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(Marcel Duchamp. En avance du bras cassé.
[Source])
Au Québec de nos jours, les catholiques qui essaient d'être cohérent avec les enseignements de leur Église sont parfois accusés d'être des «fondamentalistes». Est-ce vrai? Qu'est-ce que ces accusateurs veulent dire exactement avec le terme «fondamentaliste»? Et pourquoi utilisent-ils ce mot?
Souvent, quand les athées voient un vrai catholique, ils prétendent qu'il est un «fondamentaliste». La position de ces athées est en fait plutôt logique. Mettez-vous à leur place: Dieu n'existe pas, alors le dogme ne peut pas être quelque chose qui a rapport à Dieu! Selon eux, le dogme, s'il est bien utilisé, ne peut être qu'un moyen, jamais quelque chose à respecter à cause d'une valeur intrinsèque. Le dogme, pour un athée, ressemble beaucoup à une pelle à neige.
Quand votre entrée de garage est remplie de neige, vous empoignez une pelle à neige et vous allez pelleter l'entrée. Votre vie ne tourne pas autour de votre pelle à neige, vous ne vendez pas votre âme à votre pelle à neige, et quand votre entrée est enfin pelletée, vous plantez la pelle dans le banc de neige et vous rentrez dans votre maison. La pelle à neige n'est qu'un outil, un instrument, quelque chose qui existe pour vous, pour votre propre bien.
Pour un athée, un catholique semble probablement complètement siphonné. Pour un athée, c'est comme si le catholique rentrait sa pelle à neige dans sa maison bien chauffée, sortait son enfant de son lit, plantait son enfant la tête la première dans le banc de neige, puis venait border la pelle à neige dans le lit de l'enfant. «Fait de beaux rêves, ma petite pellette à neige d'amour!», dirait peut-être le catholique en donnant un beau bec à sa pelle à neige. Pour un athée, un catholique jette ce qui est important (les émotions d'amour), et le remplace par un instrument insignifiant (le dogme religieux).
Si Dieu n'existe pas, alors bien sûr l'athée a raison! Et même si Dieu existe, si Dieu n'a pas fondé la religion catholique, alors bien sûr les dogmes catholiques sont faux et devraient être rejetés. Un faux dogme ne doit pas être nommé «dogme», mais bien «mensonge».
Sauf que Dieu existe, et ceci peut être démontré (voir entre autres Les preuves de l'existence de Dieu: un premier débroussaillage). Et comme l'apologétique nous l'enseigne, Dieu a fondé l'Église catholique. Le dogme n'est pas une pelle à neige, mais quelque chose que Dieu nous révèle de lui-même. Si Dieu nous dit: «Héo les hommes, je suis Éternel, Tout-puissant et infiniment Intelligent. Ah oui, en passant, l'énoncé suivant était vrai, est vrai, et sera vrai pour les siècles des siècles!», et qu'ensuite Dieu nous dit quelque chose, alors voilà! Ce que Dieu vient de proclamer explicitement est un dogme!
Les dogmes ne changent pas, parce que Dieu ne change pas. Les dogmes ne peuvent pas être erronés, car Dieu ne se trompe pas. Et les dogmes ne peuvent pas être mal interprétés, car Dieu lui-même dirige leur interprétation (voir entre autres L'Infaillibilité papale, et les dieux stupides).
Les dogmes, si vous avez besoin d'une métaphore, sont beaucoup plus comme une fenêtre qui donne sur Dieu, qu'une pelle à neige. Ils laissent entrer la lumière, c'est-à-dire qu'ils nous disent quelque chose sur Dieu. Les catholiques ont tendance à faire des crises de nerfs quand les athées tentent de visser des gros panneaux de contre-plaqué sur les fenêtres. Pour les athées, ce n'est qu'une autre forme d'expression artistique, c'est juste leur manière de décorer leur appartement. Pour les catholiques, les fenêtres laissent entrer la lumière du soleil, et vivre dans le noir n'est pas rigolo.
Pour bien agir, vous devez connaître le but de vos actes, et le moyen correct pour atteindre ce but.
Nous ne pouvons pas vivre bien sans les dogmes catholiques, parce que les hommes ont une destinée qui est surnaturelle. Notre but n'est pas connaissable par la raison seule (quoique notre raison peut découvrir l'éthique, qui est un très bon commencement pour se rapprocher du but). Nous n'avons pas été faits pour les asticots des cimetières, mais bien pour le bonheur éternel, avec Dieu et tous les enfants de Dieu. Nous ne pouvons pas savoir pourquoi nous existons sans le dogme, et nous ne pouvons pas savoir quoi faire pour atteindre ce but sans le dogme.
Toute attaque contre le dogme est une attaque indirecte contre Dieu, et une attaque directe contre tous les hommes appelés à la vie éternelle par Dieu. Prenez un dogme catholique, n'importe quel dogme, et tripotez-le un tout petit peu. Vous causerez un tort immense, quel que soit le dogme que vous changerez.
Prenons quelques exemples. Pourquoi pas le dogme de la divinité du Christ? Si Jésus n'est pas Dieu, alors les souffrances du Christ en croix n'ont pas eu de valeur infinie, et donc il n'y a pas eu de Rédemption, et nous sommes foutus. Que dire du dogme de la Vierge Marie comme «Mère de Dieu»? Si Marie a donné naissance à quelque chose d'autre que Dieu, alors nous sommes de nouveau foutus. Que dire du dogme selon lequel le Christ a fondé l'Église catholique? Si l'Église est une invention des hommes, alors les Sacrements de l'Église ne confèrent pas la grâce, et sans la grâce de Dieu, nous sommes foutus. Le dogme du Paradis? Pas de Paradis, nous sommes foutus. Le Baptême pour la rémission des péchés? Pas de rémission des péchés, foutus. Et ainsi de suite...
Un des côtés le plus drôle de tout ce problème est de regarder qui se fait condamner comme «fondamentaliste», et par qui ces gens se font condamner. On pourrait penser que les bons catholiques modérés et raisonnables seraient ceux qui condamneraient les catholiques extrémistes comme étant des «fondamentalistes».
Sauf que les gens qui distribuent à tout vent l'étiquette de «fondamentaliste» sont souvent des gens qui n'ont rien à voir avec le catholicisme! Ils ne sont pas baptisés, ne seraient pas capables de faire la différence entre un chapelet et un presse-citron, n'ont jamais mis les pieds dans un confessionnal, n'ont jamais donné un sou à la quête pour défrayer l'entretien du temple, et sont même souvent des athées!
Pour ce qui est des gens qui se font traiter de «fondamentalistes», ce sont souvent des gens dont le pire péché s'adonne à être qu'ils croient tout ce que l'Église catholique enseigne (ce que tous les catholiques doivent faire, sous peine d'excommunication). Ils professent publiquement leur foi, ils essaient d'aimer Dieu et leur prochain (même les athées!), ils s'efforcent d'apprendre et d'assimiler les enseignements de Jésus, ils sont soumis à leur supérieurs hiérarchiques, et jamais, au grand jamais ils n'oseraient dire au Pape comment interpréter la Bible, ou la Tradition apostolique.
Ce dernier point est important. On accuse souvent ces catholiques de «créer leur propre interprétation» des enseignements de l'Église catholique. Mais c'est impossible! Ces catholiques, comme tous les vrais catholiques, renoncent à leur propre interprétation des dogmes, et ce publiquement! Les vrais catholiques refusent explicitement, entièrement, publiquement et inévitablement de s'accrocher à leur interprétation privée des dogmes! Ils proclament haut et fort que si jamais (Dieu les en préserve) il devait y avoir un désaccord entre eux et le Pape, c'est le Pape qui a raison, et eux qui ont tort!
Les dogmes ne sont pas des pelles à neige, mais par contre, une bonne pelle serait parfois commode pour déblayer les mensonges qui les recouvrent!
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