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«C'est en face de la mort que l'énigme de la condition humaine
atteint son sommet.»
[GS,
N° 18]
(Francisco de Zurbarán. L'extase de S. François.
Source)
1) Introduction
2) Trop bref aperçu de la philosophie
3) L'insuffisance de l'Éthique pour nous rendre heureux
4) Les dangers de la religion
5) Les
préparatifs qu'on doit faire avant d'étudier les religions
6) Quelques obstacles à l'étude des religions
7) La
fiche signalétique de la vraie religion, si elle existe
8) Conclusion
Pourquoi perdre son temps avec la religion? Pourquoi même parler de religion, que ce soit la religion catholique, ou les autres?
C'est une question complexe, mais qui selon moi a une réponse. Je vais esquisser ici cette réponse, mais gardez en tête que ce n'est qu'une esquisse, pas le raisonnement en tant que tel. Le raisonnement en tant que tel prend grosso modo deux mille pages (c'est la longueur du «Précis de philosophie» de F.-J. Thonnard, le meilleur manuel de philosophie que j'ai trouvé jusqu'ici, mais le «MaPhiThoSO» n'existe pas encore). Cette esquisse peut paraître longue (environ 4000 mots), mais elle est très, très brève comparée au vrai raisonnement.
Rien ne sert de parler de religion, à moins d'ancrer cette discussion dans la science. Qu'est-ce que la science? La connaissance par les causes, par opposition à l'ignorance, ou à la croyance superstitieuse, ou à la connaissance superficielle, qui ne plonge pas jusqu'aux explications causales.
Y a-t-il une science, ou plusieurs? Il y a une science générale, la philosophie, et de nombreuses sciences particulières, comme la mathématique, la physique moderne, la chimie, la biologie, la psychologie, la sociologie, etc. Les sciences particulières ne sont pas simplement des «chapitres» de la science générale de la philosophie, car elles ont leur objets, leurs lois et leurs méthodes propres. Néanmoins, elles s'accordent avec la science générale de la philosophie, et la philosophie unifie les sciences particulières et défend leurs principes.
La science particulière appelée «Mathématique» se pose des questions comme «Quelles sont les racines de cette équation quadratique?», ou «Comment peut-on représenter une fonction périodique complexe grâce à des fonctions périodiques simples (sinus et cosinus)?», ou «Comment puis-je trouver une approximation pour cette équation différentielle qui est impossible à résoudre analytiquement?», etc.
La science particulière appelée «Chimie» se pose des questions comme «Quelle est la séparation d'énergie en électronvolts entre les niveaux 5 et 6 d'un électron dans une boîte d'une longueur de 1.0 nanomètre?», ou «Quelle est la susceptibilité molaire du CuSO4-5H2O à 25 Celsius (spin seulement)?», etc.
La science générale nommée Philosophie se pose des questions comme: «Qu'est-ce qu'une bonne démonstration?», ou «Qu'est-ce que la science?», ou «Quel est le but de la vie?», ou «Dieu existe-t-il?», ou encore «Pourquoi la religion?». Remarquez que je n'ai pas affirmé: «La philosophie répond à toutes ces questions». Non, la philosophie, comme toutes les sciences, se pose des questions et tente d'y répondre.
Qu'est-ce que la philosophie, plus précisément? C'est l'amour de la sagesse, qui elle-même est la science qui procède par les causes premières et universelles, sous la lumière de la raison naturelle.
Souvent de nos jour on refuse le statut de science à la philosophie. D'une certaine manière, les gens qui disent cela ont raison, car ce que eux ont vu sur les étagères étiquetées «philosophie» des librairies n'étaient probablement pas des livres de philosophie. Quelqu'un comme Nietzsche qui se présente comme un prophète («Je viens vous enseigner le Surhomme!») ne fait pas de la philosophie strictement parlant, mais de la (mauvaise) religion. On voit aussi souvent des livres qui confondent la philosophie avec l'histoire, ou la philosophie avec la psychologie populaire, etc.
Un petit truc lorsqu'on a affaire a des gens qui refusent le statut de science à la philosophie est de leur demander quelle science affirme que «La philosophie n'est pas une science»? En effet, pour affirmer ce genre de chose scientifiquement, il faut d'abord connaître un peu ce qu'est la philosophie, puis il faut connaître ce qu'est la science, afin de pouvoir juger que la philosophie n'est pas une science. Or, les sciences particulières ne peuvent pas se prononcer sur ces problèmes. Par exemple, un biologiste, en tant que biologiste, ne peut pas prendre un échantillon de philosophie et mettre ça dans une boîte de Pétri avec de l'Agar, afin de voir si la philosophie va se multiplier comme une culture bactérienne, ou une culture scientifique! Idem pour le mathématicien, qui ne peut pas compter combien ça prend d'équations algébriques pour avoir une science. Et idem pour le physicien, qui ne peut pas peser combien de kilogrammes pèse la science, ou quelle est sa largeur en millimètres. (Voir aussi: «N'est-il pas anti-scientifique de croire à la science?»)
Seule une science générale, qui regarderait les choses d'un «point d'observation plus élevé» que les sciences particulières pourrait justifier leurs principes et les siens, et affirmer que «La philosophie n'est pas une science». Sauf que cette science générale est elle-même la philosophie!
Supposons que vous me concédiez que la philosophie est la science générale. Quelles sont les parties de la philosophie? En gros, la philosophie se divise en quatre parties: la Logique, la Physique (au sens étymologique), la Métaphysique, et l'Éthique. Un bon manuel de philosophie a normalement une table des matières qui ressemble un peu à ceci:
1) Logique (Comment atteindre la vérité rapidement, facilement et sans erreurs) Logique formelle Logique matérielle. 2) Physique ou Philosophie de la Nature («Physique» = «Nature» en grec) Cosmologie (première partie): Le changement, les causes, l'acte et la puissance, le temps, le lieu, etc. Minéralogie (les êtres corporels non-vivants) Phytologie (les êtres corporels vivants, mais sans sensation) Zoologie (les vivants doués de sensation) Anthropologie (les vivants doués de raison) Cosmologie (deuxième partie): l'ordre de l'univers. 3) Métaphysique (étude de l'être en tant qu'être) Critériologie (qu'est-ce que la vérité?) Ontologie (l'être, les causes, l'essence et l'existence, etc.) Théodicée (Dieu, son existence, sa nature, ses attributs) 4) Éthique (comment se rapprocher du bonheur) Éthique générale Le but de la vie La loi et la conscience Les vertus et les vices Éthique spéciale Économique (l'argent, le travail, etc.) Bioéthique (avortement, euthanasie, clonage, etc.) Politique (morale nationale, internationale, etc.) Le problème de la religion
Vous pouvez maintenant mieux vous imaginer jusqu'à quel point cet essai est trop bref. Le livre en tant que tel a environ 2000 pages. Les premières 1900 pages viennent d'être résumées! Les 100 dernières (Le problème de la religion) vont être résumées par les 5 pages suivantes!
Supposons donc que nous avons acquis toutes les sciences particulières (au moins pour avoir une culture générale), et que nous avons fait de solides études en philosophie, sauf pour le tout dernier chapitre.
Le problème de la religion surgit souvent devant un événement tragique dans la vie de la philosophe ou celle d'un proche. Par exemple, le frère du philosophe vient de se marier avec une femme qu'il aime bien, et les nouveaux mariés se sont achetés une belle maison, une belle voiture, etc. Ils sont prêts à «avoir beaucoup d'enfants et vivre heureux jusqu'à la fin des temps». Sauf que le frère du philosophe tombe malade, avec un cancer du cerveau qui lui laisse quelques mois à vivre.
Devant une telle situation, notre philosophe prend la «boîte» qui contient tout ce que les hommes ont pu trouver concernant le bonheur (c'est-à-dire la partie de la philosophie qui s'appelle l'Éthique), fouille désespérément dans cette boîte, mais ne trouve rien qui puisse l'aider. Bien sûr, il y a de très bonnes et belles connaissances dans cette «boîte», mais rien qui puisse arrêter la mort. «C'est en face de la mort que l'énigme de la condition humaine atteint son sommet. L'homme n'est pas seulement tourmenté par la souffrance et la déchéance progressive de son corps mais, plus encore, par la peur d'une destruction définitive» [Gaudium et Spes, #18]
À ce moment là, si notre philosophe n'avait pas d'autres informations, il ne lui resterait qu'à se résigner. Sauf qu'il y a certaines personnes qui lui disent que la situation n'est pas sans espoir, que Dieu s'est révélé aux hommes et qu'Il nous a dit comment atteindre le bonheur éternel.
Le philosophe est donc un peu pris entre l'arbre et l'écorce. D'un côté, il sait qu'il doit rester dans la vérité et la science, et éviter le charlatanisme et la superstition. D'un autre côté, il voit bien que l'Éthique ne suffit pas, et il entend des gens dire que le salut est possible, si on trouve la bonne religion.
Faut-il se précipiter vers la religion? Non, bien sûr! Se précipiter serait agir de manière déraisonnable, et la philosophie prouve que bien agir, c'est agir conformément à la raison. Faut-il donc rejeter d'emblée et sans examen toutes les religions? Cela dépend. Si la science philosophique nous dit que toutes les religions sont fausses, alors oui, il faudrait rejeter toutes les religions, avant même de les avoir étudiées.
Sauf que en saine philosophie, on peut prouver l'existence de Dieu. (Ceci n'est peut-être pas une évidence pour vous au moment où on se parle, mais n'oubliez pas qu'on suppose des années d'études philosophiques avec un bon professeur. Si vous rencontrez quelqu'un qui prétend le contraire, invitez-nous tous les deux à souper, et vous pourrez juger par vous-même. Vous pouvez aussi consulter des textes comme: «Les preuves de l'existence de Dieu: un premier débroussaillage»). Comme notre philosophe sait que Dieu existe, et qu'il a aussi prouvé qu'un des attributs de Dieu était la toute-puissance, il voit bien qu'en théorie du moins, Dieu pourrait fonder une religion, et nous révéler comment atteindre la vie éternelle.
Il semblerait donc que la porte vers la religion serait entrouverte. Un bon philosophe devrait-il franchir cette porte?
Notre philosophe a entendu parler de religion et de «Vie éternelle». Mais il a aussi entendu parler, et même probablement vu de ses propres yeux, des sottises incroyables perpétrées au nom de la religion. La sagesse élémentaire lui dit donc de ne pas franchir la porte entrouverte, à moins d'avoir de bonnes raisons pour penser qu'il pourrait le faire sans danger.
Quel danger y a-t-il de l'autre côté de cette porte qui mène aux religions? Nous pouvons en avoir une assez bonne idée. En effet, dans la partie de la philosophie appelée «Physique» ou Philosophie de la nature, nous avons étudié l'homme (ou «Anthropologie»), et plus précisément la raison et la volonté humaine.
Nous savons donc que la volonté humaine se porte normalement vers ce qui lui est présenté comme un bien par la raison. Remarquez bien que nous n'avons pas dit: «La volonté se porte nécessairement vers le bien», car dans ce cas-là, aucun homme n'agirait mal (ce qui est manifestement faux). Si la raison se trompe, et présente un pseudo-bien à la volonté, la volonté va normalement tendre vers ce mal.
Nous savons aussi que plus la raison présente quelque chose à la volonté comme étant un grand bien (à tort ou à raison), plus celle-ci va y être attiré. On désire beaucoup plus sauver sa vie durant un incendie, que de continuer à manger tranquillement sa barre de chocolat, par exemple.
Enfin, nous savons qu'il y a des liens parfois mystérieux entre la raison et la volonté. Peut-être vous est-il déjà arrivé de vous réveiller tard, parce que vous aviez oublié de mettre votre réveil-matin. Au moment où vous vous êtes réveillé, et que vous avez vu que vous étiez très, très en retard pour le bureau, vous avez peut-être ressenti un refus: «Non, non, ça ne se peut pas! Il n'est pas dix heures du matin!». Pendant quelques instants, votre raison a peut-être été «tordue» par votre volonté. Si oui, votre perception de la réalité a été modifiée par vos désirs, ce qui est très inquiétant.
Pourquoi est-ce inquiétant? Parce que notre raison est capable de voir en elle-même ce que c'est que d'être en vie, et que grâce à son pouvoir d'abstraction, elle est capable de concevoir la vie éternelle. Et parce que notre raison conçoit la vie éternelle, notre volonté ne peut pas faire autrement que de désirer ce grand bien, ce bien suprême. Et comme notre volonté peut dans certains cas «tordre le bras» de notre raison, alors franchir la porte entrouverte sur les religions est dangereux.
Nous sommes arrivés à cette conclusion en considérant «analytiquement» les conclusions de la philosophie. Mais on peut arriver au même but «empiriquement», en considérant les conclusions d'une autre science, celle de la sociologie des religions (ou du phénomène religieux). La sociologie des religions peut en effet nous énumérer de nombreux cas où des hommes ont agi de manière complètement irrationnelle.
Vous pourriez argumenter que telle ou telle secte n'était pas si pire que ça, ou que les journalistes ont exagéré, etc., mais vous devriez quand même admettre qu'en général, la liste des horreurs faites au nom de la religion est longue, sanglante, et ténébreuse.
La philosophie nous dit clairement que de franchir la porte menant à la religion, sans préparation adéquate, est un peu comme s'approcher d'un «Trou noir». Si on franchit la porte à la hâte, alors avec un peu de malchance, on pourrait être happé par le trou noir d'une superstition, qui nous entraînerait irrésistiblement (comment peut-on résister à la chose la plus attirante imaginable, la Vie éternelle?), et qui nous empêcherait de sortir de ses ténèbres (comment voir la lumière de la vérité, si notre volonté «tord le bras» de notre raison?).
Est-il possible de se prémunir contre les dangers qu'il y a à étudier les religions? Un bon philosophe doit se poser cette question, car il sait que l'Éthique ne suffit pas, que la mort s'en vient, et qu'il est au moins théoriquement possible qu'il y ait une vraie religion.
Le bon philosophe n'est pas désarmé, au contraire, il a une arme très puissante: La Vérité. Un bon philosophe est outillé pour distinguer le vrai du faux. Il sait que la vérité est bonne, désirable, consolante. Il sait que l'erreur, même lorsqu'elle est apparemment agréable, finit toujours par décevoir, blesser et même tuer. Il sait que la science contient beaucoup de vérité, et que l'Éthique lui permet de se rapprocher du bonheur. Il peut donc voir que entre une fausse religion qui promet un bonheur absolu mais imaginaire, et une vraie science philosophique qui nous rapproche réellement mais imparfaitement du bonheur, le choix est facile. «Un tiens vrai vaut infiniment mieux qu'une infinité de Tu l'auras faux».
Voilà le Roc inébranlable sur lequel notre philosophe peut s'accrocher, afin d'éviter les «Trous noirs» des fausses religions. Maintenant, il faut l'équivalent d'une bonne corde d'escalade (comme de la Édelrid 11 mm testée pour 13 chutes UIAA), d'un bon harnais (comme un Arc'Teryx Vapour avec un baudrier Rock Empire) et de bons mousquetons (comme des DMM BelayMaster testés à 25 kiloNewtons).
En philosophie, il n'y a pas de nylon haute-résistance, ou de titane forgé. Par contre, il y a les vertus et les résolutions. Une des vertus cardinales est la Tempérance, qui nous permet de résister à l'attrait du plaisir lorsqu'il est contraire à la raison. Or n'est-ce pas là un des dangers qu'il y a à franchir la porte vers les religions? L'idée d'une Vie éternelle est très attirante, mais si elle est fausse, il faut lui résister.
Une autre vertu cardinale est le Courage, qui nous permet d'avancer et même de foncer, malgré les pires dangers. Mais n'est-ce pas là une des menaces des fausses religions? En effet, si jamais toutes les religions s'avéraient fausses, il faudrait revenir à la Philosophie, et faire face bravement à la mort.
Le bon philosophe pratique depuis longtemps les vertus, il sait d'expérience qu'il est capable de résister à de grands désirs, et foncer malgré de graves dangers. Il a comme un harnais d'escalade composé de Tempérance et de Courage. Mais il lui manque une «corde» avec laquelle il pourrait revenir à la Philosophie, si toutes les religions s'avéraient fausses. (Veuillez noter qu'on parle ici un peu métaphoriquement: un philosophe ne doit surtout pas abandonner la science pendant qu'il explore les religions!)
Cette «corde», c'est une résolution, et c'est la «corde d'escalade morale» la plus solide qu'il soit. Notre philosophe les connaît bien, car il a souvent pris, et tenu, ses résolutions. (Voir entre autres «Les Bonnes résolutions du Nouvel An: un complot satanique?»)
Les préparatifs sont donc faits. Au Roc inébranlable de la science philosophique est solidement attachée une résolution de revenir à l'Éthique si jamais on ne trouvait pas la vraie religion, et cette «corde» est fixée solidement au harnais des vertus de Tempérance et de Courage. Notre philosophe est-il enfin prêt à franchir la porte de la religion? Non.
Avant d'énumérer certains attributs qu'aurait une vraie religion, il faut signaler au moins trois obstacles à l'étude des religions:
6.1) La fiabilité de notre source d'information. N'importe qui peut prétendre être un membre de n'importe quelle religion, alors il ne faut pas croire le premier venu, mais bien aller chercher notre information aux sources officielles de ces religions. Par exemple, si vous entendez aux nouvelles à la télévision que telle religion encourage ses membres à commettre des actes de terrorisme, vous ne devez pas les croire sur parole. Il faut aller voir les enseignements officiels de cette religion (les journalistes sont parfois ignorants, et souvent payés par des patrons qui ne sont pas impartiaux).
6.2) L'interprétation juste de ces sources d'information. Prenons un exemple rapide. Supposons qu'une religion affirme que la Terre soit le «centre» de l'univers. De quel «centre» parle-t-on? En effet, si par exemple une très jolie femme entre dans une salle de bal, et que toutes les têtes se tournent vers elle, elle pourra être le «centre» de cette salle, même si elle est géométriquement dans un coin. De la même manière, la Terre pourrait être l'endroit le plus important de l'univers, même si géométriquement la Terre tourne autour du Soleil et non l'inverse.
6.3) Le manque de cohérence entre les enseignements officiels d'une religion, et le comportement de certains de ses membres. On sait de par nos études philosophiques qu'il est beaucoup plus facile d'énumérer des voeux pieux, que de les respecter! Il est donc tout à fait possible qu'une vraie religion ait des membres qui ne respectent pas intégralement leur propre foi.
Le gros bon sens nous dit qu'il est inutile de partir à la recherche de quelque chose, si on n'a pas la moindre idée de ce qu'on cherche! Si on va au centre d'achats pour s'acheter un bon serre-joints à poignée pistolet, on ne sait peut-être pas quel est le meilleur serre-joints, mais par contre on a une idée des qualités désirables: force maximale de serrage, vitesse d'ajustement, confort (surtout lors du déblocage, qui donne un choc soudain aux doigts). Ainsi, lorsqu'on va comparer les différents produits disponibles, on pourra choisir le meilleur qu'on puisse trouver (en ce moment, Wolfcraft EHZ PRO One-hand clamps, aussi appelés «Sears Craftsman 12 in. Bar Clamp»)
Une autre métaphore est celle de la clé et de la serrure. Si on veut savoir si on a la bonne clé, il faut une serrure! Si on veut trouver la vraie religion, il faut que qu'on possède déjà une «serrure de vérités», qu'on peut comparer aux prétentions des différentes «clés religieuses».
De quoi aurait l'air la vraie religion, si elle existait?
7.1) Elle aurait une solution à notre problème! N'oublions pas qu'on parle de religion seulement parce que l'Éthique ne peut pas nous donner le bonheur parfait qu'on désire absolument! Il faudrait donc que cette religion enseigne une "Recette de salut" révélée par Dieu, et qui nous permettrait d'atteindre le bonheur parfait. (Seul Dieu, le Bien infini, peut satisfaire tous nos désirs, et seul Dieu tout-puissant peut nous sauver de la mort.)
7.2) Rationnelle et supra-rationnelle, mais jamais irrationnelle. Un premier attribut qu'aurait une vraie religion serait d'être ni totalement accessible à la raison humaine, ni d'aucune manière contraire à celle-ci. Si une religion enseignait des choses toutes démontrables par la pure raison humaine, alors cette «religion» serait tout simplement la Philosophie, et on sait que la Philosophie ne peut pas nous rendre parfaitement heureux. Mais si au contraire cette religion enseignait des choses contraires à la raison, elle serait mauvaise. N'oubliez pas que en Philosophie, on a déjà prouvé que le bien, c'est d'agir conformément à la raison. La vraie religion devrait être en partie rationnelle, et en partie au-dessus de notre raison. (Si vous avez déjà eu un voisin de table à l'école, qui avait la «bosse des maths», vous savez ce que c'est que d'être au-dessus de votre raison, sans être irrationnel!) Attention! Être au-dessus de notre raison ne signifie pas être absurde! Si c'est absurde, cela ne peut pas être vrai.
7.3) Une. Pour qu'une chose existe, elle doit être «un», ainsi un autre attribut de la vraie religion serait qu'elle serait «une». Une vraie religion aurait des enseignements identiques temporellement (ses enseignements seraient les mêmes depuis sa fondation jusqu'à aujourd'hui, et pour toujours, sans interruptions ni déviations) et spatialement (elle enseignerait la même chose ici, au Pôle Sud, et à Saint-Eusèbe-du-Lac-Penché).
7.4) Cohérente à l'interne et à l'externe. Un fou qui se prend pour un grain de blé et qui se sauve en voyant une poule, a une cohérence interne, car les poules mangent des graines de blé. Mais il n'a pas de cohérence externe, car son corps a deux bras, deux jambes et une tête, pas un grain de blé. Une vraie religion aurait bien sûr autant la cohérence interne qu'externe. En d'autres mots, chacun de ses enseignements serait compatible avec tous les autres enseignements, et l'ensemble de ses enseignements serait compatible avec la réalité (incluant l'histoire, la physique, etc., mais surtout l'éthique).
N'oublions pas qu'on parle d'une religion qui serait fondée par Dieu, infiniment sage et connaissant. Si une vraie religion fondée par Dieu existe, alors elle ne peut certainement pas enseigner des choses contraires à la science. Il n'y a qu'une vérité, qu'elle soit le résultat de nos efforts scientifiques, ou le résultat de la Révélation divine. Non seulement cette religion ne contredirait pas la science, mais elle défendrait la grande valeur de la science.
7.5) Diffusée de par le monde. Un autre attribut de cette religion serait qu'elle ne serait pas une petite religion. Si Dieu a fondé une religion, il ne l'a certainement pas fait «dans un coin», incognito. Cette religion serait bien connue, et répandue autant que possible partout sur la Terre.
7.7) Productrice de sainteté. L'efficacité serait un autre attribut. Une religion est un peu comme un «médicament» pour l'âme. Si ce médicament est bon, alors cette religion va produire des saintes et des saints. Bien sûr, si on ne prend pas le médicament, ou si on le prend mal, il ne peut pas être efficace. Mais on juge un arbre à ses fruits, et une vraie religion, lorsque ses enseignements seraient respectés intégralement, devrait nécessairement mener à la sainteté. (Bien sûr, ceci s'applique tout particulièrement au fondateur de cette religion. Par exemple, si le fondateur est assoiffé de sang et sexuellement perverti, cette religion est fausse!)
7.8) Confirmée par des miracles. Les miracles seraient un autre attribut de la vraie religion. N'oublions pas que pour avoir une vraie religion, il faut que Dieu tout-puissant soit à quelque part dans le paysage! Lorsqu'on veut faire un chèque, on appose notre signature unique pour prouver à qui veut le savoir que c'est bien nous qui avons émis ce chèque. La signature de Dieu, c'est de pouvoir suspendre les lois de la Nature. Si quelqu'un se prétend prophète, et prétend nous passer un message au nom de Dieu, alors on est en droit d'exiger de voir la signature de Dieu.
On pourrait sûrement trouver d'autres attributs, mais déjà ceux-ci nous donnent une bonne idée de quoi aurait l'air la vraie religion, si elle existait.
Notre philosophe a donc mis son harnais de Courage et de Tempérance, et il s'est solidement attaché au Roc de la Philosophie par sa résolution d'y revenir coûte que coûte, si jamais la Vie éternelle s'avérait n'être qu'un mirage. Il a dans son sac à dos toute la science générale et toutes les sciences particulières, ainsi que la fiche signalétique de la vraie religion. Il est prêt à franchir sagement la porte qui mène hors de la Philosophie, et peut-être vers la vraie religion.
Ici cesse la Philosophie. Bonne escalade!
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