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Équipe de philosophes montrant comment aborder Noam Chomsky en toute sécurité.
(Source: [lien brisé] www.tahsn.ca)
Récemment, Mister X9, son épouse et un de ses copains m'ont demandé de lire le livre 11/9; Autopsie des terrorismes, de Noam Chomsky. Voici quelques-unes de mes impressions après l'avoir lu.
D'abord, quelques avertissements:
- Je n'ai lu qu'un seul livre de Chomsky dans ma vie;
- Ce livre ne semble pas être son chef-d'oeuvre (en d'autres mots,
j'aurais peut-être dû commencer par un autre de ses livres);
- Je suis un peu compétent dans certains sujets (comme la philosophie, ou
le langage de programmation C++), mais pas en géopolitique;
- Il ne faut pas cataloguer les gens, mais Chomsky semble être du type
plutôt «anti-Américain gauchiste», et moi je suis un Américain plutôt
de droite, donc il n'y a pas d'atomes crochus entre nous au départ.
Noam Chomsky et moi nous entendons très bien sur plusieurs points. Citons au moins:
2.1) Seule la vérité peut nous rendre libres. Les mensonges des politiciens, transmis par la complaisance des médias et gobés par l'apathie intellectuelle des citoyens, ne pourront jamais régler les problèmes de l'humanité. «Mais il est capital de ne pas se laisser intimider par les discours hystériques et les mensonges, et de toujours chercher à se rapprocher au plus près de l'honnêteté et de la vérité» (p. 146)
2.2) Il ne faut pas présumer que notre attaquant a totalement tort, et que nous avons totalement raison. Souvent dans un conflit, les deux côtés ont des choses à se reprocher. Si nous voulons travailler à bâtir la paix, il ne faut pas avoir peur de faire notre examen de conscience. «[Les militants soucieux de la justice doivent-ils diminuer, ou augmenter leurs critiques, après les attaques du 11 septembre?] Tout dépend du but visé par ces militants. S'ils veulent faire monter la violence et augmenter le risque de voir se reproduire les atrocités comme celles du 11 septembre [...] alors oui, ils devraient modérer leurs analyses et leurs critiques, refuser de penser et se désengager de tous les problèmes graves dont ils se préoccupaient. [...] Si, en revanche, ces militants veulent [...] faire grandir les espoirs de liberté, de respect des droits de l'homme et de démocratie, alors ils devraient prendre la direction inverse. Il faudrait qu'ils poussent plus loin l'étude des facteurs historiques cachés derrière ce genre de crimes et qu'ils se consacrent avec encore plus d'énergie aux causes justes qu'ils défendent déjà.» (p. 143)
2.3) Le terrorisme doit être bien défini. Il est ridicule de définir le terrorisme uniquement «comme le terrorisme dirigé contre nous et nos amis». (p. 91) «Si nous avons la prétention d'être sérieux, il nous faut appliquer les mêmes règles à nous-mêmes, toujours [lorsqu'on cherche les coupables d'actes terroristes]» (p. 56) Il faut condamner «toutes les actions terroristes, et pas seulement celles qui sont appellées «terroristes» pour des raisons de propagande». (p. 112)
2.4) Georges W. Bush Junior n'est pas un enfant de choeur. «D'après ce que nous savons, le gouvernement américain va maintenant tenter de profiter de la situation pour charger au maximum son ordre du jour: militarisation, et notamment défense antimissiles, affaiblissement des programmes sociaux-démocrates; détournement des inquiétudes face aux effets désastreux de la mondialisation, ou face aux problèmes de l'environnement, ou d'assurance maladie, etc.; mise en place de mesures destinées à transférer encore plus de richesses vers un minimum de personnes [...]; subordination de la société afin d'éliminer le débat public et la contestation.» (p. 39). J'ai moi-même dit que j'étais loin d'être d'accord avec tout ce que fait Georges W. Bush Junior.
2.5) L'Histoire des USA n'est pas une hagiographie. Je vais examiner ce point dans la section suivante.
Etc., etc.
Une des thèses principales de Noam Chomsky dans ce livre semble bien être que la politique américaine a causé en grande partie les attaques du 11 septembre 2001, parce que les USA «sont à la tête des États terroristes» (p. 14), que «le nombre de ses victimes est colossal» (p. 12), et donc que maintenant, avec ces attaques, «les fusils sont pointés dans l'autre sens» (p. 24).
Pour étayer cette thèse, Chomsky accuse les USA d'une très longue liste de crimes:
3.1) Les Amérindiens. «L'Amérique a réduit à néant des populations indigènes (des millions de gens)» (p. 12).
3.2) Amérique centrale. «Également dans les années 1980, les Américains ont mené une guerre importante en Amérique centrale, qui a laissé derrière elle quelque deux cent mille corps torturés et mutilés [...] La cible principale de l'attaque américaine était l'Église catholique, qui avait commis le péché mortel de prendre «le parti des pauvres».» (p. 96)
3.3) Palestiniens. Les USA soutiennent «les atrocités commises envers les Palestiniens». (p. 71) Israël se réjouit de pouvoir «écraser les Palestiniens en toute impunité». (p. 23)
3.4) Les Afghans. Les USA ont attiré «les Russes dans le «piège afghan» en 1979» (p. 46). Aujourd'hui, les USA soutiennent le massacre des civils Afghans par l'Alliance du Nord, et encouragent la famine en bloquant l'aide humanitaire.
3.5) Soudan. Les USA ont bombardé l'usine pharmaceutique d'Al-Shifa, donc ils ont tué les centaines de milliers de gens qui sont morts par manque de médicaments. Mais cette attaque a ensuite empêché la paix au Soudan, en Ouganda et dans tout le bassin du Nil (p. 61). En plus, le Soudan voulait donner une banque de données sur Ben Laden et deux cents dirigeants d'Al-Qaïda, mais les USA l'ont refusée, et n'ont donc pas pu empêcher les attaques du 11 septembre (p. 64).
3.6) L'Afrique du Sud. L'Afrique du Sud aurait tué au moins 1,5 millions de personnes, grâce au soutien des USA.
3.7) Indonésie. «Une armée soutenue par les USA a pris le contrôle de l'Indonésie en 1965, provoquant le massacre de centaines de milliers de gens [...] provoquant des manifestations d'euphorie débridée en Occident» (p. 80).
3.8) Terroristes musulmans partout dans le monde. Les forces radicales islamistes sont «armées, organisées et entraînées» par les USA. (p. 73) «La haine est exactement ce qu'expriment les islamistes radicaux mobilisés par la CIA et ses associés». (p. 97)
Etc., etc.
En lisant ce livre de Chomsky, il est difficile d'éviter l'impression que Chomsky considère que les USA sont «Le Grand Satan». Chomsky n'utilise pas une telle expression, mais je constate le fleuve ininterrompu d'accusations plus exorbitantes les unes que les autres, la solitude des USA sur le banc des accusés, l'absence d'avocat de la défense, et l'omniscience de l'avocat de la Couronne.
Les USA sont-ils vraiment coupables de tous les crimes dont l'accuse Noam Chomsky? Pour l'instant, je n'ai pas de réponse brève, complète et parfaite. Je n'ai que des bribes:
4.1) Pourquoi pas? Pourquoi le gouvernement des USA ne pourrait-il pas être responsable de tous ces crimes? Si on fait un calcul rapide de toutes les supposées victimes selon Chomsky, on arrive quand même loin en deça du 42 millions depuis Roe vs. Wade, le 22 janvier 1973. Un gouvernement capable d'avorter 42 millions de ses propres citoyens est bien capable de tuer quelques millions d'étrangers. De plus, étant moi-même Américain, je constate que je suis capable de commettre des péchés comme n'importe qui d'autre. Malheureusement, je n'ai pas de «Gène Américain Anti-péché». Quand j'ai envie d'outremanger, ou de me lever trop tard, ou de végéter sur l'Internet plutôt que de faire mon devoir d'état, il ne sert à rien de me coller mon passeport des USA sur le front: cela ne dissipe pas les tentations.
4.2) La cause profonde: les USA, ou le Péché originel? Pour guérir une maladie, il faut d'abord en diagnostiquer correctement la cause, sinon, on risque d'essayer de guérir le malade, en le faisant passer d'un lit en bois à un lit en or massif. Pour guérir la géopolitique, il faut d'abord constater que la cause ultime de sa maladie, c'est «la nature humaine», ou plus strictement parlant, la nature humaine déchue depuis le Péché originel. À lire Chomsky, on a l'impression que si les USA (et Israël aussi, bien sûr!) étaient rayés de la mappemonde, l'humanité reviendrait au Paradis terrestre. Sauf que, même si on réussissait à éliminer les USA, la bêtise humaine ne serait pas guérie. Les gens mentaient, volaient et tuaient longtemps avant l'apparition des USA, et vont continuer à mentir, voler et tuer longtemps après.
(Bien sûr, le Péché originel ne disculpe pas les politiciens, soldats et hommes d'affaires américains qui commettent des crimes! Une bombe lancée intentionnellement sur des civils va tous les tuer, avec ou sans Péché originel! Et la responsabilité de ce crime reviendra encore au pilote qui a appuyé sur le bouton, sur le général qui a envoyé ce pilote, sur le politicien qui a désigné ce général, et sur les électeurs qui ont choisi ce politicien!)
4.3) Pourquoi n'y a-t-il pas de Chomsky communiste ou musulman? Chomsky est devenu riche et célèbre en accusant constamment les USA des pires crimes imaginables. Mais il faut se poser la question: Pourquoi n'y a-t-il pas l'équivalent de Noam Chomsky dans les pays communistes ou islamiques? Est-ce parce que les USA sont Le Grand Satan (et donc que le mal n'existe pas ailleurs)? Ou est-ce que parce que dans les pays influencés par le communisme et l'islam, les virulents détracteurs du gouvernement se font éliminer rapidement et silencieusement? Pourquoi y a-t-il des Chomsky en Israël, mais pas dans les pays autour d'Israël, comme l'Égypte, la Syrie, l'Iran, etc.? Pourquoi y a-t-il des Chomsky aux USA et dans les pays sous la domination des USA, mais qu'il n'y en avait pas en URSS et dans les pays sous la domination de l'URSS?
Malheureusement, l'histoire ne sera jamais une science expérimentale. Si un savant prétend que 2 moles d'hydrogène combinées à une mole d'oxygène donnent une mole d'eau, nous pouvons refaire cette réaction chimique dans notre laboratoire, sous nos yeux. Mais si un géopoliticien prétend que le gouvernement des USA avait pour politique officielle d'attaquer des coopératives de fermiers et des cliniques médicales au Nicaragua (p. 102), nous ne pouvons pas aller dans notre laboratoire, mélanger un extrait de USA dans une éprouvette avec des cristaux de fermes et de cliniques nicaraguayiennes, et constater les résultats. Comment faire alors pour déterminer la vérité historique?
Je ne connais pas la méthode de la géopolitique, mais elle a certainement des composantes d'histoire et de sociologie, que je connais mieux. En m'appuyant sur ces connaissances, il me semble que Chomsky commet plusieurs infractions aux règles méthodologiques de la géopolitique.
5.1) Audiatur et altera pars. Devant un événement historique contesté, un savant rigoureux va tenter de présenter les diverses positions avec leurs arguments et leurs sources, avant de lui-même présenter ce qu'il considère comme étant la position la plus probable (encore ici avec sources à l'appui). Chomsky ne fait pas cet effort systématiquement.
5.2) Forces en présence sur la mappmonde. En géopolitique, il y a des «joueurs» sur la mappmonde, que ce soit des pays, des alliances de pays, etc. Pour comprendre ce qui se passe, il faut énumérer tous les joueurs importants en présence, et bien décrire leurs caractéristiques. Comme signalé ci-haut, Chomsky en gros évacue le communisme et l'islam. Donc toutes les actions des USA deviennent des agressions à l'état pur.
5.3) Fiabilité sélective des médias. Chomsky cite régulièrement les journaux américains comme le New-York Times, qu'il considère comme «le plus grand journal du monde» (p. 117). Sauf que ces journaux sont, selon lui, une source de propagande lorsqu'ils disent des choses en faveur des USA, mais ensuite ensuite il traite le moindre entrefilet de ces journaux comme la pure vérité, lorsque cet entrefilet attaque les USA!
5.4) Affirmations ronflantes. Décrire une petite réaction chimique comme 2H + O = H2O n'est pas facile. Décrire toute une personne humaine est encore beaucoup plus difficile. Et décrire un immense groupe de personnes humaines est encore plus difficile que ça! Mais Chomsky réussit à comparer deux immenses groupes de personnes humaines, avec une certitude absolue des résultats, et sans même définir ses termes! «Avant tout, nul individu, pour peu qu'il soit doté d'un minimum de rationalité, ne définira les Arabes comme fondamentalistes. [... mais] Les USA, en fait, constituent l'une des cultures les plus extrêmes et fondamentalistes au monde» (p. 24). Et en passant, Chomsky affirme qu'il «n'aime pas généraliser»! (p. 66)
5.5) Pauvreté en références. Après une grosse affirmation, Chomsky enchaîne souvent avec des propos du genre: «Il existe de nombreux ouvrages sur ce point, qui donnent une information détaillée à partir de sources incontestables» (p. 38), ou encore: «il est de notoriété publique [... c'est] évident, clairement exprimé pour les gens qui ont envie d'entendre» (p. 101). Pour ma part, dans les livres que j'admire, les auteurs évitent la rhétorique et font tout simplement suivre leurs affirmations de notes de bas de page, où ils donnent leurs sources en détail.
5.6) Quantité, pas qualité. Chomsky a écrit un nombre phénoménal d'ouvrages. J'en ai compté au moins cinq douzaines sur Wikipedia, sans compter tout ce qu'il a écrit en linguistique. Si son livre 11/9; Autopsie des terrorismes est un échantillon représentatif, alors la quantité ne me surprend pas. Ce livre n'est qu'une transcription de quelques entrevues faites avec des journalistes. L'éditeur lui-même coupe dans les propos de Chomsky, lorsqu'il se répète.
Cette piètre qualité est encore plus frappante lorsqu'on considère la gravité et le nombre d'accusations formulées par Chomsky. C'est une règle élémentaire de justice que plus les accusations sont graves, moins ces accusations peuvent être rédigées avec désinvolture.
Noam Chomsky dénonce avec raison plusieurs péchés commis par les USA, et pour cela nous devons le remercier et l'encourager. D'un autre côté, à cause de son approche grossière, il est plutôt comme un virus qu'un médicament. Les lecteurs qui ne sont pas correctement protégés avec des gants de caoutchouc et des masques chirurgicaux vont probablement attraper un virus dangereux. Ce virus cause une tendance à devenir aveuglément anti-américain, et aussi une tendance à négliger les menaces du communisme, de l'islam et de la nature déchue en général. De plus, et de façon plus importante, ce virus cause ou renforce des habitudes de pensée confuse et d'accusations injustes.
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