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Roue dentée et cliquet
Le célèbre saboteur Gene Robinson, évêque épiscopalien du New Hampshire, a réussi en 2003 à défoncer le barrage du Lévitique («Si un vir couche avec un autre vir comme on couche avec une femme, il pourra se gausser de son diocèse pendant un an sur la chaîne de télévision CBS, ainsi que ses stations affiliées» [Lv 18:22]). Maintenant, avec les murmures de mécontentement encore audibles dans les provinces, Monseigneur Gene veut juste passer à autre chose:
«J'aimerais qu'on cesse de parler de ça, et qu'on recommence à parler de l'Évangile. Mon diocèse est peut-être le seul diocèse dans la communion Anglicane qui n'est pas obsédé avec le sexe. Nous n'en parlons presque pas. Il y a une déconnection stupéfiante entre mon diocèse et le reste du monde. Nous parlons de l'Anglicanisme et nous portons témoignage au reste du monde.»
Nous voyons trop souvent cette ruse dans les guerres culturelles. Les pratiques traditionnelles sont assaillies, non pas directement, mais par des supplications incessantes pour le dialogue. Le fonctionnement des dialogues est conçu pour favoriser l'innovateur -- personne, après tout, ne dit: «Je pense qu'on devrait démarrer une conversation à propos de pourquoi les choses devraient rester comme elles le sont» -- et donc le dialogue engendre la diversité, qui engendre l'innovation, et presto! le besoin pour le dialogue disparaît. «J'aimerais qu'on cesse de parler de ça».
Les critiques d'après-guerre de l'idéologie du progrès social ont fréquemment parlé du «phénomène du cliquet». Un cliquet est un dispositif qui permet à une roue dentée de tourner seulement dans un sens. Le mécanisme permet le changement, mais il peut seulement «avancer». Ce progrès a été «mythologisé» en synonyme d'amélioration par la Gauche. (Ce qui est absurde, puisqu'on peut avancer vers une calamité tout autant que vers le triomphe). Néanmoins les Gauchistes ont conçu la «Machine à changement social» que nous utilisons tous -- les conservateurs comme les libéraux -- et le «progrès» politique en est venu à signifier le changement dans le sens intégré au mécanisme.
Vous souvenez-vous des pressions pour l'ordination des femmes -- d'abord comme prêtres et ensuite comme évêques -- dans l'ECUSA? Dans les années précédant les capitulations, la phrase à la mode était: «Pourrait-on en parler?» Le dialogue était essentiel. Les timorés se faisaient dire que les questions n'allaient pas s'en aller d'elles-mêmes, et que refuser le débat n'allait que retarder le jour fatidique. Et bien, les innovateurs ont eu ce qu'ils voulaient. Est-ce que vous en entendez maintenant qui demandent à l'Église de ré-ouvrir la question, de continuer le dialogue pour savoir si la restriction du sacerdoce aux virs seulement est la volonté de Dieu? Bien sûr que non. Le changement s'est fait, le cliquet a cliqué, il n'y a pas de retour en arrière, et donc -- comme Monseigneur Gene insisterait -- il n'y a rien à discuter.
Les innovateurs catholiques ont plus de misère à faire du sabotage, parce que la doctrine catholique, une fois définie, est irréformable. Pour cette raison, ils sont typiquement allergiques aux textes. Ils trouvent leur mandat non pas dans les documents, qu'ils soient bibliques ou ecclésiastiques, mais dans l'esprit qui est présumé animer de tels documents. Cet «esprit» donne aux innovateurs leur propre mythe du progrès -- c'est-à-dire le changement unidirectionnel vers la Gauche -- et leur permet de stigmatiser les orthodoxes comme étant des obstructionnistes. Ainsi l'ordination des femmes, la liturgie horizontale, le proportionalisme moral, la langue inclusive, et plus récemment la sodomie consciencieuse, nous ont tous été mis sous le nez par ces innovateurs, sous prétexte d'être des progrès mis de l'avant par L'esprit du deuxième Concile du Vatican.
Parmi les catholiques, le Phénomène du cliquet fonctionne dans «l'implantation» plutôt que la doctrine. On peut voir le plus clairement ses effets néfastes, non pas chez les radicaux, mais dans ces chefs religieux qui acceptent solennellement les enseignements de l'Église «pour le moment présent» -- le qualificatif concède la victoire éventuelle des innovateurs et indique que nous sommes supposés croire que «l'esprit» nous mène là où les innovateurs voudraient qu'on soit rendu. L'évêque catholique qui enseigne que l'ordination est restreinte aux virs «à ce moment-ci de l'histoire de l'Église», croit au mythe du progrès aussi fermement que Rosemary Ruether ou Gene Robinson. Lorsque la roue dentée va tourner, on sait déjà dans quel sens elle va tourner. Les Conservateurs, pendant ce temps-là, sont perçus comme étant une source de friction.
La friction, c'est pas bon.
Phil Lawler m'a parlé un jour d'un livre de Philip Trower (Turmoil and Truth) qui contient une image suggestive pour comprendre comment les catholiques orthodoxes, sans qu'ils changent leur position, ont été manipulés de manière à les transformer de disciples en obstructionnistes. Trower expliquait le fossé qui existe entre les enseignements de Vatican II d'un côté, et de l'autre, son implantation par les ecclésiocrates, mais son allégorie s'applique plus largement. Voici comment Phil l'expliquait:
Imaginez qu'il y a quatre hommes dans une auto, qui tombe en panne sur la route. Deux de ces hommes veulent pousser l'auto à un garage qui se trouve 100 mètres plus loin; les deux autres veulent pousser l'auto en bas du précipice qui se trouve 200 mètres plus loin. Ils commencent tous à pousser l'auto ensemble; et lorsqu'ils se rapprochent du garage -- et qu'ils le dépassent -- deux hommes passent à l'avant de la voiture pour essayer de la pousser en sens inverse, contre l'élan.
Maintenant, imaginez que vous observez tout ceci de loin. Quels deux hommes pensez-vous respectent le plan d'origine, et quels deux font de l'obstruction?
Copyright © 2005 Catholic Culture. Traducteur: SJJ
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