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«Mange cette poignée de gravier, Gravel!»
Il y a deux jours, «l'abbé» Raymond Gravel s'est fait élire pour le parti du Bloc Québécois, dans la circonscription électorale fédérale de Repentigny, au Canada.
Qu'est-ce que les Canadiens devraient penser de cette élection? Devrait-on s'en réjouir ou s'en attrister?
D'abord, mettons certaines choses au clair. Je ne vais pas parler de religion dans ce texte, mais bien des raisons politiques qui, selon moi, font que nous devrions nous attrister.
Ensuite, je n'ai pas la moindre envie de condamner ce que Raymond Gravel peut avoir fait ou dit de valable. Si Raymond Gravel est contre la pauvreté, alors tant mieux! Moi aussi je suis en faveur de la justice sociale. Si Raymond Gravel est contre la haine envers les personnes qui ont des attirances envers le même sexe, alors tant mieux! Moi aussi je suis contre l'homophobie, et ainsi de suite.
Quand devrions-nous nous réjouir de l'élection d'un politicien? Quand ce politicien est bon! Mais alors, qu'est-ce qu'un «bon politicien»? Quelles sont les qualités désirables chez un politicien?
Je vous en soumets trois:
3.1) La force morale de tenir ses promesses écrites. Que diriez-vous d'un politicien qui, par exemple, aurait signé un contrat de vente pour sa maison, mais qui l'aurait déchiré par la suite? Que penseriez-vous si ce politicien tentait de se disculper en disant: «Oui, mais un autre acheteur m'a offert plus d'argent, alors j'ai décidé de ne pas vendre au premier acheteur envers lequel je m'étais engagé»?
3.2) Le respect des droits des minorités. Imaginez, par exemple, que des musulmans fanatiques décident d'aller dans une synagogue juive pour y harceler les juifs. Bien sûr, de nombreux chefs religieux musulmans condamneraient cet affront aux droits des minorités! Les gens ont le droit d'adorer Dieu dans leurs temples, sans se faire harceler par les membres des autres religions! Mais que diriez-vous si un politicien se mettait à approuver publiquement ces musulmans fanatiques, et même à participer à leurs invasions des synagogues?
3.3) L'intelligence et le gros bon sens. Il est difficile de gouverner, et les problèmes de notre pays exigent beaucoup d'intelligence et de bon sens si on veut les régler. Imaginez, par exemple, qu'un politicien décide de lutter contre les changements climatiques en devenant membre du «Club des joyeux émetteurs de gaz à effet de serre» (un club qui interdit le co-voiturage et l'utilisation des transports en commun, tout en encourageant ses membres à faire tous leurs déplacements en auto, même sur de courtes distances)? De quoi douter du bon sens de ce politicien!
Saviez-vous que Raymond Gravel est parjure, qu'il a déjà renié un engagement écrit, une promesse solennelle faite devait Dieu et tous les hommes?
Quelles que soient vos opinions à propos de l'Église catholique (ou des mensonges colportés par certains journalistes), il demeure que Raymond Gravel a signé un engagement écrit qu'il est en train d'enfreindre. Vous pouvez consulter cet engagement, la «Professio fidei et jusjurandum fidelitatis» en latin, que tous les membres du clergé jurent de respecter, en toute liberté et connaissance. (Une traduction française partielle est ici.)
Raymond Gravel, de par ses prises de position sur les unions homosexuelles, l'avortement, mais aussi de par sa participation en politique sans permission de son évêque ou du Pape, enfreint sa promesse écrite et publique.
Saviez-vous que les croyances de Raymond Gravel correspondent exactement à ce qu'enseignent les églises protestantes libérales? Saviez-vous que les croyances de Raymond Gravel sont incompatibles avec ce qu'enseigne l'Église catholique?
Raymond Gravel passe ses journées à attaquer les enseignements de l'Église catholique. Il insulte les gens qui obéissent au Pape, et voudrait que tous les catholiques cessent d'être catholiques, afin de devenir des protestants libéraux comme lui. Pourquoi n'est-il pas capable de respecter tous les gens qui croient exactement ce que l'Église catholique enseigne et qui ont donc décidé d'être dans l'Église catholique?
Supposons un instant que Raymond Gravel ait raison. Alors pourquoi encourage-t-il une Église qui enseigne officiellement, immuablement et infailliblement des choses qui sont supposément si mauvaises? Pourquoi fait-il semblant d'être un prêtre catholique, alors qu'il y a tant d'églises chrétiennes qui enseignent exactement ce qu'il croit? Il y a des églises chrétiennes qui n'ont aucun des «défauts» qu'il reproche à l'Église catholique, tout en ayant tout ce qu'il aime dans le catholicisme! Pourtant, pas besoin d'avoir la tête à Papineau pour mettre le bloc rond dans le trou rond, et le bloc carré dans le trou carré!
Raymond Gravel nous prouve, de par ses comportements, qu'il n'a ni la fibre morale pour tenir ses engagements, ni le respect des minorités, ni même un minimum de gros bon sens.
Un bon politicien est avant tout une personne qui dit la vérité. On peut pardonner à un politicien de ne pas tout comprendre: les problèmes à régler sont si compliqués! On peut pardonner à un politicien de faire des gaffes morales de temps à autre: qui d'entre nous n'a jamais péché? Mais un politicien hypocrite n'est pas acceptable.
Si j'étais un journaliste, et que je rencontrais fortuitement Raymond Gravel demain, je ne lui lancerais pas une pierre; je suis un catholique, après tout! Mais je lui lancerais une poignée de questions pointues, insistantes et précises. Les citoyens canadiens ont droit à la vérité. Ce n'est pas parce qu'un politicien porte un bidule blanc autour du cou, que les journalistes devraient lui donner un chèque en blanc!
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