Adorons Jésus-Eucharistie! | Accueil >> Sermons perdus
Écrit par Christopher A. Ferrara, copié du site web du journal The Remnant, avec permission. (Le traducteur français a rajouté la numérotation aux sections pour faciliter les hyperliens, et a remplacé «homme» par «vir» pour éviter les ambiguités.)
Note de l'éditeur: Ceci est la version WEB RÉVISÉE ET AUGMENTÉE de l'article de M. Ferrara du même nom qui apparaît dans la version imprimée courante du The Remnant. Nous avons décidé de l'afficher ici dans son intégralité en raison de la gravité de son sujet et parce qu'il pourrait bien être notre réquisitoire le plus définitif de François et de son ordre du jour pour changer l'Église de façon permanente. C'est avec tristesse que nous publions cette critique dévastatrice de la «Joie de l'amour». En fait, nous considérons ceci comme rien de moins que le devoir déchirante des fils fidèles de l'Eglise, qui ne voient pas d'autre choix que de résister. S'il-vous-plaît, priez pour le Pape François et pour notre bien-aimée Église catholique manifestement assiégée. MJM
Aucune difficulté ne peut survenir qui justifierait la mise de côté de la loi
de Dieu, qui interdit tous les actes intrinsèquement mauvais. Il n'y a
aucune circonstance possible dans laquelle le mari et la femme ne pourraient pas,
fortifiés par la grâce de Dieu, remplir fidèlement leurs devoirs et préserver
de toute souillure leur chasteté dans le mariage.
Pie XI, Casti Connubii
Comme le cardinal Burke a observé dans un article paru dans le National Catholic Register, suite à une lecture attentive, AMORIS LAETITIA se révèle être un document «personnel, c'est-à-dire non-magistériel, une réflexion personnelle du pape» qui «ne se confond pas avec la foi qui doit obéissance aux déclarations du Magistère.». Ceci est vrai, mais peut-être pas pour les raisons décrites par le cardinal, comme je le montrerai à l'issue de cet essai.
Mais cela n'élimine pas l'énorme problème causé par cette «exhortation apostolique» de 256 pages tout-à-fait sans précédent. Ce qui motive toutes les pages qui suivront ici est que François a promulgué Amoris Laetitia comme si c'était un acte authentique et exécutoire du Magistère, et que ce document sera traité comme tel par ses collaborateurs et par les progressistes ecclésiaux dans le monde catholique. Amoris Laetitia est, par conséquent, encore un autre ajout à La Grande Façade de pseudo-doctrines non-exécutoires présentées sous la forme de nouveautés pastorales et disciplinaires et de nouvelles attitudes et «approches» -- toutes apparaissant pour la première fois au cours de cette grande époque d'illumination connue sous le nom des Années soixante. Ces pseudo-doctrines incluent la nouvelle liturgie (à laquelle les fidèles ne furent jamais réellement tenus d'assister), «l'oecuménisme», «le dialogue» et «le dialogue interreligieux». Leurs effets combinés ont été ruineux.
Et maintenant ceci. Un commentaire sur le blog Rorate Caeli a dit ce qu'il fallait dire pour l'amour de la vérité: «Il n'y a pas d'autre façon de le dire: l'exhortation apostolique du Pape Amoris laetitia est une catastrophe». L'organisme de défense des droits de la famille Voice of the Family a reconnu ce qui était immédiatement évident à la lecture du très crucial huitième chapitre: «Notre première analyse fournit un motif suffisant pour considérer ce document comme une menace pour l'intégrité de la foi catholique et le bien authentique de la famille».
Même les commentateurs normalement loin des extrêmes n'ont pas caché leur inquiétude face à la démotion manifeste des enseignements exigeants de Notre Seigneur dans le domaine de la morale sexuelle, ainsi que devant l'argument thématique de François qui prétend que les «facteurs atténuants» et les «situations concrètes» convertissent en quelque sorte les péchés mortels de l'adultère et de la fornication en simples «irrégularités» en deçà de l'«idéal» du mariage chrétien, mais néanmoins possédant des «éléments constructifs». Voir la discussion détaillée en Deuxième partie.
L'émission The World Over de EWTN a présenté une critique poliment dévastatrice faite par le P. Gerald Murray, Robert Royal et Raymond Arroyo. Les participants ont décrit des passages, que nous examinerons ici, comme étant «dangereux», «très inquiétant», «très problématique», «pas la langue de l'Évangile», «très bizarre», «très étrange», «une grosse erreur», «construisant des arguments-bidon («strawman») pour ensuite les abattre», «une contradiction directe de Jean-Paul II dans Familiaris consortio et documents ultérieurs», «pas en accord avec ce que l'Église a dit jusqu'à présent», «fausse miséricorde» favorable à «l'abbé Copain-Copain» qui veut vendre le magasin, qui ferait que communier serait «un badge d'honneur que vous recevez même vous si vous savez que ce que vous faites est contraire à l'enseignement de l'Église», et une «tentative de camoufler dans la paperasse ce qui est vraiment un changement de doctrine [...] tout en niant que vous changez la doctrine». Comme Arroyo l'a observé, de par la teneur générale du document, «l'exception devient une règle très difficile, voire pas de règle du tout», tandis que l'Église, pour citer le Père Murray, «se lance dans l'industrie de fabrication d'excuses, pas l'industrie de l'Évangile». Ayant reçu le dernier droit de parole, le père Murray, citant le droit naturel des fidèles à exprimer leurs préoccupations, comme le reconnaît le code de droit canonique, a conclu:
La flatterie signifierait que nous garderions nos bouches fermées et que nous ne dirions rien. Mais la franchise de l'Évangile [...] nous demande de vous dire, Saint-Père, que soit vous avez été mal conseillé, ou soit vous avez une compréhension incomplète de cette question [...]
Je ne veux pas critiquer le pape [...] mais je dirai néanmoins que quand vous faites quelque chose en public qui contredit ce que votre prédécesseur a fait, il doit y avoir une imputabilité pour cela, ainsi que la responsabilité de défendre l'Évangile, et je pense que c'est ce que vont demander beaucoup d'évêques, de cardinaux et de prêtres.
Sur le site The Catholic Thing, Robert Royal a rejeté la prétention des blanchisseurs de sépulcre habituels, selon laquelle François n'aurait pas autorisé la sainte communion pour les adultères publiques dans «certains cas» (comme montré ci-dessous). Voilà exactement ce qu'il a fait, comme François lui-même vient d'admettre au cours de sa conférence de presse en vol pendant son retour de la Grèce. Voir la partie II en (6). Royal en déplore les conséquences inévitables:
Amoris Laetitia espère résoudre les situations de bien des gens dans le monde moderne, mais il est beaucoup plus probable que ce document va jeter plus d'huile sur le feu de l'holocaust. Pas besoin d'une boule de cristal pour prédire qu'une fois les divorcés-remariés admis à la communion dans certaines circonstances, tous seront bientôt présumés admis. Et -- pourquoi pas? -- même pour les personnes dans des relations homosexuelles, qui ont sans doute une toute aussi bonne prétention à des circonstances atténuantes [...].
D'un côté d'une frontière entre deux pays, la communion pour les divorcés-remariés deviendrait maintenant un signe d'une nouvelle effusion de la miséricorde et du pardon de Dieu. De l'autre côté, donner la communion à quelqu'un dans des circonstances «irrégulières» continuerait d'être une infidélité à la parole du Christ et, potentiellement, un sacrilège. En termes concrets, par toute la terre, ce qui se dessine à l'horizon est le chaos et les conflits, pas la catholicité.
Écrivant pour LifeSiteNews, Philip Lawler a dit:
Amoris Laetitia -- «La joie de l'amour» -- n'est pas un document révolutionnaire. C'est un document subversif [...]. Malheureusement, l'effet net de l'approche du Pape sera très probablement l'accélération d'une tendance déjà puissante de rejeter l'enseignement pérenne de l'Église, et donc une diminution du respect pour ce même ministère pastoral que le Pape espérait encourager [nos italiques ici et dans le reste de cet article].
Le Catholic World Report, publié par le Père Joseph Fessio, S.J., a présenté un recueil d'articles sur le document, la quasi-totalité d'entre eux très critique à certains égards, en particulier concernant le chapitre 8, l'objet de ce commentaire:
- James V. Schall, S.J., le collègue jésuite du Père Fessio, est d'accord que l'ensemble du document a un impact subversif sur l'enseignement de l'Église sur l'immoralité sexuelle et le péché grave en général: «Mais en fin de compte, il semble souvent que l'effet de cette approche est de nous amener à conclure qu'aucun «péché» n'a jamais eu lieu. Tout a une cause excusante [...]. On en retire de cette approche de ne pas être désolé d'avoir péché, mais d'être soulagé de se rendre compte qu'on n'a jamais vraiment péché du tout».
- Carl E. Olson dit qu'Amoris Laetitia est «profond et confus», notant que «apparemment, François tourne un peu les coins pas mal rond avec certains de ses arguments et ses sources.» (Pas apparemment et pas un peu, mais dans les faits et très sérieusement, comme nous le verrons.)
- Le renommé canoniste Edward Peters a déploré de François, dans Amoris Laetitia, ses «plus-que-occasionnels recours à des platitudes, des caricatures de points de vue contraires au sien, et l'auto-citation [...]». Il a relevé un «abus grave d'un enseignement conciliaire [dans] Gaudium et spes 51» (une véritable fraude que nous discuterons ci-dessous) et s'émerveille de l'opinion étonnante de François selon laquelle il peut y avoir «fidélité éprouvée» et «engagement chrétien» dans «relations chroniquement adultères» après «l'abandon public et permanent d'un conjoint précédent.»
- Eduardo Echeverria, professeur de philosophie et de théologie systématique au Grand Séminaire du Sacré-Coeur à Detroit, a offert une série de critiques sévères:
François semble presque (pas tout-à-fait, mais presque) incapable de reconnaître qu'une personne est coupablement responsable du rejet de la vérité du mariage et de la famille [...]
Donc, avec tout le respect dû à François, je pense qu'il sous-entend un appui pour «la gradualité de la loi» et donc, par implication, il ouvre la porte à une «éthique de situation». (C'est exactement ce qu'il a fait, comme je le montre plus bas.)
François «encourage «l'atténuation de la lumière» parce qu'il déclasse la force morale de cet ordre normatif [moral] quand il parle ici de «règles». Il veut créer un espace moral pour considérer une personne comme non coupable, ayant même recours aux injures, lorsqu'il appelle ceux qui veulent appliquer ces normes sans conditions (dans son esprit, à ce stade, de «simples règles») comme arborant une «morale bureaucratique froide». [...] Cette conclusion semble être bien loin du Catéchisme de l'Église catholique [...]»
Pourtant, malgré ces accablants commentaires (aussi diplomatiques soient-ils), les commentateurs ordinaires («mainstream») cités ci-dessus s'acharnaient à souligner les éléments orthodoxes se retrouvant dans les longs méandres verbeux de ce texte de 256 pages. Parmi ces éléments orthodoxes on retrouve une condamnation franche de l'avortement au paragraphe 83. (Même cela, cependant, est mêlé à la fausse déclaration dans le même paragraphe que «l'Église, -- c'est-à-dire François, -- rejette fermement la peine de mort».) Mais pourquoi un quelconque membre des fidèles devrait-il consacrer un quelconque effort pour séparer les parties orthodoxes d'un document papal qui, comme même ces commentateurs ordinaires le voient, conduira au chaos et aux conflits dans l'Église, d'un document qui est subversif, qui transmet l'impression générale que les péchés mortels sont tous plus ou moins excusables, qui a recours à des citations trompeuses, à des arguments malhonnêtes et aux caricatures de points de vue opposés, et ouvre la porte au mal flagrant de l'éthique de la situation?
Si un chef cuisinier de renommée mondiale dans un restaurant étoilé Michelin nous servait un gâteau dont la recette incluait «1 cuil. à thé de cyanure», nous ne ferions guère l'éloge des autres ingrédients sains en raison du prestige du chef. Nous jetterions ça aux vidanges, et lui en prison. Lorsqu'une «Exhortation apostolique» qu'on admet subversive est concernée, les fidèles n'ont pas l'obligation de l'analyser pour dénicher l'enseignement catholique acceptable sur le mariage et la famille. N'avons-nous pas déjà eu plus qu'assez de ces sottises? Les fidèles n'ont pas la responsabilité de «purifier» un enseignement pontifical défectueux par des commentaires défensifs post-publication qui «accentuent le positif», tout en ignorant le négatif. C'est la responsabilité du Pape de donner un enseignement en lequel les fidèles peuvent avoir d'emblée confiance -- sur chaque page de chaque document.
Après trois ans de ce genre de chose, nous avons bien appris que ce pontificat est une démonstration continue des limites strictes de l'infaillibilité pontificale, un charisme qui se termine à la frontière de la nouveauté, où François se croit un pionnier audacieux. Il n'est pas de commentaire plus révélateur sur ce document que la déclaration initiale du Père Zuhlsdorf selon laquelle «Nous avons esquivé une balle, ou du moins esquivé une balle au centre de masse». Rien ne pourrait être plus révélateur de la catastrophe de tout ce pontificat que cette admission par inadvertance que François est comme un tireur fou sur un campus universitaire, et que nous devrions être contents qu'il nous ait manqué, ou seulement effleuré. Ouf. Nous l'avons échappé belle!
En ce qui concerne les parties de Amoris Laetitia qui affirment, même si c'est verbeusement, les aspects de l'enseignement catholique traditionnel sur le mariage et la famille, nous avons déjà cet enseignement en abondance de sources innombrables du Magistère infaillible, incluant des encycliques-jalon superbement écrites, auxquelles les fidèles catholiques ont déjà accordé leur assentiment d'esprit et de volonté. Quant aux catholiques infidèles, ils ne se donneront même pas la peine de lire la chose, mais vont tout simplement se contenter de la nouvelle, maintenant claironné partout dans le monde, que François a mis la pédale douce sur toutes ces histoires «d'adultère». Et si, à la fin du «voyage synodale» tumultueux que François a exigé et manigancé du début à la fin, les catholiques traditionnalistes sont censés se réjouir simplement parce qu'il n'a pas fait, ce qu'il n'a pas le pouvoir de faire de toute manière -- «changer la doctrine» -- alors quel était le but de tout ce «Synode sur la famille»?
La réponse à cette question est maintenant évidente pour toute personne en possession de sa raison. Le Synode était simplement le véhicule de livraison pour Amoris Laetitia, où François, comme je vais le démontrer ci-dessous, arrive enfin à la destination qu'il avait prévu depuis le début: l'admission de «certains» (finalement tous) divorcés et «remariés» catholiques, ainsi que autres pécheurs habituels publics de la variété sexuelle, à la Confession et la sainte Communion, sans repentir préalable et sans ferme propos de ne plus pécher. La doctrine telle quelle sur l'indissolubilité du mariage est laissée intacte -- en fait, paragraphe sur paragraphe de louanges fleuries y sont entassés -- cependant que l'intention d'origine de François d'ignorer cette doctrine est finalement confirmée. Amoris Laetitia élargit plus que commodément la brèche laissant passer ce résultat, brèche qui avait déjà été creusée par les tristement célèbres paragraphes 84-86 du rapport final du Synode 2015.
Mais il y a plus. Dépassant même les prévisions les plus pessimistes, François va au-delà de son simulacre de synode pour proclamer ce qui équivaut à une «amnistie» ecclésiale de facto sur l'immoralité sexuelle grave, comme si cela était possible. Amoris Laetitia atteint ce résultat en réduisant l'enseignement moral de l'Église à des «règles générales», le mariage chrétien à un «idéal», et même la loi naturelle elle-même à un «objectif idéal» dont les manquements sont considérés comme excusables, en considération des «facteurs atténuants» et des «situations concrètes» -- c'est-à-dire «l'éthique de la situation», comme le professeur Echeverria reconnaît.
Comme cet essai le montrera, cette percée catastrophique faite par l'insurrection néo-moderniste se trouve dans le chapitre 8, dont le titre bizarre dit tout: «Accompagner, discerner et intégrer la faiblesse». Lisez à nouveau ce titre et méditez ses implications avant d'aller plus loin. Voir la discussion à la Partie II (1) - (5).
Si les choses vont comme François le veut, l'Église va maintenant intégrer les pécheurs mortels publiques, impénitents et habituels dans la vie ecclésiale, même si l'Église a toujours enseigné, pour leur propre salut, qu'ils ne sont pas membres vivants de l'Église tant qu'ils ne se repentent pas, qu'ils ne sont pas absous de leurs péchés et restaurés à la vie de la grâce sanctifiante. Ce plan «d'intégration» comprendra, mais sans s'y limiter, ceux qui vivent dans un deuxième «mariage» adultère ou simplement cohabitant sans intention de mettre fin à leur situation immorale. Ceci doit être fait sous prétexte que ces gens sont tellement incapables de s'aider eux-mêmes dans leurs péchés qu'ils ne peuvent pas être considérés comme coupables subjectivement ou être tenus de modifier leur vie à l'heure actuelle, et que la «miséricorde» exige que l'Église accueille leur «faiblesse» jusqu'à ce qu'ils «grandissent» spirituellement à un moment donné dans un avenir indéfini. Mais où est passée la grâce de Dieu? Dans le mode postconciliaire habituel de propos ambigus Modernistes, Amoris Laetitia se contredit ouvertement en déclarant: «Grâce à son Église, le Christ donne sur le mariage et la famille la grâce nécessaire pour témoigner de l'amour de Dieu et de vivre la vie de communion (63)».
Si seulement cela était une blague. Mais François est mortellement sérieux. Bien sûr, ce que je dis ici exige une démonstration, que je vais maintenant exposer. Cette démonstration sera assez détaillée et donc assez longue, mais une question aussi grave doit être démontrée entièrement avec les mots en cause, et cela nécessite une analyse approfondie, pas des généralisations à propos d'un document.
Bien que l'accent de ce commentaire soit le chapitre 8 de Amoris Laetitia, les chapitres précédents contiennent de nombreuses allusions à la subversion à venir. Ces amuse-gueule rhétoriques en préparation au plat principal ont tendance à saper ou dénigrer l'enseignement traditionnel de l'Église sur le mariage et la famille, ainsi que les menaces modernes à ces deux institutions, telles que dévoilées par une lignée de grands papes avant Vatican II. (Il y a des citations symboliques de Pie XI et Pie XII, mais rien de leur «rigorisme» sans compromis se retrouve dans le texte).
D'emblée, Amoris Laetitia dévoile un thème étonnant de relativisation éthique en fonction des circonstances locales et individuelles. Citant un de ses propres dictons bizarres, François déclare:
Puisque «le temps est plus grand que l'espace», je tiens à préciser que ce ne sont pas toutes les discussions sur les questions doctrinales, morales ou pastorales qui doivent être réglées par des interventions du magistère. L'unité de l'enseignement et de la pratique est certainement nécessaire dans l'Église, mais cela ne fait pas obstacle à diverses façons d'interpréter certains aspects de cet enseignement ou d'en tirer certaines conséquences. Ce sera toujours le cas alors que l'Esprit nous guide vers la vérité tout entière (cf. Jn 16,13), jusqu'à ce qu'il nous conduise pleinement dans le mystère du Christ et nous permette de voir toutes choses comme il le fait. Chaque pays ou région, par ailleurs, peut trouver des solutions mieux adaptées à sa culture et sensible à ses traditions et aux besoins locaux [...] Car les cultures sont en fait très diverses et chaque principe général [...] doit être inculturé, si elle doit être respectée et appliquée.
Les conséquences sont évidentes et dévastatrices. Le passage est clairement conçu pour permettre à chaque région ou nation d'adopter sa propre «interprétation», relative à sa culture, de la discipline Eucharistique universelle de l'Église concernant les divorcés et «remariés» et autres pécheurs mortels publics habituels, et même sa propre interprétation des autres «principes généraux», y compris «certains aspects» de l'enseignement de l'Église. Comme il l'a fait tout au long du «voyage synodal», François invoque «l'Esprit» comme une source permanente de «révélation» que «nous guide vers la vérité tout entière» -- cachée jusqu'ici!-- et enfin «nous conduit pleinement dans le mystère du Christ et nous permet de voir toutes les choses comme il le fait». En bref, le «Dieu des surprises» que François a présenté au monde à la fin du Synode 2014. Une conception d'un gnosticisme inquiétant de la discipline et de la doctrine.
Dans la même critque de EWTN mentionnée ci-dessus, Robert Royale a noté que le paragraphe 3 menerait en pratique à «cette situation absurde où vous pourriez sauter dans votre voiture et aller en Pologne, et si vous êtes divorcé et remarié et que vous recevez quand même la sainte Communion, c'est un sacrilège et une rupture avec la tradition, une gifle au visage de Notre Seigneur. Mais si vous conduisez jusqu'en Allemagne, tout-à-coup, c'est une nouvelle effusion de la miséricorde et de l'ouverture au dialogue.»
Après ce sinistre commencement, Amoris Laetitia nous sert de nombreux indices de la subversion imminente, mélangés aux éloges pieux du «plan de Dieu» pour le mariage. Je recommande fortement la dissection et la discussion lumineuse de Chris Jackson de ces éléments tendancieux, parmi lesquels il identifie les éléments suivants:
- des éloges pour la soi-disant plus «équitable répartition des devoirs, des responsabilités et des tâches» dans la famille «moderne» par rapport aux «anciens modèles et formes» (35);
- une déclamation ridiculement faible que l'Église «peut difficilement arrêter de défendre le mariage» parce que ce serait «priver le monde des valeurs que nous pouvons et devons offrir» (35);
- la prétention selon laquelle «il ne sert à rien de juste dénoncer les maux actuels, comme si cela pouvait changer les choses» -- ceci pendant que François ne cesse de dénoncer les «maux actuels» qu'il considère comme les plus urgents, qui s'adonnent à être tous des cibles politiquement correctes (35);
- la fausse accusation que l'enseignement de l'Église sur le mariage «est éclipsé par une insistance presque exclusive sur le devoir de la procréation» par rapport à l'aspect soi-disant «unitif», quand c'est exactement le contraire qui est vrai (36);
- la fausse accusation que l'Église a présenté une «idéalisation excessive» et un «idéal théologique artificiel» du mariage(36);
- les fausses accusations que l'Église a longtemps «insisté sur les questions doctrinales, bioéthiques et morales, sans encourager l'ouverture à la grâce» et a injustement négligé de «faire de la place pour les consciences des fidèles» (37) -- une préparation évidente pour le chapitre 8;
- la déclaration que «certainement il est légitime et juste de rejeter les anciennes formes de la famille traditionnelle marquée par l'autoritarisme et même la violence», tout en omettant ostensiblement préciser ce qu'on entend par «formes plus anciennes de la famille traditionnelle» (32);
- la mention surnoise et banale des «unions de même sexe» comme faisant partie de «la grande variété des situations familiales qui peuvent offrir une certaine stabilité», même si elles «ne peuvent pas simplement être assimilées au mariage» (53 ) -- abandonnant ainsi implicitement l'enseignement de l'Église sur le devoir moral de s'opposer à la légalisation et de résister à la mise en oeuvre de toute forme de ces «unions»;
- la rétrogradation subtile de «l'union indissoluble entre un vir et une femme» à seulement une «situation familiale» qui a «un rôle plénier à jouer dans la société comme un engagement stable» -- c'est-à-dire que «les unions de même sexe» peuvent avoir un rôle moindre, ce qui est tout à fait en accord avec le refus de François d'offrir la moindre opposition à leur légalisation en Irlande, aux États-Unis et même en Italie (52);
- «l'émancipation féminine» est louée et exonérée de tout blâme pour «les problèmes d'aujourd'hui», tandis que ceux qui pensent autrement sont accusés de «chauvinisme mâle» (54);
- la suggestion stupéfiante -- de la part d'un Pontife romain, rien de moins -- que parce qu'il est «important d'avoir la liberté de se rendre compte que le plaisir peut trouver des expressions différentes à différents moments de la vie [...] nous pouvons apprécier les enseignements de certains maîtres Orientaux qui nous poussent à élargir notre conscience, de peur d'être emprisonnés par une expérience limitée qui peut nous mettre des oeuillères»(149);
- un rejet sans appel de l'exhortation scripturaire «femmes, soyez soumises à vos maris», ici remplacé par l'autre avertissement de saint Paul «soyez soumis les uns aux autres», qui n'a rien à voir avec l'ordre de l'autorité dans la famille (156);
- la prétention selon laquelle les prêtres catholiques manquent de connaissances pastorale des problèmes familiaux et devraient apprendre de «l'expérience de la grande tradition orientale d'un clergé marié [...]» -- une indication voilée de ce qui est probablement la destination du prochain «voyage synodale»: le début de l'abolition du célibat des prêtres. (202)
En bref, au moment où nous atteignons le chapitre 8, où la quasi-totalité du dommage est fait, le lecteur est prêt pour la Grande Révélation.
C'est pour une bonne raison que Phil Lawler dit que Amoris Laetitia est un document «subversif» qui va probablement provoquer «l'accélération d'une tendance déjà puissante de rejeter l'enseignement pérenne de l'Église». En lisant le chapitre 8, comprenant les paragraphes 291-312, nous pouvons comprendre que ces pages, qui préconisent explicitement «l'accompagnement, le discernement et l'intégration de la faiblesse» dans l'Église, n'auraient pas pu être plus astucieusement écrites à des fins subversives.
Amoris Laetitia tente de couvrir du manteau du Magistère l'absurde «oecuménisme moral» proposé pour la première fois au Synode 2015. Selon cette répugnante nouveauté, l'Église est maintenant censé reconnaître les «éléments constructifs» dans les relations qu'elle a toujours condamné comme mortellement peccamineuses, y compris les deuxièmes «mariages» et «même la cohabitation simple», pour autant qu'ils cochent suffisamment de cases sur une nouvelle liste des «caractéristiques constructives» qui confèrent supposément la noblesse sur les unions sexuelles illicites: «stabilité», «affection profonde», «responsabilité envers la progéniture» et «une capacité à surmonter les épreuves au milieu d'une tempête». (293)
Tout comme «l'oecuménisme» joue sans cesse de la harpe sur les «bons éléments» dans les fausses religions pétries d'hérésies et de superstition, laissant leurs praticiens embourbés dans leurs erreurs, l'oecuménisme moral nouvellement inventé au Synode de François va maintenant jouer sans cesse de la harpe sur les bons éléments des fausses relations impliquant l'adultère et la fornication, laissant leurs participants embourbés dans le péché. En 2016, après le Synode, le concept de vivre dans le péché est soudainement aboli, tout comme le concept d'être en dehors de la seule véritable Église a été soudainement supprimé après Vatican II.
En conséquence, également en ligne avec l'oecuménisme, Amoris Laetitia nous informe maintenant que «le mariage chrétien, en tant que reflet de l'union entre le Christ et son Église, est entièrement réalisé dans l'union entre un vir et une femme qui se donnent l'un à l'autre dans un amour libre, fidèle et exclusif, qui s'appartiennent l'un à l'autre jusqu'à la mort et sont ouverts à la transmission de la vie, et sont consacrés par le sacrement [...]». (292) Le lecteur peut facilement deviner ce qui va suivre: «Certaines formes d'union contredisent radicalement cet idéal, tandis que d'autres le réalisent d'une manière au moins partielle et analogue».
Alors, le mariage chrétien devient maintenant la «plénitude» du mariage, alors que les unions sexuelles illicites de divers types sont sérieusement décrites comme réalisant «partiellement» cet «idéal». De la même manière, l'Église catholique est décrite «oecuméniquement» comme possédant seulement «la plénitude de la vérité», tandis que d'autres religions en ont une quantité plus ou moins acceptable. Ainsi tout le monde est bien en sécurité là où il est, quoi qu'il serait préférable d'avoir la «plénitude». Les effets de cette notion sur les conversions au catholicisme sont évidentes; l'effet sera le même sur les conversions au mariage chrétien.
L'élément subversif suivant (citant le Synode 2015) est une justification morale du mariage civil et même de la cohabitation comme des alternatives à l'«idéal» du mariage chrétien: «Le choix d'un mariage civil ou, dans de nombreux cas, de la simple cohabitation, est souvent motivé non pas par des préjugés ou une résistance envers l'union sacramentelle, mais par des situations culturelles ou contingentes [...]. Célébrer le mariage est considéré comme trop cher dans les circonstances sociales. En conséquence, la pauvreté matérielle pousse les gens dans les unions de fait». (294)
On ne peut que rire de la prétention du Synode que la pauvreté rend une simple cérémonie de mariage catholique impossible, ou que de «s'accoter» coûte moins cher que de vivre dans le Saint Mariage sous le même toit avec la même personne. On se souvient ici de L'Esprit des lois de Montesquieu, qui cherchait à saper le mariage chrétien et de promouvoir le divorce en cataloguant, prétendument comme des faits anthropologiques impartiaux, diverses «alternatives culturelles» à l'institution divine. (294)
Selon François, les «unions de fait» doivent maintenant être considérées comme des «opportunités qui peuvent conduire à la pleine réalité du mariage et de la famille en conformité avec l'Évangile.» (294) Ainsi, les personnes vivant dans le péché sont maintenant dit avoir un «part» dans la réalité du mariage -- une proposition aussi absurde que l'affirmation selon laquelle les hérétiques qui rejettent l'existence même de l'Église catholique et pratiquent diverses formes d'immoralité sexuelle gravement peccamineuse sont en quelque sorte en «communion partielle» avec elle.
Ce que Romano Amerio a appelé la «perte des essences» dans la pensée postconciliaire -- une tendance à éviter de distinguer avec exactitude le bien du mal, le vrai du faux, le licite de l'illicite et souvent même une chose d'une autre -- revendique maintenant le mariage chrétien et même la loi morale elle-même. La réduction du mariage à un «idéal» ébranle radicalement le respect de l'institution divine que François prétend défendre, et la seule relation conjugale licite entre le vir et la femme devient un simple point final sur une échelle de choix relationnels, qui doivent tous être considéré comme plus ou moins bons. Les unions sexuelles qui nous font vivre en état de péché mortel ne sont plus à traiter comme des menaces pour le salut, mais seulement comme des étapes dans un développement moral «progressif».
Cette «perte des essences» est pratiquement un thème dans Amoris Laetitia. En conséquence, le cardinal Christoph Schönborn, connu pour son orientation favorable aux homosexuels et pro-divorce, se réjouissait lors de sa présentation du document au monde: «Ma grande joie à la suite de ce document réside dans le fait qu'il surmonte de manière cohérente cette division artificielle, superficielle, claire, entre «régulière» et «irrégulière» [...]» -- c'est-à-dire entre les unions conjugales morales et immorales.
Comme je l'ai indiqué précédemment dans les pages de ce journal, en référence au rapport final du Synode 2015, l'interdiction pérenne de l'Église, de recevoir la Sainte Communion lorsqu'on est un adultère public prétendument dans un «second mariage», n'est pas une simple discipline changeable. Au contraire, comme le Conseil pontifical pour l'interprétation des textes législatifs l'a observé en 2000, en rejetant cette poussée dont François avait été le fer de lance pendant les trois dernières années, cette discipline, quoique consacré dans le Canon 915, «est dérivé de la loi divine et transcende le domaine positif des lois ecclésiastiques [...].»
La question est pas la culpabilité subjective dans des cas particuliers des divorcés et «remariés», aussi invraisemblable que soit la prétention selon laquelle ils ne sont pas conscients de leur état de péché. Au contraire, la vraie question telle que formulée par le Conseil pontifical est la suivante:
La réception du Corps du Christ quand on est publiquement indigne constitue un préjudice objectif à la communion ecclésiale: il est un comportement qui porte atteinte aux droits de l'Église et de tous les fidèles à vivre en accord avec les exigences de cette communion. Dans le cas concret de l'admission à la Sainte Communion des fidèles divorcés remariés, le scandale, compris comme une action qui incite les autres à des actes répréhensibles, affecte à la fois le sacrement de l'Eucharistie et l'indissolubilité du mariage.
Ce scandale existe même si un tel comportement, malheureusement, ne suscite plus la surprise: en fait, c'est précisément par rapport à la déformation de la conscience qu'il devient plus nécessaire que les pasteurs agissent, avec autant de patience que de fermeté, comme une protection pour la sainteté des sacrements et une défense de la morale chrétienne, ainsi que pour la formation correcte des fidèles.
Ainsi, Amoris Laetitia prétend abolir une discipline qui ne peut être abolie sans violer la loi divine. Il le fait par les deux étapes d'une «intégration» générale selon un «discernement pastoral» mené par les curés, suivi ultimement par l'admission aux sacrements dans «certains cas», selon le même «discernement».
Tout d'abord, «l'intégration». Ici, François se retrousse les manches pour commencer à «tourner les coins ronds» avec ses arguments et sources, comme le disait le commentaire de Carl Olsen. Tout comme le Synode 2015 l'a fait, François cite trompeusement Jean-Paul II pour une supposée «loi de gradualité» en obéissant «aux exigences objectives de la loi». (295) Mais dans Familiaris consortio Jean-Paul II parlait en fait du progrès spirituel tout en rejetant toute notion d'acceptation «progressive» des préceptes moraux qui lient tous les hommes:
C'est pourquoi ce qu'on appelle la «loi de gradualité» ou voie graduelle ne peut
s'identifier à la «gradualité de la loi», comme s'il y avait, dans la loi divine,
des degrés et des formes de préceptes différents selon les personnes et les
situations diverses.
(Familiaris consortio, 34)
Comme nous le verrons, François propose justement qu'il y ait «différents degrés ou formes de précepte dans la loi de Dieu pour différentes personnes et situations». Il s'arrange pour éviter l'accusation en affirmant que, bien que la loi morale est la même pour tous, le devoir de l'obéissance à la loi peut varier en fonction de «circonstances concrètes», qui est simplement la «gradualité de la loi» déguisée ou «l'éthique de situation» avec un autre nom.
Ensuite, le «discernement des "situations irrégulières"». Ici François -- citant le Synode qu'il avait truffé de progressistes pour garantir la génération du verbiage sur lequel il s'appuie maintenant -- commence à lancer des éclairs révolutionnaires:
Le chemin de l'Église n'est pas de condamner quelqu'un à jamais [...] il y a un besoin «d'éviter les jugements qui ne tiennent pas compte de la complexité des différentes situations» et «d'être attentif, par nécessité, à la façon dont les gens ressentent la détresse en raison de leur condition [...]. (296)
C'est une question de tendre la main à tout le monde, d'avoir besoin d'aider chaque personne à trouver sa propre façon de participer à la communauté ecclésiale et donc de faire l'expérience d'être touché par une miséricorde «imméritée, inconditionnelle et gratuite». Nul ne peut être condamné pour toujours, parce que ce n'est pas la logique de l'Evangile! Ici, je ne parle pas seulement des divorcés et remariés, mais de tout le monde, quelle que soit la situation dans laquelle ils se trouvent. (297)
En d'autres mots, les personnes vivant dans une condition objective de péché mortel n'ont pas besoin de se repentir et de corriger leur vie parce que «nul ne peut être condamné pour toujours». Apparemment, François envisage une sorte de loi de prescription sur le péché mortel, à l'expiration de laquelle ce péché mortel ne constitue plus aucun obstacle réel à la vie ecclésiale. Non, la «faiblesse» de chacun doit être «intégrée» tôt ou tard! Par-dessus tout, celle des divorcés et «remariés».
François fournit ensuite certains critères proposés pour une nouvelle procédure de classement de la qualité des relations constituant l'adultère public:
Les divorcés qui sont entrés dans une nouvelle union, par exemple, peut se retrouver dans une variété de situations, qui ne devraient pas être dardées dans une case de tri, ou calées dans dans des classifications trop rigides ne laissant aucune place pour un discernement personnel et pastoral approprié. Une chose est une seconde union consolidée au fil du temps, avec de nouveaux enfants, une fidélité éprouvée, un généreux don de soi, l'engagement chrétien, une conscience de son irrégularité et de la grande difficulté de revenir sans se sentir en conscience que l'on pourrait tomber dans de nouveaux péchés. (298)
Incroyablement, nous avons un Pape qui propose sérieusement que certains adultères publics devraient bénéficier d'un traitement de première classe, tandis que d'autres devraient peut-être rester dans la classe économique, au moins pour une partie de leur «voyage» vers «l'intégration». Qu'un Pontife Romain pouvait déclarer dans un document papal que les adultères publics de quelque acabit puisse manifester une quelconque «fidélité» et «engagement chrétien», nous laisse songeurs. On se demande si François pense que, après cinquante ans de «dialogue oecuménique», il est temps pour l'Église catholique d'émuler l'Église anglicane en reconnaissance de l'incursion révolutionnaire de Henri VIII dans le «divorce catholique». Son attaque surprise sur la «réforme» des déclarations de nullité va certainement dans cette direction.
Effectuant son prochain tour de prestidigitation avec ses sources, François cite à nouveau Familiaris consortio de Jean-Paul II (84), cette fois pour la proposition selon laquelle «L'Église reconnaît des situations où, pour de graves motifs, le vir et la femme ne peuvent pas -- par l'exemple l'éducation des enfants -- remplir l'obligation de la séparation» (298). Il n'y a pas d'ellipses pour indiquer les mots manquants avant et après, que François souhaite clairement dissimuler. La phrase complète se lit: «Cela implique concrètement que, lorsque le vir et la femme ne peuvent pas, pour de graves motifs -- par l'exemple l'éducation des enfants -- remplir l'obligation de la séparation, ils prennent l'engagement de vivre en complète continence, c'est-à-dire en s'abstenant des actes réservés aux époux».
Qu'est-ce que François trouve à dire sur l'enseignement de Jean-Paul II, qui est aussi l'enseignement constant de l'Église, selon lequel les couples divorcés et remariés civilement qui ne peuvent pas se séparer à cause des enfants doivent vivre dans la continence complète et s'abstenir à l'avenir de toute relation sexuelle adultère? C'est ahurissant, mais voilà, ce qu'il trouve à dire est là, enterré dans une note de bas de page vers la citation surnoisement tronquée.
Dans de telles situations, beaucoup de gens, connaissant et acceptant la possibilité [!] de vivre «comme frères et soeurs» que l'Église leur offre, soulignent que si certaines expressions de l'intimité font défaut, «la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis» (Concile oecuménique Vatican II, Constitution pastorale sur l'Église dans le monde moderne, Gaudium et Spes, 51).
Remarquez, tout d'abord, comment la note de bas de page dénature de nouveau l'enseignement de Jean-Paul II en réduisant son affirmation d'un devoir moral positif dans de tels cas, à une simple «possibilité» que l'Église «offre». Que devraient ressentir les fidèles, à part l'horreur mêlée de la crainte, lorsqu'un Pontife romain suggère que les personnes vivant dans l'adultère ont besoin «d'intimité» pour rester «fidèles» à leurs partenaires dans l'adultère et pour le bien des enfants?
Pire, comme comme la remarque incisive de Sandro Magister le note, François a flanqué «une gifle aux visage» des fidèles catholiques qui ont obéi à l'enseignement constant de l'Église, que Jean-Paul II a réaffirmé, en vivant chastement dans des situations de «remariage» civil où les enfants rendent une séparation impossible. Selon Magister, «On leur dit en effet que s'ils respectent [l'enseignement constant de l'Église], ils feraient du mal à leur nouvelle famille, parce que «si certaines expressions de l'intimité font défaut, il arrive souvent que la fidélité est en danger et le bien des enfants en souffre». L'implication est que les autres [les divorcés «remariés»] seraient mieux de vivre une vie pleine en tant que conjoints, même dans les deuxièmes noces civiles, et peut-être même maintenant recevoir la Communion».
Ajoutant l'insulte à l'insulte, la même note de bas de page stratégique contient encore une autre fausse représentation du matériel cité. La citation du paragraphe 51 de Gaudium et spes fait référence à la situation des couples validement mariés dans lequel un ou les deux conjoints évitent les relations conjugales par crainte désordonnée d'avoir des enfants. En outre, la citation est tout à fait inexacte. Le texte français sur le site du Vatican se lit: «Là où l'intimité conjugale est interrompue, la fidélité peut courir des risques et le bien des enfants être compromis: car en ce cas sont mis en péril et l'éducation des enfants et le courage nécessaire pour en accepter d'autres ultérieurement». Curieusement, ou peut-être pas si curieusement, l'expression «le courage nécessaire pour en accepter d'autres» est absent de la citation de François.
Tournant son attention vers son objectif principal «d'intégrer la faiblesse» -- la Sainte Communion les divorcés «remariés» -- François ensuite «accepte» ce que son Synode manipulé a déclaré:
Les baptisés, qui sont divorcés et remariés civilement, ont besoin d'être plus pleinement intégrés dans les communautés chrétiennes dans la variété des manières possibles, tout en évitant toute occasion de scandale [...]. Leur participation peut être exprimée dans les différents services ecclésiaux, ce qui exige nécessairement de discerner lequelles des diverses formes d'exclusion pratiquées actuellement dans le cadre liturgique, pastoral, éducatif et institutionnel, peuvent être surmontées. (299)
Ainsi, toutes les restrictions à l'exercice des fonctions ecclésiales par les adultères publics, allant d'être parrains et «ministres Eucharistiques» jusqu'à l'enseignement des cours de religion, doivent maintenant être examinés comme «des formes d'exclusion» injustes. Le résultat désiré par François est que toutes ces restrictions soient finalement abolies, comme il l'a exigé il y a plus d'un an:
Ils ne sont pas excommuniés, ce qui est vrai. Mais ils ne peuvent pas être parrains au Baptême, ils ne peuvent pas lire les lectures de la Messe, ils ne peuvent pas donner la Communion, ils ne peuvent pas enseigner le catéchisme, ils ne peuvent pas faire quelque sept choses. J'ai la liste ici. Arrêtez! Si je tiens compte de cela, il semble qu'ils sont excommuniés de fait [...] Pourquoi ne peuvent-ils pas être parrains?
Cette «intégration» des adultères (et cohabitants), ce qui tomberait à pic pour la soeur «remariée» et le neveu cohabitant de François, doit être accomplie grâce à une «conversation avec le prêtre, dans le for interne», où «le discernement» va évaluer «l'humilité, la discrétion et l'amour pour l'Église» du pécheur public avant d'accorder des «exceptions». Les exceptions ne seront pas accordées «rapidement», mais elles seront éventuellement accordées. (299)
Le paragraphe 300 et sa note de bas de page, avant-coureur de ce qui viendra dans le paragraphe 305, relie spécifiquement «l'intégration» aux sacrements. Après avoir fait allusion à «l'immense variété des situations concrètes» parmi les divorcés et «remariés» et autres personnes vivant en union «irrégulières» -- comme si le mot «concrètes» rajoutait quelque chose à la question -- François, citant le Synode 2015 mais le dépassant, appelle à un «discernement pastoral des cas particuliers, un discernement qui saurait reconnaître que, «puisque le degré de responsabilité n'est pas égal dans tous les cas», les conséquences ou les effets d'une règle n'ont pas nécessairement à être toujours les mêmes».
Les mots en italiques sont uniquement de François, y compris la réduction des lois morales à des «règles» (ce qui deviendra un thème chez lui). La note de bas de page, citant rien d'autre que ses propres opinions dans Evangelii Gaudium, prépare incontestablement la voie à donner la Sainte Communion aux adultères publics, jugés subjectivement non-coupables selon ce nouveau «discernement»:
336. C'est également le cas en ce qui concerne la discipline sacramentelle, car le discernement peut reconnaître que, dans une situation particulière, aucune faute grave n'existe. Dans de tels cas, ce qui se trouve dans un autre document s'applique: cf. Evangelii Gaudium (24 novembre 2013), 44 et 47: AAS 105 (2013), 1038-1040.
En somme, l'innovation de François, ce «discernement pastoral», ignore la conduite objective en faveur d'une présomption programmatiquement indulgente selon laquelle les personnes vivant dans un état continuel d'adultère public sont subjectivement irréprochables, pour une myriade de raisons qui pourraient être trouvés dans leurs situations «concrètes». Selon cette approche, il serait impossible d'insister que quelqu'un soit «subjectivement» dans un état de péché mortel, qui empêcherait sa participation à tous les aspects de la vie ecclésiale, peu importe son comportement «objectif». Cette idée aboutira à l'ouverture explicite à la Confession et la Sainte Communion au paragraphe 305.
Dans le déjà tristement célèbre paragraphe 301, François délivre ensuite une proclamation révolutionnaire encore plus large: «Par conséquent, on ne peut plus dire simplement que tous ceux qui vivent dans une situation «irrégulière» sont en état de péché mortel et sont privés de la grâce sanctifiante». Ceci ipse dixit couvre les cohabitants, divorcés-«remariés», et probablement même les «partenaires» dans les «unions de même sexe» que François a déjà cité (53) comme un exemple de la «grande variété de situations familiales qui peuvent offrir une certaine stabilité», même si elles ne peuvent pas être «simplement assimilés» avec le mariage.
Notez la phrase-clé «on ne peut plus dire» -- c'est-à-dire, maintenant que François est le Pape, mais pas avant lui. Étonnamment, François ne se soucie même pas de savoir si ceux qui vivent dans le péché, savent que l'Église enseigne qu'ils pèchent, en plus de rétrograder cet enseignement à une «règle»: «Il y a plus ici que la simple ignorance de la règle. Un sujet peut très bien savoir la règle, mais néanmoins avoir beaucoup de mal à comprendre «sa valeur inhérente», ou être dans une situation concrète qui ne permet pas, à lui ou à elle, d'agir différemment, et donc de décider d'agir autrement sans pécher». (301) Il est rhétoriquement essentiel d'appeler la loi morale une «règle», parce que l'expression «il peut très bien connaître la loi morale, mais néanmoins avoir beaucoup de mal à comprendre sa valeur inhérente», connote un sociopathe, pas un pauvre pécheur «abandonné» dont «l'amour» est «blessé».
L'esprit catholique chancelle devant le spectacle d'un Pape qui, pour plus de commodité rhétorique, réduit la loi morale à des «règles», dont on peut être excusé si on n'apprécie pas leur «valeur», ou si notre «situation concrète» rend prétendument impossible le devoir de s'y conformer -- comme si les préceptes de la loi naturelle étaient un ensemble de règles de circulation automobile. Saint Paul enseigne infailliblement que «Dieu est fidèle; il ne permettra pas que vous soyez tentés au-delà de vos forces; mais avec la tentation, il vous donnera le moyen d'en sortir et la force de la supporter» [1Co 10:13]. François, cependant, n'est apparemment pas d'accord avec la parole de Dieu sur ce point particulier. Ni en fait Martin Luther, dont le lancement de la «Réforme» sera célébré par François l'an prochain en Suède, y compris une liturgie commune avec les ministres luthériens, dont les églises rejettent l'indissolubilité du mariage, tolèrent la contraception et l'avortement, ordonnent des femmes et des homosexuels pratiquants comme «prêtres» et «évêques», et soutiennent la légalisation des «unions de même sexe» que François a continuellement évité d'opposer. Peut-être que c'est juste une coïncidence.
Pour étayer cette énormité, François affirme que saint Thomas d'Aquin enseigne que «quelqu'un peut posséder la grâce et la charité, mais néanmoins ne pas être en mesure de bien exercer une quelconque des vertus; en d'autres mots, bien que quelqu'un puisse posséder les vertus morales infuses, il ne manifeste pas clairement l'existence d'une d'entre elles, parce que la pratique extérieure de cette vertu est rendue difficile». Ici François cite trompeusement l'observation de saint Thomas, et non pas son enseignement, dans la Somme théologique, que «certains saints sont dits ne pas posséder certaines vertus, dans la mesure où ils éprouvent des difficultés dans les actes de ces vertus, même s'ils ont les habitus de toutes les vertus».
Mais ce recours à la Somme est d'une absurdité totale. Les vertus infuses, contrairement à leurs homologues acquises, sont animées par la charité surnaturelle, pas seulement l'habitude d'agir vertueusement. Saint Thomas ne parle pas ici des pécheurs dont la conduite objective -- dans ce cas, l'adultère, comme Notre Seigneur Lui-même l'appelle -- contredit l'existence même d'une vertu infuse, ou de toute vertu, de la chasteté. Au contraire, saint Thomas parle ici des saints qui possèdent toutes les vertus infuses, peuvent les exercer, quoique avec une certaine difficulté, et qui n'agissent pas habituellement d'une manière qui soit même objectivement pécheresse. Quel abus honteux du Docteur angélique! Comme le Père Murray, clairement atterré, a observé au cours de la discussion de groupe EWTN: «Je ne peux pas croire qu'un bon groupe de thomistes n'auront pas de réponse à cela.»
Continuant avec sa théorie «rien-que-des-règles» de la loi morale, François cite au paragraphe 302 deux sections du nouveau Catéchisme (§§ 1735 et 2352) sur les facteurs qui pourraient diminuer la culpabilité subjective pour certains actes péccamineux. Mais ce principe de la théologie morale s'applique aux actes péccamineux individuels tels que la masturbation (§2352), pas un état permanent d'immoralité publique et de scandale conséquent sans repentir ou ferme propos de s'amender.
Quant à l'adultère public en particulier, les deux sections du catéchisme que François évite studieusement de mentionner, ne serait-ce qu'une seule fois dans ces 256 pages, démolissent sa théorie:
«Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère à l'égard de la première; et si une femme répudie son mari et en épouse un autre, elle commet un adultère [...]. Si les divorcés sont remariés civilement, ils se trouvent dans une situation qui contrevient objectivement à la loi de Dieu. Dès lors ils ne peuvent pas accéder à la communion eucharistique, aussi longtemps que persiste cette situation [...]. La réconciliation par le sacrement de pénitence ne peut être accordée qu'à ceux qui se sont repentis d'avoir violé le signe de l'Alliance et de la fidélité au Christ, et se sont engagés à vivre dans une continence complète. (§ 1650)
Le divorce est une offense grave à la loi naturelle. Il prétend briser le contrat librement consenti par les époux de vivre l'un avec l'autre jusqu'à la mort. Le divorce fait injure à l'Alliance de salut dont le mariage sacramentel est le signe. Le fait de contracter une nouvelle union, fût-elle reconnue par la loi civile, ajoute à la gravité de la rupture: le conjoint remarié se trouve alors en situation d'adultère public et permanent [...] (§ 2384)
Espérant manifestement prévenir ou atténuer ce qu'il savait être un désastre imminent, le Cardinal curial à la retraite Walter Brandmüller a émis une déclaration quelques jours seulement avant la publication de Amoris Laetitia (depuis répétée en substance) qui, en accord avec le Catéchisme et l'enseignement permanent de l'Église, déclare que «celui qui, en dépit du lien du mariage existant, entre après un divorce dans une nouvelle union civile, est en train de commettre l'adultère» et «ne peut pas recevoir ni l'absolution dans la Confession, ni l'Eucharistie (Sainte Communion) s'il ne veut pas mettre fin à cette situation [...]». Évidemment, il ne peut y avoir des «exceptions» pour certaines personnes parce que «ce qui est fondamentalement impossible pour des raisons de Foi est également impossible dans le cas individuel». Le Cardinal a conclu: «Le document post-synodal Amoris Laetitia est donc à interpréter à la lumière des principes présentés ci-dessus, surtout puisqu'une contradiction entre un document papal et le Catéchisme de l'Église catholique ne serait pas imaginable».
Pour François, cependant, la contradiction est tout à fait imaginable. Il semble croire qu'il peut en faire une réalité par son propre fiat, sans la moindre considération pour l'enseignement contraire de ses prédécesseurs -- en effet, sans égard pour la vérité elle-même, que le raisonnement casuistique de Amoris Laetitia a déjà tordu à plusieurs reprises pour en arriver là. François estime suffisant que, pendant son propre simulacre de Synode «arrangé avec le gars des vues», «plusieurs Pères synodaux» -- incluant ses pions désignés d'office -- étaient d'avis que «dans certaines circonstances les gens trouvent qu'il est difficile d'agir différemment», de sorte que «tout en respectant une règle générale, il est nécessaire de reconnaître que la responsabilité à l'égard de certaines actions ou décisions n'est pas la même dans tous les cas». (302)
Donc, selon la théorie morale de François, chaque précepte moral serait une «règle générale» admettant des exceptions dans des circonstances «difficiles». La théorie est fondée sur rien de plus que sa propre opinion, des citations de ses propres documents et homélies improvisées, une référence trompeuse à l'enseignement de saint Thomas, et l'information quelconque sur «l'éthique de situation» que François aurait pu imbiber durant ses études et sa carrière ecclésiastique.
Ensuite, au paragraphe 303, François décrète une nouvelle suprématie de la conscience individuelle sur les «règles» de l'Église concernant le mariage et la famille. Le site web d'aggrégation de nouvelles Drudge Report a claironné ce développement sous la rubrique «l'Ère de la conscience individuelle». Ils citent François: «Reconnaissant l'influence de ces facteurs concrets, nous pouvons ajouter que la conscience individuelle doit être mieux intégrée dans la praxis de l'Église dans certaines situations qui n'incarnent pas objectivement notre compréhension du mariage».
Apparemment, François croit sérieusement que tous les Papes, saints, grands théologiens et docteurs de l'Église ont réussi à louper cette tâche importante au cours des 2000 années précédant son arrivée de Buenos Aires.
Laissant aucun doute sur l'ampleur de sa tentative de coup d'État théologique, François déclare même qu'une conscience bien formée, qui sait ce que la «règle générale» exige, peut quand même demander une exemption de la «règle» si elle décide «honnêtement» que Dieu n'exige pas une confirmité complète en ce moment. Croyez-le ou non, ce qui suit est l'opinion d'un Pontife Romain:
Évidemment, il faut encourager la maturation d'une conscience éclairée, formée et accompagnée par le discernement responsable et sérieux du Pasteur, et proposer une confiance toujours plus grande dans la grâce. Néanmoins cette conscience peut faire plus que reconnaître qu'une situation ne répond pas objectivement aux exigences générales de l'Évangile. Elle peut aussi reconnaître sincèrement et honnêtement que c'est, pour le moment, la réponse la plus généreuse qu'on peut donner à Dieu, et découvrir avec une certaine assurance morale que cette réponse est le don de soi que Dieu lui-même demande au milieu de la complexité concrète des limitations, même si elle n'atteint pas encore pleinement l'idéal objectif.
Il semble impossible de croire qu'un Pontife Romain promulguerait un document déclarant que même une conscience bien formée est dispensé de l'obéissance à la loi morale elle connaît, si une obéissance moindre est ce que l'acteur juge suffisante «pour l'instant», et que Dieu approuverait cet écart de «l'idéal». Comment ce passage seul pourrait-il être autre chose que le signe d'un virage apocalyptique des événements dans l'Église?
Au paragraphe 304 François donne de l'ampleur à son idée que les préceptes moraux sont des «règles générales» pas toujours applicables à des situations particulières: «Il est réducteur simplement d'examiner si oui ou non les actions d'un individu correspondent à une loi générale ou une règle, parce que cela ne suffit pas à discerner et assurer la pleine fidélité à Dieu dans la vie concrète d'un être humain». Cela fait écho à l'affirmation incroyable du paragraphe précédent que même une conscience bien formée peut informer un acteur que, «pour l'instant», Dieu ne veut pas qu'il se conforme à la «règle générale» -- c'est-à-dire la loi morale, qui rejoint maintenant le mariage dans une sorte de royaume platonicien de «l'idéal».
Ici François commet un autre abus honteux de l'enseignement de saint Thomas dans la Somme, faussement citée hors contexte (comme l'enseignement de Jean-Paul II dans Familiaris consortio) afin d'attaquer la loi naturelle elle-même:
C'est pourquoi, bien que dans les principes généraux il y ait quelque nécessité, plus on aborde les choses particulières, plus on rencontre de défaillances. [...] Dans le domaine de l'action, au contraire, la vérité ou la rectitude pratique n'est pas la même pour tous dans les applications particulières, mais uniquement dans les principes généraux; et chez ceux pour lesquels la rectitude est identique dans leurs actions propres, elle n'est pas également connue de tous. [...] plus on descend aux détails, plus les exceptions se multiplient (ST, I-II, Q. 94, art. 4).
En ce fondant sur cette citation tronquée, François ose enrôler le Docteur angélique à l'appui de son affirmation selon laquelle «Il est vrai que les règles générales énoncent un bien qui ne peut jamais être ignoré ou négligé, mais dans leur formulation, elles ne peuvent pas pourvoir absolument à toutes les situations particulières».
Ceci est tout simplement scandaleux. Saint Thomas n'est pas du tout en train de parler de «formulation» de «règles», car Dieu inscrit les préceptes de base de la loi naturelle dans la nature humaine, en tant que «premiers principes des actions humaines». Au contraire, il est en train de parler des cas où l'homme ne tire pas les bonnes conclusions de l'application, à des scénarios factuels plus compliqués, des principes universellement valables et toujours convenants de la loi naturelle. Un exemple donné par Thomas est de savoir si les biens en fiducie doivent être restaurés à leur propriétaire, même si le propriétaire a l'intention de les utiliser dans un but immoral. D'autres exemples seraient qu'est-ce qui constitue exactement l'usure ou quelles formes de prendre le bien d'autrui constituent le vol. Ces applications détaillées sont souvent l'objet de la loi écrite (telles que les lois contre l'usure). Et si on en vient à des conclusions moralement mauvaises dans ces cas, que Thomas décrit comme «un petit nombre», c'est seulement parce que «certains ont une raison faussée par la passion, par une coutume mauvaise ou par une mauvaise disposition de la nature» (I-II, Q. 94 , art. 4).
Ainsi, remis en contexte, lorsque saint Thomas dit d'un principe de la loi naturelle que «plus on descend aux détails, plus les exceptions se multiplient», il signifie seulement que ce principe échoue dans son application à des questions plus complexes en raison de défauts de raison, pas que le principe lui-même est une sorte de «formulation» inadéquate qui ne peut pas couvrir la situation même s'il est correctement appliqué. La défaillance est du côté de l'acteur, et non pas du côté du principe sous-jacent de la loi naturelle. De plus, l'autorité d'enseigner de l'Église est divinement commandée pour corriger précisément ces défaillances grâce à sa théologie morale. François implique qu'il y a une lacune immense dans cette tâche.
Dans tous les cas, le précepte moral universel interdisant l'adultère ne comporte aucune application complexe au divorce et «remariage». Comme indiqué plus haut, le Catéchisme, que François ignore, dit simplement: «Le divorce est une offense grave à la loi naturelle». C'est notre Seigneur Lui-même qui a déclaré à toute l'humanité que celui qui répudie sa femme et en épouse une autre, commet l'adultère. Il n'y a pas «détails» qui permettent des «exceptions pour cause de tribulation» à cette application divinement exprimée de la loi naturelle, liant tous les hommes. Ni, par conséquent, ne peut y avoir des «exceptions» à la discipline sacramentelle intrinsèquement liée de l'Église à travers les siècles, comme le cardinal Brandmüller l'observe. Cette discipline est «fondée sur la Sainte Écriture», comme Jean-Paul II l'enseigne dans la même exhortation apostolique que François cite trompeusement hors contexte. Et c'est François lui-même qui a le mandat divinement imposé de réaffirmer ce genre de choses, plutôt que de prétendre que la continuation d'une vie d'adultère public ou de fornication implique le genre de matière obscure que saint Thomas avait en tête.
C'est la énième fois que François «tourne les coins ronds» avec des sources au cours des trois dernières années. Une équipe de prêtres diocésains espagnols a démontré méticuleusement que cette tendance imprègne l'ensemble du pontificat. Même Nicole Winfield de l'Associated Press est contrainte de remarquer que dans Amoris Laetitia, François «cite sélectivement ses prédécesseurs» pour naviguer autour des phrases-clés qui contredisent sa position:
Alors que François a fréquemment cité Jean-Paul, dont la papauté a été caractérisée par une insistance intransigeante sur la doctrine et la morale sexuelle, il l'a fait de manière sélective. François à référé à certaines parties de Familiaris consortio (1981, Jean-Paul II), le document-guide du Vatican sur la famille jusqu'à vendredi, mais il a omis toute référence à son paragraphe 84, le plus controversé, qui interdit explicitement les sacrements pour les divorcés-remariés civilement.
Saint Thomas serait horrifié de voir comment son enseignement est maltraité par François, le tordant en quelque chose qui ressemble plus à la tentative confuse et incohérente de John Locke en philosophie du droit naturel, que j'explore dans mon livre sur l'ascension et la chute rapide de la modernité politique. Locke a nié que les préceptes de la loi naturelle sont inscrits dans l'âme rationnelle de l'homme et que ces préceptes l'inclinent naturellement à agir droitement dans l'exercice de sa raison, malgré les effets du péché originel (que Locke a aussi essentiellement nié). Et qu'est-ce que nous voyons dans Amoris Laetetia sinon une sorte d'attaque lockéenne sur la compréhension catholique traditionnelle de la loi naturelle, telle qu'exposée par saint Thomas? Au paragraphe 305, nous lisons ce qui suit:
Dans le même sens, la Commission théologique internationale a noté que «la loi naturelle ne pouvait être présenté comme un ensemble déjà établi de règles qui s'imposent à priori sur le sujet moral; au contraire, elle est une source d'inspiration objective pour le processus profondément personnel de prise des décision.
Essentiellement, François déclare -- contrairement à toute la Tradition et de la révélation divine elle-même (cf. Rm 2:14-15) -- que la loi naturelle n'est pas une loi du tout, gravée dans la nature humaine et inclinant la raison vers le bien, mais simplement une sorte de ligne directrice extériorisée qui «inspire» nos décisions «profondément personnelles»! Pour cette proposition étonnante François cite, dans la note de bas de page no. 350, rien de plus qu'un document de la Commission théologique internationale, qui n'a aucune autorité d'enseignement que ce soit. Le document s'intitule: «À la recherche d'une éthique universelle: Un nouveau regard sur la loi naturelle.»
L'audace à l'oeuvre ici est à couper le souffle. Selon le «nouveau regard sur la loi naturelle» de François, un précepte moral désobéi est maintenant considéré, non seulement comme une «règle générale», mais seulement un objectif inspirant qui pourrait ne pas être atteignable «au milieu de la complexité concrète» (303) de chaque situation des individus. En bref, une forme «d'éthique de situation» que les fidèles catholiques ne peuvent absolument pas accepter comme un enseignement authentique du Magistère.
Enfin, au paragraphe 305, nous rencontrons la pilule empoisonnée que tout le document et l'ensemble du «processus synodal» étaient clairement conçues pour administrer à l'Église: l'autorisation pour l'admission des adultères publics, et par voie de conséquence toute sorte de pécheur public habituel, à la Confession et Sainte Communion dans «certains cas». Cela signifie, en peu de temps, tous les cas. Car comme François l'a révélé en novembre dernier à son ami de confiance, l'athée militant Eugenio Scalfari, dans une autre entrevue dont le contenu n'a été nié ni par François ni par le Vatican: «Ceci est le résultat final, les évaluations de facto sont confiées aux confesseurs, mais à la fin de chemins plus rapides ou plus lents, tous les divorcés qui le demandent seront admis».
Atteignant le crescendo de son assaut démagogique, qui dure depuis trois ans, contre l'imaginaire «rigorisme pharisaïque» de l'Église, y compris celui de Jean-Paul II, François annonce maintenant: «un pasteur ne peut pas sentir qu'il suffit simplement d'appliquer les lois morales à ceux qui vivent dans situations «irrégulières», comme si elles étaient des pierres à jeter sur la vie des gens». Citant sa propre éruption précédente de colère dirigée envers les prélats conservateurs, qui ont osé lui tenir tête au cours du Synode 2015, François est d'avis que simplement d'appliquer les lois morales serait «révélateur du coeur fermé de celui qui a l'habitude de se cacher derrière les enseignements de l'Église, «assis sur la chaise de Moïse et jugeant parfois avec supériorité et superficialité les cas difficiles et les familles blessées».» Quelle étrange accusation à lancer aux prélats mêmes qui se sont opposés à la poussée implacable de François pour un retour néo-mosaïque à la dispense de l'Ancien Testament concernant le divorce, mais au contraire ont plutôt défendu son abolition perpétuelle par le Christ, dont François est censé d'être le vicaire. Mais François a passé une grande partie de ces trois dernières années à faire exactement ce qu'il condamne dans les membres de son troupeau -- surtout, raillant publiquement et presque quotidiennement les catholiques pratiquants qu'il juge insuffisants, tout en vitupérant contre le «jugementalisme» des autres.
François ne veut rien savoir de «se cacher derrière les enseignements de l'Église», car «à penser que tout est en noir et blanc, nous fermons parfois la voie de la grâce et de la croissance, et nous décourageons les chemins de sanctification qui donnent gloire à Dieu». Oui, le Pontife romain a effectivement promulgué un document dont le thème même est le slogan de l'esprit moderne vide: «Eh bien, vous voyez, tout n'est pas noir et blanc». Non, il y a beaucoup de nuances de gris -- probablement au moins cinquante.
Et s'ensuit le résultat que les fidèles ont redouté depuis le commencement du «voyage synodal». Avec peu de fanfare et une note de bas de page bien enfouie, le train synodal arrive enfin à sa destination. Le paragraphe 305 déclare: «En raison des formes de conditionnement et facteurs atténuants, il est possible que dans une situation objective de péché [...] une personne puisse vivre dans la grâce de Dieu, puisse aimer et puisse également se développer dans la vie de la grâce et de la charité, tout en recevant l'aide de l'Église à cette fin». Et qu'est-ce que François veut dire par «l'aide de l'Église»? Il signifie la Confession et la Sainte Communion, comme la note de bas de page fatidique 351 le déclare:
Dans certains cas, il peut s'agir aussi de l'aide des sacrements. Voilà pourquoi, «aux prêtres je rappelle que le confessionnal ne doit pas être une salle de torture mais un lieu de la miséricorde du Seigneur» (Exhort. ap. Evangelii gaudium (24 novembre 2013), n. 44 : AAS 105 (2013), p. 1038). Je souligne également que l'Eucharistie «n'est pas un prix destiné aux parfaits, mais un généreux remède et un aliment pour les faibles» (Ibid., n. 47: p. 1039).
L'expression «prix destiné aux parfaits» est prise directement de l'intervention par le cardinal Kasper, avec lequel François a commencé toute la mascarade d'un «Synode sur la famille»: le discours de Kasper au consistoire de février 2015, où il a dévoilé la «proposition Kasper» -- le seul discours que François a autorisé, que François a ensuite salué comme «magnifique et profond». La boucle de manipulation est bouclée alors que François révèle enfin que la «proposition Kasper» était sa proposition depuis le début.
Ne laissant aucun doute sur la question, le cardinal Lorenzo («le voleur de livre») Baldisseri et les autres modernistes subversifs, que François avait recruté pour l'occasion, l'ont clarifié, même pour l'observateur le plus obtus, à la conférence de presse où ils ont présenté Amoris Laetitia au public. Le co-présentateur Cardinal Schönborn, poursuivant la fausse représentation systématique de l'enseignement de Jean-Paul II sur le «discernement» dans Familiaris consortio 84, expliqua la chose ainsi dans son discours de présentation:
Le Pape François réitère la nécessité de discerner attentivement la situation, conformément à Familiaris consortio de saint Jean-Paul II (84) (AL 298). «Le discernement doit aider à trouver des moyens possibles de répondre à Dieu de plus en plus au milieu des limites. En pensant que tout est en noir et blanc, nous fermons parfois la voie de la grâce et de la croissance, et nous décourageons les chemins de sanctification qui donnent gloire à Dieu» (AL 205) [...].
Dans le sens de cette «via caritatis» (AL 306), le Pape affirme, d'une manière humble et simple, dans une note (351) que l'aide des sacrements peut également être donné «dans certains cas». Mais pour cela, il ne nous offre pas des études de cas ou des recettes, mais plutôt nous rappelle deux de ses phrases célèbres: «Je tiens à rappeler aux prêtres que le confessionnal ne doit pas être une chambre de torture, mais plutôt le lieu d'une rencontre avec la miséricorde du Seigneur» (EG 44), et l'Eucharistie «n'est pas un prix pour le parfait, mais un médicament puissant et de la nourriture pour les faibles» [...].
Ainsi, le confessionnal est une «chambre de torture», à moins que quelque-uns -- ce qui veut dire en fin de compte tous -- des adultères publics impénitents soient, au moins éventuellement, autorisés à entrer sans repentir, à éviter tout engagement à amender leur vie, et à repartir avec l'absolution pour un péché mortel continuel qu'ils vont tout simplement continuer à commettre, parce que leur «faiblesse» est maintenant «intégrée». Sinon, tout serait «noir et blanc».
Est-ce vrai? Oui, ça l'est. Et maintenant, nous savons par François lui-même jusqu'à quel point c'est vrai. Au cours de la conférence de presse durant son vol de retour du voyage en Grèce, François a été pressé sur la question à savoir si, contrairement à ceux qui disent que rien n'a changé, Amoris Laetitia autoriserait «de nouvelles possibilités concrètes pour les divorcés remariés qui n'existaient pas avant la publication de cette exhortation». Ponctuant sa réponse avec un geste de la main emphatique et un oui de la tête, il a répondu: «Je peux dire oui. Point.» («Io posso dire sì. Punto.») Il a également recommandé que tout le monde lise la présentation de Schönborn dans laquelle «votre question aura une réponse». Et la réponse de Schönborn est: «Le Pape affirme, d'une manière humble et simple, dans une note (351) que l'aide des sacrements peut également être donné "dans certains cas"». Donc François a dit au journaliste de consulter le cardinal Schönborn concernant ce que François affirme dans son propre document -- une réponse évasive et une renvoi de la balle aux autres auquel on s'attendrait d'un homme politique, pas d'un Pape.
En réponse à une question suivante sur spécifiquement la note 351, cependant, François a répondu: «Je ne me souviens pas de cette note». Voilà un trou de mémoire assez étonnant concernant un élément crucial du document sur lequel tout le monde catholique se concentre maintenant, et que Schönborn a spécifiquement mentionné dans la présentation que François exhorte tout le monde à lire pour «la réponse» à la question sur la Sainte Communion pour les adultères publics. Il a ensuite esquivé la question en suggérant que les médias s'en préoccupent trop, alors que les «problèmes réels» sont la baisse du nombre de mariages, les parents ayant deux emplois et pas de temps pour leurs enfants, les jeunes qui évitent le mariage, etc. Il semble impossible d'éviter la conclusion que, ce qui est à l'oeuvre ici, n'est qu'une pure ruse: François dit oui, mais d'une manière qui laisse encore un micropoil d'espace pour le doute. Pendant ce temps, cependant, c'est oui, et tout le monde doit agir en conséquence.
Considérons la catastrophe morale que François vient de déchaîner: Un adultère public dans un deuxième «mariage» est admis à la Sainte Communion dans le cadre d'un processus de «discernement» qui permet «l'intégration», alors qu'il se déplace «progressivement» vers une acceptation de l'enseignement de Église, acceptation qui pourrait ne jamais aboutir. Pourtant une fois qu'il est mis au courant, par le prêtre qui dirige ce «discernement», que l'Église enseigne que son état constitue l'adultère -- comme s'il ne le savait pas déjà! -- comment pourrait-il continuer à prétendre l'ignorance non-coupable de la loi morale? Bien sûr, il ne peut pas. Mais, comme nous l'avons vu ci-dessus, François a la réponse: même ceux qui connaissent la loi sont maintenant dispensés de se conformer à la loi grâce au «discernement» pastoral, parce qu'ils trouvent ça «très difficile d'agir différemment (302)» à cause de «facteurs atténuants» (301-302).
Cette logique conduit évidemment à l'élimination de facto du péché mortel comme un obstacle à la Sainte Communion pour n'importe quel et tous les pécheurs habituels qui trouvent «très difficile» de changer leur comportement. Dans ce cas, comme le Père Schall se demande, pourquoi qui que ce soit aurait-il besoin d'aller se confesser? «Si cette conclusion est correcte», écrit-il, «nous n'avons vraiment aucun besoin de miséricorde, car elle n'a pas de sens en dehors du péché actuel et sa reconnaissance libre [...]. Par conséquent, il n'y a pas de besoin pressant de trop se préoccuper avec ces situations.»
Alors, c'est ça: François demande un régime nouveau et sans précédent de «discernement pastoral», qui bizarrement présumerait la non-culpabilité subjective face à la conduite endémique constituant objectivement un péché mortel public et habituel, mais une conduite soudainement réduite à de simples «irrégularités». Dans une paire de notes de bas de page stratégiques, l'absolution sacramentelle et l'Eucharistie sont recommandés pour «intégrer» et «aider» ces pécheurs mortels objectifs sans qu'ils aient à changer leur vie au préalable -- mais seulement dans «certains cas», comme si cela constituait une limitation réelle.
D'autre part, comme le nouveau «discernement» est censé être discrétionnaire avec les prêtres locaux agissant sous l'autorité des évêques locaux, les résultats seraient variable de paroisse à paroisse, de région à région et de pays à pays. Pour rappeler l'évaluation de Robert Royal: «En termes concrets, par toute la terre, ce qui se dessine à l'horizon est le chaos et les conflits, pas la catholicité».
Avec une ironie exquise, Sandro Magister résume toute cette parodie historique et l'insulte énorme qu'elle représente pour tous les fidèles qui ont obéi à l'enseignement de l'Église tout au long de leur vie:
Le huitième chapitre de l'exhortation «Amoris Laetitia», sur les divorcées et remariés et questions connexes, est celui qui est le plus étonnant.
C'est une inondation de miséricorde. Mais c'est aussi un triomphe de la casuistique, bien qu'elle soit si exécré dans les mots. Avec la sensation, après l'avoir lu, que tout péché est excusé, et que ses facteurs atténuants sont si nombreux, qu'il finit par disparaître, laissant place aux prés verdoyants de la grâce, même dans le contexte «d'irrégularités» objectivement graves. L'accès à l'Eucharistie va tellement sans dire, qu'il n'est même pas nécessaire pour le pape de le proclamer sur les toits. Il suffit de quelques notes de bas de page allusives.
Qu'en est-il de ceux qui ont obéi à l'Église jusqu'à aujourd'hui et qui se sont identifiés avec la sagesse de son Magistère? Ces divorcés-remariés qui, avec tant de bonne volonté et d'humilité, pendant des années voire des décennies, ont prié, été à la Messe, donné à leurs enfants une éducation chrétienne, fait des oeuvres de charité, en dépit d'être dans une seconde union non-sacramentelle, sans recevoir la Communion? Et ceux qui ont accepté de vivre avec le nouveau conjoint «comme frère et soeur», non plus en contradiction avec le mariage indissoluble précédent et ont ainsi pu recevoir l'Eucharistie? Qu'en est-il d'eux tous, après le «laissez faire, laissez-passer» que beaucoup ont lu dans «Amoris Lætitia»?
Cependant, comme nous le verrons ci-dessous, François semble penser qu'il peut limiter sa véritable amnistie ecclésiale sur le péché mortel aux péchés de la variété sexuelle, faisant de cette «exhortation apostolique» un développement encore plus bizarre.
Certains secouristes néo-catholiques arrivés en premier sur la scène de cette catastrophe ont fait valoir désespérément que la note 351 (en ignorant la note 336) signifie seulement que les personnes vivant dans le péché peuvent se confesser, être absous, et recevoir la Communion tant qu'ils ont une ferme intention de vivre chastement. Mais cette fois, pas même l'habituellement infatigable Jimmy Akin était prêt à s'acharner dans le déni de l'évidence. Il a simplement admis la vérité -- du moins en partie. En réponse à la question «Est-ce que le document prévoit une possibilité d'absoudre sacramentellement et de donner la Communion aux personnes qui se sont remariées civilement si elles ne vivent pas comme frère et soeur?» Akin répond:
Oui, il le prévoit [...]. Le document envisage donc d'administrer l'absolution sacramentelle et la Sainte Communion à ceux qui vivent dans des situations objectivement pécheresses qui ne sont pas mortellement coupables de leurs actes en raison de diverses conditions cognitives ou psychologiques. Comme ils ne sont pas mortellement coupables, ils pourraient être valablement absous en Confession et, étant en état de grâce, ils pourraient recevoir, en principe, la Communion. Rien de cela n'est nouveau.
Rien de cela n'est nouveau? Akin sait certainement mieux. Il sait que François vient de renverser -- ou plutôt a tenté de renverser, puisque qu'il est impossible que ce document lie l'Église -- l'enseignement de Benoît XVI, Jean-Paul II, la Congrégation pour la Doctrine de la Foi, le Catéchisme de l'Église catholique, le Code de droit Canonique et toute la Tradition sur l'impossibilité d'admettre aux sacrements les adultères publics à cause de leur état objectif de vie. Pourtant, Akin prétend allègrement que rien de la sorte n'est arrivé.
Mais encore pire que cela, Akin rejoint François en prononçant l'élimination pratique du péché mortel lui-même comme un obstacle à la Sainte Communion, car quel pécheur mortel ne pourrait pas prétendre être subjectivement non-coupable sur la base de «diverses conditions cognitives ou psychologiques» qui (pour citer le paragraphe 302) rendent «très difficile d'agir autrement [...]»? Et si on accorde l'accès aux sacrements à certains pécheurs mortels habituels en vertu de ce critère nébuleux, en raison de quoi, à part une «discrétion pastorale» purement arbitraire, les pasteurs de l'Église pourraient-ils refuser les sacrements à qui que ce soit, peu importe leur péché «objectif»? Les vannes sont ouvertes au sacrilège de masse.
Ici, nous voyons la confirmation, la plus dramatique jusqu'à maintenant, de ce que notre journal a toujours soutenu: Afin de maintenir leur créneau et un minimum de prestige, certains meneurs d'opinion néo-catholiques sont prêts à avaler n'importe quoi pour la défense du régime postconciliaire de la nouveauté en perpétuelle expansion.
De plus, admettre que Amoris Laetitia est en effet «un document subversif», comme le dit Philip Lawler, serait d'admettre toute la critique traditionaliste du régime auquel ils appartiennent eux-mêmes, ce document étant jusqu'ici le nadir d'une trajectoire continuellement à la baisse, trajectoire que les auteurs traditionalistes ont précisément suivi et à juste titre opposé pendant des décennies, pendant que les apparatchik néo-catholiques ne faisait qu'applaudir la dernière nouveauté. Après avoir été dans l'erreur si longtemps, ils préfèrent couler avec leur navire en perdition, qui ne doit pas être confondu avec la Barque de Pierre insubmersible. Leur navire est le navire-fantôme qui est sorti du brouillard de Vatican II et va inévitablement disparaître sous les flots de l'histoire, comme la chose éphémère qu'il est. Mais que de calamités l'Église devra endurer jusque-là!
Sa mission accomplie, François conclut le Chapitre 8 avec les mêmes astuces rhétoriques qu'il a employées incessamment au cours des trois dernières années: la caricature, la démagogie et l'auto-citation:
Il est vrai que parfois «nous agissons en tant qu'arbitres de la grâce plutôt que ses facilitateurs. Mais l'Église n'est pas une guérite de péage; Elle est la maison du Père, où il y a une place pour tout le monde, avec tous leurs problèmes». (310)
Nous mettons tant de conditions sur la miséricorde que nous la vidons de son sens concret et de sa signification réelle. (311)
Cela nous offre un cadre et un environnement qui nous aide à éviter une morale bureaucratique froide dans le traitement des questions les plus délicates. (312)
Les questions abondent: Est-ce l'Église n'était pas la maison du Père, où tout le monde était bienvenu, avant que François ne devienne Pape? Quels sont exactement ces «nombreuses conditions sur la miséricorde» qui la dépouillent de sens et de signification? Qu'est-ce qu'un «moralité bureaucratique froide», par opposition à la moralité tout court? Qu'est-ce qui distingue les questions morales «plus délicates» de celles qui sont simplement délicates? Est-ce juste la sexualité?
Mais bien sûr, il n'y aura pas de réponses.
L'analyse qui précède démontre que nous sommes maintenant confrontés à une débâcle pontificale sans précédent. Citant rien d'autre que ses propres déclarations antérieures, ainsi que des sources manifestement dénaturées, et les déclarations d'un Synode qu'il a étroitement contrôlé et bourré de progressistes modernistes triés sur le volet, tout en ignorant l'enseignement directement contraire de ses deux prédécesseurs immédiats (qui eux sont en harmonie avec l'ensemble de la Tradition), François tente maintenant d'introduire une forme atténuée de «l'éthique de situation» comme pratique pastorale dans l'Église universelle.
Pour rappeler ce que le professeur Echeverria disait dans le Catholic World Report: «Donc, avec tout le respect dû à François, je pense qu'il sous-entend un appui pour «la gradualité de la loi» et donc, par implication, il ouvre la porte à une «éthique de situation».» Plus que ça! François ouvre grand la porte, met le pied à l'intérieur, fait comme chez lui, et suggère que tous les pasteurs de l'Église se joignent à lui dans la construction d'un nouvel ordre moral pour l'Église. La caractéristique même de la théologie morale hérétique allemande, illustrée par le cardinal Kasper (le chou-chou de François) équivaut à une amnistie de facto sur l'immoralité sexuelle.
MAIS REMARQUEZ BIEN: Rien dans Amoris Laetitia n'indique que François étendrait son amnistie pour les pécheurs sexuels aux autres types de pécheurs, ceux qu'il ne cesse de dénoncer, y compris les Mafiosi, les marchands d'armes, les capitalistes avides, les pollueurs de l'environnement, les opposants à l'immigration incontrôlée, les partisans de la peine de mort et, ne l'oublions pas, les «rigoristes» catholiques qui s'opposent à sa notion de «miséricorde». Est-ce que François, par exemple, dirait aux pasteurs de l'Église qu'en raison de «diverses conditions cognitives ou psychologiques» qui rendent «très difficile d'agir différemment», les milliardaires avides, les marchands d'armes riches ou les «rigoristes» catholiques sont subjectivement innocents, et nous ne pouvons pas nous attendre à ce qu'ils changent leurs habitudes en conformité avec «l'idéal»? Poser la question, c'est y répondre.
Antonio Socci, comme il l'a fait si souvent pendant les tempêtes provoquées par ce qu'il a baptisé «Bergoglianisme» depuis le début, expose le coeur de la question:
Cette «révolution» est menée en annulant la notion de «péché mortel» [...] En compensation, Bergoglio introduit de nouveaux péchés graves. Ceux des soi-disant «rigoristes», coupables de se souvenir de la loi de Dieu, mais surtout ceux des individus qui ne partagent pas ses idées politiques sur les questions sociales.
Donc cette affaire lamentable, qui dure depuis plusieurs années, se résume à une «amnistie» s'étendant seulement aux péchés de la chair. Mais, comme Notre-Dame de Fatima a averti, ce sont les péchés qui envoient plus d'âmes en Enfer que tout autre. On nous rappelle que Soeur Lucie de Fatima a averti le Cardinal Caffarra, l'un des adversaires les plus importants de la proposition Kasper, que «la bataille finale entre le Seigneur et le règne de Satan sera sur le mariage et la famille». Est-ce qu'elle savait qu'un Pape serait en tête des forces ennemies?
Que va-t-il réellement se passer dans l'Église dans le sillage de Amoris Laetitia? Tout d'abord, nous pouvons remercier Dieu que -- sûrement par Providence -- le genre d'approche de François permet de rejeter l'intégralité du document comme rien de plus qu'une opinion personnelle qu'il n'a pas imposé (et ne peut pas imposer) à l'Église, comme le cardinal Burke l'a observé. Par exemple:
Je comprends ceux qui préfèrent une pastorale plus rigoureuse qui ne laisse pas de place pour la confusion. Mais je crois sincèrement que Jésus veut une Église attentive à la bonté que le Saint-Esprit dissémine au milieu de la faiblesse humaine [...] (308)
François peut «croire sincèrement» que «Jésus veut» une sollicitude pastorale qui ne laisse pas de place à la confusion, mais il n'y a pas de place pour la confusion dans la déclaration divine: «Quiconque répudie sa femme et en épouse une autre, commet un adultère.» Nous avons aucune obligation de traiter comme un enseignement authentique du Magistère, ou même comme une pensée rationnelle, la demande de François que «Jésus veut» qu'il «intégre la faiblesse» dans l'Église pour la première fois en 2000 ans.
Mais même si nous supposons que ce document est apparemment un acte du Magistère, en réalité, il ne peut tout simplement pas l'être. Tout comme Dieu ne peut pas se contredire, le Magistère ne peut pas se contredire. Car le Magistère est la fonction d'enseignement de l'Église; il présente ce que l'Église enseigne, qui n'est pas déterminé par la plus récente déclaration du Pape courant. Par conséquent, tout ce qui contredit l'enseignement préalable et continu de l'Église ne peut pas possiblement appartenir au Magistère, peu importe les apparences formelles qu'on lui donne. Au contraire, cela constituerait une erreur, ce qui est possible dans tout exercice du Magistère «ordinaire» qui implique de véritables nouveautés. Sinon, il faudrait dire que absolument tout énoncé du Pape, peu importe la nouveauté qu'il contient, est infaillible. Nous ne pouvons pas non plus accorder la moindre confiance à l'égard du perfide cardinal Schönborn, qui nous assure, avec les propos ambigus habituels des modernistes, qu'«il y a de véritables nouveautés dans ce document, mais pas de ruptures». De vraies nouveautés dans la théologie morale de l'Église et son application bimillénaire aux adultères publics et fornicateurs sont des ruptures par définition.
Amoris Laetitia présente clairement une telle rupture à au moins deux égards: d'abord, il vise à changer, non pas un simple droit positif ecclésiastique, mais une discipline eucharistique immuable ancrée dans la loi divine et intrinsèquement liée à l'intégrité de la vérité révélée concernant aussi bien la Présence Réelle que l'indissolubilité du mariage sacramentel. Deuxièmement, il tente d'introduire dans la théologie morale catholique une forme absolument inadmissible de «l'éthique de situation», que le Magistère a toujours condamné. On ne peut pas non plus faire valoir que les fidèles n'ont pas la capacité de reconnaître ces contradictions mais doivent aveuglément présumer que d'une manière mystérieuse elles n'existent pas. Ceci est l'Église catholique, dont le dépôt de la Foi est objectivement connaissable, pas une secte gnostique dirigée par l'oracle de Rome, qui annonce ce que «Jésus veut» aujourd'hui.
Ceci signifie que pour les prêtres et les prélats qui continuent à «préférer une pastorale plus rigoureuse», c'est-à-dire la discipline pastorale bimillénaire inchangeable de l'Église, réaffirmée même par les deux prédécesseurs immédiats de François, rien dans Amoris Laetitia peut les lier à faire autrement. Ainsi, les «normalistes» seront en mesure de dire, tout comme ils le font toujours, que «rien n'a vraiment changé».
Si seulement c'était si simple. Paradoxalement, mais de manière tout aussi véridique, tout a changé.
Comme exulte le cardinal Kasper, le document «ne change rien de la doctrine de l'Église ou du droit canon -- mais ça change tout». Amoris Laetitia change tout en transformant la doctrine en une écorce vide, en permettant une «pratique pastorale» qui contredit la doctrine, tout en la laissant intacte comme une proposition verbale et en la réduisant à un simple «idéal», de même que la loi naturelle sur le mariage lui-même.
Le régime de nouveauté post-Vatican II atteint peut-être ici la plus grande et dernière avancée de sa longue marche de destruction à travers l'Église. Les hommes de François couraillent déjà en tout sens avec le document, le brandissant triomphalement en tant que permission nouvelle et révolutionnaire, du Pape lui-même, de se livrer à exactement ce que Phil Lawler craint: «l'accélération d'une tendance déjà puissante de rejeter l'enseignement pérenne de l'Église». Ils nous diront, comme comme le Cardinal Schönborn fait déjà, que Amoris Laetitia est «un développement organique de la doctrine» -- incluant les citations tronquées et notes de bas de page tendencieuses! Un «développement organique» dans lequel François contredit Jean-Paul II, ce Pape qu'il a lui-même canonisé, et dont l'enseignement vrai a été dissimulé par François grâce à une fausse représentation cruciale de ce que Jean-Paul II voulait dire par «discernement» pastoral.
Ainsi va la vie avec La Grande Façade de nouveautés non-obligatoires qui ont infecté l'Église pendant près de cinquante ans. Le «processus continu de désintégration», déploré par le Cardinal Ratzinger et, pendant qu'il était Pape, arrêté pendant un certain temps, va maintenant pénétrer plus largement et profondément qu'auparavant. Ce processus sera accéléré par Amoris Laetitia, une sortie de route de longueur kilométrique, dont les aspects nouveaux ont seulement le poids de l'opinion, mais qui néanmoins vont quand même causer de nouveaux dommages incalculables à la communauté ecclésiale.
Par conséquent, avec déférence au Cardinal Burke mais contrairement à son opinion, la promulgation de Amoris Laetitia, en dépit de son caractère non-contraignant, confirme chacune des expressions d'alarme dans la pétition du journal The Remnant en décembre dernier, qui a imploré François de changer de cap ou d'envisager de démissionner de la papauté en accord avec sa propre promesse de le faire s'il devenait inapte à remplir ses fonctions:
Vous y déclarez [qu'une] «Révolution de tendresse» aura lieu pendant votre Jubilé de la Miséricorde [...] Votre motif déclaré pour la «Révolution de tendresse» est que, selon vous, «l'Église elle-même suit parfois une ligne dure, elle tombe dans la tentation de suivre une ligne dure dans sa tentation de souligner seulement les règles morales, et c'est alors que de nombreuses personnes y sont exclues» [...].
Les Catholiques savent qu'une véritable révolution de tendresse se produit dans chaque âme qui se fait baptiser ou qui, correspondant à la grâce du repentir, entre dans le confessionnal avec une ferme intention de s'amender et avec un coeur contrit, se soulage du poids de ses péchés, reçoit l'absolution par un prêtre agissant en la Personne du Christ [...] L'Église Catholique a toujours été une source inépuisable de la Miséricorde Divine à travers ses Sacrements. Que peut ajouter votre «révolution» proposée à ce que le Christ a déjà fourni à Son Église? Pouvez-vous déclarer une amnistie sur le péché mortel? [...]
Maintenant, comme vous condamnez la «ligne dure» de l'Église sur les «règles morales» et que vous proclamez une «révolution de tendresse», nous sommes confrontés à une menace imminente de «gestes» inouïs de «Miséricorde» [...]. Parmi ces gestes, il pourrait y avoir une Exhortation Apostolique post-synodale autorisant l'admission des adultères publics à la Sainte Communion selon l'opinion d'Évêques individuels ou de Conférences Épiscopales. [...]
On a le sentiment d'un tournant d'événements presque apocalyptique dans l'histoire de l'Église.
Tout catholique digne de ce nom a le devoir de résister à cette tentative de renversement du Magistère pérenne, par un Pape dévoyé qui n'a clairement aucun respect pour l'enseignement de ses propres prédécesseurs -- ayant dénaturé l'enseignement contraire crucial de l'un d'entre eux, ainsi que d'autres sources -- et qui s'abaisse à la démagogie en faisant appel à une «miséricorde» qui serait la pire espèce de cruauté spirituelle. Il est impensable que la Direction de l'Église, en faisant de ceci rien de moins que son programme pastoral, puisse laisser les âmes, qui sont en danger de la damnation éternelle, dans l'état même qui les met en danger, et même les encourager à aggraver leur culpabilité par des Communions sacrilèges, pendant qu'elles se demandent si elles vont cesser de persister dans l'adultère ou la fornication.
C'est une folie jamais vue dans l'histoire de l'Église. Et où sont les membres de la hiérarchie pour nous conduire au milieu de cette folie? Comme c'était à l'époque de la crise arienne, quand Saint Athanase était presque seul parmi les hiérarques à défendre publiquement la Foi, il en sera ainsi aujourd'hui: les prélats qui se tiennent debout et qui refusent de répudier l'enseignement de leur propre Église seront en très petit nombre, peut-être si peu qu'ils pourront être comptés sur les doigts d'une main. Il convient donc de conclure ce commentaire avec les mots d'un prélat qui pourrait bien être l'un les rares, le très bien nommé Monseigneur Athanasius Schneider, qui disait avant même que la menace de cette catastrophe soit devenue une réalité:
«Non possumus!» Je ne vais pas accepter des paroles obscures, ni une porte,
savamment camouflée, s'ouvrant à une profanation du Sacrement du Mariage et de
l'Eucharistie. De même, je ne vais pas accepter une parodie du Sixième Commandement
de Dieu. Je préfère être ridiculisé et persécuté plutôt que d'accepter des textes
ambigus et des méthodes insincères. Je préfère la cristalline «image du
Christ-Vérité, plutôt que l'image du renard orné de pierres précieuses» (Saint
Irénée), car «Je sais en qui j'ai cru», «Scio, Cui credidi!»
[2Tm 1:12]
[Rorate
Caeli, 2015-nov-2]
Écrit par Christopher A. Ferrara, copié du site web du journal The Remnant, avec permission. (Le traducteur français a rajouté la numérotation aux sections pour faciliter les hyperliens, et a remplacé «homme» par «vir» pour éviter les ambiguités.)
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