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(René Magritte. L'art de la conversation.
Source)
Je ne suis pas un expert ni en philosophie, ni en biologie, mais je pense que certains catholiques ont une approche inappropriée au débat sur l'Évolution.
Pour m'expliquer, je vais paraphraser un passage de la tristement célèbre série télévisée de Carl Sagan sur l'apparition de la vie sur Terre:
D'abord,
il y eut les éruptions des égos, desquelles ruisselèrent le magma de
l'ignorance, puis il y eut les vagues dans l'océan des
opinions discordantes, qui malaxèrent et firent mijoter les mots mal définis,
puis il y eut le tonnerre des croyances et les éclairs des insultes, et puis ...
la VÉRITÉ apparut!
Les catholiques ne sont pas supposés être d'accord avec les Darwinistes qui prétendent qu'une Évolution inconsciente et sans but peut produire des résultats immensément complexes. On devrait peut-être commencer à écouter nos propres conseils, et injecter un peu de «Conception Intelligente» («Intelligent Design» en anglais) dans nos débats sur l'Évolution.
(Désistement: Bon d'accord, j'avoue que ce texte est surtout un rappel pour moi-même ;-)
D'une certaine manière, ce qui suit n'est qu'une application du Gant du philosophe au débat sur l'Évolution (et autres sujets scientifiques), alors vous devriez d'abord mémoriser ce texte avant d'aller plus loin. En supposant que c'est fait, d'autres conseils pourraient être:
2.1) Tâtez votre coeur avant d'ouvrir votre bouche. Avoir de bonnes intentions ne suffit pas pour bien agir, et de plus, on ne peut pas bien agir si nos intentions sont mauvaises. Si nous participons à un débat avec pour but de flatter notre orgueil, nous ne ferons probablement pas avancer la science.
2.2) N'oubliez pas tout ce que vous savez déjà sur les débats. Un débat sur l'Évolution est avant tout un débat, alors vous devriez respecter votre méthode de discussion habituelle.
2.3) Méfiez-vous des termes scientifiques qui ressemblent furieusement aux termes ordinaires que vous connaissez bien. Il y a des exemples nombreux de malentendus causés par des termes techniques qui s'épellent exactement comme leurs homologues non-techniques, mais qui ont une signification très différente. Prenez le mot «rien» par exemple. En Physique, «rien» signifie «rien de détectable par nos instruments». En philosophie, «rien» signifie rien, pas de créatures et pas de Dieu, aucun être quel qu'il soit [CARROLL, William E. «La cosmologie du Big Bang, le tunnelage quantique de rien, et la création» dans Laval théologique et philosophique, 44, 1 (février 1988), p. 68]. Un autre exemple est le mot «cause». En physique, la «cause» n'est que «l'antécédent nécessaire lié au conséquent par le déterminisme de la nature» (c'est-à-dire le célèbre «Si P donc Q»). En philosophie, une «cause» est bien plus que cela, elle exige la communication d'une certaine perfection. La liste ne fait que s'allonger avec des mots comme le temps, la dimension, l'univers, le nombre, etc.
2.4) Méfiez-vous des contes de fées derrière les facteurs enjoliveurs. Pour comprendre ce qu'est un «facteur enjoliveur» («fudge factor», en anglais), vous devez d'abord savoir que les mathématiciens peuvent «plier» et «tordre» les fonctions pour leur faire assumer à peu près n'importe quelle forme. Par exemple, tel qu'expliqué dans «Thomas' Calculus», p. 18, vous pouvez faire bouger une fonction «vers le haut ou le bas»:
ou «vers la gauche ou la droite»:
Ce «pliage et tordage» de fonctions peut devenir très compliqué (en utilisant des exponentielles, par exemple). Souvenez-vous seulement qu'on peut s'arranger pour que des fonctions mathématiques se conforment à presque n'importe quoi, étant donné les «bons petits ingrédients supplémentaires».
Maintenant, lorsque les scientifiques étudient la nature, ils vont souvent tracer des courbes, en se basant sur des données expérimentales. Imaginons un exemple simplifié à outrance, comme la distance moyenne parcourue par heure par un loup, durant une période d'un jour. Un scientifique va étudier de vrais loups, et ensuite tracer des graphiques en utilisant ses observations. Ensuite, le scientifique va fouiller dans un gros catalogue de fonctions, et choisir celle qui ressemble le plus à son graphique des déplacements des loups. Normalement, la courbe mathématique ne va pas s'agencer parfaitement avec les données expérimentales, alors le scientifique va, souvent par tâtonnements, trouver le «petit ingrédient mathématique supplémentaire» par lequel la courbe mathématique va se conformer. C'est ce qu'on appelle souvent un «facteur enjoliveur». Alors, si les loups ont tendance à se déplacer beaucoup vers 15h00, créant une pointe dans la courbe, le scientifique va trouver un «facteur enjoliveur» pour faire conformer la courbe, et peut-être lui donner un nom, comme «La Constante du Petit chaperon rouge», pour qu'il soit plus facile de se rappeler que cette constante «explique» pourquoi les loups se déplacent plus vers 15h00. (Si vous pensez que j'exagère trop, lisez un peu sur la Mécanique quantique et la Constante de Planck, par exemple).
Un nombre surprenant de malentendus sont causés par cette association entre des descriptions mathématiques de données expérimentales rigoureuses, et l'imagerie parfois étonnante utilisée informellement pour en parler. Encore et encore, les mauvais vulgarisateurs de la science vont montrer la pointe dans le graphique des déplacements des loups, pour tenter de justifier leur croyance en l'existence du Petit chaperon rouge! (Bien sûr, dans la vraie vie, je ne prétends pas qu'il est toujours facile de faire le partage entre l'imagerie superflue et les implications philosophiques des découvertes scientifiques).
2.5) Méfiez-vous du tour du chapeau scientifique. Les mauvais scientifiques jouent souvent un «tour du chapeau» aux auditeurs peu avertis. Ils vont mettre leur chapeau de scientifique et parler pendant un certain temps de théories scientifiques tout-à-fait valables, pour ensuite rapidement mettre leur chapeau de philosophe et affirmer audacieusement leur position philosophique corrompue comme l'athéisme ou le matérialisme, puis remettre rapidement leur chapeau de scientifique et prétendre que ce qu'ils viennent de dire a été scientifiquement prouvé! Les coupables typiques sont de vrais scientifiques mais de pseudo-philosophes comme Stephen Hawkins, Richard Dawkins, Hubert Reeves, Albert Jacquard, Jacques Monod, etc.
2.6) Méfiez-vous de l'argument «par ignorance». Certains scientifiques utilisent l'argument «par ignorance» pour justifier la théorie de la «conception intelligente». (Par exemple, Micheal J. BEHE, dans le livre, autrement excellent, intitulé Darwin's Black Box: The Biochemical Challenge to Evolution, New-York, The Free Press, 1996.) En gros, ils disent que puisque personne n'est capable d'expliquer telle ou telle chose par l'évolution, «donc» l'évolution ne peut pas expliquer ces faits. Le «donc» n'est pas justifié par notre ignorance actuelle. Il faut savoir pourquoi ce n'est pas possible, et non pas seulement simplement l'ignorer. Il faut non seulement montrer qu'on n'a pas d'explication, mais aussi que ce n'est pas possible, en se basant sur des principes encore plus certains. Il faut montrer que les lois chimiques, physiques, ne permettraient pas ça.
2.7) N'accordez pas plus de certitude à une théorie, que la certitude que lui accordent ses défenseurs. (Voir aussi N° 2.5 de Erreur: «Tous les philosophes se contredisent!») Si un scientifique présente une théorie comme étant simplement probable, étant donnés les faits qu'il a devant lui à ce moment, ne l'attaquez pas après sa mort, lorsque de nouveaux faits sont disponibles!
Ainsi en astronomie on donne comme raison (des phénomènes observés) la théorie
des excentriques et des épicycles, étant donné que ce qui apparaît aux sens des
mouvements des astres est respecté par cette hypothèse; ce n'est pourtant pas
une preuve décisive (que telle est la vraie cause de ces phénomènes), car il
n'est pas dit qu'une autre hypothèse ne les respecterait pas aussi.
[saint Thomas d'AQUIN, Somme théologique, Ia, q. 32, a.1, ad. 2.
Voir aussi Thonnard, PHDP,
§255, (3)]
2.8) Méfiez-vous surtout des scientifiques qui prétendent que la philosophie n'est pas une science. Ils ne savent probablement pas ni ce qu'est la philosophie, ni ce qu'est la science, et leurs croyances sur l'Évolution sont probablement une mutation aléatoire qui a évolué du cloaque athée des médias ordinaires. N'abandonnez pas ces pauvres organismes mésadaptés aux forces sans pitié de la sélection naturelle. Traitez-les comme des personnes uniques et irremplaçables qui sont aimées de Dieu, et libérez-les de leurs croyances religieuses.
Les autres conseils s'appliquent surtout aux catholiques, quoi que tous profiteront probablement de leur lecture:
3.1) Assurez-vous de citer correctement les documents de l'Église. Je vais prendre un exemple tiré du débat sur l'avortement. Supposons que vous tentez de défendre les enfants à naître en disant: «L'Église enseigne que l'embryon est une personne humaine dès la conception». Le document en tant que tel dit: «Ainsi le fruit de la génération humaine [...] exige le respect inconditionnel qui est moralement dû à l'homme dans sa totalité corporelle et spirituelle». [Donum Vitae]. Ils disent que l'embryon doit être traité comme une personne humaine, mais ils évitent soigneusement de dire qu'il est possible de prouver que c'est une personne dès la conception (un peu plus tôt ils disent: «Certainement aucune donnée expérimentale n'est en soi suffisante pour nous amener à la reconnaissance d'une âme spirituelle [...] Le Magistère ne s'est pas expressément engagé à une affirmation de nature philosophique»). Pourquoi «couper ainsi les cheveux en quatre»? Parce que si on pouvait détecter avec certitude le moment précis où l'âme humaine était insufflée, alors cette âme ne serait pas spirituelle! On peut détecter des êtres matériels, mais pas des êtres spirituels (pas directement, en tout cas). Ainsi, dans ce cas, une mauvaise citation d'un document de l'Église finit par priver l'embryon humain de toute dignité! Je parie qu'il est possible de gâcher un débat sur l'Évolution avec de semblables mauvaises citations.
3.2) N'oubliez pas à qui Dieu a confié l'interprétation de la Bible. On peut pardonner les païens et les athées lorsqu'ils se trompent dans leurs interprétations de la Bible, mais les catholiques ne devraient jamais se faire prendre la main dans ce sac-là! Seul le Magistère a, par mandat divin, l'autorité pour interpréter les Écritures Saintes. La Bible elle-même enseigne que la Bible est parfois difficile à interpréter [Ac 8:30-35; 2P 3:16; etc., cité dans L'Interprétation de la Bible dans l'Église, Introduction].
3.3) Ne sous-estimez pas le nombre de bons théologiens et philosophes que vous pouvez entasser dans une cabine téléphonique déjà pleine à craquer de bons scientifiques. Pour reprendre un exemple utilisé ailleurs sur ce site, si une jolie demoiselle arrive dans la salle de bal et que toutes les têtes se tournent vers elle, elle pourra être le «centre» de cette salle, même si elle se trouve géométriquement dans un coin. Un peu de la même manière, la planète Terre est le centre de l'univers, même si géométriquement la Terre tourne autour du soleil, puisque c'est sur la Terre que s'est passé l'événement le plus important de l'univers (la Passion, Mort et Résurrection de Notre-Seigneur). Un autre exemple est la création. Pour prendre une métaphore, imaginez deux livres empilés l'un par-dessus l'autre, mais imaginez qu'ils aient été ainsi depuis toujours. Il serait encore vrai que le livre du dessus est soutenu par le livre du dessous. C'est un peu la même chose pour la création. La création n'est pas un changement ou un processus. La création signifie que les créatures sont «soutenues hors du néant» par le Créateur. Même si l'univers avait toujours existé, les créatures seraient quand mêmes créées.
D'abord, une citation méchante d'un saint canonisé et Docteur de l'Église, saint Augustin, qui a dit il y a plus de 1500 ans:
Normalement, même un non-chrétien connaît certaines choses sur la Terre, les
cieux et les autres éléments de ce monde, ainsi que le mouvement et les orbites
des étoiles, et même leurs tailles et positions relatives [...] Or c'est une
chose honteuse et dangereuse pour un infidèle d'entendre un chrétien,
supposément en train d'interpréter l'Écriture Sainte, raconter des âneries sur
ces sujets [...] Les interprètes téméraires et incompétents des Écritures
Saintes attirent des tracas et tristesses innombrables sur leurs frères plus
sages lorsqu'on les surprend dans une de leurs fausses opinions malicieuses et
qu'ils sont confrontés par des [non-chrétiens] Car à ce moment, pour défendre
leur énoncés insensés et manifestement faux, ils tenteront de s'appuyer sur les
Écritures Saintes et réciteront même de mémoire plusieurs passages qui selon
eux viennent appuyer leur position, même «s'ils ne comprennent ni ce qu'ils
disent, ni les choses dont ils parlent» [1Tm 1:7]
[Saint Augustin, De Genesis ad litteram, I, 39, cité dans CARROLL,
ibid, p. 74.]
Ensuite, je vais prétendre que l'humilité est une des meilleurs armes contres les athées et les matérialistes qui prétendent que Darwin les justifie. Pensez-y: soit qu'ils se trompent, soit que nous nous trompons. Si nous sommes dans l'erreur, nous avons besoin de nous asseoir, de leur poser des questions intelligentes, et de prendre des notes. Si c'est eux qui se trompent, une bonne manière de leur signaler indirectement leur erreur est aussi de s'asseoir, de leur poser des questions intelligentes, et de prendre des notes (surtout lorsque leur histoire va commencer à s'effilocher!). D'une manière ou de l'autre, le Christ doux et humble de coeur sera glorifié.
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