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Nous sommes tous d'accord que l'État n'a pas d'affaire à imposer une religion à ses citoyens. Un jour, il va falloir que je trouve ou que j'écrive des articles chantant la beauté et la justesse d'une bonne liberté de religion, et d'une juste autonomie de l'État par rapport à l'Église.
Deuxièmement, nous sommes tous d'accord que l'État n'a pas d'affaire à faire du mauvais prosélytisme. Même si un État n'impose pas de religion à ses citoyens, il peut quand même rendre leur vie pénible en insinuant continuellement qu'ils devraient se «convertir».
Cela étant dit, un État a quand même la responsabilité politique de faire tout en son pouvoir pour édifier ses citoyens. C'est impossible d'avoir un État sain, si tous les citoyens sont paresseux, stupides, haïneux, etc.
C'est pourquoi dans cet article je veux explorer la question politique suivante:
«Quelles raisons non-religieuses un État aurait-il pour encourager respectueusement les familles non-chrétiennes à accrocher un Crucifix dans leur maison?»
Pour les fins de la discussion, essayons d'en énumérer quelques-unes.
L'«Horizontalite aigüe» est la maladie sociale qui cause la perte de toute trace de verticalité. Elle rend les vies totalement «horizontales», c'est-à-dire qu'on ne pense qu'à payer les comptes, à acheter la nourriture à l'épicerie, à donner une nouvelle couche de peinture dans le salon, à ne pas manquer l'autobus pour aller travailler, etc.
Il n'y a rien de mal avec de telles activités «horizontales»! Au contraire, elles sont nécessaires! Mais elles n'ont aucune signification ultime en elles-mêmes. Que vous soyez chrétien ou non, vous devez ménager un espace dans votre vie pour des questions qui sont plus «verticales», ou «existentielles», comme: «La vie est-elle plus que la nourriture, le sexe, les impôts, etc?», ou «Qu'est-ce qui fait que la vie vaut la peine d'être vécue?», ou «De quoi mes enfants ont-ils besoin, à part la santé physique et financière?», ou «Pourquoi la souffrance et la mort?», etc.
Bien sûr, plusieurs sophistes vont essayer de vous faire croire que la vie n'est qu'«horizontale», et que de poser des questions «verticales» est une perte de temps (Voir entre autres La pilule empoisonnée du Docteur Patch Adams). Même si c'était le cas, vous auriez encore besoin de vous demander: «Est-ce vrai que les questions verticales sont inutiles?», et ensuite faire un effort raisonnable pour élucider cette question, ce qui inclut l'exigence de regarder les deux côtés de la médaille. Alors même dans ce cas, votre devoir serait d'avoir au moins un questionnement «vertical»!
Un Crucifix, ayant une composante horizontale, mais aussi une composante verticale, peut nous aider à nous rappeler que nous sommes plus que des êtres «horizontaux».
Un des facteurs les plus importants pour la santé de toute société est la capacité des citoyens de s'aimer vraiment les uns les autres. Il ne sert pas à grand chose d'équilibrer le budget de l'État, ou de raccourcir les files d'attente des hôpitaux, si les citoyens veulent s'entre-déchirer!
Les politiciens ont plusieurs moyens à leur disposition pour encourager l'amour vrai dans leur pays, mais aucun de ces moyens n'est utile si le citoyen moyen ne connaît même pas la différence entre l'amour vrai, et l'amour faux!
L'amour vrai est parfois appelé «amour oblatif», parce qu'on veut que la personne aimée soit heureuse, même si on doit faire certains sacrifices pour cela. L'amour faux est appelé «amour captatif», parce qu'on s'intéresse seulement à soi-même, et qu'on est prêt à négliger, et même blesser les autres, si cela peut nous procurer un quelconque vil avantage. Voir aussi Vive la différence entre la charité et les émotions amoureuses.
Un Crucifix nous rappelle l'amour oblatif, l'amour vrai de quelqu'un qui a voulu souffrir et même mourir (c'est-à-dire «se donner en oblation») pour le bien de ses concitoyens.
Pensez-y: quelle est la seule différence entre un pays pauvre, pollué et déchiré par la guerre civile, et un pays riche, en santé et en paix? La différence se trouve dans les choix quotidiens faits par les citoyens. Si vous accumulez suffisamment de mauvais choix, fait par suffisamment de citoyens, vous pouvez détruire n'importe quel pays.
Mais qu'est-ce qu'un bon choix? Voilà une question difficile, mais une chose est certaine: si le meilleur choix était toujours le plus immédiatement plaisant, tout le monde choisirait bien, tout le temps! Ce qui rend les choix difficiles, c'est qu'on doit souvent accepter une douleur temporaire maintenant, afin d'obtenir un bien supérieur dans l'avenir.
On pourrait en donner d'abondants exemples. Avant d'apprendre à jouer au piano, vous devez d'abord endurer une période d'apprentissage initiale durant laquelle vous ne serez pas très agréable à écouter. Avant d'atteindre votre poids-santé, vous devez souffrir un peu pendant que vous améliorez vous habitudes alimentaires. Avant que nous puissions jouir d'un environement plus propre et plus vert, nous aurons à souffrir pendant qu'on changera notre économie, pour qu'elle ne soit plus orientée vers la consommation et la destruction. Etc., etc.
Un Crucifix nous rappelle que souvent on doit choisir des petites «morts» temporaires dans nos vies, si on veut obtenir des «résurrections» plus durables.
Un pays ne peut pas aider ses citoyens à être humainement heureux si nulconque fait de profits honnêtes. L'argent est nécessaire pour payer les écoles, les hôpitaux, les routes, etc.
Comme on peut le montrer, un pays ne peut pas être prospère si ces citoyens ne respectent pas les règles élémentaires de la morale. Voir entre autres «Le Produit national brut et les Dix commandements».
Assurément, un Crucifix est une manière excellente de se souvenir des Dix commandements.
Bien sûr, je ne suis absolument pas en train de dire que la Bible ne contient que des métaphores, ou que le christianisme n'est qu'une culture! Comme Tertullien l'a dit: «Dominus noster Christus veritatem se, non consuetudinem cognominavit» [cité dans Ratzinger, Josef. Introduction to Christianity, San Francisco, Ignatius Press, 2004, p. 141].
Que vous croyiez ou non que la Bible est la Parole de Dieu, il demeure que tous les citoyens dans un pays doivent partager une langue commune de la sagesse, pour qu'ils puissent communiquer efficacement. C'est un peu comme l'histoire des «Trois petits cochons», qui nous enseigne l'importance de bien bâtir sur des fondations solides, etc.
La plupart des gens seraient d'accord pour dire que les Évangiles contiennent des petites perles, qui peuvent servir à exprimer des morceaux importants de sagesse afin de les enseigner et de les communiquer. On pourrait donner plusieurs exemples, mais disons seulement:
6.1) L'amour du prochain (La parabole du Bon Samaritain, [Lc 10:25]). Un homme est attaqué par des bandits et battu presque à mort. Des hommes riches et supposément saints passent leur chemin sans arrêter. Un simple Samaritain, lui, s'arrête et se comporte comme un vrai prochain pour ce blessé.
6.2) Le pardon et la tolérance (La femme adultère, [Jn 8:1]). Une foule se rassemble pour lapider une femme coupable, mais change d'idée lorsque celui qui est sans péché se fait inviter à lancer la première pierre.
6.3) Le souci de soulager les pauvres (Le Jugement dernier, [Mt 25:31]). Dieu nous donne les réponses à «l'examen vraiment, vraiment final». Avons-nous donné à manger à ceux qui avaient faim? Avons-nous donné à boire à ceux qui avaient soif? Avons-nous soigné les malades? Etc.
(Voir aussi Chers écoliers, voici votre devoir pour la semaine prochaine!)
Un climatiseur ne sert à rien si vous ne l'installez pas dans votre fenêtre, et que vous ne le branchez pas et ne l'allumez pas. C'est la même chose avec un Crucifix: il n'y a rien de magique là-dedans. Si vous voulez graduellement édifier tout le monde dans la maisonnée, vous devez l'accrocher à un endroit bien en vue, et expliquer aux autres ce qu'il devrait leur rappeler.
Un politicien, placé devant l'immense défi d'édifier chaque citoyen individuellement, tout en encourageant ces mêmes citoyens à se bâtir une identité collective, ne doit pas négliger l'efficacité du Crucifix.
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