Hathaway avait déjà été trouvé coupable en avril 2005 de mauvais traitement grave d'un animal, après qu'il ait tué un cheval avec l'intention d'avoir un rapport sexuel avec. Il a reçu une sentence de 18 mois en prison et deux ans de surveillance prolongée pour cette inculpation, de même que six ans de probation pour avoir pris et conduit un véhicule sans le consentement du propriétaire.

La question évidente est: lorsqu'il sera finalement relâché, est-ce que Hathaway devrait être admis au séminaire?

Maintenant, avant que vous répondiez avec une réaction réflexe négative, considérez la fragilité intellectuelle des obstacles sur la route de Bryan. Ressentez-vous une répugnance viscérale envers cette libido particulière (appelons-là «phorbyphilie», c'est-à-dire attirance sexuelle envers la charogne routière)? Si oui, votre écoeurement vous disqualifie en tant que juge impartial en cette cause, puisque vous projetez vos craintes d'enfance ["Post-modern pedophilia", April 07, 2003] dans le phorbyphile. Êtes-vous au courant de la littérature scientifique sur la phorbyphilie, des débats du DSM-IV, des études longitudinales de 40 ans, des actes des congrès de psychiatrie consacrés à ce sujet? Bien sûr que non, puisqu'une telle littérature n'existe pas. Toutes vos données sont anecdotiques, et donc scientifiquement bonnes à rien.

Peut-être qu'ensuite vous citerez des objections religieuses. Mais où la Bible condamne-t-elle cette attirance? Bien sûr, vous pouvez citer Lévitique 20:15 («L'homme qui aura eu des rapports avec une bête sera puni de mort»), mais les exégètes bibliques nous disent que ce passage faisait partie du «Code de sainteté», qui n'avait pas l'intention de donner des directives morales, mais n'était simplement qu'une liste de tabous pour démarquer Israël des païens environnants. Et pour ce qui est de Romains 1:24, Andrew Sullivan vous a déjà en échec-et-mat. Saint Paul était opposé aux actes «contraires à la nature»; mais si c'est dans votre nature d'être incliné envers les chevreuils morts, alors (nous assure Sullivan) vous n'agissez ni contrairement à cette nature, ni contrairement à la volonté de Dieu, en laissant libre cours à votre forte envie de violer la venaison.

La bigoterie, je dois le dire à regret, a compliqué les choses encore plus, en forçant de nombreuses personnes talentueuses et généreuses à cacher leur phorbyphilie, de telle sorte que leur nombre réel, et les dons qu'ils apportent à la communauté chrétienne -- et à la société en général -- passent souvent inaperçus. Une lecture plus attentive des ouvrages classiques et des études biographiques moins réticentes vont montrer que plusieurs de nos plus grands artistes partagaient cette libido. Vous êtes sceptiques? Jane Austen est décédée non-mariée à 41 ans. Eh bien voilà!

En effet, certaines régions éclairées de la chrétienté catholique montrent plus d'ouverture aux personnes avec des paraphilies. Les Jésuites des USA ont développé un profil [Profile for Jesuit novice-candidate] du candidat-novice désirable qui inclut cette caractéristique: «Il a la capacité d'identifier et d'accepter sa propre orientation sexuelle, et de vivre à l'aise avec les gens d'orientation sexuelle différente». Remarquez que non seulement «l'orientation» est un terme infiniment inclusif, mais dans cette perspective, le facteur disqualifiant est l'inconfort: c'est l'homme qui a un sursaut de dégoût, devant son frère aimant autrement, qui est suspect. De plus, l'interprétation américaine de la demande du Saint-Siège pour «la maturité affective» [backing water and blowing smoke, November 30, 2005] insiste que n'importe qui, pouvant passer 36 mois sans baiser Bambi, est un archévêque en puissance.

Nous sommes un peuple de ramure de chevreuil. (NDT. Jeu de mots truculent «Easter People» et «Antler People».)

Bon, revenons à la réalité. Blague à part, les chrétiens croient qu'un homme comme Bryan Hathaway doit être accepté avec «respect, compassion, et sensibilité» (voir le CÉC au paragraphe 2358). Pourquoi? Parce que, comme touts les hommes, Hathaway a été fait à l'image et à la ressemblance de Dieu. Cela signifie-t-il que nous allons l'encourager dans son orientation sexuelle? Au contraire: confesser qu'il est fait à l'image et à la ressemblance de Dieu, c'est admettre qu'il a entaché cette image par ses abominations. Nous ne pouvons pas non plus lui accorder le respect et la compassion, sans lui souhaiter du bien, et lui souhaiter du bien entraîne l'espoir qu'il va renoncer à ses énormités et qu'il va éventuellement laisser sa maladie derrière lui (un espoir que les parents de Hathaway partageraient, et que lui-même doit conserver à un certain niveau).

On nous dit, et nous croyons, que Hathaway doit être «accepté». Mais s'il adoptait sa sexualité avec une attitude de défi, et s'il demandait à être embauché comme professeur au secondaire, nous l'acceptons non pas en lui accordant sa demande, mais en insistant encore plus pour qu'il cherche la guérison. C'est le point important: c'est précisément notre obligation de manifester «le respect, la compassion, et la sensibilité» qui requiert que nous rejetions ses fanfaronnades d'identité sexuelle, et que l'on refuse ses exigences qui en découlent. En tant que catholiques, nous pouvons encore réagir avec justice et charité à un cas comme celui de Hathaway parce que, comme l'état du Wisconsin, nous sommes en grande partie encore sensés concernant ce dossier. Nous sommes encore sensés dans ce dossier parce que nous n'avons pas été ciblés par des décennies d'artillerie idéologique dans un tir d'affaiblissement massif. On ne peut pas dire la même chose pour tous les dossiers controversés.

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